Citations de Stasia Black (42)
Comme toujours lorsqu’elle était avec lui, tout le reste s’évanouissait. Elle savait qu’elle était alarmée avant d’entrer dans cette pièce, qu’elle devrait l’être encore, qu’il y avait une chance que cet homme ait dit la vérité…
Chaque fois qu’une pensée alarmante tentait de se faire entendre, elle se disait que cet homme était cinglé. Il l’avait kidnappée, bon sang, puis il avait continué de la harceler. Pourquoi devrait-elle le croire ?
Mais il avait été tabassé ; il était abattu physiquement et psychologiquement. Il disait qu’il voulait faire amende honorable, comme s’il suivait un programme de désintox.
Et s’il ne mentait pas ?
Peu importe. L’important était que si elle appelait, ils viendraient. Elle le savait. Elle n’était plus une victime. Elle était la future femme de Marcus Ubeli, l’homme le plus puissant de la ville.
Dans quelques semaines, elle serait mariée. Mariée. À un homme qui l’intimidait et l’enivrait tout à la fois. Il était entré dans sa vie, et maintenant il était sa vie. Chaque partie de son monde appartenait à Marcus.
Sauf cette petite parcelle. Serait-ce ainsi après le mariage ? Tout ce qui représentait Marcus engloutirait ce qu’avait été Cora ? Devrait-elle se battre pour conserver un peu d’autonomie ? Mais chaque fois qu’elle était avec Marcus, tout ce qu’elle voulait c’était plus de cet homme.
Elle croyait toujours ce qu’elle avait dit à Maeve plus tôt dans l’après-midi. Marcus était un homme bon, mais il y avait une part d’ombre en lui. Était-elle vraiment prête à s’engager pour la vie avec un homme qu’elle connaissait si peu ? Il était prudent avec elle, ne lui montrant que les facettes de sa personnalité qu’il voulait qu’elle voie.
Il s’approcha d’elle et elle le regarda, son cœur battant si vite qu’elle mit une main sur sa poitrine comme si cela pouvait le ralentir. Allait-il l’embrasser ? Chaque baiser était si bouleversant et exquis qu’elle croyait pouvoir en mourir de plaisir.
Elle avait beau admirer la ville, parfois ça l’oppressait — trop de béton, de pavés, de briques et d’acier à perte de vue. Cultiver des plantes lui manquait. Ça lui manquait de pouvoir sortir de chez elle, de toucher la terre, de sentir le sol et de regarder le soleil se lever dans le vaste ciel.
Quand quelqu’un pense qu’il se passe un truc, la presse saute dessus comme si c’était la seule actualité intéressante en ville. Des histoires circulaient avant même que l’endroit n’ouvre.
Était-ce ce qu’elle était pour lui — un être auprès de qui il pouvait enfin se détendre et trouver du réconfort ? Cette pensée la fit frissonner d’allégresse. Comme elle aimerait être le refuge de cet homme complexe. Elle lui caressa les cheveux, descendit jusqu’à son cou, lui massa les épaules, avant que ses doigts ne reviennent sur ses cheveux et qu’il ne la serre plus fort.
« Cet homme » la traitait comme une reine. Il pouvait avoir n’importe quelle fille, et il regardait Cora comme si elle était la seule femme au monde. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi il l’avait choisie. Mais il l’avait fait et c’était tout ce qui comptait.
Cora savait que Maeve ressentait une affection maternelle pour elle, mais ce n’était pas nécessaire.
Elle l’aimait bien. Il lui plaisait vraiment. Elle redoutait de penser à ce qu’elle ressentait pour lui, c’était si fort. Beaucoup plus fort que le désir, pour être honnête avec elle-même. Et il lui donnait tout ce qu’elle avait toujours voulu. Une nouvelle vie, une nouvelle identité qui lui permettaient d’être raffinée, citadine et glamour.
Parfois, elle avait l’impression qu’il l’exhibait. Mais c’était ridicule, car c’était lui le plus glamour des deux. Dès qu’ils entraient dans un endroit, les clients se redressaient sur leur siège et les observaient. Le propriétaire du restaurant se précipitait pour les accueillir, leur donnait la meilleure table, et s’assurait durant le repas que tout se passait bien.
Elle faillit ouvrir, mais s’arrêta net et jeta un œil par le judas comme Marcus le lui avait demandé. Le réflexe en ville, lui avait-il dit. Ne présume jamais que tu sais qui est derrière la porte.
Il parlait comme sa mère. Mais elle l’écouta quand même.
La personne sur le seuil avait la tête penchée. Elle fronça les sourcils et attendit qu’il se redresse pour voir son visage. Ce n’était certainement pas Sharo, qui avait le crâne rasé. Celui qu’elle apercevait avait une chevelure brune, ébouriffée et humide comme s’il avait plu dehors.
Elle s’était habituée à recevoir des cadeaux durant les semaines où son travail l’occupait jour et nuit, mais celui-ci la pétrifia quand elle déplia le tissu. C’était une robe dans une étoffe irisée gris clair brodée de perles qui scintillaient comme les lumières de la ville. Elle était accompagnée d’un écrin. Elle l’ouvrit et découvrit un collier… en forme de larme, serti de deux diamants et d’une autre pierre précieuse, grosse et rouge, dont elle ignorait le nom.
Elle voulait lui dire ce qu’elle ressentait pour lui. Ce n’était pas seulement de la gratitude pour tout ce qu’il avait fait. Même s’il ne lui avait rien donné, elle aurait ressenti la même chose pour lui. Elle voyait son comportement avec tout le monde. Froid. Distant. Le plus grand cadeau qu’il lui faisait, c’était d’être lui-même. Il l’avait laissée entrer dans son intimité alors qu’il n’avait jamais laissé entrer personne d’autre que Sharo.
Tu es gentil, plus que généreux. Tu me traites comme une princesse. (Grands dieux, elle ne formulait pas sa pensée correctement. Comment lui faire comprendre ?) Je suis arrivée en ville avec de grands rêves, mais… toutes les filles rêvent d’une vie comme celle-ci. Tu as fait en sorte qu’elle devienne réalité.
Que ressentirait-elle s’il la touchait ? Elle n’avait pas oublié la façon dont il l’avait déshabillée du regard dans le miroir plus tôt. C’était un homme tellement puissant. Qu’est-ce que ça ferait d’avoir toute cette énergie dirigée vers elle ? De n’avoir rien entre eux. Ni vêtements. Ni faux-semblants. Ni différence d’âge.
Ses lèvres étaient douces contre les siennes, mais seulement au début. Car comme cet homme, elles devinrent rapidement exigeantes.
Et Cora était incapable de faire autre chose qu’obéir.
Elle entrouvrit les lèvres pour respirer et il en profita pour plonger la langue dans sa bouche.
On ne l’avait jamais embrassée, un vrai baiser, et… Elle leva les bras et les enroula autour des épaules larges de Marcus, ne serait-ce que pour s’accrocher à quelque chose et s’y ancrer. Car elle avait l’impression qu’elle pouvait s’envoler haut, très haut.
Je ne sais pas, comme si j’étais une chercheuse qui mène une expérience sociologique. Je suis déguisée et j’observe les gens dans leur habitat naturel. J’ai l’impression de devoir prendre des notes pour un article ou autre.
Elle n’avait pas l’intention de laisser transparaître la moindre insatisfaction. Elle savait que tout cela était censé être un plaisir. Devenir mannequin. Participer à cette soirée chic. C’était un moment magique façon Cendrillon et elle ne voulait pas être ingrate, surtout qu’en plus, elle était payée.