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Critiques de Tristan L`Hermite (14)
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La Mariane

Il s'agit d'un drame historique se passant à Jérusalem, avec Hérode le Grand comme personnage principal. La pièce repose sur une véritable trame historique, Hérode a en effet épousé Mariane, une descendante de la lignée hasmonéenne dont il s'est approprié le trône à Jérusalem avec le soutien romain, et qu'il finira par faire assassiner.



Dans la pièce, il est amoureux fou de sa femme qui le déteste, comme assassin d'un certain nombre de membres de sa famille, et comme usurpateur, et non pas un véritable roi. Cette détestation et répugnance de la part de sa femme torture Hérode :



« Et l'autre me refuse un coeur que je demande :

Un coeur que je ne puis ranger sous mon pouvoir

En possédant le corps où je le sens mouvoir. »



Leurs rencontres tournent à la confrontation, et Mariane est détestée par le frère et surtout la sœur du roi, Salomé, qui fait produire un faux témoin accusant Mariane d'avoir voulu assassiner son mari. Hérode la condamne à mort, mais est prêt à la gracier. Toutefois, en l'interrogeant, il devient jaloux, et persuadé que sa femme aime un autre homme et l'a trompé. La condamnation à mort devient irrévocable. Mais une fois accomplie, Hérode sombre dans la folie.



Une pièce vraiment passionnante. L'obsession amoureuse de Hérode est très bien rendue, il s'agit d'une véritable pathologie, on a un peu la sensation que cette situation de détestation de la part de la femme aimée, de contrainte, de domination qui ne dit pas son nom, de la résistance et du refus de Mariane participent à l'attrait qu'elle exerce sur Hérode. Qu'il joue constamment avec les limites, en jouant à la faire mourir, et que lorsque l'exécution a eu lieu, qu'il ne l'a pas arrêtée à temps, il s'effondre. La manière dont il surinterprète le moindre mot, lui donne un aspect paranoïaque, sa façon de conclure à l'adultère est quasi délirante. Le personnage est vraiment très intéressant, dès le début et la scène du rêve prémonitoire, jusqu'à la scène de la folie finale, là aussi remarquable. Lorsqu'il demande à voir Mariane qui a été exécutée, qu'on lui redit sa mort, qu'il semble comprendre pour redemander peu de temps après qu'on la fasse venir.



Mariane, bien qu'elle se comporte en digne personnage de tragédie classique, qui en héritière de rois se sent avilie par le fait que son mari est un usurpateur, a aussi un caractère pathologique, elle joue quelque part le jeu d'Hérode. En refusant la moindre explication un peu convaincante, ou tout simplement ferme devant ses accusateurs, en étant finalement ambiguë dans sa façon de ne pas s'innocenter, en considérant la mort comme un bienfait, mais ne la regrettant quand même à cause de ses enfants.



Il y a quelque chose de trouble dans cette relation de couple, entre domination, jouissance dans la souffrance. Et une vraie présence des corps, que souvent la tragédie classique évacue. Andromaque veut se tuer après avoir épouser Pyrrhus. Mariane a survécu au mariage, a eu des enfants avec Hérode et la pièce irradie par moment une tension charnelle entre les personnages.



Les personnages des méchants, en particulier Salomé sont aussi forts, il s'agit de vraie acteurs agissants, pas de simples confidents.



Une pièce étonnante.
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Les tragédies

Je n'ai lu que La Mariane et Panthée. Cette dernière pièce m'a laissée froide. Corneille aurait-il raison en disant que l'amour seul ne peut "tenir" une tragédie ?



En revanche, j'ai apprécié La Mariane qui raconte comment Hérode fait mettre à mort sa femme Mariane alors qu'il l'aime.

La pièce respecte peu ou prou les nouvelles règles d'unité de lieu, de temps et d'action qui se mettent en place. Mais ce sont les émotions qui en sont le ressort dramatique.

Hérode est un tyran mélancolique (au sens fort où on l'entendait au XVIIe siècle) : il est capable de brillance (ses exploits guerriers en témoignent) mais il est surtout enclin à s'abandonner à ses passions : passion amoureuse pour Mariane, passion pour le pouvoir, crainte de le perdre, jalousie.

