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Citations de Sigridur Hagalin Björnsdottir (149)


Elle a sauvé ce qu’elle pouvait sauver, sauvé ce qu’on considère comme étant ma vie et me voilà assise là, muette pour l’éternité, paralysée d’un côté, une expression d’étonnement figée sur la moitié droite de mon visage. Ils s’entêtent : rééducation langagière, kinésithérapie, ergothérapie et que sais-je encore. Une tragédie, disent-ils, une femme en parfaite santé transformée en bonne à rien, alors qu’elle est tellement douée, tellement artistique, tellement jeune, elle n’a même pas quarante ans
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Elle appartient à cette race de femmes qui ont serré les dents et maintenu notre nation en vie pendant mille ans, bravant les famines, les catastrophes naturelles et les épidémies. Ces femmes-là n’ont pas le temps de s’attarder sur des conneries comme la liberté individuelle ou la diplomatie, pour elles, tout est question de vie ou de mort, et seules comptent leurs certitudes. Il est inutile de leur rappeler que l’époque moderne nous a apporté l’opulence, les droits humains et la liberté individuelle, elles savent que tout partira à vau-l’eau si on ne les laisse pas décider de tout. Einar ne pèse pas bien lourd face à elle.
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Ta sœur est libre d’aller où elle veut, elle n’a enfreint aucune loi et rien n’indique qu’elle se mette en danger ou qu’elle risque de nuire à autrui. Ils disent qu’ils peuvent signaler sa disparition à Interpol, mais ça ne signifie absolument pas qu’ils vont entreprendre des recherches. Ils seront prévenus si elle est repérée par la police américaine ou par celle des frontières, mais ça ne va pas plus loin.
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Il lui apporte son thé au lit, il lui lit des textes, il est doux, il la désire, mais ce n’est pas vraiment ce dont elle a besoin en ce moment. Elle a besoin de se sentir en sécurité, d’avoir devant elle une personne responsable, et si possible un peu d’argent. Örlygur n’a rien de tout ça à lui offrir. Ses conférences sur le marxisme et le cinéma commencent à la fatiguer. Elle ne comprend pas pourquoi il faut toujours qu’il urine à côté de la cuvette, tu ne pourrais pas tout simplement t’asseoir pour pisser ? lui demande-t-elle un jour, ce à quoi il rétorque que, tant qu’elle y est, elle pourrait peut-être aussi le castrer.
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Ce n’est pas un endroit pour un enfant. Nous vivons sur l’argent de poche que te donnent tes parents et les bourses que je reçois suffisent à peine à acheter à manger et à payer le loyer de ce placard. Un bébé, ça coûte cher, je serais forcé de trouver je ne sais quel horrible boulot, et j’en mourrais.
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Il lui promet de composer un poème à sa gloire où il sera question de duvet de cygne, de cerises et de douleurs, des vers tout en profondeur. Au début, elle attend avec impatience, puis elle cesse d’attendre, il est poète, il faut que l’inspiration lui vienne et ce n’est pas le genre de chose qu’on peut exiger.
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Plus rien ne compte à part Örlygur, elle et Örlygur dans le lit déglingué à sommier d’acier où ils passent tout leur temps, où ils restent allongés jour et nuit. Ils font l’amour et dorment, ils dorment et font l’amour jusqu’à ne plus savoir où commence et finit le corps de chacun. Örlygur connaît chaque centimètre du sien, il le parcourt du bout des doigts, du bout de la langue. Le lit chantonne à longueur de journée, du matin au soir, la nuit aussi, ils n’ont besoin d’aucune autre musique.
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Il lui caresse doucement la joue, lui prend le menton, le relève et l’embrasse sur la bouche en la serrant fort contre lui. Elle sent son corps sous sa chemise et à travers son pantalon. C’est un vertige. Il y a quelques semaines, elle n’était qu’une gamine. Elle a été amoureuse d’autres garçons, mais ça n’avait rien à voir avec ça. Örlygur est une tempête qui l’a projetée hors de son orbite, il l’a éjectée des espaces restreints où elle était cantonnée, le domicile familial, l’école, sa bande de copines : elle est en chute libre dans le cosmos, happée dans un maelström, il la rattrape par cette étreinte, par ce baiser, et la retient.
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Je ne voulais pas te blesser, s’excuse-t-il. Je ne veux pas te faire fuir. Dans tout ce que tu fais, tu mets tellement de beauté. J’ai l’impression que le monde était laid jusqu’au moment où je t’ai rencontrée.
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Ce n’est que bien plus tard encore qu’elle comprendra qu’Örlygur n’est tout bonnement pas intéressé par le sexe. Il a besoin de contrôler les choses, il ne se laisse pas séduire et ne prend que ce qu’il veut.
