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Critiques de Vivek Shanbhag (18)
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Ghachar Ghochar

C'est à la Coffee House que le narrateur passe le plus clair de son temps. Là, loin de sa famille, il peut se vider la tête ou réfléchir, et profiter des maximes que lui prodigue Vincent, le sage et inspiré serveur des lieux. Pourtant, il fut un temps où il aimait être en famille. Un temps révolu où lui et les siens étaient soudés, solidaires et aimants. A l'époque, la famille vivait dans une petite maison d'un quartier défavorisé de Bangalore. Tous dépendaient du maigre salaire du père. Chaque sou était compté, chaque dépense mûrement réfléchie et le commercial était fier de nourrir sa femme, sa fille, son fils et son frère cadet. Et puis un jour, tout a changé. le père a été mis à la retraite, le frère cadet a lancé un commerce d'épices et la famille s'est très vite enrichie. Désormais riche, marié et désoeuvré, le narrateur ne trouve plus sa place dans une maison où les relations se sont tendues.



On dit que l'argent ne fait pas le bonheur et cette famille indienne modeste qui goûte aux joies de l'argent facile ne fait pas exception à la règle. S'ils sont restés unis, les rapports entre eux ont tout de même changé. le père a perdu de son prestige et du respect dû par les siens au profit de son jeune frère dont tous les désirs sont exaucés avant même qu'il ne les formule. C'est lui qui apporte l'argent tandis que les autres le dépense avec plus ou moins de prodigalité. Les caractères changent aussi. le père se renferme sur lui-même, acceptant difficilement cette nouvelle richesse. La jeune soeur devient difficile, égoïste et capricieuse. La mère continue de cuisiner, nettoyer, régenter, tout en s'inquiétant de l'arrivée d'une éventuelle épouse de son beau-frère. Quant au narrateur, il vit au gré du vent. Petit, il avait l'ambition de devenir riche et de veiller sur sa famille. Dorénavant, il fait de la figuration dans l'entreprise de son oncle, passant ses journées au café ou à faire la sieste dans son bureau. S'ils ne sont pas heureux, au moins ont-ils trouver un équilibre. C'est Anita, la femme du narrateur qui vient bousculer tout ce petit monde. Elle ne comprend pas les codes qui régissent sa belle-famille et a conservé certaines valeurs qu'eux ont perdu.

Tout cela est intéressant et donne un bon aperçu de la vie en Inde. le récit est plaisant mais reste superficiel, tout juste peut-on y voir une réflexion sur les dégâts de l'argent trop vite gagné. Une lecture facile, sans plus.



Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette masse critique privilégiée.
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Ghachar Ghochar

Un roman indien qui se respecte fait au moins 500 pages. Du moins, c'est l'habitude que nous ont donnée les auteurs du sous-continent avec quelques exceptions pour confirmer la règle. Mais Vivek Shanhbag, inconnu jusqu'alors en nos contrées, est différent. Ne serait-ce que parce qu'il écrit directement en langue kannada. Et avec Ghachar Ghochar, son premier livre traduit en français, paru aux éditons Buchet-Chastel, il nous offre un récit de moins de 200 pages qui, par bien des égards, ressemble à une longue nouvelle. Inutile donc de le comparer aux pavés indiens auxquels nous sommes accoutumés, sinon c'est la déception assurée. Le récit, lui-même, n'est pas vraiment lié à une évolution narrative constante. Il s'agit plutôt d'un grand flashback d'un homme qui nous raconte sa vie familiale depuis divers angles comme pour constituer une tapisserie ou, si l'on préfère, esquisser une miniature. La quatrième de couverture parle d'un roman "en forme de parabole sur les affres de la richesse trop vite venue et la dégradation morale qui l’accompagne, campé dans une Inde tiraillée entre traditions et modernité." Hormis les deux derniers termes, cliché absolu, c'est assez bien vu. L'accession à un standard de vie supérieur, en Inde, est quelque chose de très spécial et de déstabilisant, non seulement aux yeux des autres mais au sein même de la famille qui en bénéficie. C'est tout l'art de Vivek Shanhbhag que de nous en expliquer les composantes et les conséquences avec une finesse de trait doublée d'une sorte de douceur qui cache pourtant de grandes cruautés. Chacun des personnages de Ghachar Ghochar a droit à une portrait admirablement ciselé dans ce qui pourrait être une comédie de moeurs sur les nouveaux riches indiens. La chute du livre est brutal et ouverte : elle pourrait être frustrante mais elle donne surtout envie de découvrir d'autres récits de l'auteur. Un de plus à ajouter à la longue liste des romanciers passionnants de ce pays aux folles contradictions..




