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4.63/5 (sur 12 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Râmnicu Vâlcea , le 3 août 1961
Biographie :

De profession bibliothécaire, Valentin Dofli débute en tant que poète en septembre 1989, dans Flacăra [La flamme], et Atelierul literar [L'atelier littéraire] dirigé par l'écrivain Darie Novăceanu.
Volumes publiés : "Tandem" (cosigné par Adrian Cristinescu), Litera, Bucarest, 1991 ; "Buncărul de hârtie" [La casemate de papier], Cartea Românească, Bucarest, 1999 ; "Lumea de ipsos" [Le monde de plâtre], Ex Ponto, Constanța, 2005.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Menus poèmes

Tu étais ma reine quand tu tournais le visage vers
le couchant l’horizon s’illuminait et d’incompréhensibles paroles
se posaient sagement sur le plancher tu étais mon jouet
sexuel mon escarpin ma botte cavalière mon Bosphore
et le marxisme léninisme ma lutte des classes
la femme de ménage que j’attends et qui
ne viendra jamais à présent je suis seul
et désert à présent tu es loin et dehors il neige
l’inflation augmente la camionnette du boulanger est à l’heure
et la vie est une breloque un ballon un truc pas cher
un drapeau troué* mais aujourd’hui j’ai pris ma portion
de liberté et là je me tais et là je fume des
cigarettes bon marché dans ma chambre à l’étage j’écris
de menus poèmes que personne ne lit

* allusion au drapeau des révolutionnaires de 1989 auquel on avait extrait l’emblème socialiste
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J’ai détruit ma santé et ma vie en travaillant pour le patron
tout l’hiver dehors à porter et ranger la marchandise au kiosque
devant la bibliothèque publique les mains rouges et
gonflées par le froid obligée de résister pour élever
mes enfants en rentrant le soir chez moi et en allumant le poêle
je m’évanouissais de tant de chaleur ce fut la cause
de ma fin et je mourus d’un cancer inquiète d’avoir
laissé derrière moi deux garçons qui rejetaient l’école
et un homme qui est revenu du Canada sans
un rond en poche et moi qu’avais-je récolté après des années
et des années à rester dans le froid et à peiner pour enrichir les
patrons qui ont construit une maison et acheté une voiture
avec le fruit du travail de mes mains rouges et gonflées mes
mains croisées sur la poitrine libres enfin de se reposer

(p. 177)
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Portrait de l'artiste en jeune homme

Christophe Colomb a découvert l'Amérique.
Le Titanic a coulé.
Esenine s'est suicidé dans une chambre d'hôtel.
Edith Piaf chante encore
dans les rues des Paris.
J'ai un mètre soixante-quinze
J'aurais le prix Nobel
Je vais être publié à titre posthume.
Je vais peindre une nature morte encadrée de rose.
J'ai une tache de chaux à blanchir sur l'épaule gauche.
Ma main a cinq doigts
E=mc2
Eli, eli, lama sabasctani
aujourd'hui on est le 29 septembre.]

[Portret al artistului în tinerețe

Columb a descoperit America.
Titanicul s-a scufundat.
Esenin s-a sinucis într-o cameră de hotel.
Edith Piaf mai cântă încă
pe străzile Parisului.
Am 1,75 m.
Voi lua premiul Nobel.
Voi publica postum.
Voi picta o natură moartă cu chenar roz.
Am o pată de var pe umărul stâng.
Mâna mea are cinci degete.
E=mc2
Eli, eli, lama sabasctani
astăzi e 29 septembrie.]
(p. 40, par Valentin Dolfi)
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La Hința coupe Govora en deux comme la Tamise Londres
j’ai écrit le vers immortel après avoir vu à quel point est
important le ruisseau pour le destin de Govora
et idéaliste par nature j’ai pris le pseudonyme de Popescu
de la Hința et je me suis mis à écrire des vers originaux
plein d’enthousiasme et absolument confiant en mon talent
de poète j’ai publié à compte d’auteur quelques
plaquettes que j’ai distribuées aux connaissances et amis
moi enseignant dévoué et officier de réserve arrivé
dans la petite ville par affectation depuis Fundulea Ilfov
le monde me prit pour un fou lorsque fâché contre
un voisin je l’ai poursuivi avec l’épée assignée à mon uniforme
de capitaine et au dictateur Ceaușescu j’ai envoyé
un pamphlet qui commençait par cher monsieur camarade
en critiquant les grandes injustices du pays les mêmes au fond
dans tout régime j’appelai à l’automne mes élèves pour me
cueillir les prunes et eux désireux d’échapper au plus vite
à la corvée déposaient en cachette de grosses pierres au fond
du tonneau et des prunes au-dessus songeant à eux je trépassai
en dormant à 86 ans écoutant la Hința s’écouler en secret en moi
(sans titre, p. 183)

