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Citations de Victor Cousin (40)


C'est surtout en Italie que la réforme philosophique jeta un immense éclat, et se fit jour à travers la persécution et les supplices. L'Italie joue un rôle assez médiocre dans la scolastique, car saint Thomas et saint Bonaventure , nés en Italie, se sont formés et ont enseigné en France ; leur école et leur gloire nous appartiennent. L'Italie paraît encore moins dans la philosophie moderne : elle a produit assurément plusieurs hommes de mérite , mais pas un génie du premier ordre ; elle est, à proprement parler, le théâtre de la philosophie de la renaissance. L'Italie était à cette époque le pays le plus avancé dans toutes les choses de l'esprit. Par plus d'un motif, le besoin d'une philosophie nouvelle devait y naître, et c'est de là qu'il se répandit d'un bout de l'Europe à l'autre. Les mathématiques, la physique, les sciences naturelles, y prirent de bonne heure un grand essor, C'est dans les académies italiennes que Bacon vint apprendre les règles de la physique expérimentale qu'il exprima plus tard dans un langage magnifique.
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Osons dire la vérité : le XVIIIe siècle en France, si riche en grands hommes, n'en a pas produit un seul en philosophie, sr du moins par philosophie on entend la métaphysique. Turgot est le seul homme supérieur qui ait eu un goût marqué pour ce genre d'études; mais il en est resté à son coup d'essai; de sorte que Condillac est encore le premier et presque le seul métaphysicien français du XVIIIe siècle. Or, qu'est-ce que Condillac, je vous prie, sinon un disciple intelligent de Locke? Il n'a trouvé un peu d'originalité qu'en outrant les principes du maître, et encore dans le détail et dans quelques applications.
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Voici maintenant une tout autre personne', qui va nous ramener parmi les mêmes événements, en y portant un bien différent caractère. C'est encore une ennemie, ce n'est plus une rivale de Richelieu et de Mazarin. La noble femme dont nous allons retracer la vie n'appartient point à l'histoire politique; elle n'est point de la famille des hommes d'État; elle n'a point disputé aux deux grands cardinaux leur pouvoir et le gouvernement de la France; elle a refusé seulement de leur livrer son âme, de trahir pour eux ses amis et sa cause, cette cause qui lui était celle de la religion et de la vertu. Son grand cœur, qu'animait une flamme héroïque, et que servaient une merveilleuse beauté et un esprit adorable, toujours contenu par la dignité et la pudeur, a paru surtout dans ses sacrifices.
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La philosophie écossaise présente en effet ce phénomène bien rare dans l'histoire de la philosophie moderne, si mobile et si agitée : déjà elle compte un siècle, et elle est loin d'être épuisée. Hutcheson l'inaugurait avec éclat en 1725. Smith recueillit et accrut l'héritage d'Hutcheson. Reid maintint la philosophie nouvelle dans les mêmes voies, et lui lit faire un grand pas. Beattie et Ferguson ne l'ont point laissée dégénérer, et, au début du dix-neuvième siècle, M. Dugald Stewart lui donnait un interprète digne d'elle, dont le savoir varié, la parole élégante et le style ingénieux et limpide n'ont pas peu contribué à la répandre et à la populariser. De notre temps, après un écart passager, une déviation légère, nous l'avons vue se relever et grandir encore sous la forte direction d'un homme qui est venu couronner l'œuvre de ses devanciers, en ajoutant à leurs divers mérites le seul qui leur avait manqué, une connaissance consommée de tous les grands systèmes anciens et modernes.
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Locke est le père de l'école sensualiste du dix-huitième siècle : placé entre deux siècles, il forme la transition siècle, et le premier mot de celle du dix-huitième. En effet, parcourez tous les philosophes sensualistes du dix-huitième siècle, il n'y en a pas un qui n'invoque l'autorité de Locke; je ne parle pas seulement des métaphysiciens, mais des moralistes el des publicistes, et non pas seulement en Angleterre, mais en France, et d'un bout de l'Europe à l'autre. Locke est le chef, le maître avoué de toute l'école sensualiste du dernier siècle.
