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Citations de Vanessa Gault (36)


Les vacances sont un sujet épineux. Laetitia n’a pas de maison de campagne, ses parents habitent comme elle à Paris ; elle a bien un frère en Picardie mais il ne les invite jamais. Elle se débrouille pour emmener son fils en vacances deux ou trois semaines par an, et depuis peu il profite aussi des maisons de famille de ses copains de promo. Brandon ne se trouve pas à plaindre, mais il a du mal à endurer les questions saisonnières des bourgeois à ce sujet : où pars-tu en février ? à Pâques ? cet été ? à la Toussaint, à Noël ? À chaque fois il se retient de répondre : où trouves-tu l’argent pour partir tous les deux mois ? qu’est-ce qui te fait penser que tout le monde a le même train de vie ? pourquoi m’agiter tes plaisirs à la figure ? Il ne veut pas faire subir son amertume à Margaux, alors il élude ; et elle, plus subtile que ses copains, n’insiste pas.
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André n’écoute plus. Il rêve. Ancien élève d’une grande école… Qui irait vérifier ? Et puis c’est un peu vrai, Isambert a bien fréquenté Normal Sup’. Il n’a pas menti. Il s’est assis parmi les élèves, il a écouté les cours. Il pourra se retrancher derrière ces faits si on le met face au mensonge. Mais on ne le fera pas. L’histoire est trop belle, les journalistes trop paresseux. Les seuls qui ont remarqué l’imposture sont sans doute les anciens de l’École comme Coralie, et encore, pas tous, seulement les littéraires, et parmi eux ceux qui ne se sont pas arrêtés à Proust et à la littérature d’avant-guerre. Peu de monde, finalement. Il a eu bien raison de tenter sa chance, le petit écrivain. Rien à perdre, et tant à gagner…
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Ton père, voyons voir ; ton père, comment te dire ? Il était brillant ; voilà, c'est ça, brillant, c'est le mot qui me vient quand je pense à lui. Il brillait, mais c'était trop, comme une lampe avec une ampoule à nu, qui laisse passer trop de lumière, parce qu'il y a pas d'abat-jour, tu comprends, le genre de lampe qui t'oblige à cligner des yeux pour les garder ouverts.
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J'étais naïve à cette époque. Dans un sens, j'étais plus mûre que lui et tous ses copains étudiants, parce que je travaillais ; moi j'avais pas besoin de parler de la lutte des classes comme ils faisaient, je la vivais tous les jours ; eux ils avaient jamais eu à demander une augmentation à un patron qui regarde tes seins quand tu lui parles, et qui te répond " mais Mademoiselle, vous êtes déjà dans la fourchette haute en termes de rémunération ". Je m'en rappellerai toujours, de cette histoire de fourchette, et toutes les belles phrases pour nous entourlouper ; mais qu'est-ce qu'on peut faire ? Il y avait déjà du chômage à l'époque, on prenait ce qu'on trouvait.
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André Dulin lève la tête. Quelle idée saugrenue de placer l'estrade du professeur tout en bas d'un amphi ! Sur une estrade on s'élève, on surplombe son auditoire ; ici on est comme dans une arène, à la merci des bêtes sauvages qu'on vous fera combattre, et des jets de pierre de la foule assemblée.
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En fait, André il n'était pas du tout le nombril du monde comme il croyait ; au contraire, c'est lui qui habitait chez moi, c'était lui la petite planète qui me tournait autour. Et même si on y regarde vraiment, il était encore moins qu'une planète, plutôt un parasite. C'est ça, un parasite. Comme une tique sous la peau. Il m'a laissé croire qu'il avait plein de choses à m'apprendre, que j'avais de la chance d'être avec lui. En fait c'était un parasite qui occupait mon appartement. Un coucou. Un bernard-l’ermite. Un profiteur.
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Alors, elle souriait, vaguement fière de n’être pas comme les autres, suivi du même plaisir irrépressible et violent qui pousse l’enfant à détruire d’un seul coup de pied le fragile château de cubes construit par lui à force de patience et d’adresse. (page 219)
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Justement parce qu'il lui ment depuis des mois, il devient de plus en plus difficile de lui révéler la vérité. Et ainsi, subrepticement, Brandon glisse dans un nouveau mensonge, ou plus exactement dans le renouvellement tacite du même mensonge, et le mensonge ainsi renouvelé pour la centième fois devient encore un peu plus gluant, rendant le décollement de plus en plus impossible.
