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Critiques de Vladimir Pozner (10)
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Espagne premier amour

Nous sommes en 1939 à Collioure et Argelès-sur-Mer dans le département des Pyrénées-Orientales, où des camps sont établis pour installer les nombreux réfugiés de l'Espagne franquiste.



L'auteur, Vladimir Salomonovitch Pozner (d'orgine juive russe, né et mort à Paris, 1905-1992), a été chargé par un comité d'aide aux réfugiés espagnols d'entreprendre des démarches auprès des autorités compétentes pour relâcher le plus grand nombre de ressortissants espagnols de ces camps de concentration désolants.



Car désolant est bien le terme pour qualifier ces camps. "L'odeur aigre du malheur se dissipait, chassée par la puanteur de soixante mille personnes nourries de pain sec et de lentilles, privées d'eau, de savon, de cabinets".



C'était, bien entendu, une période historique difficile pour l'Europe et la France où "la saison de la liberté touchait à sa fin".



Un jour, Pozner fait au camp d'Argelès la connaissance de l'artiste peintre Pierre Guette qui lui demande de l'aider à retrouver la femme qu'il aime désespérément. Une bien-aimée dont le malheureux ne connaissait que le prénom : Pilar. Comme il s'agit d'un prénom plutôt fort répandu en Espagne, la requête prend l'allure d'une mission impossible pour l'auteur.



Entretemps, Pierre s'obstine à déplucher les petites annonces de recherches dans les journaux de Perpignan, Montpellier et Toulouse, ainsi qu'à dévisager toutes les femmes méridionales sur son passage.



C'est lors du long cheminement de l'exode, fuyant Barcelone, que Pilar et Pierre se sont rencontrés. Pendant des jours et peut-être même des semaines ils ont marché, affamés et épuisés, parmi une foule constituée principalement de femmes. "La plupart des mères avaient réussi à emporter leur enfant, la plupart des fillettes leur poupée. Les yeux battus, les bras rompus, les unes et les autres marchaient, serrant farouchement contre la poitrine poupée ou enfant".



Ce passage du livre de Pozner est particulièrement touchant et émouvant, surtout si l'on s'imagine le calvaire de millions d'Ukrainiens actuellement sous les tirs russes ou en fuite par la folie d'un autre dictateur !



Comme le note l'auteur avec tant d'acuité : "chacun (du cortège des fuyards) luttait en soi-même, fuyant son sol et ne se décidant pas à l'abandonner".



Fort à propos, l'auteur fait un rapprochement entre cette fuite et les 82 gravures célèbres du maître peintre Francisco de Goya "les désastres de la guerre" réalisées un siècle et demi plus tôt.



Je vous laisse découvrir si Pierre a retrouvé sa belle Pilar, mais je finis par citer une chanson que les hommes chantaient derrière les barbelés :



"Ah, si je pouvais retourner

Dans mon Espagne et combattre,

Un fusil à la main,

Pour vaincre ou mourir.

Solidarité internationale !

Où te crois-tu ?

Où te crois-tu ?

Au camp de concentration. "

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Tolstoï est mort

L’auteur nous relate les derniers jours de Léon Tolstoï, avec une grande simplicité, authenticité, il nous restitue cette semaine d’agonie suivie dans le monde entier grâce au télégraphe. Il rapporte les faits, c’est un retour dans le passé car on y est aussi nous lecteur dans cette petite ville, on vibre et on attend autant que la famille dont une partie n’a pas le droit de voir le mourant et en particulier Sofia sa femme, ainsi que les journalistes venus de toute la Russie et d’autres pays, on attend le communiqué des médecins. Tout est très bien restitué car l’œuvre est constituée par les dépêches gardées dans les archives.

Vladimir Pozner a intercalé dans le récit de ce drame, « l’histoire d’un mariage », ce sont des passages des journaux tenus par Léon et Sofia Andréevna, les témoignages des enfants Tolstoï, de ses disciples et cela permet de comprendre pourquoi cette fuite en fin de vie.

Ce livre a été publié en 1935 et un grand merci aux Editions Christian Bourgeois pour cette belle initiative de réédition.

Il faut absolument lire ce livre, le seul à ma connaissance qui relate aussi bien les derniers moments de vie de Lev Nikolaïévich.
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Tolstoï est mort

Texte de Vladimir Pozner.



