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Citations de Thierry Clermont (33)


Pin-up à la beauté extravagante, reine new-yorkaise du strip-tease et du demi-monde dans les années 1930 et 1940, Gypsy était née Rose Louise Hovick en 1911 sur la côte Ouest, à Seattle. Avant même l’adolescence, sa mère éprise de théâtre, fascinée par le monde du spectacle, l’emmène sur les routes avec sa sœur cadette June. La petite troupe familiale joue un répertoire composé de chansons, de sketches comiques, de numéros de danse et de claquettes, de scènes de vaudeville, de saynètes de boulevard, et représentés sur des tréteaux improvisés dans les salles municipales ou sur les places commerçantes de petites villes de l’Oregon, du Nebraska, de Floride, du Missouri ou de l’Ohio. Un petit singe au poil ras que Gypsy a coiffé d’un béret et surnommé « Gigolo », un goret répondant au nom de Porky, l’oie blanche Gussie, Sam le cochon d’Inde, quelques chiens, des souris blanches et des caméléons : toute une invraisemblable ménagerie accompagne le trio.
Le succès vint, après ces années de cabotinage, quand à l’âge de 16 ou 17 ans à peine, la petite Gypsy esquisse avec succès un premier strip-tease ingénu en public, aux côtés des Hollywood Blondes, à Kansas City ou, selon d’autres sources, à Toledo, dans l’Ohio. De ces temps rocambolesques de bohème foraine et théâtrale, elle tirera un livre de souvenirs, best-seller à la fin des années 1950, après son troisième divorce, lui offrant un superbe revival.
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Un peu avant 8 heures, la tête alourdie par cette ronde de nuit, j’ai quitté sans bruit l’appartement de la paisible Brighton 6th Street bordée de rares tilleuls, après avoir avalé deux tasses de café serré. Charlie m’avait dit qu’un peu plus loin, en direction de la plage, se trouvait le bâtiment où avaient été tournées plusieurs scènes de Requiem for a Dream, d’après le roman noir de Hubert Selby ; à son avis, l’écrivain le plus rock and roll qui ait jamais existé. Un édifice en briques couleur de pain d’épice, avec son entrée repeinte en vieux rose, encadrée de deux colonnes torsadées, situé à deux pas d’une maison de retraite s’élevant sur une douzaine d’étages, de mémoire, la Scheuer House.
La foule était déjà dense sur Brighton Beach Avenue et, dans une moindre mesure, le long de Coney Island Avenue, encombrée par les voitures et les camions, à deux pas du métro aérien. La plupart des boutiques avaient déjà portes ouvertes, avec leurs enseignes en cyrillique : étalages de primeurs, kebabs, petits salons de coiffure et de manucure, laveries automatiques, pressings, échoppes de fripes à deux balles, Kalinka Gifts, bijouterie Golden Flamingo, Organic Health Market, l’inévitable Dunkin’ Donuts, bazars aux odeurs fortes et antres bariolées où l’on vend de tout et de rien, Tashkent Supermarket...
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Je suis aussi ce que je lis, ce que j'ai lu, dans les grandes voix d'hier, celles des revenant qui m'accompagnent et me soutiennent. Aujourd'hui que les mots ont été altérés ou vidés de leur sens : révolution, environnement, empreinte carbone, égalité des chances, diversité, vivre-ensemble et parité, quartiers et territoires, frigo connecté, boulghour à tous les étages… Tout ce cirque creux qui tourne la tête aux nouveaux cagots. Une chiasse de mots et de sornettes qu'on voudrait nous imposer au nom du bien commun.
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Si un jour vous traversez la mer pour rejoindre
l'Irlande, peut-être qu'alors, en fin de journée,
Vous pourrez vous asseoir et regarder la lune se lever sur Claddagh
Ou regarder le soleil se coucher sur la baie de Galway
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this town is eaten through with memory of pride and thick red spanish wine and gold and a great come and go
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Ciel énorme, démesuré, démiurge. Un ciel qui bouge, comme l’océan instable, au-dessus du vert tendre et lumineux des prés à l’herbe courte
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Je n’aurai jamais assez de mots. Mes yeux se sont brouillés. Les mots des autres. Et ce temps qui nous pétrit.
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*
Une silhouette aux bois dans les soucis mazurkant. Un coq se pose et va. Des fleurs jaunes. Un jour plus un autre. Un tressaillement est important :

