Vanessa Diffenbaugh, "Le langage secret des fleurs" (en anglais)
Si l'amour maternel germait spontanément, à partir de rien, peut-être avais-je eu tort de me croire incapable de m'occuper d'elle. Peut-être que les solitaires, les incompris, les mal-aimés avaient à offrir un amour aussi luxuriant que celui des autres.
Dictionnaire des fleurs de Victoria (héroine du livre) :
Acacia : Amour secret
Avoine : Magie de la musique.
Basilic : La haine.
Campanule : Désir de plaire.
Figuier de Barbarie : Amour ardent.
Châtaigner : Rendez moi justice.
Fougère : Sincérité.
Glaïeul : Vous me transpercez le coeur.
Jasmin de Caroline : Séparation.
Jasmin de Madagascar : Bonheur dans le mariage.
Rose, orange : Fascination.
Rose, Rouge.... Si vous voulez le savoir, rendez vous avec ce livre, pour ma part je vous offre un bouquet de Freesia. Bonne lecture :)
"Au fil du temps, nous apprendrons à être ensemble, et je saurai l'aimer comme une mère aime sa fille, de manière imparfaite, et sans racines."
Des ombres profondes et complexes. La fleur [de cerisier] qui occupait la feuille entière était d'une beauté inouïe. Je me mordis la lèvre.
A son retour, Grant me regarda avec insistance.
- Signification? lança-t-il.
- Bonne éducation.
Il secoua la tête.
- Caractère de ce qui est éphémère. La beauté et la fragilité de l'existence.
(p. 223)
En serrant ma fille dans mes bras, alors qu'elle n'était âgée que de quelques heures, j'eus la sensation que tout ce qui jusqu'ici me paraissait hors d'atteinte devenait possible.
S'il était vrai que la mousse poussait sans racines, si l'amour maternel germait spontanément, à partir de rien, peut-être avais-je eu tort de me croire incapable de m'occuper d'elle. Peut-être que les solitaires, les incompris, les mal-aimés avaient à offrir un amour aussi luxuriant que celui des autres.
Grant m'aimait. D'un amour silencieux et tenace, et à chaque déclaration, je me sentais transportée tout à la fois de plaisir et de culpabilité. Je ne méritais pas sa tendresse.
Les chardons poussent partout, m'informa-t-elle. C'est peut-être pour ça que les humains ont tendance à être aussi désagréables entre eux.
Moins de trois semaines après l'avoir mise au monde, je trahissais la promesse que je nous avais faite. Pas seulement une fois, mais deux, amorçant ainsi un cercle infernal de serments et de trahisons. Mères et filles, ou la confiance mal placée.

- Qu'est-ce que tu lis ?
- Gertrude Stein.
Je n'avais jamais entendu parler de cette écrivain.
- La poétesse ? continua-t-il en me voyant secouer la tête. Tu sais...Rose est une rose est une rose ?
Comme j'avais toujours l'air de tomber des nues, il précisa :
- La dernière année, ma mère était obsédée par ses écrits. Elle avait passé son temps à lire les poètes victoriens, et quand elle a découvert Gertrude Stein, elle m'a confié qu'elle lui avait été d'un grand réconfort.
- Qu'est-ce que cela veut dire, Rose est une rose est une rose ? interrogeai-je.
Je fermai d'un cou sec le livre de biologie et mes yeux tombèrent sur une tête de mort. Je tapotais l'orbite vide.
- Que les choses sont comme elles sont, répondit-il.
- Rose est une rose...
-... est une rose, acheva-t-il avec un petit sourire.
Je songeais à toutes les roses du jardin en contrebas, aux différentes nuances de leurs pétales, à leur fraîcheur.
- Sauf quand elle est jaune, fis-je remarquer. Ou rouge,, ou rose, ou fermée, ou fanée.
- C'est ce que j'ai toujours pensé, approuva Grant. Mais je ne voudrais pas priver Mme Stein du plaisir de me convaincre.
Il replongea le nez dans son bouquin.