Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends." Benjamin Franklin
Les idées, c'est comme les gosses. Il ne suffit pas de les avoir, il faut les élever.
Il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l'y faire rentrer." [ Pierre Dac ]
"Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre, ni une vie à un seul espoir."
— Ça va ! Ça va ! J’ai pas besoin d’un donneur de leçon ! rétorqua Lamier, piqué au vif. J’ai passé l’âge !
— Justement ! Si t’as passé l’âge, ralentis sur le biberon !
À dix-huit ans, le monde vous appartient, il vous mange dans la main. Tragiques enfantillages.
"La vérité est une ligne tracée entre les erreurs." [ Franz Anton Mesmer ]
— Bonjour Picard !
— Bonjour patron. On a trouvé une fille… égorgée…
Jean soupira en fixant Picard dans les yeux. L’agent se raidit brusquement, tentant de masquer sa lutte contre les effets d’une pesanteur alcoolisée.
— Dans l’ordre Picard, dans l’ordre, s’il vous plaît !
— Oui… rue de l’Essai, bredouilla l’agent, une fille, égorgée… On m’a demandé…
— Qui est sur place ? coupa aussitôt Jean, sans tenir compte des spasmes qui secouaient toujours les traits de son subordonné.
— Le brigadier Dupuis, finit par répondre Picard, il vous attend.
Soucieux, Jean se mit à lisser sa moustache grisonnante.
— Bien. Dites-lui que…
Avant de pouvoir terminer sa phrase, Picard avait déjà quitté l’allée principale en courant, pour la pelouse du parc. Après quelques mètres, l’agent s’arrêta devant un arbre au feuillage massif et ouvrit sa braguette.
Tandis que son collègue confirmait, une fois de plus, sa réputation, l’inspecteur Jean Roche franchit les grilles du parc en allumant un crapulos
Penché en avant, les mains sur les genoux et le nez sur ses chaussures, le vieux limier tentait, tant bien que mal, d’absorber l’oxygène salutaire, quand une voix affolée lui fit lever la tête. Une silhouette ronde, en uniforme, se dirigeait droit vers lui, d’un pas pressé. Sous la faible lueur des becs de gaz, Jean reconnut la démarche chaloupée de l’agent Picard.
À cette heure matinale de la journée, l’ex-brigadier Picard n’était déjà plus à jeun. Ce gaillard couperosé avait un penchant immodéré pour le Picon bière. Les effets diurétiques du fameux breuvage sur son organisme le conduisaient à des absences brèves, mais répétées, pendant les heures de service. Malgré les blâmes et les avertissements pour abandon de poste, Picard n’avait pas eu la force de renoncer à son vice et avait fini par y perdre ses barrettes. Il restait malgré tout un élément utile pour la brigade.
L’arrivée du brigadier-chef Dupuis, homme grand et charpenté, engoncé dans un uniforme trop court, le tira brutalement de ses pensées.
— Bonjour patron ! lança le brigadier, dans un salut réglementaire.
Jean se contenta d’une poignée de main franche.
— Qui a découvert le corps ? demanda-t-il sans attendre, alors que le colosse — L’agent Durieux, pendant sa ronde, aux alentours de six heures trente.
— Des témoins ?
— Aucun. J’ai envoyé Bertin s’occuper du voisinage et Ranssac a commencé à ratisser les hôtels du coin.
— Vous avez l’identité de la victime ?
— On n’a rien trouvé sur elle, ni papier, ni argent, ni bijoux. À mon avis, son assassin l’a dépouillée.
— Vous êtes bien sûr de vous, observa sèchement Jean avant de lancer un regard désapprobateur à son subalterne.lui broyait aimablement les doigts.