C’était l’automne, et les Indiens dans la réserve demandèrent à leur nouveau chef si l’hiver serait froid. Éduqué selon les standards du monde moderne, le chef n’avait pas été initié aux vieux secrets et n’avait pas moyen de savoir si l’hiver serait doux ou rigoureux. Par précaution, il recommanda à la tribu de ramasser du bois et de se tenir prête pour un hiver froid. Quelques jours plus tard, il se dit qu’il ferait bien d’appeler le service de la météorologie nationale pour savoir s’ils prévoyaient un hiver froid. Le météorologue répondit que, de fait, il pensait que l’hiver serait vraiment très froid. Le chef recommanda à sa tribu de stocker plus de bois encore.
Quelques semaines plus tard, le chef reprit contact avec le service de la météorologie. « Avez-vous confirmation de ce que l’hiver serait froid ? », demanda le chef.
« Bien sûr », répondit le météorologue. « L’hiver s’annonce comme devant être extrêmement froid. »
Le chef recommanda aux membres de sa tribu de remiser la moindre brindille qu’ils pourraient trouver.
Quelques semaines plus tard, le chef téléphona une nouvelle fois au service de la météorologie et lui demanda comment se présentait l’hiver à ce moment-là. Le météorologue dit : « Nous prévoyons maintenant que ce sera un des plus froids hivers jamais enregistrés ! »
« Vraiment ? », dit le chef. « Comment pouvez-vous en être si sûrs ? »
Le météorologue répondit : « Les Indiens ramassent du bois comme des dingues. »
Une vieille barbe de quatre-vingt-dix printemps va chez le docteur et lui annonce : « Docteur, ma femme de dix-huit ans attend un bébé. »
Le docteur hoche la tête et dit : « Laissez-moi vous raconter une histoire. Un homme part à la chasse, il arrive à l’orée du bois quand il se rend compte qu’il s’est trompé : il n’a pas pris son fusil, mais le parapluie de sa femme. Soudain un ours l’attaque : l’homme arme le parapluie, tire sur l’ours et le tue. »
L’homme dit : « C’est impossible. Quelqu’un a dû tirer à sa place. » Le docteur le raccompagne et lui serre la main : « Je ne vous le fais pas dire. »
La philosophie sociale et politique analyse les problématiques liées à la justice en société. Pourquoi avons-nous besoin d’un gouvernement ? Comment les biens doivent-ils être distribués ? Comment construire un système social équitable ? Par le passé, c’était le plus fort, en tapant sur le crâne du plus faible avec un fémur, qui réglait ce genre de questions ; mais après des siècles de philosophie sociale et politique, la société a fini par comprendre que les missiles sont bien plus efficaces.
L’optimiste pense que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Le pessimiste craint que ce ne soit le cas.
Quand vint son tour de répondre à la question marronnier des interviews des romanciers du vingtième siècle : « le libre arbitre, y croyez-vous ? », Isaac Bashevis Singer dit, la bouche en cœur : « Je n’ai pas le choix. »
Dans les annales de la littérature, aucun héros n'est renommé pour ses pouvoirs de "déduction" autant que l'intrépide Sherlock Holmes, mais on a bien tort d'en déduire que Holmes suivrait les règles de la logique déductive. Car c'est à la logique inductive qu'il fait appel en général : il commence par observer soigneusement la situation, puis il généralise à partir de ses expériences antérieures, avec un zeste d'analogie et un soupçon de probabilité, comme dans l'histoire suivante :
Holmes et Watson font du camping. Soudain, au cœur de la nuit, Holmes se réveille et donne un coup de coude au Dr Watson. "Watson", dit-il, "regardez le ciel et dites-moi ce que vous voyez."
"Je vois un million d'étoiles, Holmes", dit Watson.
"Et à quelle conclusion arrivez-vous, Watson ?"
Watson réfléchit quelques instants. "Eh bien", dit-il, "en termes d'astronomie, cela me dit qu'il y a des millions de galaxies et potentiellement des billions de planètes. En termes d'astrologie, j'observe que Saturne est dans le Lion. En termes d'horlogerie, je déduis qu'il est approximativement trois heures et quart. En termes de météorologie, j'ai comme l'idée qu'il fera beau demain. En termes de théologie, je vois que Dieu est tout-puissant, et que nous sommes petits et insignifiants. Hum, mais que vous en semble, à vous, Holmes ?"
"Watson, vous n'êtes qu'un idiot ! On s'est fait voler notre tente !"
Dans le vestiaire de leur club de squash, trois femmes sont en train de se changer quand un homme traverse la pièce en courant, nu comme un ver hormis un sac en plastique sur sa tête. La première femme regarde son bâton de berger et dit : « Eh bien, ce n’est pas mon mari. » La deuxième femme dit : « Non, c’est clair. » La troisième dit : « Ce n’est même pas un membre du club. »
Les bouddhistes, dont on veut dériver l'idée de la réincarnation, ne croient même pas à l'âme : leur concept de réincarnation, c'est comme une flamme qui passerait d'une bougie à une autre. Pas de "moi" qui soit transféré dans l'affaire, parce qu'il n'y a pas de soi à transférer.
Ensuite, la réincarnation n'est pas aussi sensationnelle qu'il y paraît. Bien sûr, notre corps subtil continue sa course, mais c'est toujours la même vieille route cahotante et caillouteuse. La réincarnation soumet simplement notre psyché à un nouveau cycle de lutte et de purification sur le chemin de la réalisation finale du Soi véritable et universel. Pour y arriver, nous devons "quitter" la graveleuse route des morts et réincarnations multiples, nous confondre avec le Soi universel et mettre les gaz pour une virée éternelle à bord de ce 4x4 tout terrain.
Au milieu du vingtième siècle, la philosophie éthique s'est voulue pour l'essentiel méta-physique. Les philosophes ont jeté au rebut la vieille question "Quelles actions sont bonnes ?" pour la remplacer par des nouvelles :"Qu'est-ce que cela signifie de dire d'une action qu'elle est bonne ? Est-ce que l'affirmation "X est bon" veut seulement dire "J'approuve X". Sinon est-ce que "X est bon" exprime l'émotion que je ressens quand j'observe X ou que je pense à X ?". L'histoire suivante illustre parfaitement la dernière attitude, connue sous le nom d'émotivisme :
Un homme envoie à son percepteur un courrier qui spécifie :" Sachant que j'avais trompé le fisc, je suis devenu insomniaque. J'ai minimisé mon revenu imposable et j'ai joint à ma lettre un chèque de 150 euros. Si mes insomnies continuent, je vous enverrai le reste".
Arthur Schopenhauer avait lu les écrits fondateurs du bouddhisme dans leur première traduction européenne et il était d'accord pour dire avec le Bouddha que toute existence est souffrance. Mais, là encore, comme le Bouddha, il ne pensait pas que cela eût la moindre importance en fin de compte, parce que le monde ordinaire n'est qu'illusion. La seule chose qui soit réellement réelle est ce qu'il appelait la "volonté", désignant par là la Force aveugle, irrationnelle et sans but qui maintient la bonne marche de tout le toutim - et de tout ce qu'il y a dedans. En bref, le pessimisme est hors sujet. Les machins qui vous mettent sans arrêts des bâtons dans les roues n'ont aucune réalité.