Jan, le narrateur, a dix ans, il habite un appartement à Barcelone, avec ses parents. Un jour, ces derniers lui apprennent que les grands parents maternels vont venir vivre avec eux. "Ai-je le droit d'être content ?" demande Jan qui pressent derrière le regard soucieux des adultes des raisons et des difficultés qu'il ne sait nommer.
Son quotidien est bousculé, le grand-père est désormais celui qui vient le chercher à la sortie de la classe, porteur du goûter, et c'est sur le chemin du retour que tandis que l'enfant se nourrit du petit pain, l'homme âgé nourrit l'esprit du garçon et ouvre sa curiosité à ce qui l'entoure.
Les paroles du grand-père deviennent le terreau dans lequel se ramifient les pensées de l'enfant, construisant ses branches, et les feuilles de son esprit comme autant de souvenirs ou d'observations qui les rapprochent l'un de l'autre.
Il lui apprend à observer les arbres auxquels il voue une admiration sans limites : c'est l'observation des platanes en rentrant de la classe, des racines jusqu'à la cime en détaillant le tronc, ses meurtrissures, les branches, le tremblement des feuilles qui bruissent continuellement. C'est l'évocation de l'amandier, l'arbre sous lequel il fait bon s'endormir et c'est surtout le saule, le "gardien des arbres" dans l'esprit du vieil homme, celui qui les surpasse dans son coeur, celui vers lequel il revient toujours en pensées mais dont il dit peu de choses malgré les incessantes questions de son petit-fils.
On se doute très vite de la raison qui a regroupé les générations sous le même toit et de l'évolution du récit. Mais c'est toute la poésie des échanges entre le grand-père et l'enfant qui construit véritablement le roman. Les chapitres sont brefs, les dialogues fréquents et encore davantage les réflexions que se tient l'enfant face à ce monde d'adultes qui veulent encore le protéger en se taisant. C'est la relation entre l'homme âgé et celui qui débute sa vie qui habite les phrases, la transmission d'une forme de sagesse qui enjambe une génération, celle des parents anéantis par la réalité inéluctable, pour préparer celui qui découvre les difficultés de la vie et lui faire prendre conscience, en toute chose, en toute circonstance, qu'il faut savoir accepter et apprécier au plus haut point de partager ses idées et ses pensées quand on a la possibilité de le faire, qu'il faut apprendre à écouter l'autre.
Commenter  J’apprécie         417
Un grand coup de coeur…Un récit plein de sensibilité et de finesse pour parler d'un sujet délicat et dramatique : un grand-père atteint progressivement de la maladie d'Alzheimer….
L'auteure a choisi d'aborder la narration de ce bouleversement familial à travers la parole d'un petit garçon de onze ans, Jan…. Unique petit-fils, Jan, est très attaché à son papi, Joan.
Jan passe ses vacances chez ses grands-parents dans leur maison à la campagne, à proximité de Barcelone. Jan adore ses temps de liberté avec sa mamie et Joan, son papi… et puis , un jour, ils viennent s'installer chez les parents, à Barcelone ; Jan sent confusément qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, et que ses parents sont souvent « gris, les yeux de verre », en bref, ils sont préoccupés !
Ils finiront par lui expliquer… En dépit du chagrin de Jan , il se montrera très attentionné et inquiet pour ce papi qu'il adore…Ce « cataclysme familial » le fera grandir et mûrir, d'un coup brutal !
Restent les instants uniques de complicité, d'affection mutuelle , de bonheur entre le vieil homme et son petit Jan !... et toute la beauté de la TRANSMISSION, ainsi que cet amour transgénérationnel…qui illumine chaque journée de gagnée sur la maladie !
« Papi raconte que s'asseoir sur une souche, c'est comme entrer dans l'arbre et voir tout ce qu'il a vu, arrêter le temps pour regarder à l'intérieur de l'arbre, et en nous aussi. Cette souche-là n'était qu'un tabouret pour un enfant de onze ans. Tout ce que cet arbre avait vu se réduisait à cette petite place. Mais soixante ans plus tard, papi se rappelle ce moment comme si c'était hier. Et à présent je me le rappelle pour lui.
« Demain ils viennent l'arracher. »
Un livre qui va droit au coeur ; un dialogue très émouvant, plein de tendresse et de lumière entre un papi, Joan et son petit-fils de 11 ans, Jan…entre un Vieux Monsieur, ancien horloger qui mettait à l'heure tout son village…qui, vient désormais chercher son petit-fils à l'école avec son goûter, se met à oublier les choses…
Sur le temps de ce chemin de retour… les deux, l'un dans la phase déclinante de sa vie et Jan, le petit garçon en construction bavardent beaucoup; entre ces deux là…il s'en dit des choses… essentielles, dont cet amour des arbres, et l'apprentissage en douceur d'un REGARD… attentif, bienveillant envers cette nature, et envers la vie , dans son ensemble !
Jan passe de la joie à la panique de perdre son papi…il profite un maximum des moments où il se retrouve seul avec lui…lorsque celui vient le chercher à l'école et lui apporter son goûter ! Les questions multiples et variées défilent … entre ces deux-là !
« Ces conversations
Si mes parents savaient tout ce que je demande à papi sur le chemin de la maison, je suis sûr qu'ils se fâcheraient. Mais je ne comprends pas comment elle marche, sa maladie, comment on perd la mémoire, comment la tête peut se vider de tous les souvenirs et oublier tout ce qu'on a vécu. J'ai besoin de réponses. (...)
