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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9791097292027
245 pages
(07/07/2017)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Voici, pour ceux qui souhaitent comparer, un face-à-face poétique entre les instantanés familiaux (qui vous deviendront vite familiers) de Valentin Dolfi, dont "Ma poésie comme biographie" constitue la traduction inédite en français.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
De si prévisibles, à en croire les statistiques, imprévus ont saboté ces dernières semaines mes lectures en cours, dont notamment d'Alexandre Safran, Un tison arrache aux flammes : la communaute juive de roumanie, 1939-1947 : memoires, un document historique exceptionnel sur lequel je vais m'exprimer plus longuement, ou même le roman de Iulian Ciocan dont la traduction se démarque positivement par la recherche d'une grande diversité de synonymes en français.
Alors, pour tenter de rattraper mon retard, je vous réécris ici sur les rapports privilégiés du traducteur au texte qu'il choisit de transposer. C'est avec une joie intense et quasiment en une seule semaine que j'ai traduit les poèmes réunis en édition bilingue, mais également disponibles sous le titre Ma poésie comme biographie pour la traduction ou bien en roumain uniquement Fotografii de familie. Nous y avons tissé, avec l'auteur, parfois en désaccord, des liens comparatifs entre Jacques Brel, Georges Perros, Octavian Soviany, Whalt Whitman ou Nichita Stănescu. Une collaboration très réussie.
La vraie photo s'affiche en couverture des éditions non bilingues, et je ne vous cache pas qu'il m'importe peu que le petit garçon à l'avant soit le poète lui-même ou plutôt un montage. Je retiens seulement qu'il y toujours derrière nous une foule d'ancêtres ou de bienfaiteurs pour nous porter à l'avant de la scène de vie.
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Poésies de Valentin Dolfi, poète roumain.
Ecrits traduit par Gabrielle Danoux

Il observe sa vie, seul, et il fume !

Phrases sans ponctuation auxquelles je me suis habituée petit à petit.

Ce sont ces états d'âmes et la vie dans toute sa simplicité et son ordinaire.

II parle da la solitude, c'est parfois oppressant, d'autre fois mélancolique, mais aussi désabusé, désenchanté.
L'ennui quotidien, les illusions depuis longtemps évaporées.

Et pourtant, très agréable à lire.

Il dit :
" .... ma vie de carton-pâte une longue réclusion un fil surexposé que je déroule lentement chaque soir quand vaincu je vais me coucher".

Mais aussi :
".... je fumais et buvais de tristesse et de désespoir".

Encore un grand merci à la traductrice de me permettre de découvrir ce poète.
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Un des poètes roumains contemporains les plus Américains: Valentin Dolfi, dans la traduction de Gabrielle Danoux, édition bilingue. Après voir émigré aux États-Unis, il est cependant revenu dans son pays natal et a en particulier écrit en hommage à Băile Govora, sa ville natale. Son attention est destinée en priorité aux laissés-pour-compte, pauvres, simples d'esprit, ceux qui ont connu des échecs (même les hommes politiques); un poème est même consacré aux chiens, un autre au hamster de la famille. Băile Govora devient ainsi une ville métaphysique.
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Plongée dans la poésie quotidienne, dure, placide, ironique et lumineuse à la fois, de cet auteur qui marque ici un propos fort. le quotidien hait ce qu'il est et se nourrit de lui-même pour se métamorphoser de poèmes. Dans cet ouvrage, fragmentaire, lapidaire et dense à la fois, on s'endort dans une pièce froide recouvert de poèmes, on picole dur, on s'engueule, on réserve une concession funéraire, on rêve de partir en Amérique, on y va même sans doute, on écoute du rock'n'roll, on écrit sur ce que l'on peut, on parle aux voisins, on partage une bouteille, on est seul, au milieu des autres. Sans être joyeux, ce n'est jamais sinistre. La condition humaine est ramassée dans son entièreté, comme une matière fragile et solide à la fois. C'est fort, parfois dérangeant, parfois on se dit ici aussi c'est comme ça et pourtant c'est très vivant. À découvrir. Merci à Tandarica la traductrice, de permettre de découvrir autant de talents de la littérature roumaine.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La Hința coupe Govora en deux comme la Tamise Londres
j’ai écrit le vers immortel après avoir vu à quel point est
important le ruisseau pour le destin de Govora
et idéaliste par nature j’ai pris le pseudonyme de Popescu
de la Hința et je me suis mis à écrire des vers originaux
plein d’enthousiasme et absolument confiant en mon talent
de poète j’ai publié à compte d’auteur quelques
plaquettes que j’ai distribuées aux connaissances et amis
moi enseignant dévoué et officier de réserve arrivé
dans la petite ville par affectation depuis Fundulea Ilfov
le monde me prit pour un fou lorsque fâché contre
un voisin je l’ai poursuivi avec l’épée assignée à mon uniforme
de capitaine et au dictateur Ceaușescu j’ai envoyé
un pamphlet qui commençait par cher monsieur camarade
en critiquant les grandes injustices du pays les mêmes au fond
dans tout régime j’appelai à l’automne mes élèves pour me
cueillir les prunes et eux désireux d’échapper au plus vite
à la corvée déposaient en cachette de grosses pierres au fond
du tonneau et des prunes au-dessus songeant à eux je trépassai
en dormant à 86 ans écoutant la Hința s’écouler en secret en moi
(sans titre, p. 183)

