Un rayon oblique envahit ma chambre solitaire,
Déjà le crépuscule assombrit à demi ma porte,
Les hirondelles feignent d'ignorer ma si grande tristesse
Sous l'auvent de ma demeure, deux par deux, elles tourbillonnent en liberté.
Zu Shuzhen
Après les premières brumes automnales qui envahissent la campagne environnante et les pluies de ce matin, j'ai eu envie d'ajouter ce poème :
DEBUT D'AUTOMNE
Dans la nuit lointaine vibre une guitare
Au vent d'ouest frissonnent les liserons bleus
Les vers luisants dansent parmi les roses blanches
Une première oie sauvage frôle la voie lactée
Silencieuse, une brume automnale flotte
Sur la cime des grands arbres
Au loin les crêtes de montagne se font lumineuses
Au sud du fleuve Huai, les feuilles commencent à tomber
Je sens que le lac Dongting devient houleux
Xu Hun (vers le milieu du IX e siècle)
Comme je suis quelque peu insomniaque et qu'il y a beaucoup de vent, je vous offre offre celui-ci :
UNE NUIT INSOMNIEUSE
Profonde, la cour est silencieuse
Minuscule, le jardin est désert
Le vent intermittent provoque
Les battements sporadiques
des fenêtres et des portes
La nuit est interminable, insomnieuse
Je ne fais que compter les coups de battoirs
Et regarder le rideau illuminé par-dessus
la lueur de la lune
Li YU (937-978)
Aujourd'hui, je peins à l'aquarelle pour ne pas voir la grisaille du temps, de l'ambiance, et pour d'autres raisons ...
Et ce poème de Tang Yin (1470-1523) m'inspire :
POEME POUR UNE PEINTURE
Les immenses eaux d'automne
se fondent avec le ciel
Dans les montagnes d'innombrables arbres
sombrent au fond du crépuscule
Je hèle la barque pour passer le lac
Allongé, j'admire les falaises
sorties de l'eau au soleil couchant
Et Voilà...il est arrivé... l'hiver :
LE FLEUVE ENNEIGE
Milles montagnes, aucune ombre d'oiseau
Dix mille sentiers, pas une trace humaine
Seule une petite barque, un manteau de paille
surmonté d'un chapeau de feuilles de bambou
Un vieillard pêche à la ligne
Dans le froid sur le fleuve enneigé
Liu Zongyuan (773-819)
POEME D'AUTOMNE
Depuis toujours à l'approche de l'automne
On s'attriste de la solitude
Pour moi, l'automne est plus radieux que le printemps
Une cigogne sillonne le ciel limpide
Au-dessus des nuages
Son lyrisme file jusqu'aux cieux émeraude.
Liu Yuxi (772-842)
L'amoureuse d'un inconnu
J' habite en amont du Grand Fleuve
Et toi, en aval
Sans un jour où je ne pense à toi
Mais je ne te vois jamais
Bien que nous buvions dans le même cours d'eau
Quand le fleuve pourra-t-il s'arrêter de couler ?
Comment ma tristesse arrivera-t-elle à s'apaiser ?
pourvu que ton coeur batte à l'unisson du mien
Je resterai fidèle à mon amour pour toi
Li Zhiyi (11e s)
Solitude au clair de lune
Entouré des fleurs, devant ma coupe
Je bois dans la solitude
Je lève mon verre vers la lune
Trinquons à nous trois, la lune, mon ombre et moi
La lune ne descend pas boire
Mon ombre ne sait que me suivre
La lune et mon ombre m'accompagnent pour l'instant
Profitons du printemps pour nous laisser aller à l'allégresse
Lorsque je chante la lune flâne
Quand je danse mon ombre zigzague
Amusons-nous ensemble au moment de mon éveil
Avant que l'ivresse nous sépare
Promettons-nous un amour éternel
Même si les nuages finissent par nous disperser
Li Bai (701-762)
Une nuit de pluie en automne
A la fin de l'automne la nuit est froide
Oisif, le vieillard veille tard
La lampe éteinte
Il se met au lit
En écoutant le pluie agréable de la pluie
Le fagot dans le poêle est déjà réduit en cendres
Le parfum du bois donne encore de la chaleur
Le lendemain matin il fait beau et froid
Le vieux tarde encore dans la chaleur du lit
Les feuilles rouges givrées jonchent le perron
Bai Juyi (772-846)
Mon ami vient d'un pays éloigné
Il m'offre un luth finement laqué
Sur le bois les empreintes d'amour ciselées
Les cordes résonnent d'une mélodie attristée
De toute ma vie je gratterai cet air
Jamais mon cœur ne changera de couleur
Que je me transforme en une chanson d'amour
Elle le suivra partout et toujours.
Bao Linghui, Ami lointain