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Critiques de Stéphane Vautier (5)
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Chouan et espion du roi : récits de la contre..

Si je vous dis "Chouan" ? Que me répondez-vous ? Balzac ? Mouais... Allez, vous avez le droit de rejouer... Michelot Moulin, ça vous parle ? Non ? Eh bien je vous rassure, je ne le connaissais pas non plus ! Il faut dire que la Révolution Française n'étant pas ma période de prédilection, je ne connais que ce que l'on m'a appris à l'école. Ceci dit, ce que j'apprécie avec les publications de cet éditeur, c'est qu'on en apprend énormément avec les Mémoires ou les correspondances de certains personnages ayant participé activement à cette période (cf. Gaston de Lévis).



Qu'est-ce qu'un chouan ? Pour la petite histoire et pour faire simple, il s'agit d'un insurgé royaliste. Personnellement, j'ai toujours confondu Chouans et Vendéens... et c'est maintenant que je m'en rends compte !!! Quelle est la différence ? Les Chouans se trouvaient au nord de la Loire, les Vendéens, au sud. Et si, souvent, comme le fait remarquer l'Historien Stéphane Vautier, ils sont pris pour des trublions, on peut se rendre compte, à la lecture des Mémoires de Michelot Moulin qu'il n'en est rien et que ces hommes avaient foi en ce qu'ils faisaient. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. On ne peut pas dire que l'après-Révolution ait été une période tranquille. La République ne s'est pas établie dans un contexte pacifique. Il n'y a qu'à voir ce qui a suivi la mort de Louis XVI pour s'en convaincre. On ne peut pas dire que Robespierre, surnommé « L'Incorruptible », et ses copains aient été des plus amicaux. Essayer de fonder une soi-disant République (ou quelque chose qui pourrait y ressembler) sur la Terreur, voici qui n'est pas bien démocrate. On voit bien, ainsi, qu'en ces temps troublés, chacun défendait ses idées. Michelot venait d'une famille soutenant les royalistes. D'ailleurs, ses parents n'hésiteront pas à se sacrifier pour leurs convictions : " Mon père et ma mère furent arrêtés tous deux et conduits en prison à Domfront. Ils me firent dire par tous ceux qui allaient les voir que la plus grande peine que je pourrais leur faire serait de me présenter et de partir au service de la république pour les faire mettre en liberté." Son père mourra dans une prison, d'une infection. Comment Michelot aurait-il pu arrêter, dès lors, son combat ?



Les Républicains n'étaient pas des enfants de choeur, contrairement à ce que l'on pourrait croire : "A cette époque, toutes les petites villes et les bourgades devinrent autant de petites forteresses. Toutes les issues en étaient fermées ; des palissades et des meurtrières en défendaient l'entrée. Toutes les maisons extérieures de ces petites places de guerre étaient crénelées et percées çà et là pour tirer sur les Chouans, lorsqu'il leur prendrait fantaisie d'attaquer ces places. Tous les Patauts qui avaient poursuivi les réquisitionnaires avec acharnement, ou qui avaient pillé leurs propriétés et celles de leurs parents, se réfugièrent dans ces villes et bourgades pour y être plus en sûreté. Ce n'était plus le temps de poursuivre à outrance les victimes, de violer leur domicile, de dévaster leurs propriétés, comme ils l'avaient fait pendant toute l'année 1794 ; car alors il n'était pas rare de voir des voisins républicains à la porte de leurs voisins royalistes et fugitifs, avec une charrette pour enlever tous leurs meubles et se les approprier, ou de les voir moissonner dans le champ d'autrui. Jadis de pareilles actions se seraient appelées vols, rapines et brigandages ; mais la sainte liberté consacrait tout ce qui avait les apparences les plus odieuses." Je crois que ce passage parle de lui-même. Je me dis que les Hommes n'ont, une fois de plus, rien appris du passé, et ces actions m'en rappellent d'autres, aux heures les plus sombres de notre histoire.



