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Critiques de Saïd Bouamama (14)
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Figures de la révolution africaine

Ce livre présente un fiche biographique pour chaque homme dont la personnalité ou les actions ont marqué la prise de conscience de la nécessité de se débarrasser de la colonisation, puis la lutte contre l'impérialisme.

On en connait quelques uns comme Senghor ou Césaire par leur carrière littéraire ou philosophique, mais on connaît moins ceux qui ont tenté de s'opposer au système imposé par l'occident en général et la CIA en particulier comme Kenyatta ou Lumumba, éliminés très vite.

Très complet et très documenté, ce livre est une pièce maîtresse pour la connaissance de de la politique africaine de la fin du 20ème siècle.
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Figures de la révolution africaine

Des cinq continents, l'Afrique est celui donne l'Histoire m'est sans doute la moins familière. De plus, quelques réminiscences universitaires se sont avérées imprécises : qu'il y ait eu peu de résistance africaine à l'esclavage, à la conquête coloniale et jusqu'au moment de la décolonisation ; que celle-ci, liée à des circonstances spécifiques et brèves de la politique internationale – la perte de puissance des pays colonisateurs européens suite à la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, etc. - ait été remplacée aussitôt par le néocolonialisme, c-à-d. par un système de dépendance presque aussi pernicieux, car provoquant un surcroît de corruption des élites locales, des guerres civiles et d'autres atrocités ; que le marxisme ait été insignifiant ou simplement utilitaire pour les leaders africains, surtout dans le contexte de la rivalité sino-soviétique survenue pendant les guerres d'indépendance.

Cet essai magistral, un véritable manuel d'Histoire des luttes anti-coloniales et anti-impérialistes africaines contemporaines, dans sa grande densité d'informations, dans la lucidité de ses analyses, précise et parfois rectifie mes connaissances. Il le fait en considérant la pensée et les luttes de dix révolutionnaires : Jomo Kenyatta (Kenya 1890-1978), Aimé Césaire (Antilles 1913-2008), Ruben Um Nyobé (Cameroun 1913-1958), Frantz Fanon (Antilles-Algérie 1925-1961), Patrice Lumumba (Congo 1925-1961), Kwame Nkrumah (Ghana 1909-1972), Malcolm X (États-Unis 1925-1965), Mehdi Ben Barka (Maroc 1920-1965), Amilcar Cabral (Guinée Bissau 1924-1973), Thomas Sankara (Burkina Faso 1949-1987). Cependant, le livre ne consiste pas dans une simple suite de biographies ; au contraire, il s'articule en trois parties qui mettent en exergue un cheminement temporel de problématiques : « Réformer le colonialisme ou l'abattre ? (1945-1954) », « Le droit de légitime violence (1954-1962) », « De l'anticolonialisme à l'anti-impérialisme (1962-1975) ». Il témoigne d'une attention très opportune pour le cadre historique international, les spécificités du régime colonial local, les débats politiques en présence, et enfin les tentatives d'organisation internationale – panafricanisme, solidarité afro-asiatique, etc., en particulier au sein des conférences internationales depuis Bandung.

Je retiens de cet ouvrage précieux les rectifications suivantes à mes idées de départ :

- les résistances à toutes les formes et étapes de la domination subie par le continent africain ont toujours eu lieu, mais l'historiographie les a minorées et occultées ;

- la composante systémique internationale est fondamentale mais complexe : après-guerre, mais aussi les trois années de tous les espoirs (1954 : victoire vietnamienne de Diên Biên Phù, 1955 : conférence de Bandung, 1956 : crise de Suez), doctrine Nixon, rivalité sino-soviétique mais aussi Che Guevara en Afrique, la « Françafrique » avec sa formule criminelle : « l'indépendance dans l'interdépendance » c-à-d. l'indépendance octroyée après signature des « accords de coopération » qui la vident de toute substance, mais aussi les débats intellectuels anticolonialistes en France (Aimé Césaire, Frantz Fanon, Sartre, etc.) et les répercussions en écho des luttes pour les droits civiques aux États-Unis (Malcolm X, Rosa Parks, etc.), cette composante systémique doit se lire dans une dialectique à trois niveau avec l'évolution des réalités africaines et des pays colonialistes ;

- il est évident que dans la plupart des cas de décolonisation, celle-ci a été tronquée, amputée, aggravée encore par la crise de la dette des années 80, par le néolibéralisme, par une coopération au développement globalement critiquable, par une dépendance encore accrue, mais cela aurait été évitable...

-... en particulier si les révolutionnaires dont il est question dans ces pages – tous plus ou moins influencés par le marxisme, tous ayant fait l'effort (léniniste) d'adapter la théorie marxiste au contexte concret de domination dans lequel ils évoluaient, n'avaient pas été pour la plupart supprimés prématurément dès lors que leur pensée avait eu la possibilité de se développer en action politique menaçant l'ordre colonial ou néocolonial en présence. Dans ces attentats contre des responsables politiques africains, il est très affligeant de constater que la part de fautes de la France est la plus grande, à la fois en nombre de crimes et en durée de sa compromission.
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Dictionnaire des dominations

La discrimination systémique n’est pas seulement le fruit de mentalités ou de valeurs racistes, mais le résultat du fonctionnement social inégalitaire



En avant propos, les auteurs précisent : « Il n’y a pas pour les membres de ce collectif de connaissances qui ne soient pas situées, ni de subjectivité qui pourrait se prétendre au-dessus de la mêlée des affrontements sociaux, quand bien même elles se doteraient des méthodologies scientifiques les plus poussées. Tant que subsiste la domination, il n’existe pas de tierce position qui se situerait ni du coté des dominants, ni du coté des dominés. » Cette position me semble en effet incontournable lorsque l’on analyse des relations sociales. Il ne s’agit pas d’un moins comme le pensent beaucoup d’universitaires, mais d’une nécessaire prise de conscience que l’on ne peut parler d’un hypothétique « toit du monde ». Sans en faire un argument polémique, je regrette que des féministes n’aient pas été associées à la rédaction de ce dictionnaire.



Les articles « ne prétendent pas recouvrir l’ensemble du thème concerné mais visent plus modestement à souligner des dimensions qui nous ont semblé importantes sur chacune des entrées ». Les auteurs revendiquent deux convictions profondes « la nécessité de contribuerau combat social par la critique des idéologies de légitimation d’une part, et par la conviction de l’existence d’un système de dominations qui articule les facteurs de classe de sexe et de race, d’autre part ». Plutôt que de parler d’articulation, je préfère la formule de Danielle Kergoat sur les caractères consubstantiels et co-extensifs des rapports sociaux : « en se déployant, les rapports sociaux de classe, de genre, de ”race”, se reproduisent et se co-produisent mutuellement » (citation extraite du livre de Roland Pfefferkorn : Genre et rapports sociaux de sexe, Editions Page 2, 2012 et qui se retrouve probablement dans la réédition des textes de cette auteureSe battre disent-elles, La dispute 2012). Ce point sera traité, sous plusieurs angles, par les auteurs dans le dictionnaire proprement dit.