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Ghachar Ghochar

Merci à Babelio pour l'envoi de cette nouvelle indienne qui nous emmène à Bangalore dans le quotidien d'une famille indienne qui oscille entre tradition et modernisme.

Le narrateur c'est Vincent. Il va nous raconter son enfance puis son parcours pour en arriver là où il est : à faire passer le temps au café. Au départ sa famille était pauvre, mais heureuse. Il régnait bonne entente et valeur morale. Puis un jour l'argent est rentrée à flot grâce à leur oncle. Et leur ancienne vie avec bonne entente et valeur morale fut balayée en un rien de temps.

Avec une plume simple et neutre mais prenante l'auteur nous fait découvrir l'Inde de tous les jours mais pas sous son beau jour. Les dégâts qu'y fait l'argent facile est monstrueux.

On ne peut pas dire que je me sois beaucoup attachée aux personnages, encore moins au narrateur passif d'un bout à l'autre de l'histoire même pour le travail ou pour trouver une épouse.

J'ai été assez surprise de la fin. Pendant tout le livre, l'auteur nous raconte la vie de cette famille indienne. Tout semble nous mener à la question finale, comme si tout le livre n'était que le début de quelque chose, l'introduction d'une histoire plus longue. Alors qu'il semblait enfin se passer quelque chose, un meurtre en préparation?, mais uniquement sur les 4 dernières pages!!! J'ai horreur d'être laissée en plan comme ça!

On pourrai donc dire que ce livre serait un bon début mais que tout seul il ne mène pas à grand chose en dehors une petite vision de l'Inde et une réflexion sur l'argent facile.
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Ghachar Ghochar

L'auteur Vivek Shanbhag, dans ce roman très court, nous invite dans une famille Indienne ordinaire de Bangalore. Une famille qui est passée d'un statut de très modeste au statut d'une famille aisée. Tout cela grâce à l'oncle Chikkappa et son entreprise Sona Masala, dans laquelle le narrateur, le fils de cette famille, a un poste fictif. Ce dernier se marie à Anita, et lorsqu'elle découvre le secret de son mari, elle est en colère. " Pourquoi t'es-tu marié alors que tu vis sur le dos d'autrui ? ... Je veux que tu aies un métier respectable, quel qu'il soit. " Elle ne peut admettre cette réalité. Ainsi elle rentre dans une relation conflictuelle avec toute la famille, elle dérange. Et un jour, alors qu'elle part retrouver sa famille, elle ne revient pas, ce qui plonge le narrateur dans une cruelle tourmente.



J'ai bien apprécié tout le déroulement du roman. Ce dernier s'ouvre sur ce jeune homme, le narrateur qui est assis dans cette coffee house et qui est témoin d'une étrange dispute entre un homme et une femme, un couple semble -t-il. Lui de son côté très inquiet nous raconte l'histoire de sa famille, mais quel peut être le lien entre cette inquiétude et cette scène qui se dévoile sous ses yeux ?
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Ghachar Ghochar

C’est un récit court, moins de deux cents pages. Le narrateur nous fait part de ses états d’âme. Il décrypte, avec de nombreux détails, la vie familiale et le changement qui s’est établi, lorsque grâce à son oncle, ils sont devenus riches.

[...]

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Ghachar Ghochar

C'est un roman agréable à lire mais quelle drôle d'ambiance! Au début du récit, la famille est unie, dans l'entraide, la convivialité et le partage du peu qu'ils ont et tous semblent heureux dans leur petit maison, envahie par les fourmis.