J'ai l'impression que papi a autant besoin de mes questions que moi. ça le rassure de voir qu'il arrive à y répondre.
"J'aime bien rentrer de l'école avec toi, papi.
-Moi aussi, Jan.
-Et j'aime bien te poser des questions. Que tu me laisses te les poser.” (p. 137)
Le double plaisir ajouté : la découverte de cette auteure espagnole !
Je fais, au passage, un clien d'oeil, et un MERCI sonore, à l'amie babéliote, isanne, qui par sa chronique très fine et sensible, m'a fait retenir ce texte, que j'ai emprunté aussitôt à la Bibliothèque Buffon [Je prends plaisir à préciser le lieu de mon emprunt, car cette bibliothèque où je travaille souvent, a la précieuse qualité, d'être voisine d'un lieu que j'affectionne, rempli d'arbres fort anciens… je souhaitais nommer ce très beau Jardin des Plantes, ancien jardin du Roi ! ] Récit où ce grand-père parle si bien de son amour pour les arbres prend tout son sens d'avoir été déniché dans ce lieu… habité, à deux pas, par un vaste paradis de nature tel ce Jardin des Plantes, unique, offrant une respiration et une pause oxygènante si précieuses, pour nous citadins, stressés et stressants, toutes générations confondues !!...
Commenter  J’apprécie         382
Un roman court qu'on aurait aimé plus long mais dont la justesse aurait peut-être pâti.
Des chapitres tout aussi brefs font entendre la voix d'un enfant de onze ans dans toute sa naïveté, sa poésie, ses peurs et ses refus face à la réalité.
Jan est proche de Joan, il ne lui manque que le "o" qu'il gagnera. Car cette histoire traverse les générations pour arriver jusqu'à lui. le grand-père passera à l'enfant son amour des arbres, et leur silence se fera complicité. Jusqu'à ce que la mémoire de l'arbre vacille, comme Joan et son saule, et que c'en soit fini d'eux.
Le grand-père encore lucide, délivrera son message à un petit-fils dont la clairvoyance l'accompagnera tendrement.
Ce titre appartient à ma liste « Titres d’ordre végétal » (à consulter ici). Et si vous aimez ce thème, venez feuilleter ma page sur mon travail en cours : http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/03/23/projets-ecrits-en-cours/.
Commenter  J’apprécie         72
Voici l'édition en français du livre "La mémòria de l'arbre" que je lis en ce moment en catalan. C'est une très belle découverte que ce petit livre dans lequel Tina Valles avance à hauteur d'enfant. Un enfant qui vit entouré d'adultes aimants, qui tentent de le protéger du malheur qui s'insinue dans la famille. Mais, comme tous les enfants, Joan ressent le malaise, et se garde bien d'en parler, car il comprend aussi que ses parents ne veulent pas entrer dans ce genre de conversation. C'est lui qui raconte, au jour le jour, ce qu'il entend, ce qu'il pressent, ainsi que la tendresse réciproque qui le relie à son grand-père. Une histoire émouvante qui sonne juste.
Commenter  J’apprécie         50
Voir ma critique de ce livre dans sa traduction en français, sur ce site : "La mémoire de l'arbre", de Tina Valles.
Commenter  J’apprécie         20
- LA MÉMOIRE DE L'ARBRE-
Un livre qui m'a vraiment marquée par sa simplicités et le message qui l'a voulu faire passée. Un livre assez touchant entre une famille qui est touchée par la maladie,
Nous suivons le point de vue d'un enfant ( donc une personne assez innocente pour penser comme nous vis à vis de la maladie).
Les chapitres sont assez cours et chaque chapitre raconte un élément de l'histoire, souvent ce sont des habitudes ou des moment assez simple comme rentrée de l'école et que le Papi Joan à oublier le sandwich de son petit fils.
Mais le livre à une certaine douceurs de mélanger cette tragédie avec les arbres surtout avec le Saule Pleureur qui est un arbre que nous pouvons associé la famille mais aussi l'histoire ou encore la mémoire et j'ai beaucoup aimée la métaphore du Saule Pleureur dans l'histoire, celui qui a était coupée dans la petite cours à Vilaverd...
Je le conseille de le lire, si le livre sur la thématique de la maladie vous intéresse.
Carlaines
Commenter  J’apprécie         10
La mémoire de l'arbre est un roman qui ressemble presque à un conte. Le thème en est la perte progressive de la mémoire chez la personne âgée, vue par un enfant.
Philippe Rey laisse le soin à Jan, un garçon exemplaire de 10 ans, de nous raconter l'histoire de son grand-père, pour qui il a beaucoup d'affection.
C'est un livre qui se lit facilement, la famille est agréable, unie, mais l'histoire est sans surprise.
J'aurais souhaité élargir mes connaissances, que ce soit sur le thème de cette malheureuse maladie -qui n'est pas nommée- ou sur l'Espagne, ou sur autre chose. Je me sens un peu vide après cette lecture sympathique.
Commenter  J’apprécie         10
Une jolie complicité entre le grand-père, qui perd peu à peu la mémoire, et son petit-fils, qui essaie de comprendre ce qui se passe. Un récit simple remplit de tendresse.
Commenter  J’apprécie         10