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Citations de Sigridur Hagalin Björnsdottir (149)


Son corps semblait trop grand pour lui, comme si la silhouette de l'homme qu'il allait devenir avait déjà pris forme, mais qu'il ne la remplissait pas encore entièrement.
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Einar scrute les lieux baignés d'une douce lumière et il sait, il est certain que sa sœur est venue ici, sa présence flotte encore dans l'air bien qu'elle soit en train de s'estomper comme l'odeur du café qu'on vient de boire, ou les rides sur les eaux tranquilles d'une rivière après qu'on y a jeté sa ligne.
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Cette photo glissée dans un vieux recueil de poèmes a sans doute servi de marque-pages. Je la retrouve par terre dans notre ancienne chambre, on l'a oubliée dans le déménagement, la poussière s'y est déposée, elle s'est gonflée sous l'effet du froid et de l'humidité qui, comme la nostalgie, envahissent les maisons désertes que plus personne ne chauffe.
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" Justement, le temps est une drôle de créature. Il semble avancer et s'écouler en formant un courant linéaire et continu, mais en réalité, il s'enroule sur lui-même, rebondit par moments sur les pierres plates d'une rivière, se suspend et reprend haleine dans les abîmes tranquilles, pourrit dans les bourbiers puis se jette du haut des falaises en cascades affolées. Parfois, on ditait qu'il refuse de se conformer aux lois de la physique et qu'il recule, en quête de son origine."
p.19
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L"histoire humaine passe beaucoup plus vite que l'histoire géologique et nous avons la mémoire courte.
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Ah, les scientifiques, vous êtes toujours tellement pessimistes, rétorque Sigridur Mari. La nature islandaise a toujours été dangereuse et imprévisible, c'est ce qui fait tout son intérêt.
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Ma mère lève les yeux, l'air furieux : Tu es trop sage, ma petite Anna. Il faut parfois savoir enfreindre les règles et braver les interdits. Les filles doivent apprendre à se rebeller.
D'accord, dis-je, fatiguée.
Arrête! s'écrie-t-telle, plus furieuse encore. Tu dois apprendre à ne pas dire d'accord! Tu n'es pas censée obéir, passer ton temps à t'excuser ou à t'adapter aux exigences des autres. Tu dois au contraire savoir protester et demander pourquoi, te montrer exigeante envers le monde qui t'entoure.
Pourquoi?
Parce que ce monde essaie de te faire taire afin de pouvoir se servir de toi. Il veut t'utiliser pour faire le ménage, la cuisine, mettre au monde des enfants, les torcher, faire la lessive, occuper des emplois d'un ennui insupportable où tu ne fais que servir autrui. Tu dois te libérer des exigences de ton environnement, ma petite Anna, tu dois apprendre à servir tes intérêts plutôt que ceux des autres. Tu as le devoir de te rebeller, sinon, tu finiras écrasée comme un insecte.
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Aimer signifie vivre dans une peur permanente.
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L'Islande n'est pas une véritable terre, mais un malentendu géologique, elle a été créée par hasard et continue de l'être tant que ce panache mantellique est présent, elle est comme l'ai chaud du métro qui sort d'une bouche d'aération et soulève la robe d'été d'une femme qui marche sur le trottoir d'une métropole étrangère : l'Islande est la corolle de la jupe soulevée par l'air chaud juste avant que la femme ne la rabatte en suffoquant de surprise.
C'est exactement cela, en version un peu plus lente.
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Plus nous approchons du site de l'éruption, plus l'appareil est secoué, je retourne en titubant vers ma place et j'attache ma ceinture. Comme hypnotisée, j'observe le panache gris qui sort de la mer et monte dans le ciel bleu, les volutes se boursoufflent et s'ouvrent constamment, elles explosent comme des fleurs terrifiantes, excroissances de vapeur, de gaz et de scories. On dirait qu'on a ouvert en grand les portes de l'enfer, que le mal envahit la Création à sa guise, et brusquement une peur primale me saisit.
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Sigridur Hagalin Björnsdottir
elle les confrontait toujours à un propos que lui avait tenu son grand-père :
"demande -toi quelle remembrance tu aimerais laisser de toi, Astrid. Quand on conte la vie de quelqu'un et que les ans ont passé, la place manque pour en dire long. De moi, je ne crois pas qu'on se ressouvienne. Sauf pour m'être efforcé d'avoir bon coeur, peut-être, mais ça ne donnera guère une histoire. Ce que les gens gardent en mémoire est coulé dans le métal fabriqué en bois, ou bien tissé ou peinturé, ou bien écrit. La mauvaiseté et la sottise aussi peuvent rester, quand on les étale en grand."
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Sigridur Hagalin Björnsdottir
Sa pipe avait dû s'éteindre, il la rallumait, envoyait voler l'allumette d'une chiquenaude, devait recommencer, une fois, une autre fois encore. Quel gaspillage, pensa Astrid, ça ne se fait pas. A la maison, il n'était pas question d'utiliser plus d'une allumette par jour, on faisait ronfler le poêle au petit matin, et chaque fois qu'il en était besoin durant le reste de la journée, on allait y chercher du feu au bout d'un rameau.