Hors, à de rares exceptions près, textes de féministes justement, il est rare que, pour garder le vocabulaire des auteurs, l’articulation soit pleinement traitée. La forme même de dictionnaire, rendant la chose encore plus difficile, car il aurait fallu, au moins indiquer dans de nombreuses entrées, les « conséquences » différenciées pour les femmes et les hommes.



Je renvoie donc les lectrices et les lecteurs, entre autres, à la lecture de Nouvelles Questions Féministes ou aux Cahiers du genre, et aux ouvrages de Christine Delphy, Jules Falquet, Danielle Kergoat, Elsa Dorlin, etc…



A l’inverse, la forme « dictionnaire » permet une exposition de différentes analyses, la multiplication des sources et des références. Sur ce dernier point, flotte une certaine indétermination, les références au « marxisme » me semblent assez « dogmatiques » (infrastructure, superstructure, aliénation, idéologie comme reflet, lien entre contraintes systémiques et relations de type impersonnel, classes populaires, globalisation) et sont juxtaposées à des concepts sociologique plus ou moins critique. En lisant le livre en continu, j’ai ressenti une certaine indécision sur certaines théorisations. Par ailleurs les auteurs n’évitent pas toujours le jargon universitaire.



J’aurais aimé que les discriminations « spécifiques » que subissent les asiatiques, chinois-e-s en particulier, soient abordées. Il y aurait de ce point de vue, un ouvrage comparatif à faire sur les dominations « subies » par les populations « chinoises » hors de Chine et par les populations « juives » dans la première moitié du vingtième siècle, ou « africaines » aujourd’hui en Europe.



Les auteurs se revendiquent du matérialisme et considèrent « la domination comme un rapport social, c’est-à-dire un rapport entre groupes sociaux ayant des effets sociaux concrets ». La domination ne relève pas de la sphère individuelle, « elle a une fonction sociale et matérielle ». Ce qui implique « Penser la domination suppose donc de penser l’émancipation ». Les aspects contradictoires du/des système(s) de domination, l’irréductibilité des femmes et des hommes aux oppressions, « le développement de la puissance d’agir des dominés », sont analysés dans l’introduction. Et les auteurs affirment clairement que « le processus d’émancipation ne peut donc être qu’un processus d’auto-émancipation » ou dit autrement « L’émancipation en tant que conquête d’une nouvelle puissance d’agir par soi-même et pour soi-même suppose la mise en mouvement des dominés, leur prise de parole et de pouvoir, leur sortie de l’invisibilité ».



Ils nous rappellent que les « processus d’entraves à la conscientisation » sont souvent présentés comme un consentement du/de la dominé-e, et montrent l’apport, sur ce sujet, de Nicole-Claude Mathieu « Céder n’est pas consentir ».



Voilà quelques poins sur lesquels, je souhaitais insister. Les citations sont extraites de l’avant propos, dont ma présentation n’est que partielle.



Les entrées du dictionnaie :accommodation raisonnable, acculturation, affirmative action, afrocentricité, afrocentrisme, ajustement concerté, aliénation, aménagement raisonnable, antiracisme/antisexisme, arôme idéologique immédiat, asservissement, assimilation, assimilationnisme, assujettissement, autonomie politique, banlieue, banlieue rouge, bastion ouvrier, barbare, barbarie, black feminism, blanc, blanchiment, blanchité, capacitaire, capacité, capital, chauvinisme, chauvinisme de l’universel, choc des civilisations, civilisation, classe de sexe, classe dominante, classe moyenne, classe ouvrière, classes sociales, colonialisme, colonisation, communautarisme, communauté, concurrence victimaire, conscience de classe, conscience de race, conscientisation, consentement, contrainte, contrôle social, corps d’exception, culturalisme, culture, devoir d’ingérence, devoir de mémoire, différence, différentialisme, discrimination, discrimination au guichet, discrimination directe, discrimination indirecte, discrimination positive, discrimination raciale, discrimination raciste, discrimination structurelle ou structurale, discrimination systémique, discriminations multifactorielles, diversité, domination, domination symbolique, droit d’ingérence, égalité, égalité de principe, égalité de résultats, égalité de traitement, égalité des chances, égalité formelle, égalité réelle, embourgeoisement, émancipation, ennemi de l’intérieur, espace public, espace privé, essentialisation, essentialisme, ethnicisation, ethnicité, ethnie, exception, exploitation, féminisme, féminisme des minorités, féminisme des subalternes, féminisme du tiers-monde, féminisme musulman, féminisme postcolonial, fraternalisme, genre, gentrification, ghetto, globalisation, hégémonie, hégémonie culturelle, hétéronormativité, hétérosexisme, hétérosexualité, hominisme, homonormativité, idéologie, identité, identité nationale, impérialisme, incapacité, indianisme, indigénat, indigène, indigénisme, inégalité, ingérence, intellectuel organique, interculturel, intersectionnalisme, intersectionnalité, intégration, invisibilité sociale, islamo-gauchisme, islamophobie, laïcité, localisme, logique de l’équivalence, logique de symétrie, lumières, luttes des classes, majoritaire, majorité, masculinisme, masculisme, maternalisme, mémoire, mérite, méritocratie (républicaine), minoritaire, minorité, mission civilisatrice, mixité, mixité sociale, mondialisation, multiculturalisme, multiculturel, nation, nationalisme, négrisme, négrité, négritude, néocolonialisme, oppression, orientalisme, paternalisme, patriarcat, philosophie des lumières, postcolonial studies, postcolonialisme, pouvoir blanc, pouvoir et savoir, pouvoir noir, privilège, privilège blanc, privilège masculin, public/privé, quartiers « sensibles », quartiers « difficiles », quartiers populaires, queer, question sociale, race, racialisation, racisation, racisme, racisme anti-blanc, racisme institutionnel, racisme culturaliste, rapport social, représentation sociale, républicanisme, république, segmentation du marché du travail, sexage, sexe, sexisme, sionisme, spatialisme, stigmate, subalterne, subaltern studies, substantialisme, sujet, suprématie blanche, symétrie, token, tokénisme, traitement d’exception, victimisation, vision capacitaire, violence symbolique



Je choisis subjectivement, en complément, quatre citations extraites du dictionnaire.



« Le discours de la ”banlieue” est une construction sociale et idéologique conduisant à dépolitiser la question des quartiers populaires en présentant les difficultés rencontrées par leurs habitants comme n’étant pas sociaux et économiques mais comme relevant de facteurs culturels, d’une non-mixité, de facteurs architecturaux, d’une carence éducative des (mauvais) parents, d’une présence immigrée trop importante, des jeunes ”décivilisés”, etc. »



« L’ethnicité, du point de vue blanc, c’est nécessairement les ”autres”. »



Rapports sociaux (de classe, de sexe, de race, d’âge, etc.) : « Ces rapports s’interpénètrent en permanence. Ils sont à la fois irréductibles les uns aux autres et travaillés par un même système social, une même logique dominante les faisant agir pour sa reproduction. »



Traitement égal de personnes ayant des situations inégales : « La jurisprudence considère que l’application d’une règle uniforme à des situations différentes peut violer le principe d’égalité et être discriminatoires. »



Au delà des limites signalées, un ouvrage de très bonne tenue et source de multiples réflexions, plus intéressant, pour ses parties semblables, que le discutable « Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations » sous la direction d’Esther Benbassa (Larousse, Paris 2010)



Un apport pour celles et ceux qui pensent que :



La convergence nécessaire entre dominé-e-s implique de ne pas oublier que les opprimé-e-s ne peuvent se libérer qu’elles/eux-mêmes, que les conditions pour penser, analyser et agir contre les oppressions, les dominations nécessitent qu’elles/ils s’auto-organisent, y compris dans des cadres non mixtes.



