Val Emmich était jusque là pour moi un parfait inconnu. Pourtant, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un artiste touche-à-tout. Familier du petit écran, il a joué dans des séries tels que Vinyl ou Ugly Betty, mais il est aussi musicien. Et avec Syd, Gavin, John Lennon et moi, le voilà qui s’attaque désormais à l’écriture. D’ailleurs ce premier roman porte fortement et fièrement les influences de son auteur et de ses diverses expériences artistiques.
Gavin vient de perdre son compagnon Sydney. D’abord déterminé à l’oublier pour échapper à son chagrin, sa rencontre avec Joan, la fille de 10 ans d’un couple d’amis, va lui faire changer d’avis. Car la fillette est dotée d’une mémoire hors du commun, et n’a oublié aucun détail des séjours de Syd chez ses parents. Et en échange de ses souvenirs, elle compte sur Gavin pour l’aider à écrire une chanson inoubliable pour un concours d’auteurs-compositeurs.
Ce roman se révèle assez personnel, beaucoup des points d’intérêt de l’écrivain s’y reflétant. Transparaît dans le livre sa passion pour la musique, et plus particulièrement pour les Beatles, auxquels sont faits plusieurs références à travers le personnage de Joan, fan inconditionnelle. On peut aussi légitimement se demander si le personnage de Gavin, lui aussi acteur, ne serait pas une sorte d’alter ego romanesque ? Par ailleurs, j’ai trouvé que le récit avait une dimension très « audiovisuelle » : le découpage du livre en parties comme autant d’épisodes, le rythme du récit mais aussi l’alternance des points de vue m’ont fait penser à la forme d’une série télé.
Gavin, acteur à la célébrité moyenne, portant toujours le deuil de Sydney, est sans cesse tiraillé entre entretenir sa mémoire ou l’oublier, et avec lui la souffrance. Joan, elle, entretient un rapport très particulier aux souvenirs : « souffrante » d’un syndrome de MAHS (mémoire autobiographique hautement supérieure), elle veut comme son idole John Lennon marquer les esprits de manière intemporelle. Et que jamais plus on ne l’oublie, comme l’avait fait sa grand-mère, atteinte de la maladie d’Azeihmer.
En apparence diamétralement opposés, Joan et Gavin sont pourtant deux personnages qui se font écho l’un à l’autre : elle se souvient de tout et lui ne veut pas oublier ; elle veut devenir célèbre (ou plutôt : inoubliable) et lui a déjà acquis une certaine notoriété. En tout cas, ce duo improbable fonctionne et on prend plaisir à les suivre dans leurs parcours respectifs.
Le récit se forme de l’alternance systématique des points de vue de ces deux protagonistes, un chapitre sur deux. Une proximité se crée entre le lecteur et eux, grâce à l’utilisation du présent et de la première personne du singulier, mais aussi grâce à l’agrémentation ponctuelle des dessins de Joan dans le texte.
Syd, Gavin, John Lennon et moi aborde ainsi des sujets assez sérieux, tels que la mémoire et le deuil. L’auteur propose sans prétention des récits de vie qui se croisent et une belle histoire d’amitié. Cependant, cela reste un roman « pop » assez léger, auquel on peut reprocher un manque de profondeur et une certaine superficialité, sur le fond comme la forme. J’ai trouvé que le livre restait à la surface des choses, versant dans un bon sentiment presque excessif. En bref, il s’agit d’un « feel good novel » certes agréable à lire, mais trop simpliste à mon goût. Un peu comme la chanson Ticket To Ride des Beatles en somme : indéniablement entraînante certes, mais pour la profondeur des paroles, on repassera.
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