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Rouge forêt de Stéphanie Marchais
C’est eux. J’entends leurs chiens. … ! La forêt. Cours vers la forêt cours/ Quelqu’un court, est-ce que c’est moi ?/ Plus vite/ Mais la terre est trop rouge, mes pieds butent sur les mottes gelées venues du fond des arbres et qui vous enlacent les jambes/ Zamolkni ! réprime tes pensées ils vont t’entendre cours/ Oui je/ Cours sans regarder par terre/ Mais je, devant moi je, des troncs brûlés défilent et cette odeur d’aiguilles froides qui m’attrape la gorge, aïe ma tête/ Tais-toi/ Oui, je me suis cognée/ Cours/ Je cours/ Cours sans ouvrir les yeux, cours de tout ton corps, chasse ce que tu sens/ Je sens que je ne suis plus une femme/ Avance/ Oui/ Cours/ J’ai peur/ Je sais/ J’ai peur de ne plus savoir comment être une femme/ Cours dans les cendres de la forêt, oublie le mal, sois dans tes jambes/ Mais mon anorak me gêne/ Garde-le/ Oui/ On ne sait jamais/ Il est trop lourd/ On ne sait pas où te mène ta fuite/ C’est vrai mais/ Tais-toi, dans tes jambes sois/ C’est vrai ça je ne sais pas où je vais je n’ai aucun projet, ma vie est tout entière dans cette course à travers les brûlures/ Hod ! plus vite/ Qui je suis sinon une vieille veste de l’armée traquée par des chiens de rage/ Ne pense pas/ Qui je suis, ma vie se fait et se défait à l’instant, au rythme de mes bras qui poussent et ouvrent les branches devant moi/ Tu t’essouffles/ Je sais bien/ Inutilement/ Oui, si elle s’arrête/ Arrête de penser/ Si elle s’arrête maintenant ma vie alors je veux bien, oui je veux bien, parce que c’est rien ma vie c’est rien c’est/ Tais-toi/ Une solitude/ Cours/ Oui/ Fonce à l’aveugle parmi les ombres calcinées/ Calcinées, oui et glacées, je cours je cours, attention le morceau !/ Quoi le morceau quoi cours, ils sont juste derrière/ + Lire la suite |