La nouvelle situation de Chikkappa (l'oncle paterne du narrateur), dans le commerce des épices, censée soulager financièrement la famille, n'aura pas que des effets bénéfiques, loin de là. Le déménagement puis la redistribution des rôles semble les isoler et les éloigner les uns des autres.



Je me suis pas tellement attachée aux personnages, l'argent les pervertit, les rendant faibles ou agressifs et superficiels.

Anita, l'épouse du narrateur semble être la seule à avoir encore la tête sur les épaules, désapprouvant le comportement de chacun, et affirmant haut et fort son opinion.

Elle disparaît mystérieusement, l'auteur laissant le lecteur s'interroger à son sujet, la famille se refermant sur elle-même.

La derrière tirade du serveur du coffee shop ne fait que confirmer ce que j'imaginais.



Malgré la petite déception de ne pas avoir une fin plus explicite, le Ghachar Ghochar prend quand même tout son sens, telle une fable sur les méfaits de l'argent facile, entraînant la perte des valeurs. A méditer.
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Ghachar Ghochar

C’est la première fois que je lis de la littérature Indienne : je ne connais ni les codes, ni l’essence, rien. Ce roman a eu mes faveurs pour sa couverture d’un jaune soleil, idéal en ces temps moroses.



Ghachar ghochar » nous plonge dans le quotidien d’une famille modeste indienne : ici, l’oncle, le père, la mère, le frère, sœurs et belles-sœurs.. tout le monde vit sous le même toit. La maison n’est pas grande, les salles de vie ne sont pas nombreuses, on peut même être à plusieurs à dormir dans une pièce. Tout achat pour l’un ou pour l’autre, est soumis à colloque familial et au vote. Bref, une vie modeste comme c’est le cas en Inde pour beaucoup de personnes mais finalement au semblant heureuse.



Vincent le fils, est le narrateur. Dès le début, il nous explique qu’il passe le plus clair de son temps au CoffeeHouse, à errer. Pas envie de rentrer chez lui, peu d’envies d’ailleurs, Vincent est las, même un peu passif. Pourquoi ?



C’est ainsi qu’il nous raconte l’histoire de sa famille : il reviendra dans le passé, leur jeunesse à tous, jusqu’à l’entrée dans ce monde d’opulence grâce à l’oncle, qui se lance un jour dans le commerce d’épices. Solidaire, toute la tribu a désormais un job dans l’affaire et se retrouve avec un salaire conséquent. Seulement, le fric ne sied pas à tout le monde : quand l’un empoche et se planque au CoffeeHouse pour buller, l’autre mène une vie de princesse, l’arrogance en prime. La famille explose, éclate, les bonnes valeurs s’envolent et la vraie nature hypocrite des gens se pose là.



C’est un roman rapide à lire et que je n’ai pas su apprécier. Je ne saurais dire pourquoi : manque d’intérêt, de fil rouge, d’attachement aux personnages – quoi que, la sœur est une bourrique donc pari gagné. Style assez brut, décousu, un peu rapide, c’est vite raconté. Ghachar ghochar est plus une galerie de personnage, sans réelle histoire à suivre.



Si on a bien tout un laïus sur une invasion de fourmi qui a mis la famille sur les nerfs, on ne saura pas ce que devient cette dame au curry venu rendre visite à l’oncle Chikkappa et rejetée à même le pas de la porte par les femmes de la maison.. dommage.



Des débuts d’histoires prometteurs, comme aussi l’arrivée de l’épouse de Vincent, à l’éducation semblant bien opposée et au franc parler qui dérange, amène un intérêt… qui retombe vite comme un soufflet, il annonce en fait, le début de la fin.



Quant à cette fin, rapide, survenue et.. ouverte.



« Ghachar Ghochar », c’est un trop peu, de tout..
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Ghachar Ghochar

L’auteur indien de la région de Bengalor, écrit en Kannada, il est romancier. C’est son premier livre paru en français. Pour ce faire, il a d’abord été traduit du kannada à l’anglais puis de l’anglais au français.

Le titre donné à cet ouvrage est un mot inventé et utilisé dans la famille de l’épouse du narrateur (Anita) et dont le sens est : sens dessus-dessous. Et c’est bien de cela dont il est question dans cette famille.

