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Citations de Véronique Grandpierre (24)


L'Assyrie, comme tout État mésopotamien, se conçoit comme un État composé de l'addition de villes et non d'un territoire homogène à défendre, c'est pourquoi elle fortifie ses principales villes et non ses frontières. [p.182]
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Qu'appelle-t-on sciences en Mésopotamie ? Car si les sciences d'aujourd'hui ont leur pendant dans l'antiquité, il n'est pas sûr qu'elle en dérivent toutes directement et en tout point. Les textes scientifiques se présentent sous forme de recueils de données et d'observation qui permettront ensuite l'analyse. Les sciences ne sont donc pas liées à la technologie mais à l'observation à l'œil nu. Les instruments de mesure sont peu nombreux (...). Les tablettes n'ont pas pour objet de transmettre un savoir que l' impénétrant pourrait acquérir seul. Ce ne sont donc pas des textes théoriques. Il n'y a par écrit ni réflexion, ni équation, ni formule mathématique énoncée. Tout est axé sur le concret non sur l'abstraction. La démarche n'est cependant pas uniquement empirique. Les Sumériens et les Acadiens construisent des grilles d'exemples typiques à partir desquels les nouveaux problèmes mathématiques, médicaux, et peuvent être déduits. Les techniques dde résolution sont propres à chaque culture. Ici encore on réfléchit par analogie et association. Les résultats sont identiques, les chemins différents. [p.353]
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Les populations sédentaires sont bien connues (les tablettes proviennent des villes), mais l'Orient est aussi composé de territoires désertiques traversés par des semi-nomades. Si d'un point de vue régional une certaine complémentarité existe entre les vallées et la steppe, les nomades dont la vie est fondé sur la mobilité des troupeaux et l'habitat temporaire aux tentes démontables n'ont laissé que peu de traces. Leur organisation sociétale est difficile à appréhender. Ils sont surtout connus par les conflits qui les opposent aux sédentaires ou par les discours que ces derniers tiennent sur eux.
Les nomades ne sont pas les nomades ne sont pas les seuls à se déplacer. La salinisation des terres à la fin du IIIe millénaire et au tout début du IIe millénaire ainsi que le comblement du golfe arabo-persique poussent les populations du sud de la Mésopotamie vers le nord ; les déportations effectuées par les rois des IIe et surtout Ier millénaire av.J.-C. déplacent plusieurs centaines voire milliers de personnes. La Mésopotamie est ainsi une terre de migrations où la coexistence de deux peuples (Sumériens et Akkadiens) donne naissance à l'image d'une civilisation unique, suméro-akkadienne (...). [p.273 - 274]
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Il est donc nécessaire d'identifier l'objet, son contexte de découverte, mais aussi de fabrication, avec des éléments qui parfois font défaut. (...) Rien n'est simple. Si les archéologues spécialisés dans l'Europe antique, médiévale ou moderne, disposent d'une trame événementielle dans laquelle ils peuvent placer directement leur découverte, ici la trame est à constituer et en constante évolution. [p.75]
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Cette recherche aujourd'hui comme hier, a la particularité d'être extrêmement dépendante de l'évolution des conditions géopolitiques du Proche-Orient. (...) Chaque jour, lorsque le soleil se couche, c'est un peu des trésors de la Mésopotamie qui disparaissent avec lui, un peu aussi du patrimoine de l'humanité.
Malgré tout la recherche continue, éclairant soudain tel ou tel siècle, tel ou tel millénaire en tel ou tel lieu. Les connaissances que l'on a de ces civilisations sont affinées ou... remises totalement en cause, car contrairement aux autres périodes historiques ou aux civilisations grecques et romaines, ici, même la chronologie reste en partie à établir. C'est un gigantesque puzzle en perpétuelle évolution. [p.18 - 19]
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(Codes de lois gravés sur des stèles)

Si le nombre de personnes sachant lire et écrire est bien supérieur à ce que l'on a longtemps supposé, toutefois la façon dont les articles sont disposés sur la stèle ne facilite pas leur consultation. Il en appert que le monument est aussi et surtout destiné à être vu. Sa présence seule suffit. Elle est la justice royale. Sans doute est-ce là pourquoi ces stèles s'élèvent dans plusieurs villes et pourquoi, outre la valeur intrinsèque des matériaux dans lesquels elles sont sculptées, - la diorite en ce qui concerne le code de Hammurabi - elles sont emportées comme butin.