Lire Michelot Moulin, c'est aussi s'interroger. Finalement, sur quoi la République s'est-elle bâtie ? Du sang, des larmes... et ceux qui nous paraissaient être des héros deviennent brutalement des êtres sanguinaires, avides non pas de liberté - elle n'est qu'un prétexte - mais de richesses. Heureusement que quelques années plus tard, cette République trouvera ses marques dans un contexte plus apaisé.



Ces mémoires sont un riche témoignage d'un passé finalement mal connu. L'écriture en est simple, presque moderne. C'est justement grâce à ces récits que l'on peut encore réagir et se dire que finalement, l'Histoire n'est pas quelque chose d'immuable : il y a toujours quelque chose à apprendre, des théories et des témoignages pour la faire avancer.
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Curiosités infernales

Tout d'abord, une mention spéciale à l’Éditeur qui ne laisse pas les américains faire ce travail de recherches de vieux textes afin de les publier. Vous souriez ? Il y a beaucoup d'ouvrages sur un site marchand bien connu et j'ai moi-même, faute de mieux, dû avoir recours à cette parade afin de me procurer des livres qui n'étaient plus édités en France. Quelle misère !



Le titre (originel) est particulièrement bien trouvé. En effet, clin d’œil aux fameux cabinets de curiosités dans lesquels on pouvait tout aussi bien trouver des spécimens que des croyances populaires (comme du sang séché de dragon !), dans lesquels, surtout, le visiteur était avide de découvertes, ce titre - disais-je - enchante déjà les neurones et attise - pour ne pas dire excite (si ? Bon d'accord, alors je le dis !) - la curiosité. Et le sous-titre, Diables, sorciers, fées, elfes, lutins, possédés, vampires, spectres, loups-garous, etc., ne fait que renforcer ce désir.



Les huit chapitres composant cet ouvrage sont axés autour de légendes, d'histoires populaires qu'avaient réunies P.L Jacob (de son vrai nom Paul Lacroix) au XIXe siècle. On se plonge avec intérêt dans ces différents récits, anecdotes des siècles passés. D'ailleurs, cela m'a fait penser à Anatole Le Braz et sa compilation de témoignages concernant la légende de la mort. Tout comme les miracles au Moyen Âge (et je ne citerai personne !), ce folklore avait un sens : établir une certaine moralité, mettre des images sur le bien et le mal. Et si cela peut peut amuser le lecteur moderne (entendez par là, de notre époque), il ne faut pas oublier que nos ancêtres tentaient avec leurs moyens de répondre à des interrogations. Alors, évidemment, là, on est au XIXe siècle, la science avait fait de grands pas. Cependant, est-ce suffisant pour éviter les croyances ?



Le travail de Stéphane Vautier est considérable. En effet, il a modernisé ce qu'il appelle l'ancien français (bien que je ne sois pas d'accord avec cette appellation réservée à la langue médiévale mais il précise que les textes sont d'époque radicalement différentes, donc j'imagine qu'il généralise pour ne pas avoir à énumérer...) pour que ce soit plus compréhensible et accessible. Les notes, les explications sont précieuses également, rendant le texte plus agréable à lire. Enfin, les photos de Jean-Louis Marteil en font un bel ouvrage, complet, qui, j'en suis certaine, ravirait P.L Jacob s'il pouvait le voir.



Je vous conseille vivement ce livre. Prévoyez quand même d'être libre pendant quelques heures car une fois le nez dedans, vous n'en sortirez plus !
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Curiosités infernales

La première partie de cet ouvrage porte sur le diable. « L’on mesure alors combien l’utilisation de cette figure du mal absolu se fait souvent dans un but politique et moral. […] Les anecdotes ont parfois être issues de récits populaires, leur signification est la plupart du temps porteuse d’une dimension moralisatrice pour discréditer un adversaire, comme ce fut le cas pour Luther de la part de certains catholiques. » (p.22) Il est fascinant de constater comment l’existence du diable est devenue aussi communément admise que celle de Dieu et comment le pandémonium s’est heurté à une cohorte de saints. Avec la création de cette figure du mal absolu, l’Église a rendu le combat plus juste puisque le bien suprême affrontait donc une unique figure maléfique et non des légions de petits démons mineurs. Mais le combat est également devenu plus glorieux puisque le dieu de toute puissance a trouvé un adversaire à sa mesure. En identifiant diverses figures maléfiques sous un seul vocable, l’ennemi est plus facile à identifier, à combattre et – jeux de mots – à diaboliser. Les textes compilés par P. L. Jacob présente le diable comme un abject séducteur coupable d’enlèvements, de promesses fallacieuses ou de possessions, intervenant auprès des esprits faibles ou des saints potentiels pour les pervertir.



