Stéphanie Chardeau-Botteri

Gustave Caillebotte est peintre et mécène mais s'intéresse à tout, les sciences naturelles et techniques, la botanique, il est navigateur, architecte naval, philatéliste, quel personnage !



Gustave, l'ami des peintres impressionnistes, lui même peintre, encouragé par son père, ce qui mérite d'être souligné car issu d'un milieu bourgeois ce soutien était plutôt inattendu. On peut l'en remercier tant ce fils était doué, il nous a laissé de nombreuses œuvres magnifiques, scènes de vie parisienne, scènes de repas, de musique, reflets sur l'eau et canotage, voiliers, paysages bucoliques, jardins, massifs de fleurs, et des ouvriers au travail ce qui était tout à fait nouveau et jugé trivial par les benêts outrecuidants.



Il fût trop longtemps négligé, la dernière exposition s'est tenue à Martigny, Suisse, en 2021. Le catalogue est épuisé hélas.



Quel plaisir de flâner dans les rues de Paris avec Gustave, Claude, Édouard. Se promener sur le Pont de l'Europe, saluer Berthe sous Le balcon. Entendre le roulement des fiacres et les sabots des chevaux sur les pavés mouillés, croiser les élégantes sous leurs parapluies ☔. dans les rues de Paris et se pencher sur les balcons filants au dessus des grands boulevards haussmanniens.



Le récit témoigne de scènes épiques de pugilat à L'hôtel Drouot quand nos impressionnistes étaient incompris et moqués, par des bourgeois bas du front. Les ventes sont chahutées, l'auteur donne la parole à Paul Durand-Ruel, qui tient bon, Gustave participe à la vente, tout comme Ernest Hoschede, Victor Chocquet, passionnés lesquels deviendront un véritable soutien à tous ces mal aimés.

Animé d'une ferveur combative chevillée au corps pour défendre et représenter leur cause, Gustave ne lâchera jamais ses amis.



Un dernier chapitre relate les péripéties, que dis-je, les atermoiements d'une administration rigide, arqueboutée qui n'a d'yeux et respect que pour les peintres académiques.

Trois ans de joutes verbales seront nécessaires pour que soit accepté l'illustre et généreux leg de 38 œuvres de la collection Caillebotte, un comble, initialement plus de 60. Résultat une dispersion que Gustave voulait à tout prix empêcher.

Cette lecture m'a pris un temps fou car très documentée et de nombreuses œuvres sont citées, or je ne résiste jamais à satisfaire ma curiosité, je dis merci à ma tablette.



Pour info une exposition Caillebotte est prévue du 8 octobre 2024 au 19 janvier 2025 au Musée d'Orsay, et dès mars plusieurs expo sur l'impressionnisme.

Stéphanie Chardeau-Botteri, descendante du peintre et mécène Gustave Caillebotte (1848-1894), dans une biographie nourrie par les archives familiales, nous propulse dans la vie de cet artiste.



De 1874 à 1894, année après année, l’auteure raconte les grands moments de cette trop courte vie.

Peintures (influences, sujets innovants, impressionnisme, réalisme), participation au Salon (réactions devant « Les Raboteurs » - peinture expressive, sujet rejeté par les bien-pensants de l’époque), création d’un groupe indépendant, protection et aide aux amis peintres méconnus, passions et tout ce qui fit la richesse de cet homme.



À travers son histoire, c’est l’histoire de l’impressionnisme qui se raconte : depuis les débuts controversés voire méprisés jusqu’à la reconnaissance balbutiante.

Les regroupements, les idéaux puis certains éloignements et la fin d’un mouvement et d’autres qui apparaissent.

Au-delà des séparations, on ressent chez ces peintres une appartenance et une considération des uns et des autres.



Parallèlement on découvre un Caillebotte fusionnel avec son frère et tous deux passionnés de philatélie jusqu’à la création d’un classement qui restera, de bateaux et d’inventivité puis enfin un Gustave créateur en botanique.



Tout est intensité, regards bienveillants, lucidité et amour.



Jusqu’au legs de Gustave Caillebotte et les divisions qu’il provoqua dans son acceptation : Comédie Humaine…



Le Temps a effacé ces querelles, il ne demeure que nos yeux éblouis devant ces couleurs, ces pépites de lumière et ces peintures qui racontent une époque, des idées, des rêves et font désormais partie de l’Histoire de l’Art.



Un très beau livre qui dit l’aventure, les espoirs, les revendications d’une vie et de vies.

Je ne partage pas cette idée de : Caillebotte impressionniste inconnu !

Encore un titre ronflant très indirectement lié à la réalité. Il a participé aux expos d'impressionnistes, aux rétrospectives comme les autres, figure dans tous les magazines et autres revues dédiés à l'art moderne, parfois est même sur-représenté en fonction de sa production qui reste faible, voire confidentielle. Des oeuvres comportent un certain nombre d'erreurs et ne sont pas typiquement impressionnistes, elles demeurent pour l'essentiel sans éclat comparable à un ordinaire qui n'accroche pas le regard. Perso, je ne suis pas attiré par son oeuvre, même si je reconnais que son mécénat envers les collègues ne peut être ignoré et a contrairement à ce qui est dit ici été souligné abondamment. Je pense même que ce n'est pas inconnu qu'il est mais plutôt diversement apprécié en tant que peintre dont le répertoire demeure empreint d'un réalisme photographique glacé, désincarné..

Peintre impressionniste mal connu, Caillebotte bénéficie depuis quelques années d’un regain d’intérêt grâce à plusieurs expositions qui lui sont consacrées. « Les raboteurs de parquet » ou « le pont de l’Europe » figurent maintenant en bonne place dans les plus grands musées.

Cette biographique rédigée par sa descendante lève le voile sur sa vie plus prolixe que son milieu bourgeois ne l’y destinait. Peintre, mais aussi navigateur, philatéliste ou encore botaniste, Caillebotte s’intéresse à tout ce qui fait la modernité de son temps : arts, techniques, sciences naturelles. Il apprend, collectionne, finance et fabrique.

Ami des plus grands noms des impressionnistes, il est aussi celui qui aide, promeut, rassemble dans les coulisses, laissant les lumières de la célébrité à ses pairs.

Foisonnants de détails inédits, ce documentaire est passionnant par ses apports et son nouvel éclairage. Il souffre en revanche d’une forme très classique, voire parfois académique qui dessert son sujet.