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Un jour viendrait, peut-être, où même les accouchements seraient faciles. La vie deviendrait plus facile, ici, en Norvège. Mais quand ? l'impression d'épuiser ses forces, à Butangen, contre les restes les plus tenaces des temps anciens le submergeait de façon récurrente. Le changement, l'avènement de la raison faisaient leur chemin en Europe, quand lui-même ne disposait que d'une chaire et d'une caisse des pauvres au aigre contenu pour affronter le froid et l'indigence, la tuberculose et la faim, l'obscurantisme et la superstition.
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Il a ajouté que les universités devraient redéfinir leur rôle et fermer les départements désormais inutiles : "Nous consacrons des millions à l'enseignement du français, de l'espagnol et de la littérature. Or ces crédits seraient bien plus utiles s'ils étaient consacrés au développement de solutions durables susceptibles d'assurer l'autosuffisance alimentaire et l'avenir de la nation.
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Hjalti lève la main, Mani s'interrompt en lui adressant un sourire interrogateur. Quand vous parlez de gouvernance transformationnelle ou de nouvelle donne, vous prônez en réalité une forme d'ingénierie sociale, comparable à celle mise en place par Hitler et Staline, n'est-ce pas ?
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En temps de famine, l'unique objectif de l'être humain est la survie. L'ensemble de ses autres préoccupations est remisé, ses rapports sociaux sont entièrement gouvernés par un seul instinct : se nourrir. Les valeurs morales s'effondrent, le lien social se délite, les familles se déchirent. Tout respect des lois et des règles de vie commune est aboli. Des émeutes éclatent, la population erre, désemparée.
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Olöf a étudié les anciennes méthodes de conservation en recréant les conditions de vie dans les fermes islandaises des siècles passés. La moitié des apports énergétiques provenait alors des graisses, précise-t-elle, principalement du beurre sans adjonction de sel. La plupart du temps, ce beurre était conservé dans des panses de brebis ou dans des récipients spéciaux dénommés gradisur, coffres gris. L'appellation elle-même indique que le beurre s'y conservait assez mal. On le gardait longtemps, il servait parfois de monnaie, mais il rancissait puis moisissait en prenant un goût extrêmement fort et aigre.
On dit parfois aujourd'hui qu'une chose pue le beurre, précise Olöf, et ce n'est pas un compliment. Elle soulève le couvercle d'un de ces coffres. L'odeur est indescriptible et en même temps familière, comme si les effluves de siècles de disette avaient imprimé sa trace dans nos gènes.
Cela vous semblera sans doute incroyable, mais la moisissure qui couvrait ce beurre était à la fois une bénédiction et une malédiction, poursuit Olöf en prélevant à l'aide d'un bâtonnet un échantillon de moisissure grisâtre qui s'est formée dans le coffre pour le déposer dans une éprouvette. Nos recherches ont montré que ce champignon n'est aucunement toxique. La plupart du temps, il contient des nutriments indispensables, par exemple de la vitamine C.
De la vitamine C ? s'étonne Hjalti. Olöf acquiesce d'un hochement de tête. Oui, nous avons trouvé la réponse à l'une des questions les plus brûlantes de l'histoire de notre pays - d'un point de vue nutritionnel - d'où provenait la vitamine C ? Pourquoi la population ne souffrait-elle pas de scorbut en Islande alors qu'il n'y avait pour ainsi dire aucun légume frais si on exclut les baies, les herbes des montagnes, et à la marge le goémon ? Nous pensons avoir trouvé la réponse dans la moisissure et l'odeur fétide de ce beurre.
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Il ne ­comprend pas comment il est possible que les gens ­cultivés et intelligents qu’il fréquente quotidiennement, ces gens avec lesquels il assiste à toutes ces réunions et dont il ­partage les repas à la cantine, puissent être à l’origine de telles horreurs, d’un tel enfer, de cette violence sans limites, de cette famine et de cette merde.
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Les causes de l’effondrement de la civilisation il y a plus de trois mille ans demeurent inconnues. Elles sont sans doute multiples et complexes, c'est probablement la conjugaison de plusieurs facteurs qui a fait tomber ces géants dorés de leur piédestal. Ces sociétés ont peut-être dû faire face à des invasions barbares, aux révoltes du peuple opprimé contre la corruption de la classe dirigeante, à des changements climatiques brutaux, des récoltes désastreuses, des famines, des épidémies ou des catastrophes naturelles. Mais on peut gager que l'explication est plus simple : ces sociétés fossilisées ont tout bonnement été incapables de s'adapter à de nouvelles conditions.
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Nous ignorons ce qui s’est passé, nous sommes des enfants pris de vertige, nous avançons les yeux bandés dans un jeu dont le sens nous échappe. Les hypothèses sont innombrables, aussi nombreuses que nous-mêmes, ­chacun a forgé la sienne, insupportable comme toutes les autres, et personne ne veut écouter celles de ses semblables.
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