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3.77/5 (sur 503 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Angers
Biographie :

Née à Angers, d'origine italienne par ses grands-parents, Laura Poggioli tombe en amour de la langue russe au lycée. Elle poursuit son apprentissage à l'université en parallèle à ses études à Sciences-Po. Comme une évidence, son premier livre "Trois sœurs" s'inscrit sur ce territoire-là. A son chevet, les recueils de Anna Akhmatova et Marina Tsvetaeïva, les deux grandes poètesses russes qu'elle aime autant pour leurs vers que pour leurs vies.
Comme Marina Tsvetaeïva, elle fait reposer la sienne sur trois piliers : l'amour, la création, la famille. Agée de 37 ans, elle est mère de trois enfants et vit à Boulogne-Billancourt. Bien sûr, Emmanuel Carrère est l'un de ses maîtres en écriture, avec, tout particulièrement, Un roman russe et Limonov.

Source : https://www.alinagurdiel.com/laura-poggioli_trois-soeurs/
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[…] ce qui se passait dans l’intimité de la pensée était particulièrement difficile à appréhender en Russie, parce qu’on parlait d’un peuple qui avait vu ce territoire sacré violé pendant plus de sept décennies — le totalitarisme étant une violence que nous, qui ne l’avons pas vécue, ne pouvons pas nous représenter. En Union soviétique, l’État était entré dans la tête des hommes et des femmes, niant à l’individu le droit d’exister pour lui seul. On avait fusillé les aristocrates, les bourgeois, les propriétaires, les religieux. Ensuite, il avait fallu rééduquer tous les autres, leur apprendre ce que l’on attendait d’eux désormais, enlever de leurs crânes ce qui pouvait résister, détruire des livres, empêcher les poètes et les romanciers d’écrire et les artistes de créer librement, parce qu’il n’y avait plus qu’une vérité.
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Je m’étais dit que je devais raconter cette histoire, mais pas seulement. Je voulais raconter tout ce qui foutait le camp en Russie, sans mettre de côté tout ce que j’y aimais, tout ce qui me remuait, tout ce qui était beau au-delà des préjugés et des on-dit
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« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Je connaissais la phrase liminaire d'Anna Karénine par cœur depuis l'adolescence mais j'en mesurais maintenant la portée.
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Ces réactions sont liées à la grande Histoire, à la place des femmes dans la société. Ludmilla Ouliitskaia, grande voix de la littérature russe, en a parlé longtemps à un journaliste, reprenant à peine son souffle, assise sur le canapé de son grand et lumineux appartement. "Les femmes russes ont obtenu le droit de vote en 1917, quand les françaises ont attendu 1944. Elles ont bénéficié de plus d'égalités qu'elles n'auraient voulu, forcées à des travaux qu'aucune femme ne faisait généralement: elles ont construit des routes, des voies de chemin de fer, ont travaillé dans les usines pendant la guerre, fabriqué des armes... Alors qu'en Occident les femmes se battaient pour avoir les mêmes droits que les hommes, les femmes russes rêvaient de n'avoir qu'à élever leurs enfants avec un homme pour s'occuper d'elles! La faible popularité du féminisme vient de ce paradoxe. (p.145)
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Un jeune homme a même créé, sur le réseau social Vkontakt, un groupe réunissant des personnes qui réclament la condamnation des soeurs Katchatourian au maximum requis en Fédération de Russie. "Les filles ont bien pu raconter ce qu'elles voulaient pour attirer la pitié et justifier leur crime." Peu importent la quantité de témoignages validant leurs dires, les résultats de l'enquête et les expertises. Pour ce même jeune homme, le mouvement #Metoo était une saleté venue des pays occidentaux. C'est ce que la majeure partie de la société pensait, raillant le bien fondé des accusations à l'encontre du producteur hollywoodien Harvey Weinstein. (p.144)
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Dans cette Russie où j’habitais alors, la sécurité que je ressentais dans l’espace public différait en tout point de la violence que je vivais de plus en plus souvent avec le garçon que j’aimais.
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Mais ce qui se passait dans l'intimité de la pensée était particulièrement difficile à appréhender en Russie, parce qu'on parlait d'un peuple qui avait vu ce territoire sacré violé pendant plus de sept décennies - le totalitarisme étant une violence que nous, qui ne l'avions pas vécu, ne pouvions pas nous représenter.
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Fondée par l'activiste Aliona Popova, l'organisation Ti Ne Odna (Tu n'es pas seule) a rendu publiques sur les réseaux sociaux les affaires de meurtre, de tentatives de meurtre et de lésions corporelles auxquelles elle avait accès. Je ressentais le même écœurement à chaque affaire qu'elle partageait. S'il te bat, c'est qu'il t'aime.