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Si nos lecteurs ne sont pas fatigués de nos portraits de femmes du XVIIe siècle, nous voudrions bien leur présenter encore deux figures nouvelles , également mais diversement remarquables, deux personnes que le caprice du sort jeta dans le même temps, dans le même parti, parmi les mêmes événements, et qui, loin de se ressembler, expriment pour ainsi dire les deux côtés opposés du caractère et de la destinée de la femme : toutes deux d'une beauté ravissante, d'un esprit merveilleux, d'un courage à toute épreuve ; mais l'une aussi pure que belle, unissant en elle la grâce et la majesté, semant partout l'amour et imprimant le respect, quelque temps l'idole et la favorite d'un roi, sans que l'ombre même d'un soupçon injurieux ait osé s'élever jusqu'à elle, fière jusqu'à l'orgueil envers les heureux et les puissants, douce et compatissante aux opprimés et aux misérables, aimant la grandeur et ne mettant que la vertu au -dessus de la considération, mêlant ensemble le bel esprit d'une précieuse, les délicatesses d'une beauté à la mode, l'intrépidité d'une héroïne, la dignité d'une grande dame, pardessus tout chrétienne sans bigoterie, mais fervente et même austère, et ayant laissé après elle une odeur de sainteté; l'autre, peut-être plus séduisante, d'une grâce et d'une vivacité irrésistible, pleine d'esprit et fort ignorante , jetée dans toutes les extrémités du parti catholique et ne pensant guère à la religion, trop grande dame pour daigner connaître la retenue et n'ayant d'autre frein que l'honneur, livrée à la galanterie et comptant pour rien tout le reste, méprisant pour celui qu'elle aimait le péril, l'opinion, la fortune, plus remuante qu'ambitieuse, jouant volontiers sa vie et celle des autres , et après avoir passé sa jeunesse dans des intrigues de toute sorte, traversé plus d'un complot, laissé sur sa route plus d'une victime, parcouru toute l'Europe en exilée à la fois et en conquérante et tourné la tête à des rois, après avoir vu Chalais monter sur un échafaud, Châteauneuf chassé du ministère, le duc de Lorraine presque dépouillé de ses états, Buckingham assassiné, le roi d'Espagne engagé dans une guerre de plus en plus malheureuse, la reine Anne humiliée et vaincue et Richelieu triomphant, soutenant jusqu'au bout la lutte , toujours prête , dans ce jeu de la politique, devenu pour elle un besoin et une passion, à descendre aux menées les plus ténébreuses ou à se porter aux résolutions les plus téméraires; d'un coup d'œil incomparable pour reconnaître la vraie situation et l'ennemi du moment, d'un esprit assez ferme et d'un cœur assez hardi pour entreprendre de le détruire à tout prix ; amie dévouée, ennemie implacable presque sans connaître la haine, l'adversaire enfin le plus redoutable qu'aient rencontré tour à tour Richelieu et Mazarin. On entrevoit que nous voulons parler de Mme de Hautefort et de Mme de Chevreuse.
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La forme ne peut être une forme toute seule, elle doit être la forme de quelque chose. La beauté physique est donc le signe d'une beauté intérieure qui est la beauté spirituelle et morale, et c'est là qu'est le fond, le principe, l'unité du beau.

Toutes les beautés que nous venons d'énumérer e^ de réduire composent ce qu'on appelle le beau réel.
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La méthode expérimentale n'est pas seulement la plus simple et la plus naturelle, elle est aussi la plus certaine. Si on pose d'abord une théorie et qu'on s'adresse ensuite aux faits pour la vérifier, il est bien difficile qu'on les considère avec sincérité et impartialité. Tout système préconçu est cher à son auteur; on interroge les faits avec une certaine disposition à les accommoder au système, à les modifier, à les mutiler s'ils le gênent, à les nier s'ils le détruisent. L'histoire de la philosophie est riche en exemples de ce genre. Locke, malgré toute sa bonne foi, n'a pu échapper aux tentations de l'esprit de système, et s'arrêter sur la pente où le plaçait une méthode vicieuse.
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Aussitôt que l'homme a la conscience de lui-même , il se trouve dans un monde étranger, ennemi , dont les lois et les phénomènes semblent en contradiction avec sa propre existence. Pour se défendre , l'homme a l'intelligence et la liberté. Il ne se soutient, il ne vit, il ne respire deux minutes de suite qu'à la condition de prévoir, c'est-à-dire à la condition d'avoir connu ces lois et ces phénomènes qui briseraient sa frêle existence , s'il n'apprenait peu à peu à les observer, à mesurer leur portée et à calculer leur retour. Avec son intelligence , il prend connaissance de ce monde ; avec sa liberté, il le modifie, le change, le refait à son usage : il arrête les déserts , détourne les fleuves , aplanit les montagnes; en un mot, dans la succession des siècles , il opère cette suite de prodiges dont nous sommes aujourd'hui peu frappés, dans la longue habitude de notre puissance et de ses effets.
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Ainsi la philosophie que nous enseignons ne repose ni sur des principes hypothétiques ni sur des principes empiriques. C'est l'observation elle-même, mais appliquée à la partie supérieure de nos connaissances, qui nous fournit les principes que nous cherchions, un point de départ à la fois solide et élevé.
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Ce n'est pas le patriotisme , c'est le sentiment profond de la vérité et de la justice qui nous fait placer toute la philosophie, aujourd'hui répandue dans le monde, sous l'invocation du nom de Descartes. Oui, la philosophie moderne tout entière est l'œuvre de ce grand homme : car elle lui doit l'esprit qui l'anime et la méthode qui fait sa puissance.