Hința împarte Govora în două precum Tamisa Londra
am scris nemuritorul vers după ce am văzut cât
de important este pârâul pentru destinul Govorei
și idealist din fire mi-am luat pseudonimul Popescu
de la Hința și m-am apucat să scriu versuri originale
plin de entuziasm și având deplină încredere în talentul
meu de poet am publicat pe cheltuiala proprie câteva
broșurele și le-am împărțit cunoștințelor și prietenilor
eu un învățător devotat și ofițer în rezervă venit
în orășel prin repartiție tocmai de la Fundulea Ilfov
despre mine lumea credea că sunt nebun când supărat
pe un vecin l-am fugărit cu sabia din dotarea uniformei
de căpitan și dictatorului Ceaușescu i-am trimis
un pamflet care începea cu dragă domnule tovarăș
criticând marile nedreptăți din țară aceleași până
la urmă în orice regim toamna chemam elevii să-mi
culeagă prunele și ei dornici să scape repede
de corvoadă puneau pe ascuns pietre în butoi și prune
numai deasupra cu gândul la ei am murit în somn
la 86 de ani ascultând cum tainic curge Hința înlăuntru-mi
(sans titre, p. 182)
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Alexandra croit je crois

Ce que Dieu aime le plus ce sont les animaux

croit Alexandra car ils sont doux

et beaux et inoffensifs beaucoup

de gens prennent un animal de compagnie contre

l'ennui aux vieux jours et pour cette raison

notre chatte Misa n'a rien eu quand

elle est tombée du quatrième étage sur la plateforme en béton

du premier étage on l'a juste trouvée un peu barbouillée

et effrayée sous l'escalier ce que Dieu

aime le plus ce sont les animaux croit
Alexandra je crois

que ce que Dieu aime le plus ce sont les
chiens

tant il a laissé d'ossements ici bas sur terre
chiens

* lire le commentaire
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C’est alors que passa Valentin Dolfi
et qu’on vit de sa gloire le chien devenu auréole
de saint errant dans des rues marginales
par un dimanche sans églises on s’est souvenu de
son innocence de ver de terre égaré sous la semelle
de sa botte ses poèmes écrits au bic
bon marché dans les bus abandonnés aux stations sprinkler
ou bien sur les genoux de madame la comtesse
se souvenant peut-être du retrait de Brel à l’Olympia
après quinze ans d’amour1* et puis on a pleuré
fait silence observé les béquilles nickelées de l’aveugle
dansant au-dessus des colombiers silhouette féminine
dans un salon de thé une capsule scintillante
de bouteille de bière au plus profond de l’asphalte
(Portrait du poète en jeune homme, p. 15)
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Une mer de solitude se heurtant aux parois
balance ta berceuse
une tasse en verre de durs morceaux
de pain sur la table basse de sapin
la photo de ton père au-dessus de la cheminée
tu te remémores ton enfance tu descends les escaliers
tu erres dans la ville à travers immeubles et individus
fumant à te brûler les doigts
dans les rues le brouillard fait des vagues blanches comme le lait

(Le brouillard fait des vagues, p. 25)
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Tiens me suis-je dit

Père est mort aujourd’hui six octobre au matin
c’est Mioara du troisième qui a sonné à la porte et a
dit tiens il est mort le père de Valentin qu’il parte
de suite à Vâlcea quand je suis arrivé je l’ai trouvé
allongé sur le lit habillé en costume
tout neuf comme les chaussures longtemps je l’ai regardé
j’ai boutonné sa chemise je lui ai mis
un petit miroir dans la poche de poitrine
dans la vitrine il conservait une bouteille de whiskey
qu’il n’a jamais voulu ouvrir j’ai pris
un verre j’ai bu j’ai pleuré longtemps au cimetière
j’ai redressé les couronnes et les fleurs j’ai touché la croix
de ma propre main tiens me suis-je dit ainsi s’achève de
mon père la vie Dolfi A. Valentin soixante-quatre
ans c’est ainsi que commence la mort avec les premières mottes
de terre qui s’abattent sur le cercueil

(p. 57)
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Sur une véranda dans une berceuse un vieux
et une vieille se balancent dans la cour sur les tables
sont posés des objets divers je les soulève je les repose
à leur place tasses verres ébréchés vieux dépareillés
certains en bon état habits livres disques un ramoneur un
sac à dos Mickey Mouse avec une guitare Donald
Duck un anorak sur une véranda dans des
berceuses une vieille et un vieux se balancent
et pas un son qu’on entende passe une voiture
de police doucement tombe la nuit la solitude
s’enfonce à fond dans la chair comme une lame de couteau

Mercredi (p. 30)
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fumez o țigară beau un pahar cu lapte cald
și la sfârșitul zilei aprind lumina zidesc ușile
zidesc ferestrele și la sfârșitul zilei intru în
buncărul de hârtie și scriu marele unicul poem

(p. 29)
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