C'est sûrement parce qu'il l'aimait que, le 22 septembre 2020, un habitant de Voronej, après une dispute, a incendié la voiture dans laquelle étaient assises sa fille de un an et sa femme. Il a aspergé la carrosserie avec de l'essence et y a mis le feu de l'intérieur avec des briquets. La mère a réussi à ouvrir la portière du véhicule en flammes et à faire sortir sa fille, brûlée au premier degré.

C'est sûrement aussi parce qu'il l'aimait que Sergueï Koukouchkine a violé sa fille d'un an et demi. Et c'est sûrement parce qu'il était le cet amour filial que le tribunal du Tatarstan l'avait acquitté deux fois en 2020, estimant que garant de «l'accusé n'avait aucune envie de satisfaire ses besoins sexuels», faisant fi de l'expertise du médecin ayant examiné l'enfant à l'hôpital et informé la police de la présence de blessures révélatrices d'abus sexuels, et du fait que l'homme ait regardé le jour même une vidéo dans laquelle un homme enfonce son index dans un vagin artificiel.

C'est sûrement enfin parce qu'il les aimait que Mikhail Khatchatourian s'en est pris à ses trois filles. « Les douleurs physiques et psychiques infligées par le père à ses filles pendant des années sont considérées comme des circonstances atténuantes mais on ne peut pas affirmer qu'elles constituent le mobile de l'attaque. Elles ne suffisent donc pas à justifier la prise en compte de la légitime défense. » Les conclusions de l'enquête ont été rendues le 14 juin 2019, près d'un an après le crime: Krestina et Angelina, majeures au moment des faits, devraient être jugées pour « meurtre commis en groupe avec préméditation », un crime passible de huit à vingt ans de prison.
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L'esprit humain trouve toujours une façon de contourner l'adversité. De très nombreux Russes avaient commencé à recopier des textes à la main dans des petits cahiers qu'on se passait de foyer en foyer. Les proches des poètes apprenaient leurs vers par cœur, pour que, si ces petits cahiers venaient à disparaître, les vers restent imprimés dans la mémoire d'au moins un être humain, voire de plusieurs, car n'importe qui alors pouvait se retrouver condamné, envoyé au goulag, pour dix ans, vingt ans.

Dans la violence totalitaire, l'intime n'existait plus. On avait d'abord décidé de nationaliser toutes les propriétés et de réattribuer les logements en fonction du nombre de personnes qui y vivaient. On avait appelé cela des appartements communautaires, des komounalki. On collait une famille par chambre, on se partageait la cuisine, la salle de bains, il n'y avait plus aucune intimité, et pour avoir des rapports sexuels hors du regard des enfants et des voisins, on pouvait toujours s'enfermer dans les toilettes. Et puis, évidemment, tout le monde s'espionnait. Le plus vil ressortait: ton voisin t'embêtait ? Un petit courrier et c'était réglé. Tu l'avais entendu critiquer le camarade Lénine ou plus tard le camarade Staline ? Alors le goulag, il le méritait. Ou peut-être n'avait-il jamais critiqué le premier secrétaire du Parti ailleurs que dans le secret de son crâne auquel tu ne pouvais pas accéder, mais tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas t'ennuyer.
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Je me disais: je ne suis faite que pour le désir qu’on cache parce qu’on en a honte, pas pour l’amour qui se vit au grand jour.
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