« Qui portera le chapeau ? » n’est pas seulement un bon titre pour un roman policier, c’est également celui d’une émission de télévision adaptée de la version américaine « Chapeau bas ». Dans ce jeu télévisé quatre célébrités doivent découvrir les professions respectives, symbolisées par un chapeau, de quatre invités. Parmi ceux-ci, l’acteur raté mais détective amateur talentueux Charles Paris. Or, durant le tournage de l’épisode « pilote » du jeu le présentateur vedette meurt, empoisonné en plein moment de suspense, alors que le public va enfin savoir si l’heureux gagnant de la soirée pourra repartir avec l’Austin Martin. Charles Paris va forcément mener l’enquête pour disculper une jeune femme un peu trop rapidement accusée et découvrir le véritable coupable.
Le Londonien Simon Brett (né en 1945) exerce de nombreux métiers avant de se spécialiser dans le roman policier traditionnel (de type whodunit) mais empreint d’un humour très prononcé. En 1975, il publie CAST, IN ORDER OF DISAPPEARANCE, la première des dix-huit enquêtes (seules trois seront traduites en français au Masque) de son acteur raté Charles Paris. Par la suite il lance deux autres séries, l’une consacrée à Mrs Pargeter (dont quatre aventures seront publiées au Masque), l’autre à un petit village fictif, Fethering (inédite en français). On lui doit aussi des romans isolés, des pièces de théâtre, des livres pour enfants et des recueils de conseils pour parents ou grands parents.
Datant de 1985, QUI PORTERA LE CHAPEAU est la onzième aventure de Paris mais la troisième et dernière éditée par le Masque. Ayant travaillé plusieurs années pour la BBC, Brett connait forcément l’envers du décor de la télévision et se permet une satire assez mordante et bien vue des jeux télévisés (et encore, ceux de 1985 apparaissent comme des modèles d’intelligence et de bon goût comparé à ceux que l’on subit aujourd’hui).
La présentation des personnages, tous très typés et amusants, occupent ainsi le premier tiers d’un roman assez court (moins de deux cents pages) avant que ne survienne le crime proprement dit, celui du présentateur vedette, empoisonné en direct par son verre d’eau…ou plutôt de gin puisque le bonhomme aimait s’alcooliser ainsi. Ni vu ni connu. Charles Paris, lui, a été choisi pour incarner l’acteur typique. Bien évidemment, pour ne pas gâcher le jeu des spectateurs, le comédien en question doit être totalement inconnu du grand public. Un rôle parfait pour le pauvre Paris, au plus bas de sa carrière et sur la pente savonneuse de l’alcoolisme. Heureusement, notre héros se révèle plus doué pour la détection que pour la comédie. Il va enquêter dans le milieu de la télévision, interroger les différents suspects et déterrer quelques secrets avant de démasquer le coupable. Bref, QUI PORTERA LE CHAPEAU ne cherche pas à innover mais plutôt à retrouver le charme des whodunit classiques de l’Age d’Or, avec leurs personnages brossés à gros traits (et volontairement caricaturaux), leurs fausses pistes nombreuses et leurs révélations en cascade. La principale originalité de Brett est de saupoudrer une énigme bien ficelée mais classique de nombreuses digressions humoristiques, de jeux de mots plus ou moins réussis et d’un second degré souvent plaisant. Il accouche ainsi d’une satire enlevée et fort divertissante qui ne renouvelle pas le roman de mystère mais s’applique cependant à offrir au lecteur un véritable plaisir de lecture. Qu’il en soit remercié !
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