p. 278
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Dans les jardins sont cultivés des légumes (...) et aussi des fruits (...). On trouve aussi des épices et des herbes aromatiques (thym, coriandre, cumin, aneth, menthe, moutarde, marjolaine). Certaines plantes restent cependant inconnues : à quoi ressemble le halazzu ? Quel goût a le zurumu ?
Si les ingrédients sont pour la plupart identifiés, il est très difficile de savoir comment ces matières premières sont préparées, cuisinées et présentées lors de ces repas. Une découverte extraordinaire a mis à la disposition des assyriologues trois tablettes cunéiformes datables des environs de 1600 av. J.-C. Elles présentent une quarantaine de recettes (...). Ces recettes ressemblent à des listes d'opérations à effectuer : faire bouilllir, ajouter, réduire, avec "ce qu'il faut de" tel ou tel ingrédient, ou tel autre élément "à suffisance". Les proportions nous manquent et certains produits nous sont encore obscurs. Comme pour les autres procédés de fabrication (verre de couleur, maquillage), ces "recettes" ne sont pas destinées à être conservées ou transmises. Ce ne sont pas des livres de cuisine mais des aide-mémoire pour apprentis cuisiniers. [p. 312 - 313]
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Le maquillage joue un très grand rôle aussi bien pour les hommes que pour les femmes : des pigments blanc, rouge, jaune, noir ont été trouvés dans les tombes royales d'Ur. Si les minéraux à partir desquels ils sont élaborés sont connus -comme le manganèse et le cuivre-, les quelques textes relatifs aux cosmétiques sont extrêmement difficiles à interpréter. On y trouve la pâte d'antimoine, le fard à joue et le khôl pour souligner le regard.
Après s'être lavé, on utilise de l'huile parfumée pour avoir une peau souple et une apparence agréable. L'absence d'odeurs est d'ailleurs associée au monde des morts. À l'inverse, sentir bon est un signe de santé et de prospérité. Différents parfums sont obtenus par macération à froid dans de l'huile qu'on filtre ensuite à partir d'essences aromatiques comme le cèdre, le genévrier ou le myrte. (...) Au Ier millénaire av. J.-C., avec l'ouverture des routes caravanières à travers le désert, la gamme s'élargit grâce aux matières rapportées de la péninsule arabique comme la myrrhe. [p.305 - 306]
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Le commerce international est souvent placé sous le contrôle du palais ou du temple. Ces organismes écoulent ainsi des produits en surplus et acquièrent des revenus par la perception de taxes. Dès le IIIe millénaire av. J.-C. dans le sud de la Mésopotamie, les marchands sont étroitement contrôlés. (...)
Après la chute de l'empire d'Ur III, les marchands deviennent de plus en plus indépendants et voyagent de plus en plus loin, se regroupant en guildes dès l'époque paléo-assyrienne. [p.248 - 249]
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Certaines activités nécessitent cependant des espaces plus vastes. Où se réunissent les habitants ? On oppose souvent ville classique (grecque et romaine) et ville orientale à ce sujet. En Mésopotamie, les espaces libres sont peu nombreux et aucun n'est dédié à la vie politique comme l'est l'agora ou le forum ; cependant il existe des espaces publics. (...)
