Huitième pièce éditée, si nous comptons bien, de
Stéphanie Marchais, native de Nantes... et de son Conservatoire de théâtre, "
Intégral dans ma peau", au départ commande de la
Comédie-Française, convainc d'entrée de jeu, dans cette version augmentée, en témoignant d'une exigence de plus en plus affirmée pour la concision radicale d'une écriture serrée au plus juste, mais contrariant délibérément les formulations toutes faites, haletante, en un mot: poétique – et formidablement. Par le jeu des ellipses, chaque phrase ou réplique, réduite à l'extrême, à l'extrême inattendu, frappe et surprend, porte et emporte – jusque dans les plus riches ambiguïtés qui, comme autant de vertiges, ouvrent sur une infinité de sens quand d'autres, que corrompraient facilités et autres ficelles, fermeraient plutôt: peu qui dit tant.
Sept personnages («protagonistes») – pouvant être interprétés par un nombre moindre de comédiens – nous expédient sur la planète Adolescence ; en elle, par touches syncopées qui, souvent, se bousculent jusqu'au dérangement, riches de musicalité entre assonances et allitérations, parlent les âmes, les hormones, les organes, à mots comptés et secs : fatigue et désespoir, aboulie et rêves, vengeance et violence, aveux et inventions, délinquance et fantasmes, sexe et échecs, désirs de meurtres, de tueries. Toute concession littéraire ne saurait qu'altérer la vérité, aussi crue soit elle, et c'est bien ce que nous donne à entendre, ici,
Stéphanie Marchais.
Critique parue dans "Encres de Loire" n° 58 page 37, hiver 2011-2012