Pourtant, s'il est bien présenté comme un tyran, avec les caractéristiques habituelles, Tristan L'Hermite ne met pas vraiment en évidence le problème politique (que Mariane reprend cependant). Il met l'accent plus sur son aspect "mélancolique" et donne ainsi une plus grande importance à la violence du conflit entre son ambition politique et son amour.

En s'abandonnant tantôt à l'une ou l'autre de ses passions, Hérode est conduit à tuer celle qu'il aime et à en devenir fou. La pièce commence et finit avec Hérode seul rongé par des visions de fantômes qu'il a fait assassiner : son beau-frère, sa femme.

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La Mariane

Sur les conseils de 5Arabella, après la Mort de Sénèque, j'ai continué ma découverte de l'oeuvre de Tristan l'Hermite avec cette tragédie, où comme dans ma lecture précédente, Mariane est un personnage féminin très fort par son intransigeance.

Hérode, son mari, passionnément regrette "Que [je] sois si sensible, elle l'étant si peu ? / Que son coeur soit de glace, et le [sien] soit de feu ?". Il l'aime, il la désire physiquement, dans des passages assez sensuels ; il l'aime tellement qu'il devient littéralement fou en apprenant sa mort, qu'il refuse d'assimiler, alors qu'il l'a pourtant ordonnée. Cette scène a une grande force dramatique. Il peut passer pour un faible, prêt à toutes les humiliations, à accepter toutes les trahisons voire les formes de tortures psychologiques que lui inflige Mariane.

Elle, en effet, est bien la glace. Car elle ne cède pas à l'amour ni au désir, et semble n'éprouver que peu de sentiment hormis la vengeance. Même en voyant sa mère l'accuser, même en étant condamnée à tort, elle raisonne et fait des discours en politique plus qu'en femme ou en mère.

Face à ces deux personnages particulièrement complexes, les autres sont des courtisans plutôt interchangeables, ils servent à faire avancer l'intrigue sans véritablement marquer.

Si j'ai trouvé quelques passages un peu long, c'est une belle tragédie pleine de fureur qui mérite d'être redécouverte.
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La mort de Sénèque

Cette pièce, publiée en 1645, a été jouée pour la première fois en 1644. C’est la première pièce nouvelle créée par la troupe tout juste constituée de Molière, l’Illustre Théâtre. Il faut dire que Tristant l’Hermite, qui est déjà un auteur connu à l’époque, avait épousé une tante de Madeleine Béjart.



Inspirée de Tacite, Suétone et Plutarque, la pièce évoque la conspiration de Pison, qui projetait l’assassinat de Néron, en 65.



Néron vient de faire tuer sa femme et épouser Sabine (Popée). Cette dernière pousse Néron à faire périr Sénèque. Celui-ci est informé d’une conspiration contre Néron, qui le réjouit, mais à laquelle il ne veut pas participer. Les conjurés, amenés par Pison, essaient de mettre au point un plan d’action. Procule, amoureux repoussé d’Epicaris, dénonce la conspiration. Sévinius, l’un des conspirateurs, finit pas avouer la vérité et donner les noms de conspirateurs. Qui sont arrêtés et doivent mourir. Sénèque, bien que pas sur la liste, reçoit l’ordre de sa mort, qu’il partage avec sa femme.



Le Néron de Tristan L’Hermite est très cruel et fourbe, mais pas forcément fou. Il est au contraire très intelligent, jugeant les choses qui arrivent avec une vraie lucidité. Il ment, dissimule, prend plaisir à tendre des pièges, mais reste au final maître de lui-même tout le long de la pièce. C’est seulement dans la toute fin, qu’il semble perdre le contrôle de lui-même, alors que le complot est déjoué, et que le danger est passé. Est-ce le remord ? En entendant les dernières paroles de Sénèque ? Est-ce le mal qui habite l’empereur qui prend possession de lui et provoque le dérèglement qui ne peut plus se contenir ? La mort de son maître semble en tous les cas annoncer la fin de l’élève, pitoyable et méprisable, même si encore à venir. De même la mort de Sabine est en devenir. Des morts qui dans leur violence s’opposent à la mort calme et presque heureuse de Sénèque.
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La mort de Sénèque

