Loin du monde de
Sébastien Ayreault .
Voir l'émission : http://www.web-tv-culture.com/loin-du-monde-de-sebastien-ayreault-456.html Dans une bourgade de l'ouest de la France, où le temps semble s'être arrêté, un gamin de 10ans cherche sa place, Nous sommes dans les années 70. Dans cet univers ouvrier où il n'est pas facile de joindre les deux bouts, l'enfant découvre le monde et la vie, avant d'être rattrapé par le drame. «
Loin du monde » de
Sébastien Ayreault. Entre humour et mélancolie, un roman qui ne laisse pas insensible et dans lequel beaucoup se retrouveront. «
Loin du monde » de
Sébastien Ayreault au Diable Vauvert Sébastien Ayreault est sur WTC
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Et puis j'ai fait ce que je n'avais encore jamais fait de ma vie: je suis entré dans une librairie. Mon Dieu, y en avait partout. Sur tous les murs, toutes les étagères, toutes les tables. Partout. Seul le plafond avait été épargné. ça débordait, dégueulait. Assommant, délirant.
Je suis né en 76, dans un petit bled paumé de l'Ouest de la France appelé Maulévrier. Ma mère, Marie, faisait ses huit heures chez Var. Var était imprimeur, éditeur, mais aussi écrivain. Je me souviens bien de sa gueule burinée, de sa clope au coin des lèvres et des demis qu'il descendait tout le long des jours assis au bar en face de l'église. Je ne sais pas trop jusqu'où il était connu, en tout cas, il portait toujours une écharpe rouge. Quant à mon père, Serge, il travaillait chez Plastil, il était mécano. Il ne réparait pas des bagnoles comme les autres, mais des machines à fabriquer des lames de plastique. C'était bigarre. Il partait tôt le matin, à vélo, et revenait sur les coups des 7 heures le soir, et toujours à vélo.
Maulévrier, 4 saisons, une zone industrielle et deux terrains de foot.
On habitait loin du monde. Tellement loin, me semble-t-il, que le monde lui-même ne savait pas qu'on existait. Sûr qu'on n'allait pas devenir grand-chose en restant là, mais sûr aussi qu'on s'en foutait.
Roger ? Il est malade ! Je lui ai fait boire une menthe à l'eau hier, j'étais à court de tord-boyaux. Il a dégobillé toute la journée. Plus jamais de cette saloperie, il m'a dit.
On ne peut compter sur rien
Même à l’infini
C’est un dimanche plein de ciel bleu
À tondre la pelouse
À écouter des vieux vinyles
À zoner en claquettes
Sous les branches
C’est un dimanche plein de vie
À ne pas s’en faire
Des montagnes et des collines
À décapsuler des bières
C’est un dimanche à déprimer
Tous les lundis
Enfin merde, j'écrivais. Tous les jours. Six, sept heures par jour. Des poèmes, des nouvelles, et puis bien sûr, le porno pour Agnès. L'usine était loin, très loin. Mes problèmes de fric aussi. Nos vies sont ce qu'elles sont et l'argent y est pour beaucoup. Qui dit mieux ?
- J'suis pas bon, Maman, j'suis pas bon.
- Mais si, t'es bon.
Ce n’est pas de la pluie
C’est du soleil
Liquide