La division sexuelle du travail (et l’assymétrie des rapports sociaux de sexe, le système de genre, le sexisme, la domination des hommes sur les femmes) nécessite d’intégrer les apports du féminisme, dans toutes les analyses sociales.



La racialisation d’une fraction importante des couches salariées, avec l’ensemble de ses effets matériels (y compris sur celles et ceux qui deviennent “privilégié-e-s” de n’en être pas les objets), ne saurait être passé sous silence. Que se soit la couleur blanche invisibilisée et celles des “autres” ainsi stigmatisé-e-s, la catho-laïcité de l’Etat français opposée aux pratiques religieuses des “autres” ainsi “barbarisé-e-s”, etc., tout cela relève, non d’un à coté, mais, bien du cœur des rapports sociaux.
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Figures de la révolution africaine

Sortir l’Afrique de la nuit coloniale



« Il y eut pourtant une époque, pas si lointaine, où des hommes et des femmes savaient qu’un autre avenir était possible et se battaient pour qu’il se concrétise ». En parlant de la période allant des années 40 aux années 1970, Saïd Bouamama indique aussi : « Pour la génération qui a vécu cette époque charnière, la liberté et la justice n’étaient pas des utopies ».



Mondialisation, contre-révolution libérale, politiques imposées par la Banque mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), plans d’ajustement structurels (PAS), pensée culturaliste ou anti-tiers-mondiste, mais aussi soulèvements de population, émeutes de la faim, grèves, Forums sociaux mondiaux (FSM)… il est important de réinterroger le passé, les décolonisations et leurs suites, « nous avons bâti cet ouvrage, qui ambitionne de dresser un portrait collectif des penseurs et des acteurs de la libération africaine de la période de décolonisation ».



L’auteur ne prétend pas faire un catalogue exhaustif, il explique pourquoi il a mise de coté certaines figures importantes, l’absence de grandes figures féminines, « au cours de cette longue lutte pour l’émancipation des peuples, les femmes ont massivement été maintenues dans des rôles subalternes, servant trop souvent de faire-valoir ou de simples icônes dans des conflits qui, souvent armés, valorisaient nettement la ‘masculinité’ ».



Il souligne aussi l’importance d’historiciser, de ne pas idéaliser les luttes de cette période, d’articuler leurs différentes dimensions.



Les difficultés rencontrées étaient importantes, les leaders africains « devaient en même temps comprendre et agir, contester et inventer, résister et offrir des alternatives » dans un monde en recomposition et dans des sociétés en mutation rapide.



Saïd Bouamama insiste aussi sur la place de la « tradition marxiste », « tradition » au demeurant très marquée par le stalinisme, avec toutes les conséquences en terme d’appréhension des rapports sociaux, des réalités des sociétés…



Prendre en compte les contextes sociaux et culturels spécifiques, les réorganisations du capitalisme et de l’impérialisme au niveau international, la place contradictoire des États du « socialisme réellement existant », n’était pas chose facile. Sans oublier les effacements liés à la colonisation, dont la « négation totale des identités africaines : l’histoire, les croyances, les traditions, les savoirs-faire du continent furent attaqués, infériorisés, moqués, instrumentalisés, effacés ».



Il fallait aussi inscrire les projets révolutionnaires « en dehors des frontières héritées de la colonisation » et « coordonner les luttes en Afrique dans un cadre supranational et international ». De ce point de vue, je ne suis pas sûr que la référence au concept d’État-nation fut adéquat. Je partage le choix de Saïd Bouamama de « ne pas limiter la définition de l’« Afrique » à sa simple dimension géographique ».



L’auteur termine son introduction par : « Cette soif de politique, qui n’est autre qu’un désir de vie, est peut-être la première leçon que nous ont léguée les penseurs-combattants de la révolution africaine – qui furent aussi des acteurs de premier plan d’une libération universelle ». Oui, la révolution, la libération est toujours universelle.



Le livre est découpé en trois parties :



Penser le colonialisme ou l’abattre ? (1945-1954)



Le droit de légitime violence (1954-1962)



De anticolonialisme à l’anti-impérialisme (1962-1975)



A juste titre, Saïd Bouamama commence par rappeler « les résistances africaines à l’esclavage et à la colonisation », les émeutes lors des déportations transatlantiques, les révoltes d’esclaves en captivité, la révolte victorieuse dirigée par Toussaint Louverture à Saint-Domingue, les marronnages et la construction de « vie collective libre dans les bois ou les montagnes », les mouvements insurrectionnels, les résistances armées, comme celle de l’émir Abdelkader…



L’auteur parle aussi de Marcus Garvey, de WEB Du Bois et de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), du panafricanisme, de la « réaffirmation culturelle et identitaire comme moment de l’émancipation nationale », des conditions d’admission à la Troisième Internationale, des rencontres entre migrants africains et mouvements communistes, du congrès anti-impérialiste en 1927, du mouvement de la « négritude », des changements de ligne avec abandon de la lutte anti-colonialiste par le PCF à partir du Front populaire…



Au sortir de la seconde guerre mondiale, la décolonisation, comme horizon palpable, devient pensable, le mythe de l’invincibilité de l’« homme blanc » est érodé, le Droit international prend une plus grande place, le système colonial se fissure par des dynamiques de citoyenneté… Sans oublier le vent de liberté qui souffle sur l’Asie.



Guerre froide, self-government (Royaume-Uni) ou autonomie (France) contre l’indépendance, immobilisme des colonialismes portugais, espagnol ou belge.



Jomo kenyatta, le soulèvement dit « Mau Mau », « Quand elle n’est pas pensée en profondeur, c’est-à-dire comme un processus d’émancipation complet, à la fois culturel et politique mais également social et économique, la contestation de l’ordre coloniale risque toujours de se retourner contre celles et ceux qu’elle est censée libérer ».



Aimé Césaire, la négritude, la rupture avec le complexe d’infériorité, l’approche historique donc politique de la colonisation, la revue Présence Africaine, « communisme » et anticolonialisme, la dé-civilisation des pays colonisateurs…



Ruben Um Nyobé, l’Union des populations du Cameroun (UPC), « En situation coloniale, la question sociale débouche presque naturellement sur la question nationale », les articulations entre le combat politique collectif et général et la défense des intérêts matériels immédiats, les « dangers d’une indépendance simplement formelle, c’est-à-dire se limitant à la sphère politique », l’utilisation du droit international, une « approche politique et non ethnique de la nation », la question de la violence, comment éviter que les indépendances africaines « se réduisent à de simples fictions écrites par les puissances coloniales pour leur profit ? »



Dien Bien Phù, Bandung, Suez, les recompositions durant la « guerre froide », le mouvement noir états-unien, les « maintien de la dépendance économique en dépit d’une indépendance politique formelle », le suprématisme de minorités blanches et leurs indépendances racistes, la Françafrique et les indépendances « avec l’appui, l’accord et l’aide de la France », accords, contrôle des monnaies et maintien de la présence militaire française, les dynamiques panafricaines, la violence légitime, « Dénonciation du néocolonialisme et des indépendances factices, prise de conscience de la nécessité d’une coordination des luttes et d’une solidarité agissante et soutien à la lutte armée font de cette période celle des espoirs révolutionnaires ».



