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Citations de Shuntarô Tanikawa (49)


ANGE VIGILANT

Je croyais qu’il suffisait d’un sourire pour se faire entendre
même quand on se tait

Le jour où j’ai su que c’était impossible
j’ai tapé
tapé comme un sourd

Dans l’ignorance du bien et du mal

Sous mes pieds des fleurs de pissenlit
mais qu’y avait-il au-dessus de ma tête ?

Je piétinais tout ce qui est au sol
et j’adorais tout ce qui est au ciel

Dans l’ignorance du bien et du mal

L’ange ? Il n’a fait que regarder ailleurs
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Si on doit tout prendre à la légère, autant aller se pendre pour en finir, dit la vieille
Promenant un œil distrait sur le vert des herbes folles qui se fane à mesure que le soir tombe,
je me sens basculer dans l’ivresse de la nuit sans pitié
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Ce que je dis là est bizarre, mais moi, toujours en quête de poésie, je suis pareil à cette vieille
Si j’éprouve de la joie à lire des poèmes, c’est uniquement parce qu’ils me permettent de m’oublier
Quand je reviens à moi, je ne suis qu’un être vivant, un homme incorrigible
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Supposons (ce qui a peu de chances de se produire)
que je puisse décrire dans un poème l’état de cette vieille à bout de forces
Alors, il cesserait d’être un état pour devenir de la poésie
Rien de plus qu’un soupir poussé, de très loin, par un homme sans la moindre attache avec elle
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Or, quand je me figure l’enfance de cette vieille,
quand je l’imagine, sous les coups de trique de sa marâtre, qui va puiser l’eau,
les poèmes que j’écris m’apparaissent comme de simples tentatives
Aux yeux de la vieille, tout ce que j’écris ne vaut pas plus qu’un maigre bol de riz
Ca ne l’empêche pas de me féliciter en caressant chacun de mes nouveaux recueils
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Le vert des herbes folles

Quand je promène un œil distrait sur le vert des allées envahies d’herbes folles, je suis tenté de tout prendre à la légère
La vieille, têtue comme une mule, mourra un jour elle aussi
Ce que je pourrais faire pour elle ne pèse pas lourd dans la balance
On traîne dès la naissance le fardeau du karma, et personne n’y peut rien
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Dans le monde qu’illumine l’éclair du poème, tout trouve sa juste place
Je m’y sens parfaitement à mon aise (ne serait-ce qu’un millième de seconde),
comme si j’étais changé en fleur sauvage et muette…
Mais au moment même où j’écris ces mots,
je me tiens déjà, bien sûr, à bonne distance de la poésie

M’appeler « poète », quelle blague !
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Les mots seuls peuvent le décrire, or le poème échappe aux mots
Chercher le réduire en mots quelle mesquinerie quand j’y pense
Mais si parfois je m’efface pour le laisser passer sans rien dire,
alors j’ai comme l’impression d’avoir perdu quelque chose
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A quoi comparer le poème, sinon à l’éclair déchirant la nuit ?
Instant fugace où je vois, j’entends, je flaire
à travers les déchirures de la conscience le monde qui s’étend au-delà
Monde différent de l’inconscient car il étincelle de lumière,
différent aussi du rêve car rétif à toute interprétation
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Petit cours de poésie idéale pour les débutants

Dans le monde on a beau m’appeler « poète »,
d’ordinaire je me tiens très loin de la poésie
Et pas seulement quand je mange, quand je lis les journaux ou quand je raconte des bêtises :
même lorsque je pense à la poésie
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Voilà pourquoi nous semble si belle,
au début de l’été, la verdure des feuillages qu’on voit par la fenêtre
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Formidable gravitation du cœur de l’homme, qui n’a pas varié d’un pouce depuis la nuit des temps
Sans doute n’est-elle pas compatible avec les lois du cosmos
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Humeurs passagères, idées pour lesquelles on risquerait sa vie, actions surprenantes, toutes sont inclues dans ces saveurs
Ingurgiter d’un coup ou mâchouiller longuement,
cela, comme les trois repas quotidiens, s’enracine dans notre instinct vital
Et pourtant, que faire de cet homme que je vois, ici ?
Le Moi, caché au fond des yeux pareils à ceux d’oiseaux qui ne regardent nulle part,
a l’air d’un énorme morceau de caoutchouc mou
Comme on ne peut ni le percer ni le caresser à l’aide des mots, mon Moi sous forme d’aigres renvois ne fait que remonter dans ma gorge
Tandis que la musique et la poésie prennent leurs jambes à leur cou et vont voir ailleurs
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Gravitation du cœur

« Avoir saveur humaine » : c’est le genre de choses qu’on dit sans y penser, mais il y a autant de saveurs que de personnes
Et elles sont de loin plus variées que celles de aliments
Délectables ou insipides, elles nous laissent souvent bouche bée
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Rien ne prouve pourtant qu’il vaille mieux que les injures échangées dans une dispute de couple
Car le poème ne promet rien
Car il laisse seulement entrevoir
la chimère d’une impossible réconciliation entre nous et le monde
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Quelqu’un vient de lancer un avion de papier de la fenêtre du vingt-huitième ou vingt-neuvième étage de mon immeuble
Le vent a joué avec lui comme avec n’importe quel morceau de papier,
puis il est allé s’écraser de l’autre côté de la rue, dans le parking du commissariat,
mais avant cela il s’était essayé à un vol horizontal où il exprimait toute sa dignité
Durant la dizaine de secondes où l’avion en papier flottait dans le ciel quelque chose a comblé mon cœur
C’est cela que je nomme « poème »
Aiguillonné par la douleur mais étranger à toute douleur
Naissant de l’expérience sans pouvoir devenir expérience
Semblable à la joie et pourtant plus serein que la joie
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L’avion de papier

Il suffit de quelques mots si peu satisfaisants soient-ils,
venus de rien et qui prennent forme comme des composés chimiques, pour que je retrouve mon calme
Mais parfois je pense que dire ces choses-là maintenant n’avance à rien
Parfois je me demande même si je ne suis pas en train de me fourvoyer
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Ballotté en tous sens, je m’étonne
De la présence ici de toutes ces petites choses imperturbables
fabriquées par l’homme,
des objectifs si clairs qu’elles détiennent

Je pense parfois qu’ « ici » est un lieu qu’on peut quitter à tout moment
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Les choses en métal, en bois ou en verre ont des contours bien nets
Cette chose insondable cachée en l’homme n’en a aucun
Pourtant c’est elle qui avec une force inouïe m’emprisonne ici
tout en cherchant à m’exiler ailleurs
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En réparant l’interrupteur de la lampe de chevet j’ai pensé
que seul le lien entre ici et moi était cet interrupteur, et que ça me suffisait
Voir marcher normalement les petites choses fabriquées par l’homme,
c’est pour moi une joie à nulle autre pareille
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