Sylvie Schenk - Schnell, dein Leben
Chaque saison contient les autres
Chaque bourgeon boîte à surprise
Et les arbres parcheminés sous l'écorce magique
Ecrivent ligne par ligne les cercles de nos vies
Il répond qu'on doit réaliser ses rêves, sinon les désirs les plus intimes restent prisonniers à l'intérieur de nous comme un tumeur à l'estomac.
Doit-on aimer? L'amour est-il un phénomène de civilisation?
"Ce qui ne trouve pas d'écho en toi n'existe pas pour toi, te dit elle."
La vie, la vie dans son ensemble est un jeu, un jeu de masques et d’ombres, souvent laid, parfois drôle, la vie est un mélange arlequinesque de drames et de quiproquos […] l’apparence et l’être, la vie comme illusion, comme ersatz, un couvercle sur le néant.
Assise sur un banc devant le bureau de poste, je regardais la lumière jouer dans les branches d'un vieux tilleul. Un vent bourru en chahutait le feuillage. Dans d'autres circonstances, je me serais volontiers plongée dans la contemplation de l'arbre balloté par les bourrasques. Mais le spectacle de la nature ne nous est d'aucun secours quand nous tremblons de perdre l'être qui nous est le plus cher au monde.
Je le regardais. Je plongeais mes yeux droit dans les siens, pour que se révèle à moi le plus intime, le plus profond, le plus beau de son être, ses ténèbres et sa clarté, sa délicatesse et sa violence : Amour, je suis avec toi. L'amour est silence et gravité. Il ne tolère pas la dispersion, le va-et-vient des pupilles : j'entre en toi. Il réclame un don de soi total, une fusion complète : je t'aime. Moi aussi, je t'aime.
Mon amour pour Ludo évoquait les corbeilles de fruits des maîtres flamands et hollandais du dix-septième siècle. Dans ces natures mortes regorgeant de symboles, on observe un grouillement d'insectes, d'oiseaux, de papillons et de lézards qui s'attaquent à d'opulents bouquets de fleurs, à des tulipes exotiques, à des lys divins. Des fleurs de toutes saisons, pour certaines déjà flétries, sont répandues sur le plateau d'une table en chêne ou, comme chez Balthasar Van der Ast, des fruits et des coquillages échappés d'un panier ont roulé sur la table, juste devant les trompes voraces des insectes, qui nous rappellent combien la vie est éphémère.
(pp.30-31)
L'impression qui est la nôtre, c'est que dans l'amour notre exil terrestre prend fin, et que l'amour crée de toutes pièces un lieu à lui seul dédié, et qui n'entretient aucun rapport avec notre lieu de résidence ou de naissance.
Le propre de l’amour et son effet ne seraient-ils pas justement de graver ses contours de façon si profonde et indélébile que l’être aimé ne soit jamais aboli ?
Encore faut-il se mettre d'accord sur ce qu'est un amour vrai. Existerait-il donc un amour faux ? Non, tout au plus un amour pour la mauvaise personne.