Frantz Fanon. L’intellectuel et le militant, la pensée et l’action, « aliénation liée à la couleur produite par l’esclavage et la colonisation », une approche « anti-culturaliste », la condition noire historiquement située, « L’enfermement dans ce moment, et dans ce moyen, conduit à une quête éperdue d’un passé à jamais révolu », le colonialisme comme rapport social constitutif du colonisé-e mais aussi du colonisateur, penser la destruction du système, racisme comme production sociale, racisme et exploitation, violence de la libération – violence de l’oppression (« caractère consubstantiellement violent du colonialisme ») « La première est une conséquence logique de la seconde. Oublier ce point de départ conduit à inverser l’ordre de causalité entre les deux violences ou à établir une symétrie entre elles », l’auto-libération des colonisé-e-s, la bourgeoisie nationale et son discours d’unanimisme national, la culture nationale comme histoire et mouvement, les interactions entre la question sociale et l’indépendance nationale, l’unité africaine…



Patrice Lumumba. Le Congo comme propriété privée du roi des Belges, les rencontres militantes, le Mouvement national congolais (MNC), l’Association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue kilongo (ABAKO), unité nationale et panafricanisme, remise en cause de la division coloniale du continent, assassinat…



Kwame Nkrumah. Refus du néocolonialisme et panafricanisme, vision continentale du combat « dépassant la coupure entre l’Afrique subsaharienne et le Maghreb », Organisation de l’unité africaine (OUA), « ce n’est pas un « passé » plus ou moins mythifié qui fonde l’unité africaine mais une communauté de destin issue des exigences d’une indépendance réelle et orientée vers l’avenir », échange inégal, chimérique « Afrique sans classe »…



Luttes armées dans les bastions coloniaux, impacts de la division sino-soviétique, mouvement anti-guerre et mobilisation des Noir-e-s aux États-Unis, mutations économiques, limites de l’OUA, Tricontinentale, anti-impérialisme, « la souveraineté juridique ne suffisait pas à se libérer de la dépendance », interventions militaires, recours aux coups d’État et aux assassinats non réductibles à de simples ingérences étrangères, « Alors que l’opposition au système colonial avait tendance à gommer les lignes de clivage internes et à unifier les sociétés africaines, la libération du joug colonial tend à faire émerger de nouvelles lignes de fracture entre classes sociales au sein de chaque nation », notion de « développement », fragilisation des liens sociaux et des écosystèmes…



Malcolm X. L’Afrique comme communauté de destin, trajectoire de jeunes Noirs aux États-Unis, conversion à l’islam, réaffirmation de soi et de fierté d’être noir, Black Muslims, droit à l’autodéfense argumentée politiquement, « L’objectif est désormais l’égalité », assassinat…



Mehdi Ben Barka. Maroc, « L’abandon du mythe de l’unité nationale et la prise en compte des intérêts de classe », le « commis-voyageur » de la révolution, indépendance et élargissement à l’échelon international de la solidarité, Tricontinentale, assassinat…



Amilcar Cabral.Guinée, Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et des îles du Cap-Vert (PAIGC), théorie et pratique, Tricontinentale, analyses de la petite bourgeoisie, la culture comme arme, les zones libérées comme « lieux de transformation sociale sans attendre l’indépendance », comme anticipation de la vie future, assassinat.



Thomas Sankara. Section voltaïque du Parti africain de l’indépendance (PAI), oser inventer l’avenir, appel à l’auto-organisation, amélioration immédiate des conditions d’existence, exemplarité des salarié-e-s de l’État, agro-écologie, égalité des sexes, analyse et refus du paiement de la dette, « On peut tuer un homme mais pas des idées », absence d’élections, assassinat…



Un livre, loin des visions unilatérales, prenant en compte les contradictions, les limites des expériences…



Une invitation à reprendre et approfondir les débats sur les possibles, les ruptures avec l’ordre-désordre existant, à réexaminer les apports de ces acteurs/actrices, sans oublier les faiblesses, les renoncements, ici, des mouvements ouvriers incapables de paralyser leurs propres impérialismes dans leurs politiques de domination africaine ou de créer des solidarités actives avec les populations mobilisées, hier comme aujourd’hui.
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Système et mécanismes de dépendance



« La série d’articles qui compose cet ouvrage tente de synthétiser pour chaque colonie française les raisons et mécanismes de cette mise en dépendance d’une part, et de résumer les outils et processus du néocolonialisme français en Afrique d’autre part. »



Dans son introduction, Saïd Bouamama parle, entre autres, de la Kanaky et de l’horizon d’une indépendance nationale, de la réalité vivante du colonialisme français, du Cfa comme monnaie coloniale, des formes historiques de la mise en dépendance, de l’age préhistorique du capitalisme (en complément possible, Alain Bihr : 1415 – 1763. Le premier âge du capitalisme.T1 : L’expansion européenne), de la mise en contact de toutes les parties du monde, de « l’expropriation de la paysannerie européenne et le pillage des civilisations des Amériques (mais aussi du Bengale) », du génocide des populations amérindiennes, des traductions coloniales concernant l’Etat français, « Concernant la France, la traduction coloniale de cette ère de l’accumulation primitive prend la forme de ce qui est appelé « premier espace colonial français » ou « vieilles colonies ». Tous les territoires encore aujourd’hui colonisés par la République française appartiennent à cet espace. Toutes les caractéristiques décrites plus haut se retrouvent dans l’histoire de ces nations : génocide des peuples indigènes, pillage rendant possible l’accumulation primitive et réunissant les conditions de l’industrialisation de l’Hexagone, traite négrière, etc. », du racisme biologique…



L’auteur poursuit avec le second âge du colonialisme, la révolution industrielle, la reproduction élargie du capitalisme, le nouveau rapport social qu’est l’indigénat (en complément possible, Olivier Le Cour Grandmaison : L’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’empire français), de la mise en contact de toutes les parties du monde, de « l’expropriation de la paysannerie européenne et le pillage des civilisations des Amériques (mais aussi du Bengale) », du génocide des populations amérindiennes, des traductions coloniales concernant l’Etat français, « Concernant la France, la traduction coloniale de cette ère de l’accumulation primitive prend la forme de ce qui est appelé « premier espace colonial français » ou « vieilles colonies ». Tous les territoires encore aujourd’hui colonisés par la République française appartiennent à cet espace. Toutes les caractéristiques décrites plus haut se retrouvent dans l’histoire de ces nations : génocide des peuples indigènes, pillage rendant possible l’accumulation primitive et réunissant les conditions de l’industrialisation de l’Hexagone, traite négrière, etc. », du racisme biologique…