Hința împarte Govora în două precum Tamisa Londra
am scris nemuritorul vers după ce am văzut cât
de important este pârâul pentru destinul Govorei
și idealist din fire mi-am luat pseudonimul Popescu
de la Hința și m-am apucat să scriu versuri originale
plin de entuziasm și având deplină încredere în talentul
meu de poet am publicat pe cheltuiala proprie câteva
broșurele și le-am împărțit cunoștințelor și prietenilor
eu un învățător devotat și ofițer în rezervă venit
în orășel prin repartiție tocmai de la Fundulea Ilfov
despre mine lumea credea că sunt nebun când supărat
pe un vecin l-am fugărit cu sabia din dotarea uniformei
de căpitan și dictatorului Ceaușescu i-am trimis
un pamflet care începea cu dragă domnule tovarăș
criticând marile nedreptăți din țară aceleași până
la urmă în orice regim toamna chemam elevii să-mi
culeagă prunele și ei dornici să scape repede
de corvoadă puneau pe ascuns pietre în butoi și prune
numai deasupra cu gândul la ei am murit în somn
la 86 de ani ascultând cum tainic curge Hința înlăuntru-mi
(sans titre, p. 182)
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Menus poèmes

Tu étais ma reine quand tu tournais le visage vers
le couchant l’horizon s’illuminait et d’incompréhensibles paroles
se posaient sagement sur le plancher tu étais mon jouet
sexuel mon escarpin ma botte cavalière mon Bosphore
et le marxisme léninisme ma lutte des classes
la femme de ménage que j’attends et qui
ne viendra jamais à présent je suis seul
et désert à présent tu es loin et dehors il neige
l’inflation augmente la camionnette du boulanger est à l’heure
et la vie est une breloque un ballon un truc pas cher
un drapeau troué* mais aujourd’hui j’ai pris ma portion
de liberté et là je me tais et là je fume des
cigarettes bon marché dans ma chambre à l’étage j’écris
de menus poèmes que personne ne lit

* allusion au drapeau des révolutionnaires de 1989 auquel on avait extrait l’emblème socialiste
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J’ai détruit ma santé et ma vie en travaillant pour le patron
tout l’hiver dehors à porter et ranger la marchandise au kiosque
devant la bibliothèque publique les mains rouges et
gonflées par le froid obligée de résister pour élever
mes enfants en rentrant le soir chez moi et en allumant le poêle
je m’évanouissais de tant de chaleur ce fut la cause
de ma fin et je mourus d’un cancer inquiète d’avoir
laissé derrière moi deux garçons qui rejetaient l’école
et un homme qui est revenu du Canada sans
un rond en poche et moi qu’avais-je récolté après des années
et des années à rester dans le froid et à peiner pour enrichir les
patrons qui ont construit une maison et acheté une voiture
avec le fruit du travail de mes mains rouges et gonflées mes
mains croisées sur la poitrine libres enfin de se reposer

(p. 177)
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C’est alors que passa Valentin Dolfi
et qu’on vit de sa gloire le chien devenu auréole
de saint errant dans des rues marginales
par un dimanche sans églises on s’est souvenu de
son innocence de ver de terre égaré sous la semelle
de sa botte ses poèmes écrits au bic
bon marché dans les bus abandonnés aux stations sprinkler
ou bien sur les genoux de madame la comtesse
se souvenant peut-être du retrait de Brel à l’Olympia
après quinze ans d’amour1* et puis on a pleuré
fait silence observé les béquilles nickelées de l’aveugle
dansant au-dessus des colombiers silhouette féminine
dans un salon de thé une capsule scintillante
de bouteille de bière au plus profond de l’asphalte
(Portrait du poète en jeune homme, p. 15)
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Et le matin sans prévenir personne
sans mot dire dans le plus grand
silence par la fenêtre tu jettes le service en cristal
et le portrait de l’empereur et les petites cuillères en argent
de ton briquet mets feu aux livres et aux photos
et aux factures à payer sur le miroir de l’ascenseur
au stylo à bille tu écris combien de désespoir combien
de souffrance de tristesse mais immense est cette patience
tienne immense est bien sûr Dieu qu’il est beau au lever
qu’il est beau au coucher le soleil quand tu montes
dans le premier train et le portier comme d’habitude te salue
avec un œil au beurre noir de joyeux signes de la main je te fais
le vendeur à la sauvette les passants le serveur
et la femme enceinte à la dernière gare tu les as absous tous
oubliés tous seul tu observes ta vie
dans la dernière gare seul tu vis ta vie
et le matin sans que personne te prévienne sans que personne
ne te dise quoi que ce soit dans le plus grand silence quelqu’un
te réveille t’incarcère t’apporte un café froid

"Bref récit", page 35.
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