Comme une ressemblance avec Britannicus... Car oui, cette pièce a été écrite avant, aurait pu être lire par Racine, et elle met en scène l'empereur Néron et ses folies, ses désirs sensuels aussi. Néron est ainsi présenté comme l'Empereur qui chantait pendant que Rome brûlait. L'arrestation d'Epicaris, la jeune affranchie, peut aussi faire penser à l'arrestation de Junie, dont les larmes excitent Néron - au sens propre. Ici aussi, il est présenté comme mû par le désir, sa compagne ayant eu trois maris, sa mère ayant été débauchée...

Comme dans Britannicus de Racine, Sénèque n'est pas non plus le personnage principal. On le voit assez peu, pour philosopher et pour mourir. Il incarne l'honnêteté, la droiture, la dignité. Il sait qu'il y a un complot et le soutient, mais ne s'y engage personnellement par loyauté avec Néron qui fut son élève. Quand les conjurés sont dénoncés, il accepte de partager leur sort dans la mort.

Non, les personnages les plus forts sont pour moi les personnages féminins, trois femmes, à trois âges de la vie, avec trois relations différentes aux hommes aussi. Epicaris est la fougue et l'engagement de la jeunesse, celle qui s'oppose et qui refuse - repoussant les violences de Néron comme les mains entreprenantes d'un prétendant. Sabine la maîtresse assume son amour et son désir pour Néron. Pauline, elle, la femme mûre, incarne l'image de la dignité conjugale. Face à ces trois femmes, les hommes apparaissent bien faibles : certains sont lâches, menteurs, traîtres... Une nouvelle fois, seul Sénèque se distingue.

Si l'écriture n'est pas d'une aussi grande force poétique que celle de Racine, j'ai bien apprécié la découverte de cet auteur.
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Le page disgracié

Premier roman de Tristan L'Hermite que je lis, familier que j'étais surtout de sa poésie, et de sa "Mariane", je ne me remets pas du pur plaisir qu'il m'a procuré. Premier roman comique si typique du XVIIe siècle qui m'ait aussi authentiquement plu ! À côté, le "Roman comique" de Scarron, "L'Histoire comique de Francion", de Charles Sorel, "Le Roman bourgeois" de Furetière se réduisent presque à un simple intérêt culturel, où, ici et là, saillent quelques scènes délicieuses.

Dans "Le Page disgracié", en revanche, chaque péripétie se savoure, le héros bondit de facéties en malchances, de rencontres touchantes en trahisons déplorables, narrées en de chapitres aussi courts que vifs, traversés d'une tension comique souvent empreintes d'empathie et d'une construction psychologique subtile, en laquelle chacun peut se reconnaître.

Un roman de la jeunesse, qui au XXIe siècle n'offre aucun souci de compréhension. Le lecteur boit syntaxe de Tristan L'Hermite, si fluide et dynamique, sans achopper sur aucune tournure archaïque qui en limiterait l'accès.

Pour finir, j'aimerais souligner cette étonnante galerie de personnages pittoresques, à mourir de rire !
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La Mariane

Chef d’oeuvre inconnu d’un auteur méconnu, que j’ai découvert grâce à mon professeur de Lettres du XVIIe siècle, qui a choisi pour nous introduire aux tragédies de cette époque cette pièce et une de Corneille, Cinna, mise ainsi, et fort légitimement, au même niveau. Ça fait la troisième fois que je la relis, et je la trouve à chaque fois plus belle et plus puissante. Cette martyre orgueilleuse et ce tyran tourmenté sont des personnages passionnants, et également attachants. On ne saurait dire qui est le veritable héros de la pièce, et en cela on remarque l’étrange complémentarité qui lie ce couple ennemi. Oui, ce petit texte merveilleux est un des nombreux oubliés de notre si riche littérature, et si jamais un metteur en scène me lirait, je vous en conjure, montez cette pièce, ce sera un triomphe.
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Le page disgracié

J'ai lu ce livre du 10/08/2019 au 23/08/2020.



