La justice n'est pas une abstraction, Gwen. Ce soir, tu as vu son visage. Elle est laide et méchante.
Ça peut paraître bizarre mais j'aime ça, la douleur, le souffle précipité, le petit goût métallique. Ça me rappelle que j'ai un corps, que je suis un corps. Que je suis bien réelle et ne me limite pas aux pensées dans ma tête.
Terrance est riche, je crois... Il l'est forcément pour habiter dans un endroit pareil. Et alors ? La façon dont il m'a serré contre lui alors qu'on se protégeait de la pluie n'a pas de prix, elle.
Se métamorphoser (verbe) : changer complètement d'apparence ou de caractère, parfois par des moyens surnaturels.
C'est ça ! La terreur se métamorphose en cette chose que j'ai découverte à New York, cette chose que Yael a entraînée et affinée. Cette chose est le verso, le contrepoint, la réponse à la question de la terreur. Demandez à la terreur : qu'est-ce que je vais devenir ? La chose répond : ça.
J’ai peut-être vécu dans des tas de pays, j’ai toujours été une gosse de diplomate, une enfant gâtée, et les rues de Berlin me donnent l’impression d’avoir grandi sur une autre planète. Ici, on est sur le territoire de Marina, elle en connaît les étranges lois physiques, elle sait dans quelle direction nous porte la gravité, elle sait si deux plus deux font quatre ou autre chose.
Le plus dur, quand on n’est pas croyant, ce n’est pas de renoncer au paradis. Mais à l’enfer. Les gens comme Bohdan et Roman, qui esclavagisent des femmes, meurent comme n’importe qui d’autre. Le mieux que l’on puisse espérer, c’est qu’ils quittent ce monde dans la souffrance et la peur.
-- Une femme qui fait ce métier... J'ai un dicton, une femme qui mène ma vie a besoin d'un homme comme... C'était quoi déjà ?
--Comme un poisson a besoin d'une bicyclette.
-- Quoi ? C'est débile. J'allais dire : une femme a besoin d'un homme comme elle a besoin d'un foulard Hermès. Joli, mais pas indispensable. Ça reste un foulard.
-- En somme, les hommes sont jetables. Tu en perds un, tu en reprends un.
-- Pas seulement les hommes, rectifie-t-elle. Tout le monde.
Chaque journée d’entraînement se conclut de la même façon : Yael remporte le duel. Brutalement. Sans pitié. Au début de la séance suivante, le lendemain, elle m’apprend systématiquement comment contrer l’attaque de la veille. À ma propre surprise, je ne redoute pas la défaite. La peur m’a désertée. Les paroles initiales de Yael, la première leçon du krav maga – se relever, toujours – ne me quittent pas.
"Le monde qu’il me décrit est terrorisant. Mais si personne ne veut s’en charger, alors l’alternative est simple : rester une gamine et ne rien faire, ou devenir une adulte et m’en occuper moi-même. C’est précisément là, il me semble, que se situe la différence entre l’enfance et l’âge adulte, entre la petite fille traquée par des loups et la femme qui chasse la meute. "
Le monde qu’il me décrit est terrorisant. Mais si personne ne veut s’en charger, alors l’alternative est simple : rester une gamine et ne rien faire, ou devenir une adulte et m’en occuper moi-même. C’est précisément là, il me semble, que se situe la différence entre l’enfance et l’âge adulte, entre la petite fille traquée par des loups et la femme qui chasse la meute.