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Citations de Tom Connan (31)


La France était devenue un pays sinistre, où les boutiques de luxe et la haute gastronomie servaient de cache-misère à une économie en déclin, pendant que les classes moyennes fusionnaient avec les catégories populaires pour former une masse protubérante.
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On vivait à une période où Justin Bieber gagnait 60 millions d'euros par an, mais où les rames de la ligne 13 du métro n'avaient pas été changées depuis les années 70.
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Dans les relations, plus rien n'était garanti au-delà de quelques semaines : ni le désir, ni l'attirance, ni évidemment la fidélité. Les gens étaient devenus des espèces de bêtes intransigeantes, incapables de se projeter, et intolérantes
à toute déception.
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La plupart de mes condisciples et des maîtres de conférences qui nous faisaient cours – des sortes de chargés de TD à peine améliorés –préféraient théoriser jusqu'à en vomir sur la démocratie « représentative », qui avait l'immense avantage de confier les rênes du pouvoir aux sachants, c'est‑à-dire à eux. Ces gens avaient l'intime conviction, jamais assumée clairement, qu'ils étaient le plus à même de savoir ce que le peuple voulait, ils étaient persuadés que la masse des citoyens était constituée de débiles ignorants, xénophobes et fascistes. Alors ils ne pouvaient pas supporter ces Gilets jaunes, ils les détestaient, ils les dépréciaient, autant qu'il était humainement possible de le faire.
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On ne comptait plus les féministes « radicales » et autres militants droits-de-l’hommistes de l’extrême qui relayaient comme des abrutis les tweets de ceux qui ne devaient espérer que leur mort. Leur esprit avait été tellement pollué par une propagande brutale et simplificatrice sur le vivre-ensemble qu’ils ne voyaient même plus le problème.
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Ma génération ne savait plus aimer. Nés après la chute du mur de Berlin et ayant grandi avec Facebook, YouTube et Snapchat, nous n'avions connu qu'un monde où les relations sentimentales constituaient une sous-catégorie du marché global, régi par la compétition, la loi de l'offre et de la demande, et le prix d'équilibre - qui correspondait à notre valeur d'échange. La brutalité des rapports amoureux, de l'étape de la séduction jusqu'à la rupture, nous paraissait banale, comme les fluctuations du prix de l'essence ou les délocalisations d'usines en Bulgarie. La chose était intégrée à nos esprits, et nous pratiquions quotidiennement une comparaison de la valeur résiduelle de la "relation" dans laquelle nous étions avec ce que nous pouvions éventuellement avoir de mieux sur le marché - un mec avec une meilleure gueule, une fille avec de plus gros nichons, ou simplement moins chiante, une personne avec un plus fort pouvoir d'achat, susceptible de nous payer plus de gins to' le samedi soir, bref, quelqu'un de plus rentable. Pour cette raison, il était usuel, pour ne pas dire systématique, de continuer à utiliser les nombreuses applications de rencontres pendant le déroulement de la relation, quand bien même celle-ci nous satisfait. À la manière d'un trader qui préfère avoir 25% de rentabilité plutôt que "seulement" 20%, nous restions sans cesse aux aguets, soucieux de ne pas gâcher une seconde de notre temps avec une personne inférieure à ce que nous pourrions obtenir. Nous étions tous de fins économistes, à l'heure du big data et de la blockchain.
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"Regarde même le Branco, ce type est pas net avec son brûlot weird et son obsession pour Gabriel Attal, on nage en plein délire ! » Je n’étais effectivement pas fan du personnage de Juan Branco, dont le verbe, maîtrisé, avait des accents sensationnalistes et, chose ô combien insupportable, grandiloquents. Je n’accordais pas beaucoup de crédit aux écrivains engagés, fussent-ils jeunes et sincères dans leur démarche. Je respectais surtout ceux qui se coltinaient les basses œuvres, dangereuses et peu valorisantes : les hommes d’action. Branco n’était pas l’un d’eux. C’était un intellectuel indigné, comme moi, mais lui avait quelque chose que je n’avais pas : l’argent.