Elle est composée de 2 frères, de l’épouse de l’un d’entre eux, mère nourricière auto proclamée de la maisonnée (Amma). Des deux enfants du couple, une fille capricieuse et dépensière qui fut brièvement mariée mais qui a préféré retourner vivre auprès des siens qui tolèrent plus facilement son comportement. Le fils (le narrateur), un homme sans consistance, qui ne supporte pas vraiment les conflits et vit aux crochets de son oncle, tout comme le reste de la famille, mais qui porte pourtant le titre ronflant de directeur de l’entreprise que dirige d’une poigne de fer l’oncle célibataire.

Le narrateur passe la plus grande partie de ses journées à faire la sieste dans son bureau et dans un bistrot doté d’un garçon de café auquel le jeune homme prête une clairvoyance exceptionnelle et prend chaque parole banale de celui-ci comme un oracle. En fait, il est loin d’être à l’aise dans cette famille chamboulée par l’aisance financière, et avec la place qui lui a été assignée. Il retarde le plus possible son retour sous le toit familial, il connait la frustration de sa jeune femme et la mésentente des uns et des autres.

Cette famille aisée a connu la vraie pauvreté il y a peu du temps ou il n’y avait que le père de famille qui travaillait humblement et faisait vivre modestement, toute la maisonnée. Le père du narrateur est devenu renfermé et silencieux depuis que son rôle de pourvoyeur est terminé. Arrivé à la retraite, le frère cadet célibataire, a monté un commerce d’épices en sachet et a fait fortune. L’ambiance familiale s’est dégradée après l’emménagement dans une grande maison où chacun à sa chambre, mais dans laquelle les relations entre les uns et les autres sont devenues distantes et contraintes. Et puis rentre dans la famille la jeune épousée, elle ne comprend pas les codes de cette famille et décide de donner un coup de pied dans la fourmilière. Les non-dits, l’équilibre de la famille s’en trouve ébranlé et c’est là que je trouve la fin ambiguë, car lors d’un séjour chez une amie qui dure plus longtemps qu’il ne devrait, la famille originelle se retrouve solidaire, joyeuse car elle a retrouvé son dysfonctionnement. Et à ce moment il a une conversation familiale où il est question des différentes manières de se débarrasser brutalement d’une épouse encombrante…. C’est ainsi que le livre se termine on ne sait pas si le crime a déjà eu lieu ou s’il est seulement en préparation, ou simplement si la jeune femme a fui cette famille dans laquelle elle ne retrouve pas les valeurs dans lesquelles elle a été élevée.

Il s’agit de la chronique d’une famille de nouveaux riches indiens. Bien construit, bien écrit, il me semble que cela aurait mérité plus de développement. Cela s’apparente plus à une nouvelle qu’à un roman.

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Ghachar Ghochar

Un roman court, ou plutôt une nouvelle. Dans un style vif, le quotidien d'une famille indienne d'aujourd'hui. c'est un roman actuel qui montre l'évolution d'un pays entre tradition et modernité. Et qui le doigt là où cela fait mal ; l'argent, la famille, les tabous... tout y est.
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Ghachar Ghochar

Bangalore, coffee house, le narrateur attend sa commande. « A prendre un verre dans cet endroit, on se sent raffiné, cultivé. ». Il attend le serveur, Vincent, à qui il voudrait se confier, mais, il n’ose pas et que voudrait-il lui dire, ce qu’il raconte ensuite ?

Sur un mode grinçant, ironique, cynique quelque fois, le narrateur raconte sa vie d’homme aisé dans les beaux quartiers où ils habitent une maison neuve. « Nous vivons tous en famille, tous dans la même maison : mon épouse et moi, mes parents, mon oncle paternel et Malati… C’est l’une des forces des familles que de faire semblant de désirer ardemment ce qui, en réalité, est inévitable. »

L’oncle paternel Venkatachala, célibataire, est celui qui ramène l’argent que lui procure son entreprise florissante. Il n’en a pas toujours été ainsi. Au début, l’oncle était à la charge de son frère et père du narrateur, représentant dans une boîte de thé qui, un beau jour, a licencié tous ses commerciaux. Apa a donc mis toutes ses économies dans l’affaire de son frère et se retrouve oisif, ce que sa fierté ne supporte pas.