, les résistances, la mutation des formes du racisme « qui passe d’un argumentaire biologique à un argumentaire culturaliste », les assassinats de leaders indépendantistes, les transformations du colonialisme français, « Le colonialisme cède le pas au néocolonialisme par le biais d’indépendances fortement corsetées par des « accords » économiques, culturels et militaires »…



Le troisième âge du capitalisme, l’imposition d’échanges inégaux, l’organisation systématique de la balkanisation au moment des indépendances, les tracés des frontières, la structure du marché mondial dans lequel sont insérées leurs économies, les prix des matières premières, la sous-industrialisation, la dépendance vis-à-vis de l’économie française, les accords de « coopération » et la limitation de « la souveraineté des nouveaux Etats », le « néocolonialisme » et ses caractéristiques, « expropriation terrienne, extraversion économique et traitement d’exception », les mutations du racisme… « Si l’asservissement du continent américain et l’esclavage ont permis l’accumulation primitive, si la colonisation de l’Afrique et de l’Asie a financé la révolution industrielle, le néocolonialisme et ses accords de coopération ont fourni les fonds permettant la construction des multinationales françaises », les tentations révisionnistes d’écriture de l’histoire, les imaginaires, « Il n’est pas une survivance d’une époque révolue ou une trace héritée vouée à disparaître par l’épuisement du temps. Il constitue une production du présent en tant que reflet idéologique et traduction idéelle, produit et producteur, des rapports de dominations que les anciennes puissances coloniales entretiennent et imposent à leurs colonies actuelles ou anciennes et à leurs peuples »…



1ère partie : Néo-colonies françaises



Saïd Bouamama revient sur l’histoire d’un certain nombre de territoire :



La Réunion : de l’île vierge à la tentative de chirurgie sociales



Guyane : de la recherche du « roi doré » à la « montagne d’or »



Polynésie : du « bon sauvage à la bombe nucléaire coloniale



Antilles : la production et la reproduction d’une pigmentocratie



Kanaky : une tentative de génocide par substitution



Mayotte : un îlot de pauvreté dans un océan de misère



Je ne vais pas détailler les rappels historiques et les analyses des formes de colonialisme et de néo-colonialisme. Je ne souligne que certains éléments comme invitation à discuter du déni de l’asservissement social actuel, du refus de l’autodétermination des populations, des nécessaires réparations pour des crimes commis au nom de la soi-disant supériorité d’une civilisation ou d’une « race »…



La Réunion, le caractère hiérarchisé de la colonie selon un critère de couleur – « stratification socioraciale », l’importation d’esclaves, la monoculture de la canne et de la concentration foncière, les résistances dont le marronnage, l’« engagisme » comme nouvelle forme d’asservissement, la spécificité des Zoreil, les mutations économiques et le maintien de la dépendance, les subventions européennes, l’économie sucrière sous assistanat, l’économie extravertie, les avortements forcés et les stérilisations de femmes réunionnaises, la déportation d’enfants, l’exportation organisée de la jeunesse par le Bumidom, la géostratégie (contrôle du canal du Mozambique et des iles éparses, la zone économique exclusive), le non-développement et la place des services marchands, les flux des importations et des exportations vers la France, la langue créole, les mouvements indépendantistes…



La Guyane, la quasi-génocide des nations autochtones, les mythes coloniaux, l’articulation entre esclavage et colonisation, les résistances des esclaves, l’« engagisme », l’indemnisation des propriétaires d’esclaves suite à l’abolition, les or (jaune, bleu, vert et noir), la structure économique de comptoir, l’exploitation des ressources au profit de la métropole et le monopole de la commercialisation exercé par de grandes société métropolitaines, le centre spatial, les mouvements indépendantistes et les actions de répression systémique contre eux, le combat syndical et l’Union des travailleurs guyanais (UTG), l’importation massive de migrants venant de la métropole, les mouvements dans la jeunesse…

La Polynésie, son inscription dans la liste des territoires à décoloniser, la violence de la conquête et les résistances, les essais nucléaires et leurs conséquences, la zone économique exclusive maritime (ZEE) représentant près de 40% de l’ensemble de la ZEE française dans le monde…



Les Antilles, la « pigmentocratie », les résistances des peuples autochtones au projet d’élimination des caraïbes, la traite négrière, l’esclavage et le marronnage, le capitalisme de plantation, la concentration de terres, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), les békés, la hiérarchie « socio-raciale », le monopole d’approvisionnement, la socialisation européenne du pacte colonial, la spécialisation des colonies dans des cultures de rente, l’utilisation des pesticides et les conséquences sur la santé des populations, « Interdire dans l’hexagone et autoriser aux Antilles, voilà un bel exemple d’un traitement d’exception, qui est une des caractéristiques essentielles du colonialisme », le manifeste de l’OJAM, les massacres de 1967, le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), le projet de fédération des Antilles…

Kanaky, une colonie de peuplement « planter du blanc », le Code de l’indigénat en vigueur jusqu’en 1946, les résistances des populations kanak, les insurrections de 1878 et 1917, l’encouragement aux immigrations pour « rendre les kanak minoritaire en Kanaky »,le nickel, les ressources halieutiques, le FLNKS et l’USTKE, la violence des colons, le vote d’une résolution à l’assemblée générale des Nations unies considérant la Nouvelle-Calédonie comme « un territoire non autonome au sens de la charte », le massacre de la grotte d’Ouvea, les accords de Matignon, « la politique coloniale de peuplement a rendu les Kanak minoritaires », le maintien de la domination française sur la Kanaky…

Mayotte, le droit international et le droit français bafoués par l’Etat français, l’orchestration de la séparation de Mayotte de l’archipel, les enjeux économiques et géostratégiques, l’utilisation des mercenaires, Bob Renard, les fonds français et européens, les migrations internes à l’archipel, les condamnations de la France par l’ONU…



2ème partie : Françafrique



Il existe de nombreux travaux sur les diverses facettes de la Françafrique. Saïd Bouamama propose des analyses approfondies sur le franc cfa, les accords économiques et les accords de défense, la francophonie.



L’auteur propose des analyses plus transversales :



Le franc cfa, une monnaie coloniale, servile et prédatrice



Les accords de partenariat économique : de la françafrique à l’eurafrique



Les accords de défense : de la garnison à la projection



La francophonie



L’auteur explique la genèse et le fonctionnement du franc cfa, la centralisation des réserves de change par la Banque de France, la parité fixe entre le franc cfa et le franc puis l’euro, la libre transférabilité vers la France et l’Europe et le pillage légalisé, la dépendance des banques africaines de la zone, les réactions de l’Etat français aux décisions de certains pays de sortir de la zone, les ingérences et les déstabilisations, les assassinats et les renversements de gouvernements, la dévaluation de 1984, la France gendarme d’une partie de l’Afrique, la dépendance structurelle et « la fragilisation continue des tissus sociaux des pays de la zone, le développement inégal entre les régions d’un même pays, la paupérisation continue masquée par des taux de croissance ne disant rien de la redistribution de cette « croissance » », la contestation de la monnaie coloniale…