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J’exécrais autant les […] gauchistes, qui par lâcheté faisaient mine de ne pas comprendre ce qu’il se passait dans le pays, en allant parfois défiler, au nom de l’antiracisme, avec les pires adversaires de la démocratie : des barbus misogynes, homophobes et antisémites qui prêchaient le retour à un mode de vie moyenâgeux, où l’on coupait des mains et des têtes pour punir un comportement insuffisamment pieux.
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Mieux valait être un raté, chez les dissidents [de l’ultra-droite], pour ne pas susciter la suspicion.
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Je fuyais tout : l'entreprise, les salariés, les patrons, le chômage, les loyers hors de prix, les crédits hors de prix, les taxes hors de prix; je fuyais les administrations, les politiciens et les médias, autant que les injonctions et les réprimandes ; je fuyais la malhonnêteté, la mauvaise foi, le mal-être ; je fuyais les hommes, les femmes, et tout ce qui se situait entre les deux; je fuyais mon passé, mon présent, et mon avenir ; je fuyais les miens, les autres, les étrangers et les inconnus ; je fuyais mes droits, mes libertés, mes devoirs et mes obligations ; je fuyais la France, l'Europe, l'Occident en général ; je fuyais les bons, les mauvais, les tristes et les joyeux ; je fuyais les gens qui hurlaient autant que les gens calmes ; je fuyais la lâcheté le courage, la médiocrité et le génie ; je fuyais la délicatesse, la violence, la douceur et le meurtre ; je fuyais la gauche, la droite, le centre et les extrêmes ; je fuyais l'Etat, le non-Etat, les hauts fonctionnaires et les grands actionnaires; je fuyais les virus, les épidémies, les pandémies et les mutations ; il me restait encore un peu d'amour, mais en dehors de ça, le fracas ne se faisait même plus entendre.
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J'avais envie d'air pur. Habiter en ville n'était pas un plaisir pour moi et le traumatisme du Covid eut pour effet d'enfoncer le clou. Je ne voyais plus rien de bon dans les rues de Paris et de toutes ces grandes métropoles qui, après avoir perdu leurs emplois et leur dynamisme, étaient en train d'euthanasier la douceur de vivre.
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Personne va venir t’assassiner, hein, et puis il faut avoir un peu d’honneur, merde, je ne sais pas, tu détestes quand même pas ton pays au point de fermer ta gueule, alors qu’il devient un trou remplis de vomi ! On t’a déjà mis la tête dans les chiottes ? Non ? Moi oui, des chiottes publics, dans lesquels des gens avaient chié juste avant, et qui à ton avis ? Hein ? Qui ? Regarde-moi au lieu de faire le fier ! Pas Madame Michu ! Non non non ! Pas Monsieur Dupont, libraire à la retraite à Menton, ni Mademoiselle Laporte, étudiante en bio à Nantes ! Des bougnoules ! Voilà ! C’était des putains de crouilles qui m’ont fait ça !
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La sodomie demeure un exercice périlleux.
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C'était l'instrument d'asservissement le plus sournois du monde. Pire que la propagande d'une secte, plus pernicieux qu'un discours d'extrême droite, plus sadique qu'une morale religieuse.
La puissance de l'écran était si forte d'un point de vue émotionnel qu'on était capable de tout lâcher pour y aller : une discussion intéressante avec quelqu'un, un rendez-vous important, une soirée, même un film génial qu'on était en train de regarder. Le téléphone avait toujours la priorité ; il était devenu notre ami, notre mère et notre père, et nous disait quoi faire, quoi penser, quoi écouter, quoi dire, quoi manger, quoi acheter, quoi décider, quoi voir, quoi apprendre et quoi entreprendre ; il avait fait de nous des hystériques enchaînés. Nous étions ses sujets. Et aucune révolution n'était prévue pour arrêter l'oppression. Puis la servitude se situait à l'intérieur de nous.
