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Citations de Tom Shippey (16)


Si Saruman suggère un futur désastreux, rendu familier par l'expérience du XXe siècle, l'Utopie technologique transformée en dictature sordide, Denethor représente la peur principale de la deuxième moitié du XXe siècle, les dirigeants suicidaires qui ont renoncé aux armes classiques. On voit à quel point il est heureux que Denethor n'ait pas mis la main sur l'Anneau.
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Les mythes sont ce qui est toujours disponible à chacun pour qu'il le fasse sien, pour l'appliquer à ses propres circonstances, sans jamais en avoir le contrôle ou la possession exclusive permanente.
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L'absence de perspicacité dont font preuve Philip Toynbee et Alfred Duggan est finalement intéressante à plus d'un titre, car ils étaient tous deux membre de la coterie littéraire qui a régné pendant un temps sur la littérature anglaise et en a défini les règles. Entre les deux guerres et après la seconde guerre mondiale sévissaient les "Sonnenkinder", ainsi que les a appelés le critique Martin Green dans on livre de 1977 "The Children of the Sun". Ils étaient tous modernistes passionnés, de la classe supérieure, souvent anciens étudiants à Eton, souvent ouvertement communistes, souvent (comme Duggan) extrêmement riches, bien installés en tant qu'éditeurs et critiques dans les colonnes littéraires, même s'ils semblaient tous atteint d'une incapacité à écrire - Cyril Connolly, le mentor de Toynbee, a produit en tout et pour tout une seule oeuvre classique, Enemies of Promise, qui n'est rien d'autre qu'une longue excuse de l'échec.
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La pensée qu'expriment de façon très différente Orwell, Golding, White (et plusieurs autres auteurs de Fantasy et fables de l'après-guerre) est qu'on ne peut jamais faire confiance à une personne, en particulier si elle a exprimé un désir d'améliorer l'humanité. La grande désillusion du XXe siècle concerne les bonnes intentions politiques, qui n'ont mené qu'aux goulags et aux charniers.
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Si l'on se tourne maintenant du sublime naissant (ndr : le seigneur des anneaux) aux prémices du ridicule, il y a, comme je l'ai suggéré auparavant, une lutte acharnée chez les critiques littéraires pour décrocher l'honneur d'avoir exprimé le commentaire le moins perspicace sur Tolkien. Un des compétiteurs les plus féroces doit être le professeur Mark Roberts, de l'université de Keele [...].
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Les expériences de vie de nombreux hommes et femmes au XXe siècle les ont laissés avec la conviction inébranlable qu'il y a un problème, une chose irrémédiablement mauvaise dans la nature même de l'humanité, mais sans aucune explication satisfaisante pour son existence.
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Tolkien pouvait amener un style moderne en Terre du Milieu : Smaug l'utilise par exemple, ainsi que Saruman. Mais il connaissait les implications du style, et du langage, mieux et de façon plus professionnelle que pratiquement n'importe qui au monde. La flexibilité de ses nombreux styles et langages ; leur résonance aux plus hauts niveaux ; la capacité de tendre vers la signification mythique et universelle, tout en restant ancré dans l'histoire : ce sont trois raisons puissantes et largement inconnues de l'attrait continu du Seigneur des Anneaux.
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De nombreux critiques littéraires sont tout à fait prêts à exprimer leur colère, à traiter Tolkien d'enfantin et ses lecteurs d'attardés ; ils sont bien moins prompts à expliquer ou défendre leur jugement. Il semble évident que ceux qui savent penser comme il faut (les lettrés de Susan Jeffrey) comprendront sans qu'on ait besoin de leur expliquer, et que les autres ne méritent pas qu'on débatte : on a là une tactique classique de tentative de marginalisation. Les caractéristiques récurrentes de ces critiques sont les prédictions péremptoires (stupides, car facilement démontées par les événements postérieurs) et l'autocontradiction qui n'a besoin de personne pour être mise en lumière.
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Le succès continu de l'oeuvre fantastique de Tolkien, pour inattendu et imprévisible qu'il ait été, ne peut être vu comme un simple dysfonctionnement du goût populaire, bon à être balayé ou ignoré par ceux suffisamment éduqués pour avoir un goût plus sûr. Il mérite à la fois d'être expliqué et défendu, et c'est ce que ce livre tente de faire. Pour cela, j'avance l'argument que ce succès continu ne vient pas seulement du charme ou de l'étrangeté des oeuvres [...] mais d'une réaction profonde et sérieuse à ce qui sera finalement les questions principales de ce siècle : l'origine et la nature du mal (une question éternelle mais qui prit une toute nouvelle ampleur à l'époque où Tolkien vivait).
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(ndr : sur "Le Hobbit") Il y a deux autres qualités évidentes dans la tableau que dresse Tolkien de la Terre du Milieu, ce sont les suivantes : la profondeur émotionnelle et la richesse de l'invention.
La première est inhabituelle, bien que pas inédite, dans un livre pour enfants. Peu d'auteurs pour enfants oseraient aujourd'hui inclure la mort de Thorin, ou écrire une quête qui s'achève sur une victoire aussi partielle. [...]
Ils ne s'aventureraient pas non plus vers des concepts comme "la maladie du dragon", qui frappe à la fois Thorin et le bourgmestre de Bourg-du-lac. [...]