J'ai lu ce livre dans le cadre de mes études. On s'attend à s'ennuyer avec un livre datant du XVIIème siècle mais on se trompe lourdement. Il appartient aux classiques de cette période mais peu le connaissent. Alors j'ai pris du plaisir à découvrir ce livre qui me semblait étranger. J'avais lu ce livre dans le cadre de mes études.

Ce livre est juste intéressant, on oscille entre une autobiographie (qui ne respecte pas les codes à 100%), le roman d'apprentissage, le roman picaresque. On rigole face aux farces grotesques et aux malheurs du valet qui est l'auteur en fait.

J'ai passé beaucoup de temps à analyser ou plutôt à comparer entre les faits relatés et la biographie de l'auteur, il est très dur de faire la différence entre ce qui est vrai ou faux. En tout cas, j'ai passé un bon moment et le langage de l'époque ne m'a guère dérangé.



Une pépite de la littérature française qui devrait être remis en avant car il est parfait pour des analyses, pour rigoler face aux péripéties du héros et réfléchir.



Ma note : 8.5/10

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Le page disgracié

Honnêtement ce livre seul a le pouvoir de peut-être me faire devenir un jour chercheuse en littérature du XVIIe siècle, il est à la fois très drôle en raison de la dichotomie entre les actions du page et sa culture... qui font que j’ai eu beaucoup de mal à comprendre comment un homme aussi intelligent pouvait se laisser guider par son instinct et être à ce point dans l’action en réfléchissant si peu alors qu’il est à l’évidence très intelligent,.,. l’aspect metatextuel du livre m’attire également énormément bref merci à l’ENS de l’avoir sélectionné pour le programme du concours en 2022…
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Les tragédies

Chacune des pièces apporte un regard nouveau sur une partie de l’Histoire, et j’apprécie grandement d’avoir découvert certaines d’entre elles grâce à ces pièces.

Le style est classique, ce qui est logique, mais tout de même accessible. La langue est belle, poétique, et j’apprécie les mises en scènes proposées.

En somme assez peu de choses à dire sur ce recueil, si ce n’est que ce fut une bonne découverte.
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La Mariane

Honnêtement, je ne pensais pas autant aimer cette pièce. Je l'ai relu deux fois. Et la deuxième fois... Wow. J'ai tout compris et là, j'ai commencé à adorer ma lecture. Les vers sont sublimes, les métaphores et comparaisons employés sont magnifiques... Tout est fait avec finesse. C'est tragique, c'est violent, ça déchaîne les passions... Quelle œuvre théâtrale majestueusement faite !
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Le page disgracié

Un super roman d'initiation qui n'a presque pas pris une ride !
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La Mariane

J'ai dû lire ce livre pour les cours et j'ai été agréablement surprise.

La première partie du livre : la présentation est très longue et assez détaillée.

La pièce en elle même est instructive et nous fait réfléchir sur les actions de tel ou tel personnage, ce que l'on aurait fait à leur place et leur statut dans l'histoire.

J'ai juste trouvé le premier acte long et je me suis un peu ennuyée mais après ça se lit très rapidement.
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Le parasite

L'intrigue est passablement brouillonne. Le Capitan engage un comédien pour faire croire qu'il est Alcidor, le mari de Manille et père de Lucinde, de retour au bercail après de longues années d'esclavage. En vue d'épouser la belle, Lisandre se fait passer pour le fils d'Alcidor qui aurait survécu à la captivité, avec la complicité de Fripesauces, celui qui est surnommé le parasite parce qu'il ne songe qu'à faire ripailles. Les deux versions sont donc opposées. Finalement c'est la première qui prévaut puisque l'acteur chargé de jouer le rôle d'Alcidor est en fait le véritable père de Lucinde. Tout se termine bien puisqu'il pardonne la fourberie de Lisandre grâce à l'intervention de Lucile, père dudit soupirant. J'ai noté un peu sévèrement parce qu'on voit bien que Tristan L'Hermitte n'est pas dans son registre favori, celui-ci étant la tragédie. Avis définitif : 3,5/5.
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