Tim Guénard, Le documentaire
«Ma vie est aussi cabossée que mon visage. Mon nez, à lui seul, compte vingt-sept fractures. Vingt-trois proviennent de la boxe ; quatre de mon père. Les coups les plus violents, je les ai reçus de celui qui aurait dû me prendre par la main et me dire "je t'aime"».
Notre passé, notre souffrance, nos galères, nos cris, c'est le chant en langue des pauvres.
On ne peut être aujourd'hui sans avoir été hier.
Qui que tu sois, quelles que soient tes blessures et ton passé douloureux, n'oublie jamais dans ta mémoire meurtrie, que t'attend une éternité d'amour.
"C'est à ceux que notre société rejette,les cassés,les tordus,les handicapés,les anormaux,que je dois la vie"
Si je t’aime mal, dis-le-moi pour que je change. Si je t’aime comme il faut, dis-le-moi aussi pour que je continue. Pas dans six mois, dis-le-moi tout de suite pour que je ne perde pas de temps !

Je leur raconte ma parabole préférée, celle que m'a enseignée la vie : la prière du fumier.
Pour faire pousser de belles fleurs dans un jardin, il faut du fumier. C'est notre passé. Dieu s'en sert pour nous faire grandir.
Quand le crottin sort du cul du cheval, il est trop chaud, trop acide, trop lourd. Il pue, il dégoûte. Si tu le répands aussitôt sur les fleurs et sur les semences, il les brûle et les écrase.
Le fumier, il faut le laisser reposer, sécher, se décomposer lentement. Avec le temps, il devient malléable, inodore, léger, fécond.
Alors il donne les plus belles fleurs et les plus belles pousses.
Dieu se sert de notre passé comme du fumier pour nos vies. Pour nous faire grandir.
Mais si tu gardes la tête dans ton passé tout chaud, il t'étouffe. Il faut le laisser reposer.
En nous se décompose insensiblement ce qui est mal sous l'action du temps et de la grâce. Il nous faut aimer ce dont nous avions honte et qui nous paraissait ignoble. Ce fumier deviendra source de fécondité.
Notre passé, notre souffrance, nos galères, nos cris, c'est le chant en langue des pauvres.
On ne peut être aujourd'hui sans avoir été hier.
Qui que tu sois, quelles que soient tes blessures et ton passé douloureux, n'oublie jamais, dans ta mémoire meurtrie, que t'attend une éternité d'amour.
Pour pardonner, il faut se souvenir. Non pas enfouir la blessure, l'enterrer, mais au contraire la mettre au jour, dans la lumière. Une blessure cachée s'infecte et distille son poison. Il faut qu'elle soit regardée, écoutée, pour devenir source de vie.
Ne plus écouter les conneries des semeurs de désespoir.
Le monde des adultes m'apparaît comme un plancher sur lequel on croit pouvoir marcher, qui se révèle pourri, rongé par les termites du mensonge et du vice.
Aimer, c'est croire que chaque personne blessé dans sa mémoire, dans son coeur ou dans son corps, peut changer sa blessure en source de vie. Aimer, c'est espérer pour l'autre et lui inoculer le virus de l'espérance.
Je témoigne que le pardon est l'acte le plus difficile à poser. Le plus digne de l'homme. Mon plus beau combat.