Quant à la férocité sans pitié de Beorn, la confrontation implacable entre deux-parties-qui-ont-raison entre Thorin et le Roi des Elfes, la sombre discipline de Bard, même le caractère difficile propre à Gandalf, tout cela est très loin des standards habituels de vertu telle qu'on la considère adaptée aux enfants - c'est sans aucun doute une des raisons pour lesquelles ce livre demeure tellement populaire.
Concernant la richesse de l'invention, peut-être que tout ce qu'il y a besoin de dire est que dans "Le Hobbit", la Terre du Milieu donne une forte impression qu'il y en a plus à dire que ce qui a été dit. [...] Quand Smaug est tué, la nouvelle se propage dans Grand'Peur : "des sifflements, des cris et des piaillements survolaient l'orée de la Forêt... Les feuilles bruissaient et des oreilles stupéfaites se tendaient."
Nous n'apprenons jamais à qui appartiennent ces oreilles, mais l'impression qu'on en retire, c'est que la Terre du milieu renferme de nombreuses vies et de nombreuses histoires au-delà de celles qui viennent d'être brièvement mises en avant. La technique est ancienne et Tolkien l'a apprise comme tant d'autres choses de ses sources médiévales, "Beowulf" et le poème "Sire Gauvain", mais elle fonctionne toujours.
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Il est possible de voir Tolkien comme faisant partie des "auteurs traumatisés", tous très influents [...], tous écrivant de la fantasy ou des fables. Le groupe comprend, outre les noms mentionnés page 9 (Tolkien, Orwell, Golding, Vonnegut), d'autres noms tels que ceux de C.S. Lewis, ami de Tolkien, T.H. White et Joseph Heller. Leurs expériences personnelles incluent d'avoir été blessé par balle (Orwell et Lewis ont frôlé la mort sur le champ de bataille) ou survécu à un bombardement (Vonnegut était à Dresde la nuit où la ville fut détruite). Ursula Le Guin, bien qu'elle n'ait pas d'expérience directe de violence similaire, est la fille de Theodora Kroeber, qui a écrit trois récits différents sur "Ishi", le dernier survivant de l'élimination totales des indiens Yahi de Californie. La plupart de ces auteurs ont donc une une expérience directe ou proche de certaines des pires horreurs de XXe siècle, des horreurs qui n'ont pas existé, ou ne pouvaient pas exister avant ce siècle : la Somme, Guernica, Belsen, Dresde, la guerre industrielle, le génocide.
Ces expériences très différentes mais liées ont laissé chez tous, pourrait-on dire, une sorte de problème sous-jacent. Ils étaient tous convaincus au plus profond d'eux-mêmes d'avoir fait face à une chose intrinsèquement et irrémédiablement mauvaise.
Ils pensaient également que les explications fournies par les organes culturels officiels étaient inadéquates, dépassées, au mieux sans pertinence, au pire faisant partie intégrante du mal lui-même.
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Trop de critiques ont défini la "qualité" de telle façon à exclure tout ce qui ne rentre pas dans ce qu'on leur a appris à aimer. Pour utiliser le jargon moderne, je dirais qu'ils privilégient leurs propres idées et préjugés, qui sont souvent des préjugés de classe, à l'encontre des choix de lectures de leurs contemporains, souvent sans y penser à deux fois.
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Si l'or, la cupidité et la maîtrise sont "le désir ancré dans le cœur des nains", alors les mots, les liens et les inférences sont le désir des philologues.
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Tolkien a également été condamné pour son style archaïque (bien sûr délibéré dans les scènes du niveau de l'imitation élevée ou du "romance").
Il y a cependant une sorte de présomption chez les critiques littéraires, souvent complètement ignorants de l'histoire de leur propre langue, qui disent à Tolkien quoi penser de l'anglais. Tolkien aurait pu, à n'importe quel moment et sans même essayer, réécrire n'importe lequel de ses supposés passages archaïques soit dans un langage réellement archaïque, soit en moyen anglais ou en vieil anglais, ou dans un argot contemporain normal et populaire.
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Dans Le Seigneur des Anneaux, le cor de Rohan symbolise le rejet du désespoir qui est l'arme principale de Sauron, et qui louvoie constamment à la lisière de l'histoire, dans le tertre, dans le Marais des Morts, dans la Forêt de Fangorn, dans le Mordor, et même dans le Comté. Hors du Seigneur des Anneaux, il symbolise peut-être Le Seigneur des Anneaux. Si Tolkien devait choisir un symbole pour son histoire et son message, je pense que ce serait le cor d'Eor. Il aurait aimé le sonner dans son propre pays, et disperser le nuage de désillusion de l'après-guerre et de l'après-foi, la dépression, l'acceptation qui suit de façon si étrange (il l'a vue deux fois dans sa vie) la victoire. Et peut-être l'a-t-il fait.
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La pensée qu'expriment de façon très différente Orwell, Golding, White (et plusieurs autres auteurs de Fantasy et de fables de l'après-guerre) est qu'on ne peut jamais faire confiance à une personne, en particulier si elle a exprimé un désir d'améliorer l'humanité. La grande désillusion du XXe siècle concerne les bonnes intentions politiques, qui n'ont mené qu'aux goulags et aux charniers. C'est pour cela que ce que dit Gandalf a sonné vrai aux oreilles de tous ceux qui l'ont lu – bien que ce soit, je le répète, un anachronisme supplémentaire en Terre du Milieu, et le plus grand de tous, une conviction entièrement moderne.
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