Observant la réalité quotidienne au Proche-orient, les archéologues considèrent que les activités sont rassemblées dès l'origine aux portes des villes, conférant à ces dernières des rôles similaires aux places (publiques) de l'Antiquité classique. (...) De fait, les fouilles ont révélé de larges espaces vides près des portes, que ce soit celle des villes, des palais ou des temples. Certaines ont des fonctions particulières. (...)
Les portes de la ville, quant à elles, cumulent un grand nombre d'activités à la fois politiques, économiques et privées. De par leur décoration, elles participent déjà à la représentation du pouvoir. [p.210 - 211]
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Les premières datations sont relatives. L'archéologue part de la surface (époque actuelle) pour remonter dans le passé au fur et à mesure qu'il creuse et découvre des traces d'occupation du sol. Il définit ainsi plusieurs niveaux les uns en dessous des autres, c'est-à-dire les uns antérieurs aux autres. Cependant tout n'est pas si simple car les précisions surgissent au fil de l'avancée des recherches et des progrès techniques, l'occupation d'un site n'étant pas forcément homogène et identique dans son intégralité. (...)
Il faut également se méfier des réemplois postérieurs. La date de fabrication d'un objet n'est pas forcément celle du niveau où il a été retrouvé (...). Bref, tout élément d'une couche archéologique n'est pas forcément contemporain de celle-ci. Il est donc important de pouvoir les dater par eux-mêmes. [p.93 - 94]
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Qu'y a-t-il de commune entre les romans de Robert Silverberg, les bandes dessinées pour adolescents, les poèmes orientaux, certains épisodes de StarTrek Nouvelle Génération, de Docteur Who, les jeux vidéo type Empire Earth, Titan Quest, Final Fantasy ou Xenoblade Chronicles X, un groupe musical de black métal, les vampires, la recherche pharmaceutiques pour remédier à l'impuissance maculine et une grande compagine irakienne de pétrole ? Les légendaires rois de Sumer : Etana, Enmerkar, Lugalbanda, Gilgames.
p 13
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Comme dans le domaine artistique, la notion d'oeuvre originale n'existe pas. En effet, pour les Sumériens et les Akkadiens la nouveauté ne présente aucun intérêt. L'idéal serait de pouvoir atteindre de nouveau le moment de la création. Le présent n'est qu'une évolution par rapport au passé originel. La conception du temps n'est pas linéaire mais cyclique. Le progrès consiste donc à surpasser ses prédécesseurs dans un même type d'action.
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Si au début du IIIe millénaire av. J.-C., l"écriture et la lecture sont affaire exclusivement de professionnels, dès la fin de celui-ci cette technique est un peu plus répandue. L'élite connaît un minimum de base qui lui permet de se débrouiller. Seuls certains reçoivent une formation plus poussée. Quoi qu'il en soit, ce n'est donc pas l'adoption du système alphabétique qui permet de diffuser les rudiments de l'écriture au sein de la population dans une civilisation où l'écrit n'a pas pour seul but de transmettre un savoir mais également d'enregistrer des éléments de la vie quotidienne.
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Si de nos jours on attend de la science qu'elle réponde aux questions que l'homme se pose sur l'univers ou sur son propre avenir, à l'époque c'est auprès des mythes et autres textes littéraires que les réponses sont cherchées. [p. 341]
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En ce climat chaud et relativement humide, peu d'étoffes résistent à l'outrage du temps. Quelques fragments seulement ont été trouvés dans les tombes royales de la ville néo-assyrienne de Kalhu. La mode vestimentaire ne peut donc être appréhendée que par l'iconographie et l'épigraphie. (...) La plupart des vêtements sont en laine, dans une moindre mesure en lin. La soie est attestée à la fin du Ier millénaire av. J.-C. Le coton reste, quant à lui, presque inconnu. (...)