Saïd Bouamama analyse les portées des accords, leur nature néocoloniale, la coopération comme continuation de la colonisation, les nouveaux atours de la dépendance, les concentrations et les monopolisations, les changement du capitalisme occidental et les conséquences pour les populations du continent africain, les réalités de l’« aide au développement », la françafrique et l’eurafrique, les ajustements structurels et les conditionnalités des prêts de la Banque mondiale et du FMI, les encouragements à la monoculture d’exportation, les entraves à l’industrialisation de transformation, les mensonges autour de la « sécurité alimentaire », les relations de tutelles, les objectifs de la « libéralisation du commerce », les résistances en Afrique…

Des accords de « partenariat économique » et des accords de défense. L’auteur rappelle la soixantaine d’interventions militaires françaises depuis les indépendances, la place centrale du militaire, les « accords spéciaux » non publics, la mise sur le même plan de la « sécurité extérieure » et de la « sécurité intérieure », les services secrets et les réseaux de mercenaires, le réseau de bases militaires, les exportations d’armes, les ravalements de façade des accords. Il conteste le prétendu déclin des intérêts stratégiques du continent et souligne des points conformes aux intérêts des populations, « la dénonciation des accords de défense, le démantèlement de toutes les bases militaires étrangères, le départ de toutes les troupes étrangères au continent et la construction d’un système de sécurité collective au sein de l'union africaine »



Une langue et sa diffusion internationale ne peut-être considérée comme neutre, comme ne participant pas aux asymétries et aux hiérarchies. Saïd Bouamama parle de l’« œuvre civilisatrice » du colonialisme, de l’asphyxie des cultures et des langues africaines, de l’école de la troisième république alliée à l’Eglise pour la « conquête des esprits », de la production d’une petite élite francophone et la limitation « à la maitrise d’un francais usuel et fonctionnel pour la grande masse des colonisés », de la toile d’araignée francophone et ses institutions, des mécanismes « d’un dispositif institutionnel politique » et ses conséquences sur les Etats africains et les populations, de l’inégale maitrise des langues nationales, des langues communes ou transnationales (comme le wolof, hoaoussa, soniké, peul)…

Nous ne pouvons comprendre les émigrations-immigrations sans les mettre en relation avec l’histoire du colonialisme et les effets matériels des politiques néocoloniales. Des anciens domestiques à la main d’oeuvre immigrée « variable d’ajustement pour les besoins en forces de travail », du travail dans la marine à la « chair à patron », de l’aide à l’émergence de multinationales « françaises » et au recrutement de main-d’oeuvre… « le projet est bien la constitution d’une main d’oeuvre ayant des droits et un statut d’exception ». Saïd Bouamama parle de hiérarchisation de la classe ouvrière, de segmentation en fonction des origines, de l’âge des projets d’expulsion de masse à celui des « sans papiers », de la transformation de la Méditerranée en cimetière géant, des discours légitimant les coopérations policières trans-frontalières, de la sous-traitance de la répression, de l’externalisation des contrôles, des discriminations racistes, de l’illusoire fermeture des frontières…



L’auteur explique le soutien à la cause palestiniennes des minorités « issues des anciennes colonies », l’ancrage dans le temps, l’identification politique, les mémoires des combats nationalistes. Il revient sur les travailleurs immigrés, le MTA, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, l’ethnicisation des grilles de lecture médiatiques, l’expérience des discriminations racistes systémiques et les négations de celles-ci, les image stigmatisantes et réductrices de l’islam. « Les racines de ce soutien sont profondes, même si les formes d’expressions sont dépendantes de chaque contexte historique ».



Reste que ce soutien ne se manifeste que peu avec les combats du peuple sahraoui contre la colonisation aujourd’hui marocaine du territoire…



Dans le dernier chapitre, Saïd Bouamama analyse les fondements historiques et idéologiques du racisme « respectable » de la gauche française, les légendes du roman national, l’absolutisation de la pensée des Lumières et de révolution française, des lectures réductionnistes de l’égalité, la confusion entre un universalisme proclamé et des politiques de fait exclusives, l’oubli des luttes et des affrontements sociaux pour obtenir un peu d’égalité, le poids du parti colonial et de son idéologie, une conception peu émancipatrice de l’émancipation, « émanciper l’autre malgré lui et si nécessaire par la violence », le culturalisme binaire et les logiques intégrationnistes, le refus de prendre en compte l’histoire et les inégalités réelles…



Certain·es, confondant par ailleurs souveraineté populaire et « souveraineté » étatique, parlent de retrouver une certaine « indépendance » oubliant le caractère impérialiste et colonialiste de l’Etat français. Il est donc plus que nécessaire de rappeler que l’Etat français s’est construit et reste colonialiste, d’analyser les différentes facettes des actions néocolonialistes de cet Etat. « Notre » indépendance ne peut ne peut être séparée de la domination d’autres populations et du refus de l’autodétermination d’autres peuples.



A peine libéré de l’occupation nazie, l’Etat français massacrait allégrement à Setif, Guelma et Kherrata, avant de réitérer les crimes à Madagascar, en Indochine, etc.



Il faut souligner les silences et les soutiens aux œuvres de colonisation y compris dans les forces se réclamant de l’émancipation, l’absence de large débat public sur le colonialisme et de mobilisations anticolonialistes significatives en appui aux forces et aux revendications indépendantistes…



Reste aussi à analyser les effets sexués du néocolonialisme.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Figures de la révolution africaine

C'est un livre que j'attendais, un livre qui fait valoir ces grandes figures de la révolution africaine (un choix restreint mais signifiant) dont j'entends souvent parler sans arriver à les situer dans une histoire du continent. Pourquoi "la révolution africaine" au singulier ? C'est un point majeur de l'ouvrage de montrer que ces grands résistants ont investi un champ de recherche politique pour l'adapter à la spécificité de leur histoire. Et cette histoire africaine est partagée, au-delà du continent, vers les autres mondes noirs*. Ils ont construit, chacun tenant compte des précédents, UNE révolution africaine? un mouvement jusqu'ici maltraité par les puissants, occulté, traité par le mépris et le mensonge, opprimé jusqu'à l'assassinat.

"De Jomo Kennyatta à Thomas Sankara, il faut entendre les voix des grands penseurs africains parce qu’ils sont des hommes de combat. L’indépendance, c’est aussi une guerre dans laquelle certains se sont sacrifiés et d’autres fourvoyés."

J'ajoute que Saïd Bouamana est aussi l’auteur de « Les discriminations racistes : une arme de division massive » à l’Harmattan. Dans l'entretien qu'il donne à La marche du monde, sur RFI, il souligne que Sankara a su donner aux habitants du Burkina fierté et assurance. Et je crois que par cet ouvrage, Saïd Bouamana cherche aussi à donner aux jeunes, descendants du continent africain et de ses diasporas, des clés pour comprendre leur histoire et la regarder avec fierté.

WEB - Entretien avec Saïd Bouamana sur La Marche du monde, RFI.

WEB - FEUILLETER LE LIVRE ET VOIR LE SOMMAIRE : SUR LE SITE DE LA DECOUVERTE.
Lien : http://www.rfi.fr/emission/2..
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Entrer en pédagogie antiraciste : D'une lutte..

Avant de parler du fond, il faut commencer par la forme : la préface précise que « Entrer en pédagogie antiraciste » est rédigé en écriture multigenre. Si le titre n’avait pas déjà convaincu le.a lecteurice, il s’agit bel et bien d’un ouvrage militant, rédigé par des activistes, des professeur.e.s (en majorité), des sociologues ou encore des politologues.



