J'ai voulu dans ce poème décrire l'atmosphère psychologique dans laquelle baigne un couple en perdition.
"Précipice" exprime un état d'âme d'une totale noirceur où l'espoir n'a même plus sa place. "J'ai huit ans" évoque au contraire la puissance de la vie à travers le regard d'un enfant qui croit que tout lui appartient.
J'ai toujours été sensible à la poésie d'un quai de gare.
Là, au milieu du mouvement incessant des trains, la fuite du temps se laisse deviner, quasi palpable. Les silhouettes et les visages prennent eux-mêmes un aspect singulier, comme s'ils étaient dépositaires à leur façon de la destinée du genre humain.
Oserai-je dire, en toute humilité, que ce poème fut à vingt ans un fantôme, à trente ans une idée, à quarante ans un rêve et à cinquante ans un accomplissement.
Le déclic en fait se produisit à la faveur d'un déplacement à Toulouse, ma chère ville natale, alors que je m'approchais de la gare Matabiau.
Tout à coup, une trame poétique s'ébaucha dans ma tête, où plusieurs thèmes se croisaient ou plutôt s'agrégeaient déjà : la jeunesse, l'amour, l'écoulement cruel des années, le vieillissement puis la mort. La cristallisation eut lieu près d'une voie ferrée à Melun, et je n'eus ensuite qu'à jeter sur le papier le fruit mûr de mes hantises.
C'est donc au bout d'un long cheminement que cette oeuvre a vu le jour, une oeuvre pour laquelle j'avoue avoir un petit faible.
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