Stéphanie Delecroix

J’ai grandi avec cet homme, je me suis arrangée pour qu’il mange et j’ai joué avec lui au ballon quand nos parents étaient trop bourrés pour le faire. Je réalise peu à peu, que même avec lui, je suis devenue une vraie garce. Je risque de finir par tous les repousser et me retrouver seule. Ce soir, il est vrai que j’aurai bien eu besoin d’un ami ou d’une épaule sur laquelle me reposer et je viens de l’envoyer bouler.

Mylène est très excentrique. Elle crie plus qu’elle ne parle et elle porte toujours des vêtements très colorés. Quand j’étais plus jeune, grâce à son accoutrement, ses cheveux roux aux petites boucles et toutes ses manières, je la comparais souvent à un clown. José s’approche de sa femme, il est tout son opposé, sombre, habillé de cuir noir des pieds à la tête, imposant. Il me lance un regard avenant et s’écrit :
— On va devoir te tatouer un billet d’un dollar sur la queue !

Dans un monde fait de haine, il est rare que l’amour triomphe.

Nous ne ressentons pas forcément une histoire de la même manière. La lecture est aussi personnelle que la pensée, nous en déduisons ce que nous voulons.

Le plus étrange dans ces rêves érotiques, c’est qu’il ne s’y passe rien de sexuel ! Juste avec les mêmes baisers que celui qui a embrasé chaque partie de mon être lors de notre rendez-vous, Soan réussissait à faire grimper ma température.

C’est devenu notre terrain de jeu préféré, et même si je suis trop vieux pour ces gamineries, je ne me prive pas de passer ces bons moments avec ma petite sœur adoptive.

Ne juge pas ce que tu ne sais pas. Mais je me doute bien que quand on est pourrie, gâtée et surprotégée, comme toi, on pense tout savoir. Moi, au moins, je peux contrôler ma propre vie. Je ne suis le jouet fragile de personne !

Dans cette histoire, deux familles s’opposent. Juliette et Roméo, leurs enfants, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. L’histoire est semée de drames et de très beaux moments. Leurs familles s’opposant farouchement à leur union, ils ne peuvent s’aimer au grand jour. Ils meurent tous les deux, je te laisse le lire pour savoir dans quelles circonstances.

Je suis un véritable obsédé ! Même en me la représentant dans une vieille robe et un tablier taché, version année cinquante, j’ai le sexe qui gigote ! Je dois me calmer avant qu’elle arrive ou je ne vaudrais pas mieux que tous les salopards qu’elle a côtoyé depuis son enfance.

Je ne veux pas traiter Angel comme tous les hommes qui l’entoure. Elle est une tentation ambulante des doigts de pieds à la racine de ses cheveux, en passant par sa démarche et son regard perçant. Ses formes sont affriolantes et sa poitrine est à se damner. J’inspire un grand coup pour me reprendre, elle est si époustouflante !

J’ai hâte de pouvoir me trouver seul avec elle. Loin de tous ces fous et de cette ambiance pesante. Je me demande si elle réussira à laisser tomber son masque de grosse dure pour quelques heures.

Au creux de moi, l’envie est en train d’attiser une flamme que j’ai peur de ne pas savoir contrôler.

Tu vas devoir rouler plus vite que ton ombre, sans peur et sans but ! Comme l’autre jour contre Gabriel. Éviter tous les obstacles pour atteindre cette putain de ligne d’arrivée et nous ramener ce pognon. Après ça, à nous la vie de motard en Europe ! Fini la planque, fils, tu pourras vivre sereinement. Un nouveau départ, une autre vie.

C’est un plaisir que peu de gens cautionnent, mais ceux qui s’en réjouissent, paient le prix fort.

Tout en lui est fin, tiré, sombre. Des cernes lui mangent la moitié du visage, ses yeux, noirs et globuleux, ressortent étrangement sur son visage triangulaire. Il est habillé de noir comme la plupart des gens dans ce bar, il n’a pas ôté son manteau de velours sombre qui, d’après ma mémoire, s’arrête à l’orée de ses chevilles. Ce mec pourrait sans aucun doute jouer le rôle d’un vampire dans une série.
Finalement, Darell prend la parole.
— As-tu déjà vu des combats de coqs ?
Je secoue la tête, même si j’en ai déjà entendu parler, jamais je n’en ai vu.
— C’est un plaisir que peu de gens cautionnent, mais ceux qui s’en réjouissent, paient le prix fort. Eh bien, ce que j’ai à te proposer est dans ce même esprit !
Alors là, Dracula m’a complètement perdu ! Je lève un sourcil en portant ma bière à la bouche pour lui faire comprendre que je ne vois absolument pas où il veut en venir.

J’ai l’impression que tout le monde est au courant, sauf moi. Peut-être que je me fais des idées, mais là, ça devient plus que suspect !
Soan semble être la réponse à ma question existentielle, est-ce que je suis une éternelle insatisfaite ou est-ce que je n’ai pas encore exploré toutes les beautés que cette vie a à m’offrir ?

J’ai hâte d’y être, je commence à avoir mal au cul à force de rouler tous les jours. Une fois le camping atteint, nous laissons tous nos motos à l’entrée et déchargeons nos affaires de la semi-remorque de Polly.

La tendresse que je ressens à cet instant est plus qu’inattendue. Alors, même quand je pensais être seule, il veillait sur moi, dans l’ombre, pour me laisser tranquille. Mais cela n’empêche pas le fait que j’ai grandi et qu’il doit me laisser vivre ma vie !

La vitesse me donne une impression de liberté. J’accélère encore et je fais signe du pied aux automobilistes qui prennent le temps de se serrer à droite pour me laisser passer. Quand j’arrive sur une ligne droite dégagée, je pousse un peu plus sur l’accélérateur.

Je préfère crever que moisir en prison ! Je me lève et me dirige vers ma moto. Je prends le temps de nettoyer le gros mollard sur ma selle, cadeau d’Angel ou du mioche, je n’en sais rien.