Citations de Vanessa Gault (36)
Des menteurs et des femmes... Deux femmes de menteurs qui se reconnaissent et se comprennent.
Mais Laetitia veut être juste.
-Tu sais, dit-elle pensivement, ce n'est peut-être pas un mensonge, comment dire... pur jus.
-Un mensonge pur jus ? Mais c'est quoi, alors ? Du champomy ? Un mensonge sans alcool ?
C'est traître la sclérose en plaques. ça ne se voit pas. Par moments ça se sent à peine; et puis ça vous inflige une volée de symptômes pour vous punir de l'avoir oubliée un instant.
J'ai beaucoup lu sur ce sujet lorsque j'ai reçu mon diagnostic. Et plus je lisais, plus j'étais en colère ; non parce qu'il était établi qu'on m'avait inoculé la sclérose en plaques, mais parce que la médecine officielle refusait obstinément d'étudier cette question. Jamais elle ne se remet en cause. À chaque nouvelle expérience mortelle, elle laisse sur son chemin quelques dizaines ou centaines de morts, et elle continue sa route sans se retourner, arrogante comme une héritière inculte.
Par curiosité il lut la lettre avant de la détruire ; elle s'étendait sur les deux côtés de la feuille, et contenait exactement les arguments qu'il craignait. Le ton était poli, tolérant, légèrement humoristique par endroits ; véritable passeport pour une séance de torgnole. Les gens sont vraiment naïfs, songea Fabien, avec la pitié méprisante de ceux qui savent.
Et s'il est temps d'envisager le métier qui me tente vraiment, il est temps, plus encore, d'assumer mon ambition la plus profonde, celle d'écrire. Il ne s'agit pas pour moi d'un métier, même s'il serait doux de pouvoir en vivre. C'est plutôt quelque chose d'identitaire ; c'est ce que je fais de mieux, à mon avis, et ce qui me plaît le plus.
L'homme ressemble au décor du café. Il a un visage épais à la peau luisante, des cheveux d'une couleur indéterminée avec une raie au milieu, un imperméable pisseux. Sur le siège à côté de lui, une vieille sacoche en cuir marron, boursouflée de dossiers et de livres, semble au bord de dégueuler. Brandon a déjà vu des professeurs mal habillés et trimballant la moitié de leur bibliothèque comme s'ils étaient perpétuellement au milieu d'un déménagement. Ils sont laids, radins, parfois malpropres ; mais cette défaillance corporelle est le prix de leur intelligence.
Mon corps m'échappait, mon cerveau était en fuite. Je ne me reconnaissais plus de l'intérieur.
La maladie est entrée brutalement dans mon histoire personnelle, elle en est un des éléments désormais inévitables, parfois à peine un détail, parfois une brusque poussée de symptômes, et tous les choix importants de ma vie, une menace à prendre en compte.
Le regard des autres me ferait presque souhaiter que mon corps se dégrade plus vite, pour qu'enfin on ne me reproche plus ma faiblesse.
Quand ça va mal, on attend le mieux; quand ça va mieux, on pressent le mal.
Ma SEP n'est pas sans histoire. Au contraire, elle est toute une histoire. C'est l'histoire d'un rappel morbide et vital à ma condition précaire d'un être humain.
Les symptômes vont et viennent, ils s'exacerbent à chaque poussée, s'aggravent, puis reculent comme l'océan à marée basse, laissant la plage jonchée de séquelles plus ou moins pénibles.
Si la maladie fait passer certains rêves dans le domaine de l'irréel, elle nous oblige à rendre concrets ceux qui restent possibles.
A l'âge de 28 ans, alors que je me préparais sans hâte à devenir adulte, j'ai donc appris que le temps m'était compté.
Contrairement aux apparences, c'est de son côté que se trouvent l'énergie et la santé, et c'est moi qui abrite dans mon corps la faiblesse et le handicap rampant [...] Il m'aide à gérer mon nouveau corps de malade invisible.
Les poussées peuvent provoquer des symptômes variés, souvent violents; puis ces symptômes s'estompent au fil des mois, en laissant sur leur passage des sequelles.