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Nous étions avant tout des gens autodéterminés, sans nation,
sans ancrage, sans racines et sans religion, des atomes indécis qui
adoptaient leurs propres moeurs, leurs propres référentiels, sans
intervention extérieure ; nous étions seuls, ô combien seuls, et
confrontés à l’étroitesse de notre existence. On ne nous avait pas
laissé le choix ; les anciens avaient tout abandonné, tout lâché, tout
laissé tomber ; ils avaient vendu, dilapidé, bazardé l’essentiel pour
nous laisser un champ de ruines, qui ne nous permettait même plus
de bouffer. On allait quand même pas continuer à leur faire
confiance !
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Tom Connan
Les élites tremblaient. Quant au peuple, il n'était pas nauséabond, il était à bout.
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En me tirant en Normandie, je me plaisais à l’idée de faire partie
de la deuxième catégorie, qui s’enorgueillissait au passage d’une
certaine hauteur d’esprit, sauf qu’en pratique, j’étais toujours sur
mon téléphone, quel que soit le lieu et à toute heure de la journée.
Et comme pour une part croissante de l’humanité, ma plus grande
angoisse dans la vie, c’était de ne pas capter la wifi.
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Je n’y connaissais
rien, à tout ça, comme d’ailleurs la plupart des journalistes qui
animaient ces débats-fleuves dans une sorte de cacophonie
informative. Ils n’avaient pourtant rien à se reprocher, ils essayaient
tant bien que mal d’éclairer les spectateurs en faisant s’exprimer des
opinions très diverses, mais justement : étant donné la multiplicité
inouïe des sources d’information, on était surtout embrumés. Et
colossalement abrutis.
Sur Twitter, on lisait des choses, sur Facebook aussi ; sur
YouTube, on regardait des vidéos, comme d’ailleurs sur TikTok ; on
entendait des pro-tout, des anti-tout, des soldats du système, des
conspirationnistes timbrés, des gens au milieu qui n’avaient rien de
particulier à dire, des militants, des non-militants, des experts, des
non-experts, des écrivains, des essayistes, des mecs, des nanas,
des types de gauche, des bonshommes de droite, du faux, du vrai,
du rien ; de l’info neutre, de l’info bidon, des personnes
indépendantes, des personnes corrompues jusqu’à l’os, des médias
honnêtes, des médias malhonnêtes, de la propagande, de l’antipropagande,
du sens et du non-sens.
Et là-dedans, on était censé choisir un camp. J’aurais encore
préféré le silence.
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Le pays qu’on appelait France me sortait par les trous de nez
depuis déjà un certain temps pour d’innombrables raisons : son
chômage immortel, sa mentalité collective qui avait stationné dans
les années 60, sa politique paternaliste, son soi-disant modèle social
qui n’était plus envié par personne.
Je cherchais à rompre avec mon mode d’existence, mais j’avais la
désagréable impression que les problèmes me suivaient, même en
dehors de la capitale, comme un flic ou un huissier de justice qui se
serait mis à mes trousses. Je n’avais pourtant rien à cacher, ni à me
reprocher. Cela ne m’empêchait pas de sentir le parfum morose
d’une nation qui n’avait plus rien à offrir, et à m’offrir, en dehors du
contrôle, des prélèvements tous azimuts et des agressions diverses,
y compris les plus légales : les violences policières.
La France était peut-être ce qu’il fallait quitter, et vite.
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Tom Connan
Sur les réseaux sociaux, dont j'étais un adepte obsessionnel, le monde décrit par Houellebecq dans Extension avait étendue son empire: on pouvait prendre et jeter dix à vingt personnes par jour, en rencontrer la moitié, coucher avec une partie tout en se faisant larguer par plusieurs matchs en même temps.
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