Dès le IIIe millénaire av. J.-C., le vêtement le plus porté, des plus humbles jusqu'au roi lui-même, est une sorte de jupe en laine, désignée plus tard par les Grecs sous le nom de kaunakès. [p.301 - 302]
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Les Mésopotamiens vivent selon un calendrier qui s'appuie à la fois sur la course du soleil et les différentes phases de la lune (...). Le calendrier rythme les activités à la fois religieuses et agricoles. Le Nouvel An est fixé selon les lieux et les époques soit à l'équinoxe d'automne, soit le plus souvent à l'équinoxe de printemps. Cette dernière date finit par s'imposer dans toute la Mésopotamie au Ier millénaire av. J.-C. L'année solaire est composée de douze mois lunairscolaire quoi s'adjoint de temps en temps un treizième mois afin de rattraper le cycle solaire comme le jour que nous ajoutons actuellement lors des années bissextiles. [p.300]
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Grâce à son agriculture irriguée, la Mésopotamie dispose de surplus agricoles qu'elle peut vendre très loin dans le golfe arabo-persique. Elle possède également quelques autres atouts. Dès le néolithique, le bitume y est exploité. Celui-ci est utilisé comme colle pour fixer les manches d'outils, les yeux des statues ou les pièces de nacre de l'étendard d'Ur, par exemple, et comme imperméabilisant sur les coques de bateau ; mêlé au sable et à la paille, il sert à consolider les digues. (...)
Cependant certains matériaux de construction font défaut. La Mésopotamie est dépourvue de forêts. Si les besoins quotidiens (architecture des maisons, meubles) sont couverts -les arbres locaux suffisent-, ce n'est pas le cas des grandes constructions nécessitant des bois de charpente plus solides et de grande portée ainsi que des essences plus rares et odorantes (buis,chêne, ébène, cèdre) qui doivent être acheminés parfois de très loin. (...)
Ces plaines alluviales sont également dépourvues de pierre. Les diorites dans lesquelles sont fabriquées les statues royales (...), viennent d'Arabie, le calcaire des sculptures colossales de Dûr-Šarrukîn du Taurus, la stéatite aux différents tons de gris d'Iran et d'Arabie (...).
La Mésopotamie manque également de métaux, en particulier de cuivre et d'étain, minerais d'autant plus importants aux IIIe - IIe millénaires av.J.-C. qu'ils sont nécessaires à la fabrication du bronze. (...) L'étain, l'arsenic, l'antimoine, l'argent et l'or doivent également être importés. (...) Les gisements [de fer] sont nombreux et relativement proches : région du Taurus, du lac de Van, du Moyen-Euphrate, du Khabur, de l'actuel Liban. Plus facile à trouver que le cuivre, il permet de généraliser la métallurgie. [p.240 - 243]
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Très tôt de grandes routes commerciales ont sillonné les territoires. Dès l'époque préhistorique il existe déjà un commerce à longue distance notamment pour aller chercher l'obsidienne, pierre volcanique permettant de réaliser des outils tranchants à une période où le métal n'est pas encore utilisé. L'analyse de la composition chimique de cette obsidienne a permis d'en déterminer l'origine. Elle vient d'Anatolie. (...)
La Mésopotamie se trouve en effet dans une position stratégique. Les deux grands fleuves, le Tigre et surtout l'Euphrate, traversent du nord-ouest au sud-est toute la région et mettent en relation des espaces aux ressources économiques très différentes. Leurs affluents permettent de compléter ce véritable maillage. [p.239 - 240]
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L'animation de la ville se renforce à des moments particuliers, notamment pendant les grandes fêtes religieuses. Il s'agit de souder autour de la divinité poliade et du roi une population cosmopolite. (...)
Les fêtes religieuses permettent aussi d'unir l'ensemble de la cité au dieu tutélaire. Elles mobilisent les foules. En effet, l'observation des rites est vitale pour la prospérité de la ville et la survie de sa population. Il y a toujours dans ces cérémonies collectives des processions qui participent à l'appropriation de l'espace urbain. Les moments où elle se déroulent sont liés au cycle agricole et au calendrier tant lunaire que solaire. [p.215 - 216]
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