Du quartier pauvre de Bangalore où ils étaient heureux bien qu’entassés, les voici dans une grande maison des quartiers chics où la gaieté semble partie.



Une pièce de théâtre avec ses mélodrames, ses piques, sa tendresse cachée, ses mensonges, la veulerie des personnages, l’orgueil… Tout ceci fait un bouquin acidulé, voire acide sur la vie indienne actuelle.

Une lecture avec grincements de dents assurés, où l’argent ne fait pas le bonheur, où règne un certain ghachar ghochar




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Ghachar Ghochar

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.



Comment traduire "ghachar ghochar" ? C'est une expression utilisée par la famille d'Anita quand les évènements ou les gens sont un peu emmêlés, confus... Chaos est un mot sans doute trop fort, désordre peut-être ou imbroglio conviendraient mieux.



Vivek Shanbhag, qui écrit en langue "kannada", celle utilisée par les indiens de Bangalore, nous parle ici (dans son premier livre traduit en français) des membres d'une famille de la classe moyenne, représentative de ce qui peut se passer de nos jours dans une ville du sud de l'Inde.



Un homme, le narrateur, s'assoit tous les jours au café "Coffee House", un établissement raffiné qui existe depuis plus d'un siècle. Le serveur, dénommé Vincent, lui glisse régulièrement des petits conseils du genre "Monsieur, laissez faire" ou "Monsieur, une histoire... plusieurs points de vue" ; c'est un sage que "Monsieur" a souvent envie de consulter...

"Après avoir regardé par la fenêtre pendant une bonne demi-heure, j'appelle Vincent, engage la conversation et guette quelques pépites de sagesse dans tout ce qu'il raconte. Si la tempête souffle dans mon crâne, il m'arrive de commander un en-cas et de prolonger la conversation. Parfois, j'ai envie de m'épancher. Mais à quoi bon, puisqu'il semble tout savoir, sans que j'aie à lui dire quoi que ce soit ? Mon interlude à la Coffee House, loin des tensions de la vie familiale, est le moment le plus paisible de ma journée." (p 16)



Notre homme est assis là, se remémorant tout ce qui lui est arrivé depuis quelques années et hésitant à rentrer chez lui ; il est un peu perdu ce buveur de café, il s'est laissé ballotté par la vie et ce que les autres ont décidé pour lui : sa mère pour son mariage, son oncle pour son travail.

Il faut dire qu'ils vivent en famille : le père Appa, la mère Amma, Malati la fille aînée qui a quitté son mari, le narrateur et sa femme Anita et l'oncle Venkatachala, frère cadet du père, celui qui a apporté la richesse grâce à son entreprise commerciale d'épices.



Dans l'ensemble du livre, la question de la femme, de sa place dans la famille, dans la société, dans son rapport à l'homme est posée ; l'auteur ne répond pas précisément, mais donne à voir des comportements, des attitudes qui ont changé. La mère n'a pas du tout la même attitude que sa fille Malati : si l'une aime cuisiner pour les siens et ne mange qu'après eux, la fille n'a aucune attirance pour les tâches ménagères ; si l'une se tait souvent quand l'homme a parlé, l'autre s'exprime haut et fort et ne voit pas pourquoi elle ne dirait pas ce qu'elle pense.



D'où viennent les tracas de celui qui nous raconte l'histoire de cette famille en transition ? Justement de ces changements au sein de la famille et dans la société indienne. Par exemple Anita voudrait que son mari ait un vrai travail - alors qu'il est un directeur fantoche et désoeuvré - quitte à avoir moins d'argent, et elle le lui dit ; il y a des affrontements à la maison commune du fait de la promiscuité et l'auteur a l'air de penser -et de montrer - que les femmes non seulement ne sont plus soumises mais sont perpétuellement en colère !