Au terme de son existence, Léon Tolstoï fuit son domaine d'Iasnaïa Poliana, quitte sa famille et "sa femme, surtout sa femme" (p. 24). Accompagné de sa fille Alexandra, il prend le train. Mais rattrapé par la maladie et la vieillesse, il doit faire halte en gare d'Astapovo, un bourg de cheminots, qui, pendant quelques jours, "devint la capitale de la Russie." (p. 11) Les journaux du pays entier envoient sur place des correspondants. La mort du plus grand auteur russe est suivie minute après minute. Les dépêches, les télégrammes, les témoignages des journalistes et des proches, les bulletins de santé émis par les nombreux médecins retracent l'agonie de l'écrivain.



Un avis au lecteur explique la facture du texte: la compilation des dépêches émises pendant cette tragique semaine est couplée avec des extraits des journaux intimes des époux Tolstoï, des morceaux de correspondance personnelle et des témoignages d'amis et de proches. Entre la nature brute des faits et l'impuissance révélée par les bilans médicaux, l'amour et la haine, l'exaltation et l'indifférence se disputent la vérité sur les quarante-huit ans de mariage du couple Tolstoï.



Fait étrange: le récit s'ouvre sur une liste des personnages, comme si le texte était une fiction. Y figurent toute la famille Tolstoï, les amis, les médecins, les journalistes, les employés du chemin de fer et du télégraphe, les autorités civiles, militaires et religieuses. Si ce texte n'est pas un roman, il y a toutefois une entité qui a la puissance d'un personnage, le télégraphe: "Le télégraphe [...] sera bref et précis. Il sera mortellement éloquent et tragique. Malgré l'absence de points d'exclamation. Malgré les journalistes." (p. 28) Le narrateur de cette histoire, c'est un peu lui, c'est surtout lui.



Le récit a des allures de roman-feuilleton. Le lecteur, et les lecteurs des journaux de l'époque, comme La Parole russe, attendent la suite des évènements. De dépêches en communiqués, l'agonie de Tolstoï est pleine de rebondissements: poussées de fièvre, faiblesses respiratoires, sommeil agité, etc. Mais l'émotion, que l'on croirait impossible en raison de la forme journalistique et factuelle du texte, "des faits, rien de que faits" (p. 42), explose à chaque ligne. J'ai revêcu la mort de l'écrivain, minute par minute, pendue aux lignes comme on peut être pendu à la radio ou à la télé devant une catastrophe imminente.



Au seuil de la mort, Léon Tolstoï déchaîne encore les passions. Celui qu'on appelle "le soleil de la Russie" (p. 42) est un héros populaire dont les dernières heures soulèvent des vagues d'émotion diverses dans le pays entier. Ses disciples et admirateurs envoient des messages de soutien, des recettes de grand-mère, des paroles de réconfort, des prières. "Parmi les cheminots, plusieurs n'ont jamais rien lu de Tolstoï. Ils savent simplement qu'il défend le peuple." (p.84) Le clergé est bien moins tendre. Tolstoï est une figure de proue suivie par le peuple. Excommunié à cause d'un chapitre de son livre Résurrection, il est "l'ennemi du chrétien, l'ennemi de Dieu" (p. 60) pour l'Eglise orthodoxe russe. Si l'apostat meurt sans se confesser, sans revenir dans le giron de l'Eglise, les autorités religieuses craignent un soulèvement populaire suivi d'un rejet de son pouvoir.



Tout le monde veut un morceau de cette mort qui devient en quelques heures un évènement national. La petite bourgade d'Astapovo s'organise et s'équipe pour accueillir la masse de journalistes. Les frères Pathé dépêche un photographe pour obtenir des clichés du lieu, de la famille et, si possible, du mourant. Le texte de Vladimir Pozner est un témoignage incroyablement précis, paru en 1935. L'effervescence qui entoure les derniers jours de l'auteur me rappelle la folie médiatique qui a régné autour de la mort de Mickael Jackson et de sa famille en 2009. Le King of Pop n'a rien inventé. Les journalistes acharnés du début du siècle avaient déjà tout des paparazzi.



La première de couverture est un détail de la toile d'Ilya Repine intitulée Léon Tolstoï se reposant dans la forêt. La sérénité chaude qui se dégage de l'oeuvre contraste étrangement avec l'affolement glacial du texte. Je ferme ce livre avec émotion et recueillement. Aucun point de comparaison avec le texte d'Elisabeth Jacquet, Anna Karénine c'est moi, que j'avais trouvé poussif et grossier.