L'introduction pose la nécessité d'un engagement antiraciste en milieu scolaire, un engagement nécessairement conscientisé qui ne peut se permettre de délaisser les liens entre race et classe.



Le projet derrière ce livre est de proposer des outils concrets aux enseignant.e.s qui souhaiteraient s'emparer de la question complexe de l’antiracisme avec leurs élèves. Quelles pratiques pédagogiques pour les enseignants qui viennent parfois d’un milieu social plus favorisé que celui de leurs élèves et qui pour certains n’ont jamais fait l’expérience du racisme dans leur chair ?



Les thématiques évoquées sont variées et passionnantes. Pour en citer quelques-unes : la simultanéité de la scolarisation et du processus de racisation, l’intervention de la police dans les établissements accueillant en majorité des élèves racisés, l’islamophobie structurelle, la laïcité, le mythe de la méritocratie, l’enseignement décolonisé en histoire-géographie, la précarité des intervenant.e.s racisé.e.s dans l’enseignement (AED et AESH notamment)…



J'ai particulièrement apprécié le fait qu’il s’agisse d’un ouvrage sourcé (reprenant notamment plusieurs lois françaises importantes de ces dernières décennies et faisant référence à des auteurices majeur.e.s sur la question de l’antiracisme) et parsemé de témoignages, illustrations et outils. Au-delà d'un essai purement théorique, chacun.e y trouvera son compte en termes d'exercices, de projets ou de thèmes de discussions avec ses élèves.



Un livre à mettre entre toutes les mains, et particulièrement celles des enseignant.e.s qui ne sauraient pas par où commencer pour entrer en pédagogie antiraciste.



Merci à Babelio et à l’opération Masse critique non fiction, sans laquelle je n’aurai probablement pas pu découvrir ce livre à la fois original et instructif.
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Figures de la révolution africaine

Pour une approche panoramique de la thématique !

La force de ce livre est de mixer des figures d'Afrique et d'autres afro-descendantes, grâce au beau travail de Saïd Bouamama. Intéressant car généralement, qui s'intéresse à une partie de ses personnalités ne reniera pas la connaissance de l'autre.

Jomo Kenyatta, cité dans le sous-titre, permet de signifier que le livre n'est pas francophono-centré. Et c'est aussi important qu'agréable. Amzat Boukari-Yabara agit de même dans son ouvrage "Africa Unite!".

Les chapitres clairs et courts permettent un balayage concis mais riche de chacune des figures présentées.

Ce livre est à recommander aux personnes s'intéressant soit aux histoires des luttes, soit à l'histoire des Afriques.
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La tricontinentale, les peuples du Tiers Mo..

Un internationalisme en travail et parcouru de contradictions



« La conférence qui rassemblera les organisations révolutionnaires est un événement historique par sa composition, car y seront représentés les deux courants de la révolution mondiale : le courant surgi avec la révolution socialiste d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ». Dans son introduction (voir blog : entre les lignes entre les mots),Saïd Bouamama contextualise cette Conférence de solidarité des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine : intervention directe et extension au Nord-Vietnam des Etats-Unis en 1965, intervention des mêmes en République dominicaine en avril 1965, assassinats de leaders et de dirigeants progressistes en Afrique (et aux Etats-Unis), néocolonialisme et nouveaux mécanismes de mise en dépendance, guerre dite froide, conflit sino-soviétique, etc…



« Quel est le bilan de la Tricontinentale ? Que reste-t-il d’un tel événement un demi-siècle plus tard ? Existe-t-il des leçons et un héritage encore utiles aujourd’hui pour les nouvelles générations de militants ? »



L’auteur revient sur des éléments « précurseurs », dont la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme (Bruxelles 1927), la Conférence afro-asiatique de Bandung (1955), celle du Caire (1957). Une inscription de la Tricontinentale dans une/son histoire.



Saïd Bouamama aborde, entre autres, la huitième condition (question coloniale) d’adhésion à l’Internationale Communiste (IC), la Chine, l’Indonésie, le combat d’Augusto Sandino en Amérique centrale, la Guerre du Rif menée par l’armée coloniale française et la résistance dirigée par Abdelkrim al-Khattabi, la révolte anti-coloniale sur les territoires libanais et syriens, et plus généralement les combats anti-coloniaux. L’auteur souligne la diversité des mouvements de libération nationale.



Il parle des indépendances asiatiques, de la révolution chinoise de 1949, de la victoire vietnamienne de Diên Biên Phu, du contexte et des participants à la conférence de Bandung, des positionnements par rapport à la « guerre froide », des forces et des faiblesses de cette « internationale des pauvres », des principes adoptés, « 1. Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ; 2. Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les Nations ; 3. Reconnaissance de l’égalité de toutes les races et de l’égalité de toutes les Nations, petites et grandes ; 4. Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ; 5. Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ; 6a Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu’elles soient ; 6b Refus par une Puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ; 7. Abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays ; 8. Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ; 9. Encouragement des intérêts mutuels et coopération ; 10. Respect de la justice et des obligations internationales. »



Nationalisation du Canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, intervention armée de la France, la Grande-Bretagne et Israël… Au Caire, les mouvements de libérations nationales ont droit à la parole (ce qui n’était pas le cas à Bandung). L’auteur souligne les trois dimensions « anticolonialisme », « anti-impérialisme », « neutralisme positif » (se définissant « comme antiraciste, anticolonialiste et anti-impérialiste).



Contre-offensive des puissances coloniales entre autres au Congo, révolution cubaine… « les temporalités politiques des trois continents convergent de plus en plus »…



Dans la seconde partie, Saïd Bouamama analyse les orientations de Medhi Ben Barka, l’illusion de la préservation de l’« unité nationale », les critiques du « système impérialiste mondial » et des « nouveaux modes de mise en dépendances », la réforme agraire, le développement plus autocentré, le conflit sino-soviétique… Conférence de La Havane, l’unité sans unicité, les contradictions nouvelles, la réinscription des différentes formes d’oppression dans l’histoire, le refus d’un dogme ou d’une norme dans les chemins de l’émancipation, le refus de la hiérarchisation des luttes, le « droit de légitime violence » et les revendications de paix mondiale, le droit de soutenir les luttes de libération nationale, l’affaiblissement des adversaires communs…



L’auteur aborde aussi l’inégalité structurelle des échanges de marché, le système de la dette, les réformes agraires, les liens entre luttes des afro-américain-e-s et les luttes anti-coloniales, le mouvement contre la guerre au Vietnam… Il revient sur Medhi Ben Barka, Che Guevara, Amilcar Cabral, les différences entre indépendance formelle et libération nationale, les liens entre véritable indépendance nationale et société égalitaire…



Si certains points me semblent discutables (appréciations peu critiques : sur le Front uni chinois entre le Guomindang et le Parti communiste chinois, le tournant nationaliste et la soumission aux intérêts de l’Urss avec la politique de « Front populaire », le barrage d’Assouan « vital pour l’économie égyptienne », l’anticolonialisme de l’Urss ou de la Chine, la caractérisation d’Etat socialiste pour ces deux derniers, les notions de féodalisme appliqués aux situations socio-économiques du vingtième siècle..), d’autres nécessiteraient de véritables débats comme par exemple : l’association d’Etats constitués et de mouvements de libération nationale, les liens entre révolution nationale et révolution sociale, les alliances et la préservation de l’auto-organisation des dominé-e-s…



Quoiqu’il en soit, il reste important de revenir sur les débats de la Tricontinentale, sur la coordination des luttes à l’échelon continental et international, sur les solidarités concrètes aux luttes d’émancipation (à toutes les luttes d’émancipation), sur les possibles alliances à construire …



Sans oublier les refus de soumettre les unes (les luttes sociales ou les luttes des femmes par exemple) à celles de la libération nationale, le rejet de la thématique de l’ennemi de mon ennemi, la nécessaire séparation entre intérêts étatiques et revendications sociales… et les réformes agraires radicales, la remise en cause des découpages territoriaux de la colonisation, le respect des droits des groupes dits autochtones, etc.