*
Crispé je glane et souffle. La bouche en pluie d’été. Un ravissement est complice. En soufflé… C’est le temps du corps dévoré. Tout là serpente. Et me frotte aux maïs.
*
C’est ce qui fit que nous gambillâmes sur la terre du petit sommeil :
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Il est bientôt 23 heures. À l’encoignure de la 25e et de l’Avenue des Présidents, dite aussi calle G, dans le quartier du Vedado. L’ascenseur aux parois décolorées, ou plutôt le monte-charge d’acier brut, menant tout là-haut à ma mansarde, était immobilisé, en cale sèche au rez-de-chaussée, sa grille de métal aux losanges imposants, fermée. Depuis quand ? « Chichi » le liftier improvise une partie de dominos, en tête-à-tête avec lui-même, à cheval sur un banc de bois brut, dans le vaste hall aux murs cariés, aux odeurs qui soulèvent la nausée, au carrelage désossé.
Douze étages à gravir… L’escalier et ses marches de marbre rose et blanc, mouchetées de vieux brun et de bistre, fêlées, disloquées ici ou là. Douze ou quinze minutes plus tard, à bout de souffle, en grande sueur, j’étais arrivé devant la porte d’entrée protégée par une grille de fer armée...
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"Je pense au couple de cygnes blancs et leur progéniture surpris hier matin, dans une étroite vasière au pied de l’ancienne tour carrée, sur la berge occidentale du Corrib, la Fishery Watchtower, élevée au milieu du XIXe siècle, à l’entrée de la bourgade de Claddagh, et repeinte en jaune crémeux.
Les cygnes, j’en verrai d’autres avec le même émerveillement, le long du bassin qui s’ouvre vers les collines du Burren, agglutinés par dizaines sur l’eau sombre, vers les entrepôts des docks couleur rose fuchsia, et plus loin, autour des carcasses de bateaux et des voiliers au repos, juste avant la nuit tombante. À Coole Park, muets, rares et immobiles sur les franges du lac, après la première rosée ; puis s’ébattant avant un vol court, timide. Comme dans le poème de Yeats."
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À la fin de l’hiver 1930, García Lorca décide de rentrer en Europe en faisant un détour par Cuba, depuis Key West, Cayo Hueso, comme on dit à Cuba. Il y restera trois mois, principalement à La Havane, donnant des cycles de conférences, notamment sur l’Andalousie, ses mélodies populaires et le cante jondo, offrant quelques lectures publiques. On l’admire, on l’adule, ce poète de l’amour universel. Sur place, tout l’enthousiasme, tout l’émerveille, tout l’excite : la douceur brûlante du rhum, les tonalités du ciel vespéral, le sourire des enfants ; tout le révulse et le révolte : le régime autoritaire de Machado, à la botte de l’impérialisme américain, le yankee rule, le racisme et la ségrégation qui frappent les Noirs, la pauvreté extrême d’une grande partie de la population, l’analphabétisme généralisé. La corruption des politiques et des dirigeants d’entreprise.
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Quand tu seras parvenu au grand âge, je t’apparaîtrai. Mon image, mon visage et mes mots te reviendront, mêlés d’amère mélancolie. Le regret sera ton maître mot, cardinal. Nous deux à La Havane,(…) nous deux perdus dans les affres d’une histoire impossible à vivre ou à magnifier ; l’histoire de deux êtres incapables et maladroits, obstinément à côté de la plaque.
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"Le Wakamba"

Ce jour-là. Les pales du ventilateur ne raclaient plus l’air, qui semblait plaqué au sol ; plutôt, il frappait à partir du plafond un glas irrégulier en dessinant des ombres floues, entre les mouchetures de moisi. Plus je le regardais, plus il m’apparaissait comme un fouet lent, en peine de châtiment.
Après les négociations d’usage, j’avais lâché vingt-cinq dollars au tenancier pour passer la nuit dans ce repère de fortune, cette posada, en plein Vedado, derrière l’hôtel Habana Libre, à quelques dizaines de mètres du Wakamba, où j’avais retrouvé Gladys. Une mulâtresse sans éclats, à la chevelure de caniche, petite et rondelette. Nous nous étions donné rendez-vous deux jours auparavant, après avoir lié connaissance au musée de l’automobile où elle travaille à temps partiel, avec ses guimbardes retapées bombant leurs carrosseries, consacrant ses après-midis à la vente et au négoce de livres de seconde main, sur la Plaza de Armas, à hauteur du Palacio del Segundo Cabo.
"Barroco bordello".
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