AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Searth Cabal (15)


Il pénétra le bois qui séparait la baronnie de la côte. Ses pas firent crisser un tourbeux tapis de feuilles. Il n'y avait pas de sentier dans ce creuset de végétation sauvage, embroussaillé de ronces, obscurci de branches enchevêtrées ; mais il en connaissait chaque ornière. Ce bosquet coupait les vents salés avant qu'ils n'atteignissent le fief, et c'était un refuge bienvenu après les aboiements de l'air marin. À travers son écharpe, il respira la fragrance de l'humus, l'effluve acide de la terre verglacée sous ses semelles.
De la moisissure s'y mêlait. Il ralentit. Non loin, des champignons infestaient les plaies d'un arbre dont la sève ne battait plus. Les yeux clos, il eût pu désigner le tronc vermoulu, repérer le cadavre entre ses semblables identiques...
Commenter  J’apprécie          240
Les sots se bercent d’amitié. Ils trompent leur solitude avec des étrangers aussi perfides et intéressés qu’eux-mêmes. Un ennemi mortel sera plus fidèle !
Commenter  J’apprécie          220
_ Ta santé empire. Cette année, tu dois prendre un familier. »
Le lord toussa. Sans doute, c'en était fini de la placidité ! Leur fils adoptif, qui n'avait rien de docile, allait se raidir, se renfermer davantage, protester à grand renfort d'arguments savants ; son épouse ne cèderait pas un pouce de terrain - et la lutte entre ces deux volontés s'annonçait longue et épuisante. Angus dressa le dos, posa son bol et s'essuya les lèvres.
« Vous avez raison. »
Au mur, un vieux tableau oscilla. Le baron en resta bouche bée.
« Que... qu'as-tu dit ?
Commenter  J’apprécie          190
Il y avait de longues années qu'il se passait de grimoires pour tracer des pentacles. Qu'ils fussent de protection, pour garder un officiant de tout mal, ou de contention, pour contraindre un démon, sa main experte ne craignait pas leur complexité : son œil critique ne décela aucun défaut.
« Vous ne vous sentez pas trop à l'étroit à l'étroit ? demanda-t-il courtoisement.
_ Procédez ! Quant à mon nom, je n'en ai pas à vous révéler.»
Commenter  J’apprécie          130
« Monseigneur craint que nous soyons égarés », confia-t-il à leur guide avec un sourire forcé.
Le Fenlander le regarda en coin. Au loin, un hurlement s'éleva.
« Oh ! Qu'est-ce que c'est ? sursauta Bartley. Il y a des loups par ici ?
_ C'est Black Shuck, fit l'autre : à sa stupéfaction, il cracha dans l'eau et se signa. L'esprit gardien de ces landes. Si vous avez la conscience tranquille, il vous protègera peut-être. Sinon...
_ Hum. Eh bien ?
_ Le voir est un présage de mort. Ha ! Il vous saisira dans ses mâchoires et vous traînera, dans une brume infernale, jusqu'à l'antre du Seigneur des Fens. Le ciel vous aide alors ! »
Commenter  J’apprécie          120
Wildmore Fens, Lincolnshire
29è Anniversaire du règne de
Marie Ire d’Angleterre