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Dictionnaire des dominations

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La France : Autopsie d'un mythe national

Le récit historique dominant vise à remplacer le clivage social par un prétendu ‘clivage national’



« Identité française », « France éternelle », « Exception française », sans oublier les soit-disant « racines » ou « nos ancêtres les gaulois » et autres constructions mythiques ne rendant pas compte des contradictions qui innervent une construction sociale comme un État ou une Nation.



Ce lissage de la réalité, outre qu’il sert des intérêts bien particuliers, invente une image fixe, hors du temps, et se relève lourde de danger, d’exclusion, de racisme. Aux uns, totalement inventés, s’opposeraient les autres, forcément étrangers. Nous sommes loin d’une citoyenneté ouverte.



Avec une grande rigueur, Saïd Bouamama va déconstruire un à un les mythes d’une France à la fois éternelle et exceptionnelle. En interrogeant l’identité, l’auteur souligne les deux paradigmes qui s’affrontent « celui d’une constitution essentialiste de la nation et celui d’une construction sociale et historique de la nation ».



Les points abordés dans l’ouvrage soulignent les leitmotiv des inventeurs d’une histoire sans histoire, d’un hors de la réalité : « Recherche d’une essence éternelle, négation de l’histoire comme production du fonctionnement social et de ses contradictions d’intérêts ; hantise de l’altérité, de la diversité et de l’hétérogénéité au profit d’une vision précise et uniforme du souhaitable ; comparaison hiérarchisant les nations au niveau international et les groupes sociaux dans les pays, conduisant à une mission de civilisation à l’égard des autres peuples et de moralisation des pauvres et des dominés au sein de la nation française. »



Si « Aujourd’hui, ce qui se met en scène comme étant la France n’est en réalité qu’une certaine lecture occultant des France réelles et toujours dominées », il est possible de compléter ce que dit l’auteur en ajoutant que cette fausse réalité couvre des crimes bien réels.



Je souligne les pages sur les Lumières, circonscrites à l’homme blanc et qu’avec notre vocabulaire actuel, nous qualifierions de Lumières sexistes, de Lumières racistes, ou pour les plus optimistes de Lumières à éclairage insuffisant, défectueux.



A l’opposé d’une éternité sans classe, ni sexe, ni couleur, dans un très beau chapitre « La commune de Paris à l’assaut du ciel », Saïd Bouamama montre que les communard-e-s ne faisaient pas clivage entre français/étranger mais adoptèrent une « conception de la nation fondée sur le ‘vivre ensemble’ ». Des hautes responsabilités furent conférées à des militants de nationalités étrangères. Oui la république sociale avait la démocratie comme passion. A l’inverse Paris reste défiguré par une basilique, à Montmartre, hymne revanchard de l’Église, de l’Armée et des biens pensants qui massacrèrent celles et ceux qui partirent à l’assaut du ciel.



Voici donc un livre à mettre entre toutes les mains, à commencer dans celles de ceux qui confondent la république et la république sociale, les droits de l’homme et les droits des êtres humains, qui valorisent les mythes et oublient le point de vue des dominé-e-s.



C’est à la fois une belle déconstruction, un questionnement toujours social « La question raciale est une question éminemment sociale », un rappel sur la place de la politique « Nous ne sommes pas libérés de la nécessité de choisir, de réfléchir et de nous positionner » et un refus d’abdiquer « L’erreur ici consisterait, selon nous, au prétexte d’éviter la dérive du ‘chauvinisme de l’universel’, à renoncer au projet universaliste ».
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Entrer en pédagogie antiraciste : D'une lutte..

Un ouvrage nécessaire, salutaire, indispensable.

Je l'ai reçu pour le masse critique de février (merci l'éditeur, merci Babelio).

J'ai commencé à m'y plonger mais c'est une somme d'articles, de points de vues, tous plus intéressants les uns que les autres, et je reconnais que ma critique a mis du temps à venir, car je ne l'ai pas terminé. Je veux prendre le temps de laisser les mots procéder. Je suis prof française, je suis blanche, j'ai toujours exercé en milieu rural où les élèves non-blancs sont des cas isolés, sans communauté derrière eux.

Alors oui je vais prendre le temps d'étudier ces articles, ces témoignages. Je vais laisser infuser leurs enseignements et voir de quelle manière ma pratique pédagogique de professeure-documentaliste va s'adapter, s'amender, conscientiser ses biais...

Et je reviendrai par ici modifier cette critique quand j'aurai terminé ma lecture.

Merci de votre compréhension.
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Entrer en pédagogie antiraciste : D'une lutte..

Livre que j'espérais sans doute le plus recevoir de cette opération Masse Critique, et que je fus ô combien contente de découvrir dans ma boite aux lettres. Et souhaitant déconstruire beaucoup de choses que j'ai forcément intégré en grandissant en France, quoi de mieux que de se renseigner auprès de personne concernées maîtrisant le sujet, tout en le laissant accessible à quiconque n'est pas forcément le plus renseigné sur la lutte antiracisme.



Je ne m'attarderai pas sur la multiplicité des points abordés, tous aussi pertinent les uns que les autres. Les exemples de situations sont nombreux, les arguments sont clairs et explicite. Ce récit et ces pistes de réflexion polyphonique ont pourtant tous le même fil conducteur: une volonté réelle d'améliorer les choses, et ce malgré les bâtons que l'éducation nationale (et le système en général) ne cessent de leur mettre dans les roues.



Je ressors de cette lecture grandie de beaucoup de connaissance, désireuse de lire d'avantage sur le sujet et de continuer à me renseigner. Je viens d'ailleurs de tomber sur les nombreux TikTok des lycées de Seine Saint Denis dénonçant la vétusté de leurs bâtiment et leur manque de professeurs, comme quoi rien ne semble avoir changé depuis le premier stage de 2017.



Moi même Fille D'enseignants, je me suis empressée de mettre ce livre entre les mains de ma mère, et compte bien le recommander à tout le personnel éducatif de son entourage. Professeurës lisez le. Etudiez les pistes de réflexions, et remettez vos pédagogies en question.

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Figures de la révolution africaine

Ancré dans l'histoire des luttes pour l'indépendance et contre l'impérialisme colonial et post-colonial, ce recueil de portraits écrits d'une plume alerte revêt en effet une dimension très contemporaine.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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