Interview de Tami Hoag (en anglais)
Ils viennent de découvrir le corps. Ils n'ont pas été aussi rapides que prévu. Nous les avons surestimés. Mais les policiers n'ont pas notre intelligence. Personne ne l'a.
- De décider ce que tu veux faire, suggéra Kate, à titre de proposition supplémentaire sur cette liste.
- Je sais ce que je veux faire, répondit-il simplement.
Il se tourna vers elle, assise à côté de lui sur le banc, et prit ses mains dans la sienne.
- J'ai besoin de quelque chose dans ma vie qui me fasse du bien, Kate. J'ai besoin de quelque chose de beau, et de chaleur. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de nous. Toi, de quoi as-tu besoin ?
[...]
Pour la première fois en 5 ans, elle éprouvait une sensation de chaleur, de paisible douceur, au lieu de ce vide dur et douloureux qu'elle avait fini par ne même plus sentir tant il l'avait engourdie. Elle avait passé ces cinq années sans John, existant à peine. Il était temps de vivre. Après l'omniprésence de la mort, au propre comme au figure, il était temps, pour tous les deux, de vivre.
- J'ai besoin de tes bras autour de moi, John Quinn, lui déclara-t-elle, en souriant avec douceur. Tous les jours et toutes les nuits, toute la vie.
Quinn laissa échapper un soupir contenu, et un large sourire fendit son beau visage.
- Il t'en a fallu du temps, pour répondre.
Il la prit dans ses bras, avec précaution, très attentif à ses blessures, et la serra contre lui. Il s'imaginait pouvoir sentir le battement de son ceur à travers la toile épaisse de son manteau.
- Mon ceur est tout à toi, Kate Conlan, lui promit-il, en enfouissant son nez glacé par le froid dans l'épaisseur soyeuse de sa chevelure. Tu l'as eu tout à toi, pendant tout ce temps. J'ai vécu trop longtemps sans ça.
Kate sourit contre sa poitrine, sachant que c'était ça, sa maison - son étreinte, son amour.
- Eh bien, manque de pot, John Quinn, lui annonça-t-elle, en levant les yeux vers lui dans la dernière lumière du soleil couchant. Ton coeur, je ne vais pas te le rendre.
Kay Eisner avait appris à haïr les hommes à un âge précoce, à cause d'un oncle qui avait trouvé cette petite fille de sept ans trop tentante. Au cours des trente années écoulées depuis lors, aucun des hommes qu'elle avait connus ne l'avait amenée à changer d'avis. Le livre qui prétendait que les hommes venaient de Mars la faisait bien rire. Les hommes venaient de l'enfer, et qu'aucune femme sur cette planète ne s'en soit aperçue, voilà qui la dépassait.
- Est-ce que tu regrettes, Kate ? Pas la manière dont ça s'est terminé, mais nous. Nous.
Kate ferma les yeux très fort. De regret, elle en avait un camion plein, qu'il lui fallait dégager de son chemin, tous les jours, afin d'être capable d'avancer dans l'existence. Mais ce qu'elle n'avait jamais pu trouver en elle, c'était la force de regretter de s'être tournée vers lui. Elle regrettait d'avoir eu envie de plus encore. Elle regrettait qu'il n'ait rien eu de plus à lui donner. Mais elle était incapable de songer au moindre contact, à un seul baiser, à une seule nuit passée dans ses bras, sans en regretter jusqu'à la dernière seconde. Il lui avait offert son amour et sa compréhension, sa passion et sa compassion, sa tendresse et son réconfort, quand elle en avait eu si cruellement besoin, quand elle avait eu si mal, quand elle s'était sentie si seule. Cela, comment pourrait-elle le regretter?
Cette femme connaissait manifestement son métier. Il savait bien que le savoir-faire mécanique n’avait rien à voir avec le sexe. Seulement voilà : elle avait l’air si doux ! Jamais il ne se serait attendu à ce qu’une mécanicienne soit aussi… féminine.
Suzanna le contemplait aussi, déconcertée par cette attirance soudaine qui lui nouait le ventre et dont elle avait perdu l’habitude, trop occupée qu’elle était à guérir et à se retrouver. Evidemment, il était séduisant, grand, blond et bronzé. Quant à son sourire… Décidément, rien ne valait un sourire éblouissant chez un type. Sa dentition était parfaite, comme tout le reste.
Parfait. C’était exactement pour cela qu’elle ne devait pas l’approcher. C’en était terminé de sa quête de la perfection.
- Est-ce que tu regrettes, Kate ? Pas la manière dont ça s'est terminé, mais nous. Nous.
Kate ferma les yeux très fort. De regret, elle en avait un camion plein, qu'il lui fallait dégager de son chemin, tous les jours, afin d'être capable d'avancer dans l'existence. Mais ce qu'elle n'avait jamais pu trouver en elle, c'était la force de regretter de s'être tournée vers lui. Elle regrettait d'avoir eu envie de plus encore. Elle regrettait qu'il n'ait rien eu de plus à lui donner. Mais elle était incapable de songer au moindre contact, à un seul baiser, à une seule nuit passée dans ses bras, sans en regretter jusqu'à la dernière seconde. Il lui avait offert son amour et sa compréhension, sa passion et sa compassion, sa tendresse et son réconfort, quand elle en avait eu si cruellement besoin, quand elle avait eu si mal, quand elle s'était sentie si seule. Cela, comment pourrait-elle le regretter?
- Non, avoua-t-elle, en se retournant, la tasse de thé fumante entre eux. Tiens. C'est bon pour ce que tu as. il
Sans la quitter des yeux - les yeux sombres, brûlants, habités d'émotions intenses - il prit cette tasse et la posa.
- Pour ce qui est de nous, je ne regrette pas , admit-il à son rour. Il m'est arrivé de croire que je le devais, mais je n'ai pas regretté, et je ne regrette toujours pas
Certains êtres sont des tueurs-nés. D’autres le deviennent. Et il arrive parfois que la source du désir homicide aille se perdre dans cet entrelacs de racines que créent une enfance monstrueuse et une jeunesse dangereuse. Si bien que personne, jamais, n’est en mesure de savoir si cette impulsion est le produit de l’inné ou de l’acquis.
- Tu m'avais dit que c'était ce que tu voulais, reprit-il. Tu voulais en sortir. Tu voulais une cassure nette. Tu voulais partir, tout reprendre à zéro. Qu'est-ce que j'étais censé faire, Kate?
Me demander de ne pas m'en aller. Partir avec moi. Les réponses étaient là, tout près, aussi fougueuses qu'hier, et tout aussi futiles.
Il avait déjà séjourné en prison. Plusieurs fois. C’était le genre d’endroit où il valait mieux ne pas attirer l’attention. Surtout les hommes avec certains penchants. Après sa première expérience violente, il avait réussi à rester plus ou moins à l’écart du danger la fois suivante, puis encore la suivante. Mais il ne pouvait être anonyme cette fois.
Cette fois, tout le monde dans la prison savait qui il était et ce dont on l’accusait. Tout le monde ici le détestait. Les gardiens comme les criminels endurcis le haïssaient assez pour avoir envie de lui faire du mal, de le tuer. Les autres détenus lui crachaient dessus dès qu’ils en avaient l’occasion. Certains criaient des menaces. On lui avait fait clairement comprendre que, s’il tombait entre les mains de la population carcérale, il n’en ressortirait pas vivant.