Mais elle ne comprendra que beaucoup trop tard.
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Elle se redresse, approche son visage pour l’embrasser, mais il se dérobe, il lui attrape le menton et la regarde droit dans les yeux.
N’exige pas de moi des choses que je ne saurais t’offrir, prévient-il. Puis il se relève.
Ce refus agit sur elle comme un coup de pied dans le ventre, elle suffoque et remonte la couette dont elle recouvre son corps humilié, elle attrape ses vêtements et se rhabille.
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Lorsqu’il la regarde, plus rien n’a d’importance, les cours de français et de latin au lycée, les bouteilles qui encombrent la table du domicile familial, les engueulades avinées, les disputes permanentes entre sa mère et son beau-père. Elle a déjà couché avec des garçons, ils l’ont besognée, les yeux brûlants de désir, et elle croit savoir ce qu’elle fait lorsqu’elle rentre avec Örlygur, qu’elle se déshabille entièrement et s’allonge sur son lit où elle l’attend. Elle a bu trop de vin rouge, les murs de la chambre tournoient, il est en train d’écouter Tom Waits, elle l’attend un long moment, puis il passe la tête dans l’embrasure et la regarde, allongée sur le drap blanc. Il n’a pas l’air vraiment surpris.
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Örlygur aime le surréalisme, la philosophie et les romans russes, il lui offre un café qu’il prépare dans une cafetière crasseuse, mais ils ne couchent pas ensemble. Pas immédiatement. Cela n’arrivera que plus tard, quand elle aura l’impression de l’avoir toujours connu, quand la personnalité d’Örlygur aura pris la place de la sienne, restée vide jusqu’à ce qu’il arrive pour la combler.
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L’optimisme capitaliste a triomphé. Voyez, l’économie de marché fera de vous des hommes libres jusqu’à ce que les crises, les inégalités et le changement climatique aient raison de votre euphorie.
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Elle a toujours pensé appartenir à cette race de gens qui n’hésitent pas à prendre des décisions aussi audacieuses qu’imprévisibles, elle a soif d’expériences. Elle veut mener une existence passionnante dans les grandes métropoles étrangères, accumuler les histoires, les amants, et en acquérir une profonde sagesse, un peu comme Anaïs Nin, si ce n’est qu’elle n’est pas certaine d’avoir envie de coucher avec des femmes mariées.
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Un homme entre et frappe ses pieds sur le sol pour les débarrasser de la neige, il le fait bruyamment, comme ceux qui ne craignent pas d’attirer l’attention. Il balaie les lieux d’un œil réjoui et aperçoit Júlía, assise dans son coin. Leurs regards se croisent, Júlía se replonge précipitamment dans sa lecture, elle essaie d’être invisible comme les jeunes femmes s’emploient à le faire quand elles ne veulent pas qu’on les remarque, elles détournent le visage et baissent la tête, la joue plongée dans l’ombre, mais elle n’a pas encore vraiment la technique, elle vient de fêter ses dix-neuf ans et elle est aussi apparente qu’une plaie béante.
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On n’est même pas sûr qu’il existe vraiment. En tout cas, pas dans le sens ordinaire que nous donnons au verbe exister. Des millions d’êtres humains ont vécu et sont morts sans connaître les concepts de futur et de passé, ils ont mené leur existence dans une sorte de présent perpétuel, observant les saisons défiler cycle après cycle sans avoir la moindre idée de leur place sur l’axe que nous avons ensuite créé, cet axe qui commence dans un passé immémorial et plonge vers l’inconnu.
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Justement, le temps est une drôle de créature. Il semble avancer et s’écouler en formant un courant linéaire et continu, mais en réalité, il s’enroule sur lui-même, rebondit par moments sur les pierres plates d’une rivière, se suspend et reprend haleine dans les abîmes tranquilles, pourrit dans les bourbiers puis se jette du haut des falaises en cascades affolées. Parfois, on dirait qu’il refuse de se conformer aux lois de la physique et qu’il recule, en quête de son origine.
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Toute histoire a un début et une fin.
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Einar ne se rappelle pas avoir vu d’aussi près un nouveau-né, il s’étonne de sa petite taille, il se dit qu’il a l’air tellement… vulnérable, comme si la vie pouvait le quitter à tout instant.
Par conséquent, elle a pu disparaître six heures avant que vous le remarquiez, souligne le policier dès que l’enfant s’est calmé.
En effet, convient Ragnar en le dévisageant de son regard bleu clair. Il a peut-être peur qu’on le soupçonne, qu’on l’accuse d’être responsable de la disparition de sa femme. S’il était policier, Einar n’hésiterait pas à le mettre sur la liste des suspects à la vue de sa nervosité et de son air propre sur lui.
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