Citations de Victoria Schwab (1117)
Ce jour-là, j’ai compris que les photos ne disent pas la vérité. Il n’y a pas de contexte qui tienne, seulement l’illusion de montrer un moment volé. Or la vie n’est pas constituée de moments successifs. Elle est fluide. Du coup, chaque cliché est une fiction et c’est ce qui me plaît. Tout le monde pense que la photographie reflète la réalité, mais non : elle n’est qu’un mensonge très convaincant.
Ce livre-là, explique-t-il en sortant le volume de sa poche, contient les mots d’un homme : Voltaire. Mais il ne faut pas oublier les mains qui ont assemblé les caractères d’imprimerie, l’encre qui les a rendus lisibles et l’arbre qui a produit le papier. Tout ça compte, même si le public ne retient que le nom sur la couverture.
"Aut viam invenium aut faciam… "
Elle ne connaît pas encore le latin et il ne lui propose pas de traduction mais, dans dix ans, elle cherchera ces mots dans un dictionnaire et en apprendra le sens.
"Soit je trouverai un chemin, soit je le tracerai."
Elle a éperdument besoin d’histoires. Elles sont un moyen de se préserver, de rester dans les mémoires, mais aussi d’oublier. Elles prennent de multiples formes : dessins, chansons, peintures, poèmes, films et, surtout, livres. La lecture, comme elle l’a découvert, permet de vivre un millier de vies – ou de trouver la force d’en vivre une seule, incroyablement longue.
La lecture, comme elle l'a découvert, permet de vivre un millier de vies - ou de trouver la force d'en vivre une seule, incroyablement longue.
J'ai dormi dans tes cendres cette nuit.
C'est comme si tu avais déposé ton ombre, là, sur les draps, avant de partir. Elle sentait le feu de bois et l'air hivernal. Je me suis emmitouflée dans l'espace vide que tu avais laissé derrière toi, puis j'ai appuyé ma joue là où auparavant se trouvait la tienne.
Ne pars pas. Ne pars pas. Je t'en supplie, tiens bon encore un peu.
Tu ne peux pas partir avant de l'avoir rencontrée. Tiens bon. Tiens bon. Tiens bon.
Je ne sais pas comment faire pour que tu ailles mieux.
Je ne sais pas comment te faire rester.
Reste avec moi. Reste avec mor. Reste avec moi.
J'écrirais ces mots un millier de fois s'ils étaient assez puissants pour te retenir ici.
Je reste éveillée à me demander pourquoi.
Pourquoi m'as-tu aidée ? Pourquoi restes-tu dans ce lieu? As-tu peur de partir?
Ou bien es-tu lié à ton manoir, comme je le suis au mien, chacun de nous prisonnier?
On ne se sentira jamais chez nous dans un endroit pareil.
— Ne reste pas plantée là.
L'injonction contient une invitation, à entrer ou à partir. L'orpheline s'avance prudemment.
Il n'y a que deux sièges dans la pièce : la banquette devant la baie vitrée et le tabouret de piano. Elle ne peut se résoudre à s'asseoir sur la banquette, dos au jardin. Elle s'installe donc sur le bord du tabouret et regarde les doigts de Matthew enfoncer les touches les unes après les autres avec l'aisance propre à un musicien exercé. La mélodie qui s'élève est douce, ornementée et esseulée. La jeune fille sait que ce n'est pas le terme adapté, toutefois c'est le seul qui convient. Les notes sont agréables à entendre, mais elles lui donnent l'impression qu'elle est de retour dans l'abri de jardin.
— Tu sais jouer ?
L'orpheline fait non de la tête. Perçoit-il la tristesse sur son visage ou l'avidité dans ses prunelles? Mais Matthew ne la regarde pas et ne regarde pas non plus ses doigts sur le clavier. Non, il garde les yeux rivés sur la fenêtre, sur la nuit, sur le jardin baigné de lune et le mur, au loin, aux bords argentés.
Il prend une longue inspiration avant de lâcher :
- C'est mon père qui m'a montré, quand 'étais jeune.
Je ne trouve pas de repos dans le sommeil.
Ces rêves vont finir par me tuer.
Reste avec moi. Reste avec moi. Reste avec moi.
J'écrirais ces mots un millier de fois s'ils étaient assez puissants pour te retenir ucr.
Ce jardin, c'est celui qu'elle a aperçu à son arrivée, quand la voiture s'est garée dans l'allée, promesse d'un paysage idyllique caché derrière le manoir. Même dans le noir, il est d'une beauté saisissante. Arbres et roses en treillis, sentiers de gravier, parterre de fleurs et tapis de gazon. Elle aimerait bien tourner la poignée, se précipiter dehors pour marcher pieds nus dans l'herbe, caresser les pétales veloutés des roses, s'allonger sur un banc sous l'astre nocturne et savourer cette splendeur avant d'être congédiée.
j'ai peur que ce ne soit pas ma main sur sa joue ni ma voix dans ma bouche ni mes yeux qui la regardent dormir
Bois un coup chaque fois que tu entends un mensonge.
Tu cuisines super bien.
(Disent-ils alors que tu as laissé brûler les tartines.)
Tu es à mourir de rire.
(Alors que tu n’as jamais raconté de blague.)
Tu es tellement…
Beau.
Ambitieux.
Brillant.
Fort.
(Ça y est, tu as commencé à boire ?)
Tu es tellement…
Charmant.
Intelligent.
Séduisant.
(Bois.)
Sur de toi.
Timide.
Mystérieux.
Facile à déchiffrer.
Tu es une anomalie, un paradoxe, un assemblage hétéroclite.
Tu es tout pour chacun d’entre eux, pour tout le monde.
L’enfant qu’ils n’ont jamais eu.
L’ami qu’ils ont toujours voulu avoir.
Un inconnu plein de générosité.
Un fils plein de succès.
Un parfait gentleman.
Un parfait amoureux.
Un parfait…
Parfait…
(Bois.)
Ils vénèrent ton corps.
Tes abdos.
Ton rire.
Ton parfum.
Le son de ta voix.
Ils te désirent.
(Pas toi.)
Ils ont besoin de toi.
(Pas de toi.)
Ils t’aiment.
(Pas toi.)
Tu es celui qu’ils veulent que tu sois.
Tu es à la hauteur, tu leur suffis amplement, car tu n’es pas réel.
Tu es parfait, parce que tu n’existes pas.
(Pas toi.)
(Jamais toi.)
Quand ils te regardent, ils voient ce qu’ils veulent…
Car ce n’est jamais toi qu’ils voient.
Mais une vie sans art, sans émerveillement, sans beauté...elle en deviendrait folle.
D'ailleurs, elle l'est devenue.
Elle a éperdument besoin d'histoires. Elles sont un moyen de se préserver, de rester dans les mémoires, mais aussi d'oublier. Elles prennent de multiples formes: dessins, chansons, peintures, poèmes, films et, surtout, livres. La lecture, comme elle l'a découvert, permet de vivre un millier de vies - ou de trouver la force d'en vivre une seule, incroyablement longue.
La lecture, comme elle l'a découvert, permet de vivre un milliers de vies - ou de trouver la force d'en vivre une seule, incroyablement longue.
La réalité est une chose insaisissable, non pas une ligne noire continue, mais plutôt une forme aux contours flous et aux nombreuses nuances de gris.
Les idées sont bien plus tenaces que les souvenirs. Elles s'enracinent plus profondément.