Manoir Grey, 1582

Lord Edward Anketell Grey, septième baron du fief marécageux de Wildmore Grey, seigneur et protecteur de centaines d’âmes vassales et chevalier de l’ordre de la Rose, par la grâce de Sa Pieuse Majesté ; lord Edward, détenteur de ces dignités terrestres et d’honneurs plus grands encore, quoique plus obscurs et moins vantés, tremblait devant la mort.
Il ne serait pas paralysé d’effroi avant une bonne minute.
Le déclin du dernier jour d’octobre éclairait l’étude où, assis à son secrétaire, il lisait à la loupe un livre prélevé sur ses étagères. Le trou sombre se détachait, dentaire, entre les autres reliures de maroquin. Si elles partageaient une même patine d’ancienneté, les pièces de titre de ces œuvres attestaient leur rare variété : l’alphabet latin côtoyait l’arabesque orientale ; le caractère copte succédait à la lettre grecque ; l’écriture cyrillique fréquentait le symbole cunéiforme.
(incipit)
Commenter  J’apprécie          100
La cuisinière semblait aussi vieille que la mousse des pierres du fond des bois de Wildmore.
Commenter  J’apprécie          90
II allait bientôt mourir ; et si c'était là le sort de tous les hommes, depuis son enfance, la mort l'avait marqué pour sienne avec une clarté peu commune. C'était par ce signe, répandu sur tout son être, qu'il inspirait la méfiance, la crainte, souvent le dégoût, comme s'il eût été Caïn : un être qui claudiquait, un pied dans la tombe, et dont les sens portaient par-delà la brèche entre l'âme et l'argile ne pouvait être qu'un proscrit.
Commenter  J’apprécie          80
Son père adoptif ne comprenait pas. La nigromancie, qu'il pratiquait de son plein gré, exigeait une étude ardue ; et seul un goète ou un théurge pouvait reconnaître un autre goète. La nécromancie, quant à elle, était son don ou sa malédiction, que chacun percevait en lui ; par une ironie amère, c'était donc de lui, l'héritier du bon lord aimé de tous, que l'on se défiait.
Oh, comme le sépulcre le ravageait ! Il était un arbre tors, à la sève asséchée, à l'écorce fendue, dont les racines ne tiraient presque rien de la terre marâtre. Seule la solitude l'en consolait. Mais aujourd'hui, c'était un plaisir hors de sa portée, car son père fêtait l'Épiphanie.
Commenter  J’apprécie          70
Tu veux emprunter les secrets de la nature? Entendre le langage des esprits, des hommes et des bêtes; lire dans les coeurs, transcender le temps, défaire la création? Tu veux être maître des destins, mortel insolent! Ce pouvoir ne t'est pas réservé!
Commenter  J’apprécie          60
« Arrête. Ne bouge pas ! » souffla-t-il.
Mais d'une détente, il passa derrière le secrétaire, sous le portrait du sorcier de Senlac. Le jeune homme devina qu'il allait monter dans la cheminée : il se précipita pour l'en empêcher. Embarrassé par son livre, le démon s'était cependant arrêté. En le voyant fondre sur lui, il bondit vers la fenêtre. Malin comme un moineau, il la heurta de plein fouet.
Angus sentit le choc se répercuter dans son crâne, comme s'il s'était lui-même frappé le front contre le carreau. De douleur et d'horreur, il jura. Liés, ils étaient liés ! Il était à la merci de ce petit imbécile.
Commenter  J’apprécie          40
L'ouest de l'Empire, qu'ils longeaient de nord en sud, s'avérait éreintant. L'hiver s'en retirait à peine, sa traîne de givre encore prise aux arbres de la Forêt-Noire. Aux lombes des monts du pays de Bade et du vallonneux Wurtemberg, des torrents glacés morcelaient ses comtés, duchés et royaumes. Politiquement, le traité d'Augsbourg faisait de même : depuis 1555, au mépris de la doctrine des deux glaives, qui voulait que I'Église dominât jusque dans les affaires séculières, tout prince pouvait imposer sa foi à son fief.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n'était pas lui qui pleurait. Il se le répéta en suivant la route inverse, s'efforçant de se distraire en observant les bourbiers et les clochers de Paris. C'était l'autre partie de son âme, issue du feu éternel, qui sanglotait...
Avait-on idée d'un démon malheureux ?
Commenter  J’apprécie          10
“Qu'importe une terre ou riante, ou maudite ?
Ce ne sont pas les lieux, c'est son coeur qu'on habite ;
Le coeur, de notre sort cet arbitre éternel,
Fait du ciel un enfer, et de l'enfer un ciel.”

Le paradis perdu, John MILTON
Commenter  J’apprécie          10
Sous un dais vert il repose, lui dont le souffle tue les blés...
Vois, la bise blesse la rose: le Roi de Houx s'est éveillé...
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Searth Cabal (54)Voir plus

Quiz Voir plus

Mouton, chèvre, chameau, bourrique (expressions)

Dans ce magnifique ciel bleu, quelques jolis ..... blancs.

singes
moutons
éléphants

14 questions
741 lecteurs ont répondu
Thèmes : expressions , détente , langue française , culture générale , expressions françaises , humour , animaux , flegmeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}