Un mot sur l'auteur pour finir. Vladimir Pozner est un écrivain russe francophone connu pour ses engagements politiques. Antifasciste, impliqué dans la libération d'intellectuels républicains espagnols, il produit des textes brûlants sur l'actualité politique: l'extermination des Juifs, la guerre d'Algérie, etc. Quand on connait les théories sociales de Léon Tolstoï, son attachement pour le peuple, sa volonté de trouver une société plus juste et son goût pour la simplicité, je trouve que Pozner était l'auteur qu'il fallait pour retracer l'agonie du patriarche.


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Le mors aux dents

Les 2 parties de ce roman sont :

1. A la recherche du héros

2. Le héros trouvé et perdu

On comprendra dès le départ qu’il ne s’agit pas ici d’un roman d’aventure ou exotique et les amateurs d’un Michel Strogoff situé dans la tourmente de la guerre civile russe peuvent passer leur chemin. Avec Vladimir Pozner, on se situe à un autre niveau : quel type d’homme peut bien se révéler dans des moments de total chaos comme l’a été l’Asie centrale lors de la guerre civile russe ? Quel rapport y a-t-il entre les événements dont on parle et l’auteur ? Comment tout cela peut-il résonner chez le lecteur ?

La guerre civile post-révolution a duré environ 4 ans et les trois fronts majeurs sont la Finlande, l’Ukraine et la Sibérie (front est). L’influence des récits et la légende Nestor Makhno fait que les affrontements en Ukraine et ses belligérants sont plus connus : Denikine, Wrangel, Makhno ont plus de notoriété que Koltchak ou Janin, sans parler Yui Mitsue. L’autre raison est que l’imbroglio est encore pire (ce qui n’est pas peu dire) en Sibérie qu’en Ukraine : un contingent très importants de japonais, des américains, un bataillon tchèque, des russes blancs et ça et là présence sporadique de troupes françaises ou britanniques. L’ampleur des espaces de la steppe allié à la confusion totale est le terreau rêvé pour les aventuriers de tout poil et de préférence dénués de scrupules ou du moindre sens de l’honneur.

Parmi ceux-ci, l’un des plus intrigants peut-être est le baron Ungern, héros dont il est question ici. Général de l’Armée impériale russe sous les ordres de Wrangel, obsédé par une conception très personnelle du boudhisme, allié de l’ataman Semenov – un autre aventurier sanguinaire - contre les rouges pendant un temps, il se retrouve avec lui à razzier les trains de ravitaillements de russes blancs (et donc à contribuer à leur défaite) pour finalement s’enfuir en Mongolie. C’est dans cette situation de fuite que le roman va le trouver puis le perdre, après quelques approches pour essayer de mieux cerner le personnage.

J’arrête là mon compte rendu car je sens qu’il serait laborieux d’en dire plus pour EXPLIQUER le pourquoi du comment, une grande partie de l’intérêt que j’ai trouvé à ce livre étant justement dans l’absence de réponses claires face à un personnage aussi instable. Qui plus est, il faut laisser le lecteur se régaler du style narratif de Pozner qui prend ici ses marques en mêlant récit faussement autobiographique et reportage historique romancé.

Vladimir Pozner, à lire sans modération.

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Le mors aux dents

Le mors aux dents est un roman biographique (largement romancé, car comme le dit l’auteur, les sources sont très rares) du Baron Sanglant, le Baron Ungern, général blanc commandant une division asiatique en extrême orient suite à la prise de pouvoir des bolcheviks. Ce général marginal et fantasque aurait tenté, sous aide étrangère et motivé par des considérations mystiques et pseudo-historiques, de recréer l’empire de Gengis Khan au delà du lac Baïkal, en envahissant la Mongolie, comme un prélude à une restauration de la monarchie sur la totalité du continent européen.



L’histoire apparemment hors norme de ce personnage, réel mais peu connu, promet un grand potentiel pour un roman épique. Même si l’on souhaite rester historique, fidèle à l’ambiance transbaïkalienne, force est d’admettre que le personnage haut en couleur du baron appelle à un récit coloré.



Il n’en est rien ici, où tout d’abord le roman se divise en deux parties: 100 premières pages sur la vie personnelle de l’auteur cherchant à exhumer des sources historiques et à se convaincre de l’intérêt d’écrire ce livre - tout en nous en faisant douter.

