Carte blanche aux éditions Vendémiaire
Avec Anne BESSON, William BLANC, Vincent FERRÉ, Véronique SALES
Frontière infranchissable, abysse abritant des krakens, la mer sombre et menaçante du Moyen Âge des oeuvres de fiction n'est pas l'espace ouvert de la méditerranée antique ou des grandes expéditions de la Renaissance.
Elle est pourtant le théâtre des voyages de Sindbad le Marin, des aventures de Lief Erikson au-delà du Groenland reprises dans la série "Vikings : Valhalla", ou des amours tragiques de "La Petite Sirène", inspirée de Mélusine.
On la retrouve également, de façon détournée, dans les univers fortement médiévalisés de la fantasy, comme celui de "Game of Thrones", sous la forme de peuples évoquant les pirates du XVIIIe siècle.
Une plongée dans les flots tumultueux de la mer du Moyen Âge réinventé.
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"S'évader", ou "s'immerger", "se perdre dans un livre" : autant de manières de désigner le plaisir le mieux partagé, et un des plus recherchés, des lecteurs de fictions.... Les consommateurs sont invités à "suspendre leur incrédulité" (la "willing suspension of disbelief" théorisée par Coleridge dès 1817 et citée par Tolkien dans "Du conte de fées") ... Ce mode opératoire nécessaire au fonctionnement de toute fiction est pourtant l'objet, tout particulièrement sous ses formes "populaires" qu'en seraient l'escapism ou l'évasion, de reproches anciens et récurrents : depuis Platon chassant de sa république idéale les faiseurs de fiction, coupables de détourner l'homme de la contemplation des essences au profit de pernicieux simulacres, jusqu'aux variantes sur les "opiums du peuple" qui reprennent l'idée de tâches plus hautes (en l'occurrence, l'action politique) qu'il faudrait préserver des "diversions" orchestrées par les pouvoirs dominants, que constituent les fictions de grande consommation ou encore tout le domaine de la "paralittérature". Or, il se trouve que son recours au merveilleux menaçait Tolkien de ce type de critiques ...
p. 199, entrée "évasion", Anne Besson.

Ce mode opératoire nécessaire au fonctionnement de toute fiction est pourtant l'objet, tout particulièrement sous les formes "populaires" qu'en seraient l'escapism ou l'évasion, de reproches anciens et récurrents : depuis Platon chassant de sa République idéale les faiseurs de fiction ... jusqu'aux variantes sur les "opiums du peuple" qui reprennent l'idée de tâches plus hautes (en l'occurrence, l'action politique) qu'il faudrait préserver des diversions, orchestrées par les pouvoirs dominants, que constituent les fictions de grande consommation ou encore tout le domaine de la "para-littérature". Or, il se trouve que son recours au merveilleux menaçait Tolkien de ce type de critiques, qui sont toujours aujourd'hui formulées à l'égard du genre auquel on rattache son oeuvre, la Fantasy, et notamment les jeux vidéo qui sont un de ses grands modes d'expression ... Tolkien a exprimé une position forte et originale sur cette question dans son essai "Du conte de fées" (On fairy Stories, 1939), dont un chapitre s'intitule "Recouvrement, évasion, consolation". ... Il part du sens péjoratif traditionnellement accolé à l'idée d'évasion : pourquoi méprise un prisonnier qui cherche à s'évader, même par la seule imagination ? Dans un contexte historique lourd, de telles critiques "confondent, pas toujours par une erreur sincère, l'Evasion du prisonnier avec la Fuite du Déserteur" (p. 124), comme s'il fallait préférer la soumission à la résistance ... "Pour pareille façon de penser, il suffit de dire 'le pays que vous aimiez est condamné' pour excuser toute trahison, voire la glorifier. (p. 125).
Archaïsme et merveilleux participent de cette évasion telle que l'entend Tolkien, c'est-à-dire comme une "résistance" légitime au monde dans la "laideur" et sa "nocivité" modernes (p. 130). .. Il s'agit moins de quitter un espace, le monde réel, qu'une époque honnie, "notre temps présent et (...) la misère qu'il engendre lui-même" (p. 130).
La taille de son roman est manifestement une donnée formelle essentielle, à laquelle Tolkien a longuement réfléchi ; en témoigne le paradoxe que l'on retrouve fréquemment sous sa plume, lorsqu'il présente (à un interlocuteur ou au public) cette longueur comme relative : «C'est sans doute un gros livre, mais il ne sera manifestement pas trop long à lire pour ceux qui en auront l'appétit» écrit-il à Stanley Unwin, qui pourrait éditer l'œuvre. Et l'on se rappelle la formule de l'Avant-propos, moins anodine et plaisante qu'il n'y paraît, qui ne reconnait qu'un seul défaut au Seigneur des Anneaux : «Ce livre est trop court.»
On pourrait bien sûr inviter à lire Tolkien pour que chacun juge par soi-même de cette œuvre qui demeure la référence en fantasy, annonçant G.R.R. Martin, J.K. Rowling, Robert Jordan, Raymond Feist et tant d'autres encore ! Mais on voudrait plutôt suggérer ici de se saisir du Seigneur des Anneaux et des autres volumes qui composent cette «forêt» de textes, au-delà des étiquettes, voire des clichés attachés à ces livres à succès et à un auteur finalement méconnu - méconnu aussi parce qu'il souhaitait le rester.
Sur un point, en revanche, ses cartes répondent à une fonction très ancienne : elles sont le support d'une mémoire historique et toponymique. Les cartes médiévales avaient un lien fort avec les encyclopédies, dont elles mettaient en espace une partie du contenu, et elles montraient des villes, et parfois des scènes, du passé biblique et de l'Antiquité, autant que du présent. D'autre part, elle servait à consigner une science géographique amassée sur une longue durée : elles copiaient des modèles antérieurs et, une fois dressées, recevaient des additions successives, à titre de mises à jour.
Le Comté, tel que le définit J.R.R. Tolkien, est un monde de gens aux joies simples, très attachés à la nature.
Les Hobbits adorent participer à des banquets, boire de la bière et fumer de l'herbe à pipe, autant de thématiques que l'on retrouve fréquemment dans la peinture flamande du XVIIe siècle.
...le Seigneur des anneaux est aussi un apprentissage de la tolérance.Legolas emmène Gimli découvrir la Lorien avant de former avec lui un duo solide , et si cette affection entre deux peuples rivaux surprend Sylvebarbe,lui-même est "devenu ami en peu de temps" avec ses exacts contraires ,les jeunes , hâtifs et insouciants Hobbits