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Vu d’en haut, l’amphithéâtre est magnifique avec ses boiseries et ses dorures, ses peintures anciennes sur les murs et le plafond, son parfum de vieille bibliothèque. De plus près, c’est rustique, inconfortable, sans lumière du jour. Les bureaux qui descendent en gradin jusqu’à l’estrade, sont d’un seul tenant, très longs au milieu de la pièce, plus petits sur les côtés ; on s’y assoit sur de petits sièges pliants accrochés aux tables, durs, étroits, impraticables aux gros fessiers. Interdits de Sorbonne, les obèses. (page 62)
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On rêvait toutes du prince charmant, à cette époque, pour avoir une vie meilleure, parce que c’est pas drôle tous les jours, de bosser pour des clopinettes. (page 8)
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Brandon marche dans un couloir encadré de boiseries ; il croise des jeunes de son âge qui lui ressemblent et dissemblent à la fois, parce qu'ils étudient la littérature, l'histoire ou la philosophie, ces matières qui font ricaner les élèves de son école de commerce et qui pourtant ont une aura inavouée. On les trouve ridicules, ces étudiants de l'inutile, on méprise leur abstraction, leur manque d'ambition sociale, mais quelque chose en eux résiste au monde tel qu'il est, et fait un peu envie. La matière même de la Sorbonne, ses pierres, ses statues, son odeur de vieux bois et de poussière, s'insinue dans le corps et l'esprit comme un air de musique joué dans le lointain, à peine entendu, et qui fait surgir sans qu'on y prenne garde un flot d'émotions inattendues.
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Pas de rougeur soudaine, pas d’hésitation, pas de contradiction ; et toujours ce regard clair, sans nuance, sans ombre, sans culpabilité. Le regard qui ne ment pas. Le regard du menteur. (page 149)
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La vérité, c’est que Laetitia, comme toujours, a sacrifié ses propres besoins au profit de son fils. Le sacrifice n’est pas total, on n’est pas dans Les Misérables ; mais cette femme de quarante ans, encore belle, s’habille à l’économie et ne s’offre pratiquement rien, pour que lui, Brandon, puisse parader avec son cuir et son smartphone. (page 81)
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Laetitia. Lae-ti-tia. Il prononçait mon nom en détachant les syllabes. Il disait que c’était un beau nom, avec son e dans l’a, comme dans la chanson de Gainsbourg. On aimait bien l’écouter ensemble. Sauf que moi, on ne met pas le e dans l’a, on écrit toutes les lettres. C’est Maman qui a décidé ça. Elle n’aime pas se compliquer la vie. Pas de e dans l’a, pas ce trémas, pas de chichis. (page 57)
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Brandon se sent vidé de l’intérieur. Il n’a plus de muscles, plus de sang, plus d’émotions, il est un chiffon jeté mollement sur une couette, une pelure d’humain sans énergie. (page 209)
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La matière même de la Sorbonne, ses pierres, ses statues, ses toiles peintes, son odeur de vieux bois et de poussière, s’insinue dans le corps et l’esprit comme un air de musique joué dans le lointain, à peine entendu, et qui fait surgir sans qu’on y prenne garde un flot d’émotions inattendues. (page 62)
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Brandon voudrait dire la vérité, mais au moment de se dévoiler, il découvre la puissance engluante du mensonge. Une seule rectification impliquerait une cascade de révélations, la principale étant la durée du mensonge. Justement parce qu’il lui ment depuis des mois, il devient de plus en plus difficile de lui révéler la vérité. (page 145)
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Il ne se reconnaît pas dans le corps bedonnant qui arpente l’estrade, les cheveux marron sale, le pantalon usé, la chemise fatiguée, la vilaine veste verdâtre – cet homme ne change donc jamais de vêtements ? (page 66)
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Vanessa Gault
Le beau geste, c'est celui qui est si absolument juste, si précis, si parfait, qu'on le croit facile, oubliant la somme de pratique, de connaissance et d'intuition dont il est le signe.
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Je renonce aux détails, mais l'essentiel est intact.
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