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Notre vraie doctrine, notre vrai drapeau est le spiritualisme, cette philosophie aussi solide que généreuse, qui commence avec Socrate et Platon, que l’Évangile a répandue dans le monde, que Descartes a mise sous les formes sévères du génie moderne, qui a été au xviie siècle une des gloires et des forces de la patrie, qui a péri avec la grandeur nationale au xviiie et qu’au commencement de celui-ci M. Royer-Collard est venu réhabiliter dans l’enseignement public, pendant que M. de Chateaubriand, Mme de Staël, M. Quatremère de Quincy la transportaient dans la littérature et dans les arts. On lui donne à bon droit le nom de spiritualisme, parce que son caractère est de subordonner les sens à l’esprit, et de tendre, par tous les moyens que la raison avoue, à élever et à agrandir l’homme. Elle enseigne la spiritualité de l’âme, la liberté et la responsabilité des actions humaines, l’obligation morale, la vertu désintéressée, la dignité de la justice, la beauté de la charité ; et par-delà les limites de ce monde elle montre un Dieu, auteur et type de l’humanité, qui, après l’avoir faite évidemment pour une fin excellente, ne l’abandonnera pas dans le développement mystérieux de sa destinée. Cette philosophie est l’alliée naturelle de toutes les bonnes causes. Elle soutient le sentiment religieux ; elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer, et elle conduit peu à peu les sociétés humaines à la vraie république, ce rêve de toutes les âmes généreuses, que de nos jours en Europe peut seule réaliser la monarchie constitutionnelle.
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L'art est la représentation de l'absolu, du général, ou, en d'autres termes, de l'idéal.
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N'écoutez pas ces esprits superficiels qui se donnent comme de profonds penseurs parce qu'après Voltaire ils ont découvert des difficultés dans le christianisme : vous, mesurez vos progrès en philosophie par ceux de la tendre vénération que vous ressentirez pour la religion de l’Évangile. Soyez aussi persuadés qu'en France la démocratie traversera toujours la liberté, qu'elle mène tout droit au désordre, et par le désordre à la dictature. Ne demandez donc qu'une liberté modérée, et attachez-vous y de toutes les puissances de votre âme.
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Loin de vous cette triste philosophie qui vous prêche le matérialisme et l’athéisme comme des doctrines nouvelles destinées à régénérer le monde : elles tuent, il est vrai, mais elles ne régénèrent point. N’écoutez pas ces esprits superficiels qui se donnent comme de profonds penseurs parce qu’après Voltaire ils ont découvert des difficultés dans le christianisme : vous, mesurez vos progrès en philosophie par ceux de la tendre vénération que vous ressentirez pour la religion de l’Évangile. Soyez aussi très persuadés qu’en France la démocratie traversera toujours la liberté, qu’elle mène tout droit au désordre, et par le désordre à la dictature. Ne demandez donc qu’une liberté modérée, et attachez-vous-y de toutes les puissances de votre âme. Ne fléchissez pas le genou devant la fortune, mais accoutumez-vous à vous incliner devant la loi. Entretenez en vous le noble sentiment du respect. Sachez admirer : ayez le culte des grands hommes et des grandes choses. Repoussez cette littérature énervante, tour à tour grossière et raffinée, qui se complaît dans la peinture des misères de la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses, qui fait la cour aux sens et à l’imagination, au lieu de parler à l’âme et d’élever la pensée. Défendez-vous de la maladie de votre siècle, ce goût fatal de la vie commode, incompatible avec toute ambition généreuse. Quelque carrière que vous embrassiez, proposez-vous un but élevé, et mettez à son service une constance inébranlable. Sursum corda, tenez en haut votre cœur, voilà toute la philosophie, celle que nous avons retenue de toutes nos études, que nous avons enseignée à vos devanciers, et que nous vous laissons comme notre dernier mot, notre suprême leçon. 
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Vers le milieu du dix- huitième siècle, l’Europe philosophique avait cessé d’être cartésienne. L’Angleterre était tombée sous le joug du système de Locke, et la France, accoutumée à marcher à la tête de l’esprit humain, soit au moyen âge, soit à la naissance de la philosophie moderne, s’était réduite à imiter une philosophie étrangère , la philosophie anglaise. Depuis la mort de Louis XIV, un gouvernement sans grandeur avait arrêté l’essor du génie national, et le sensualisme, digne expression de la société formée par la régence, avait remplacé le spiritualisme chrétien du dix-septième siècle.
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Le genre humain est partout le même. Il n’v a point de race privilégiée pour le vrai, pour le beau, pour le bien. L’influence des circonstances extérieures a été souvent surmontée et vaincue, ici par la volonté de certains individus d’élite, en ce qui les regardait eux-mêmes; là, pour les masses, par les gouvernements et les institutions.
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Je commencerai par l'histoire de la philosophie écossaise. La chronologie et la logique le veulent également. Les philosophes de l'école écossaise ont précédé d'un demi-siècle environ ceux de l'Allemagne. Hutcheson et Smith avaient enseigné avec éclat, et Reid avait publié son premier ouvrage, avant qu'aucun signe annonçât l'approche de la révolution philosophique que Kant devait opérer.
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Victor Cousin
Mais l'art, la religion, la morale, sont utiles à la société ; je le sais ; mais à quelle condition ? Qu'ils n'y songe même pas. C'est le culte indépendant et désintéressé de la beauté, de la vertu, parce que seul il élève les âmes, nourrit et propage ces dispositions généreuses qui font la puissance des États.
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Victor Cousin
La vraie liberté n'est pas de faire ce qu'on veut, mais ce qu'on a le droit de faire.
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