Vient ensuite la seconde partie, le roman promis sur le baron Ungern.



C’est très subjectif ici mais il m’a semblé que le style était souvent pénible, avec certes de nombreux personnages (mais on s’y retrouve), mais surtout des passages descriptifs un peu laborieux. On sent chez l’auteur la volonté de faire basculer le roman dans une autre dimension en abordant Ungern comme un personnage complexe, ésotérique, métaphysique, mais souvent l’alchimie ne prend pas et l’épopée promise n’arrive pas.



Un livre qui a le mérite d’être bien documenté et de s’ancrer dans un contexte historique passionnant et assez bien cerné par le narrateur. L’occasion d’en apprendre légèrement plus pour un passionné de la Révolution Russe, peut être. Pour ce qui est d’Ungern, on en ressortira un peu frustré, certes écoeuré par la violence du personnage mais aussi parfois par celle du récit qui alterne les phases morbides et un calme mystique d’un trop grand ennui.
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Les brumes de San Francisco

Cela commence en autobiographie : l'auteur se souvient de son enfance studieuse en Russie, puis, c'est l'exil et le récit bascule dans un onirisme réaliste; le narrateur se dédouble, à la poursuite d'Isabelle, une figure féminine toujours insaisissable, en quête de l'amour unique, de la ville mythique, et de sa propre origine, s'identifiant au dernier des Indiens dans une suite de séquences étranges, symboliques. Roman baroque au climat ambigu; le récit se développe en une suite de dérapages, ce qui en rend parfois la lecture difficile.
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Le mors aux dents

Une fois retiré la moelle de l'os, l'en-cas devient moins ragoutant. Si la moelle est l'imagination et l'os l'histoire, alors le livre de
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Tolstoï est mort

Un livre publié en 1935, sous une forme sans doute très novatrice à l'époque.



A partir des innombrables télégraphes envoyés de la petite ville d'Astapovo, Vladimir Pozner nous relate heure par heure les derniers jours de la vie de Tolstoï.



Parti en voyage pour échapper à sa femme, la vie familiale et vivre la fin de sa vie en accord avec ses principes, Tolstoï tombe malade dans la petite ville d'Astapovo.



Le livre montre Tolstoï agonisant, seul dans la maisonnette du chef de gare d'Astapovo avec sa fille et ses médecins, coupé de sa gloire et de l'effervescence qui entoure ses derniers jours ; il montre son immense popularité auprès du peuple russe, la paranoïa du pouvoir terrorisé à la perspective d'un soulèvement de la population, les tentatives désespérées, confinant au grotesque, de l'Eglise pour faire revenir Tolstoï, excommunié en 1901, dans son giron - du fait justement de son influence sur le peuple, la compétition effrénée entre les journalistes pour la primeur de l'information, et la tension dramatique de la relation entre Tolstoï et sa femme.



Vladimir Pozner a inséré dans le livre des chapitres d'extraits du journal ou d'écrits de Tolstoï, de son épouse et de leurs proches amis éclairant la vie du couple Tolstoï, les raisons de sa fuite et les pensées de ses dernieres années - ce qui donne du liant et de l'épaisseur au récit.



« Le sentiment amoureux a été épuisé avec la satisfaction de la sensualité et nous sommes restés l'un en face de l'autre dans nos véritables rapports, c'est-à-dire comme deux égoïstes absolument étrangers l'un à l'autre et qui désirent se procurer l'un par l'autre le plus de plaisir possible ... »



Ecrit en français par Vladimir Pozner, ce livre eu un retentissement considérable lors de sa publication. D'une lecture initialement un peu fastidieuse en raison de sa forme particulière, c'est néanmoins un document passionnant.

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Le fond des Ormes

J'ai choisi ce livre à cause d'une erreur d'identité. Je pensais que c'était le Vladimir Pozner qui était, à l'époque, à la Radio Moscou. Bref, ce n'était pas lui. Également né en France, ce Vladimir, écrivain, raconte l'histoire d'un vieux qui fréquente un jeune et, ensemble, ils essaient de se réconforter après le décès d'une très proche. Touchant.
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Vladimir Pozner se souvient

Dans ce livre de souvenirs, c'est toute une pléiade phosphorescente d'hommes de lettres qui s'écrivent, échangent, s'invitent les uns chez les autres et appréhendent une époque tourmentée.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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