" Que puis-je dire sur moi-même qui me soit vraiment personnel et pas lié aux autres ? De quelque façon que je m'y prenne, je retombe vite sur l'une de ces trois femmes - Amma, Malati ou Anita -, chacune plus redoutable que l'autre. Parfois, je me demande si elles ne passent pas tout leur temps à acérer leur langue, à accumuler en silence des ressentiments en vue d'un usage ultérieur." (p 93)



Le passage de la pauvreté à une certaine aisance financière est bien montrée par l'évolution du rapport de la famille aux repas : avant ils mangaient tous assis ou accroupis par terre ; avec l'argent, ils ont acheté une cuisinière à gaz et il faut donc être debout pour faire cuire les aliments et ils ont acheté une table et des chaises...



Un livre très intéressant sur la mutation des comportements féminins en Inde et ce qui arrive à une famille qui accède à un statut social plus élevé et à la richesse ; l'auteur est un conteur habile qui sait évoquer avec précision ces moments de vie en Inde et nous entraîner à sa suite...



" Lorsque nous prîmes congé des voisins au moment du départ, nous éprouvâmes à la fois de la fierté et de l'inquiétude. Notre prospérité nouvelle était connue de tous dans la rue ; n'empêche, le fait que nous ayons pu nous permettre d'acheter une maison, qui plus est dans un quartier prisé, était susceptible de provoquer surprise et jalousie. Amma ne s'étendit donc pas sur les détails. J'imagine que nous-mêmes considérions notre ascension avec une certaine incrédulité : argent vite acquis, argent vite englouti ?" (p 71)



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Ghachar Ghochar

Ghachar Ghochar : une petite surprise.

Ce petit roman est arrivé dans ma boite aux lettres samedi et je l'ai lu d'une traite. Au premier abord, c'est un livre sympa qui se lit très facilement et d'une façon très agréable.



On découvre le personnage principal, fils d'une famille pauvre et très soudée, famille composée également de son père, sa mère, son oncle et sa sœur. Oh oh, ce serait le bonheur si le père n'allait pas perdre son travail assez rapidement en page 47.

Mais les deux frères (le père et l'oncle) et sur l'initiative de l'oncle qui prend tout en main, décident de fonder leur propre entreprise, affaire qui va prospérer rapidement et faire basculer la famille dans une richesse inattendue, ce qui va bouleverser leurs habitudes et leur façon de vivre ...



J'ai adoré ce petit roman écrit comme une nouvelle. On découvre une famille soudée que la vie malmène un peu. On découvre que cet argent qui a l'air facilement gagné ne fait pas complètement leur bonheur. On découvre que la famille en raison de ces bouleversements va quelque peu changer, que leurs liens vont se relâcher.

Mais au final même le "ghachar ghochar" ne pourra en avoir raison.



Des questions vont se poser, des réponses ne seront pas forcément données ... Faudra deviner ce qui n'est pas dit.



J'ai adoré le moment où toute la famille se retrouve à prendre le thé "comme avant" ...

J'ai adoré le lexique en fin de roman où j'ai appris plein de choses ...



Et je suis restée scotchée par un final inattendu.

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Ghachar Ghochar

Pourquoi cet homme qui a ses habitudes dans ce Coffee House parait si tourmenté aujourd'hui.

L'homme, le narrateur, a grandi dans une bicoque d'un quartier pauvre de Bangalore avec ses parents, sa sœur et son oncle Chikkappa. Ce dernier s'est lancé dans le commerce d'épices, et la famille s'est enrichie en peu de temps. Adieu bicoque, adieu soucis d'argent, adieu études. Tous cinq vivent désormais dans l'opulence mais reste toujours redevable à l'oncle Chikkappa car la maison tourne autour de ce dernier, celui qui ramène les deniers et fait vivre tous les membres de sa famille.

Le narrateur nous conte sa vie, comment les siens ont changé et nous révèle à demi-mot jusqu'où ils peuvent aller.



"Ghachar Ghochar" est certes un court roman de 170 pages mais c'est un véritable concentré d'une merveilleuse écriture. On s'y régale et Vivek Shanbhag laisse planer son mystère bien au-delà du bout du roman. Une très belle découverte, un roman que je recommande.


Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Ghachar Ghochar

Assez pauvre. Les démélés entre les membres d’une famille indivise dans la petite classe moyenne de Bangalore. C’est plutôt une longue nouvelle qu’un roman, les divers fils de possibles intrigues ne sont esquissés. Certains aimeront cette aquarelle ; moi je la trouve un peu pâlichonne. On reste sur sa faim (d’autant qu’il y a même une redite, sur le virement bancaire p. ? et p.125 !)

Pourtant, cela commence bien, avec cette inconnue qui demande à voir Chikkappa, l’oncle qui a fondé le négoce d’épices à la source de la fortune familiale. Elle est éconduite violemment, comme femme de mauvaise vie, et le curry de lentilles qu’elle avait apporté se répand tragiquement dans la cour (27). Il y a aussi ces petites piques, telles que : « depuis qu’Amma sait que Anita déteste l’avarekaalu, elle achète des pois dès qu’elle en voit au marché » (94) tout en affirmant que son fils adore cela. Sa bru, trop franche, déteste ces nouveaux riches et méprise son mari oisif, le narrateur. « Vous voulez vous assurer que Chikkappa ne se mariera jamais. Vous ne pouvez supporter l’idée que quelqu’un d’autre pénètre dans cette maison et remette en cause votre autorité » (144). Les moments de tendresse entre le narrateur et sa femme – qui permettent d’expliquer le titre, p.113 - sont rares et disparaîtront avec ce train démarrant pour Hyderabad, sans un au-revoir (149). Tout n’est que lâchetés, souci de l’apparence et aveuglement sur les magouilles de l’oncle et de ses « protecteurs ».

NB. Pourquoi le traducteur (-de-l’anglais-qui-a-traduit-du-kannada) ignore-t-il tant les élisions et écrit « de Appa », « de Oooty », etc. ?

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Ghachar Ghochar

Dans « Ghachar Ghochar », l’écrivain Vivek Shanbhag sonde avec finesse la dissolution morale d’une famille sous l’effet de la richesse.




Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Ghachar Ghochar

Ghachar Ghochar n’est pas un livre comme les autres. Court, incisif, tendre, complexe, sous forme de parabole, il nous décrit en moins de deux cent pages la vie d’une famille typique en Inde, qui vit à Bangalore. Un roman maîtrisé, qui nous happe, tout en finesse.



Le narrateur est assis au coffee house de Bangalore. Il attend sa commande, attend que l’énigmatique serveur Vincent s’approche de lui. Il ne sait s’il doit lui parler de ce qui le préoccupe. Avec ses réponses laconiques mais toujours adéquates, le narrateur a peur que la réponse ne soit que trop dure à encaisser. Petit à petit, le jeune homme retrace sa vie, et surtout celle de sa famille. Entouré d’une mère autoritaire, d’un père juste et un peu effacé, d’une soeur au caractère très fort et d’un oncle ambitieux, il grandit dans une certaine pauvreté. Jusqu’à ce que son oncle finisse ses études et se lance, avec l’argent épargné du père, dans une société commerciale d’épices. Idée fabuleuse puisqu’elle leur apporte la richesse ! Déménagement, plus d’inquiétudes matérielles et d’invasion de fourmis, un mariage avantageux possible pour Malati, mais aussi pour le narrateur, un poste tranquille pour ce dernier. A ce point tranquille qu’il ne sait qu’y faire et se transforme en client très régulier du coffee house où il devient un très bon buveur de café. Mais cet argent providentiel va faire éclater les rôles de chacun. Appa, le père, perd son rôle de père nourricier, Amma, la mère, son rôle de cuisinière et de gestionnaire du foyer. Tout finit par être imposé au narrateur, femme et travail, sans qu’il ne s’y retrouve, sans qu’il ne comprenne ce qui arrive. Cette petite famille qui vivait tranquillement, droite et honnête, voit cet argent entrer à flot et tout emporter sur son passage…



Le narrateur se souvient de tout ce qui l’a amené ce jour-la dans ce café. Et il essaie de comprendre. Comprendre comment il en est arrivé là, ce qui se cache derrière leur équilibre familial. Sans aucun jugement, nous nous laissons entraîner dans des souvenirs difficiles mais plein d’une tendresse familiale et d’une solidarité à toute épreuve. A tel point que l’argent ne peut casser cette solidarité, mais va, par contre, mettre à mal la droiture de la famille. Parce que les frontière bougent, et alors qu’ils avaient subi les manques, ils ne veulent pas que des profiteurs viennent leur prendre leurs biens. Et ce, quitte à faire preuve de méchanceté, d’indifférence et d’égoïsme. Car l’argent va indéniablement changer cette famille.