En opposition radicale au diable, on trouve les anges et les fées. « Leur rôle a toujours été ambigu, entre séduction, enlèvement et protection des lieux et des passants, et cela jusqu’à nos jours où les récits de dames blanches s’adaptent à la modernité, tandis que les fées séductrices trouvent une nouvelle incarnation dans la publicité. » (p. 21) D’origine celtique ou nordique, les elfes s’apparentent aux fées et sont les bons génies des airs et de la terre. Viennent ensuite les esprits, j’ai nommé les gnomes, les silphes, les nymphes, les follets, les lutins et les salamandres. Ils habitent et animent chaque chose du monde et sont les forces telluriques et cosmiques de la nature. Enfin, n’oublions pas toute la sinistre clique des spectres, des âmes en peine et des vampires, tous ces défunts qui passent dans le monde des vivants et brouillent les frontières entre vie et mort.



Revenons aux méchants. « À la fin du Moyen Âge, le diable est devenu le contre dieu, celui qui règne sans partage sur les enfers et qui peut infester tout un chacun. Les possédés sont la preuve de sa puissance maléfique. » (p. 151) Ainsi, les ensorcellements, les sortilèges, les possessions, les hystéries et autres épilepsies étaient la marque du diable. Stéphane Vautier avance une hypothèse fascinante sur les loups-garous : « La croyance dans l’existence d’hommes se changeant en bête et, danger majeur oblige, en loup, est une croyance vivace qui pourrait trouver son origine dans la tradition franque de chasser de la communauté un homme qui, condamné, ne pouvait pas payer son crime. Repoussé dans la nature, il devient pareil à une bête sauvage, à un homme-loup […] » (p. 171) L’ouvrage ne le mentionne pas, mais il en va peut-être de même pour Big Foot et tous ses copains poilus des montagnes.



Le florilège démoniaque constitué par P. L. Jacob convoque des personnages de contes de fées dignes d’une veillée macabre, mais révèle également un bon sens populaire pétri de légendes, de traditions et d’observations. Aussi fantaisistes que paraissent les histoires rassemblées, elles sont loin d’être complètement ineptes puisqu’elles participaient d’une tentative d’explication du monde à une époque où la science n’avait pas encore conquis tous les domaines. Les prodiges et les présages désignaient tout ce que l’esprit humain ne savait pas encore expliquer et tout ce qui échappait à la science. En appeler à dieu ou à diable, loin d’être une faiblesse d’esprit, était le recours pour tenter une première rationalisation du monde et de définition des destinées. Ainsi, quand P. L. Jacob, érudit positiviste, présente ces textes, la science commence à expliquer les phénomènes naturels et les manifestations prodigieuses se réduisent comme peau de chagrin, l’esprit n’ayant plus besoin d’inventer pour expliquer et savoir. Il serait donc très réducteur de considérer avec mépris toutes ces curiosités infernales. En effet, l’homme ne supportant pas l’incompréhension (comme la nature et son horreur du vide, paraît-il), il préférait se donner une réponse effrayante que rester sans réponse.



La compilation effectuée par P. L. Vautier est très érudite et témoigne d’une grande ouverture d’esprit, sans mépris pour les textes issus de ce que le 19e siècle a commencé à appeler le folklore. On trouve des légendes, des récits populaires, des textes religieux, des traités scientifiques ou philosophiques, des témoignages et des minutes de procès ou encore des lais médiévaux. Les textes issus de différentes époques et de différentes zones géographiques européennes entrent en résonnance et permettent d’élaborer des portraits très complets, presque en trois dimensions, des diverses figures citées. Le 19e siècle était friand de compilations et de collections, en témoignent les cabinets de curiosités si répandus à cette époque. Le 19e siècle est aussi la grande période du positivisme et de l’expérience : chaque sujet devient digne d’étude et d’analyse. Avec la résurgence des croyances populaires et le début du recul de la religion catholique, P. L. Jacob a exploré un terrain foisonnant.