En plus de l’influence néfaste de l’argent venu d’un seul coup, c’est aussi du statut de la femme qu’il est question dans ce roman. Que ce soit Malati, Anita, la femme du narrateur, Amma, ou encore « l’amourette » de l’oncle, on ne peut que remarquer leurs caractères forts, mais aussi leur place instable dans cette société en pleine mutation mais emplie de traditions. Elles restent libres, mais pleines de colères face à toutes les injustices, les changements et les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Le changement de revenus de la maison met Amma dans une situation où elle n’est plus tout à fait essentielle au bon déroulement du quotidien. Si Malati réussit à divorcer à moindre frais, c’est bien grâce à la richesse et à l’aide de son oncle, et non grâce à ses droits. Quant à Anita, elle est ulcérée face au statut de son mari qui n’est qu’un directeur fantoche et ne peut accepter qu’il ne travaille pas réellement, quitte à gagner moins d’argent, et ce dans une famille dont elle ne partage pas les valeurs de nouveaux riches. Leurs situations montrent leur fragilité et leur peu de place dans cette société indienne, qui cependant va devoir faire face à leur colère et leur insoumission.



L’auteur est un merveilleux conteur, qui nous dépeint avec brio une famille qui connaît une chance inouïe, mais peut-être pas si miraculeuse que cela. Car dans les dernières lignes, on comprend enfin ce qui tracassait réellement le narrateur. Et c’est bien ce changement de statut de sa famille, sa position négligeable au sein d’une entreprise dont il connaît finalement peu les tenants et aboutissants, la protection coûte que coûte des siens, au mépris des autres, qui va tout faire basculer. Coup de grâce et maestro de l’auteur : ne jamais nous dire ouvertement ce qui se trame mais nous le laisser entendre, nous le faire deviner, comme le fait quotidiennement le serveur Vincent.



En somme, en moins de deux pages, l’auteur nous dépeint habilement et très finement une Inde en pleine mutation, une famille bouleversée par une richesse inattendue qui va bouleverser le rôle de chacun dans la famille, qui va redistribuer les cartes pour le pire et le meilleur. Une belle parabole, à l’écriture maîtrisée, qui se lit en quelques heures.
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Ghachar Ghochar

Auscultant la maisonnée de sa langue nette et sautillante, Vivek Shanbhag en donne à voir les mesquineries, l'hypocrisie, les tabous et les moments de tendresse. Une parabole mordante de l'Inde, tout en inconfort et en contradictions.




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Ghachar Ghochar

Une belle découverte.

Dès les premières pages, l'auteur pose le contexte dans lequel vit le narrateur, avec sa famille, à Bangalore. Ils forment un clan aux liens complexes que l'arrivée d'une soudaine prospérité rend fragiles et incertains.

Assis à la table de la Coffee House, endroit dans lequel le narrateur se rend régulièrement, lieu de réflexion, il revisite le parcourt de chacun des siens.

J'ai été transportée par ce roman dans lequel on découvre chacun des personnages, façonnés par leur condition, au début modeste puis aisée. Chaque membre devant trouver sa place pour se tenir à l'abri, et bénéficier de la protection de Chikkappa, celui par qui arrive l'argent. Quitte à rogner sur leur personnalité.

Au fil des pages, j'ai ressenti une pression : jusqu'où peuvent-ils aller pour s'assurer de protéger leur groupe et ses règles définies de manière tacite ?

Ghachar Ghochar est un roman qu'on dévore quasiment d'une traite mais qui laisse le sentiment de rester sur sa faim : on en veut plus !









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