Stéphane Vautier a un véritable talent pour mettre en valeur et expliciter des textes historiques. Avec Chouan et espion du roi, il explorait les mémoires de Michelot Moulin. Ici, il commente une somme de textes très divers. Ses notes de bas de page sont très complètes et la légère modernisation de la langue des textes anciens permet une lecture aisée de cet ouvrage. Je n’ai finalement qu’un seul reproche à formuler à l’encontre de cet essai, à savoir l’absence de conclusion. C’est un peu rude de laisser le lecteur de cette façon. ! Une page aurait suffi. Et là, c’est clairement l’élève traumatisée par la khâgne qui s’exprime : rendre un devoir sans conclusion, c’est la bulle assurée, ou pas loin. Outre ce détail de forme, je vous recommande chaudement (comme l’enfer) cet ouvrage très accessible et passionnant !

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Chouan et espion du roi : récits de la contre..

Mémoires de Michelot Moulin. Notes de Louis Réoult de Neuville pour l’édition de 1893. Notes de Stéphane Vautier pour l’édition de 2013.



Michel Moulin, dit Michelot Moulin, a été un des chefs de l’insurrection royaliste. Roturier, sans grande fortune, il a su mener des hommes et organiser la chouannerie pendant de nombreuses années. Ses mémoires mêlent des scènes de la vie quotidienne, voire domestique, avec des plans de manœuvres quasi militaires et des relevés des pertes humaines au sortir des batailles. Michelot Moulin est donc un chef de guerre au sens strict du terme, viscéralement opposé au nouveau régime politique qui secoue la France et tente de s’imposer. « Je n’avais nullement la volonté de transiger avec ma conscience et mes principes en me liant à la République par un serment que repousseraient également l’honneur et le devoir. » (p. 111)



On célèbre souvent les héros et les martyrs de la Révolution et la chouannerie est parfois présentée comme une vilaine rébellion de Gaulois résistant encore et toujours à l’envahisseur. L’intérêt de ces mémoires est de présenter la résistance royaliste comme un mouvement d’hommes qui s’opposent entre autres choses à la barbarie des prétendus libérateurs. Pour les chouans, la monarchie n’était pas une tyrannie et leur attachement au roi était sincère.



Michelot Marin fait montre d’une plume agile, précise et facile à suivre. Les notes de Stéphane Vautier répondent et reprennent avec intelligence celles de la première édition. Hélas, je n’ai pas réussi à venir à bout de cet ouvrage et j’ai abandonné page 203 sur 382, après de nombreuses tentatives de reprise. Tout simplement, je me suis perdue dans l’abondance de noms, de lieux et d’évènements et j’ai fini par me désintéresser de ce récit personnel et militaire.



Je sors de cette lecture inachevée avec l’envie de lire enfin Les chouans d’Honoré de Balzac. Tout n’est pas perdu, depuis le temps que ce roman attend sur mes étagères !

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Confession d'une sorcière : L'affaire de Louv..

On va l'avouer tout de suite, la possession diabolique n'est pas quelque chose en laquelle je crois, et en la religion elle-même non plus. J'ai pris cet essai pour la simple raison que j'ai grandi à Louviers, que ce couvent je le connais bien (maintenant, c'est une école de musique) et que je suis un peu curieuse sur les bords.

Je me suis retrouvée face à un texte plus compliqué que prévu, écrit dans un vieux français difficile d'accès même pour moi qui l'ai étudié. La confession de Madeleine est très répétitive, usant de mots peu communs à notre époque ou de tournures de phrases pas très actuelles. J'ai eu, pendant certains chapitres, eu du mal à suivre son raisonnement, sa confession louvoyant entre plusieurs sujets en même temps.
Lien : http://thegingersreading.blo..
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