Puis, sur les écrans géants au-dessus de nous, est apparu le visage de John McCain, le candidat républicain vaincu. Il reconnaissait la victoire d’Obama, et je mentirais en disant que son discours ne m’a pas pris par surprise. « Il y a de cela un siècle, l’invitation lancée par le président Theodore Roosevelt à Brooker T. Washington – pour un dîner à la Maison -Blanche - fut prise comme un affront dans bien des cercles, déclarait le candidat républicain. L’Amérique d’aujourd’hui est à mille lieues de l’intolérance cruelle et orgueilleuse de cette époque. L’élection d’un Afro-américain à la présidence des États-Unis en est la meilleure preuve. (…) Il n’y a donc plus aucune raison pour les Américains de ne pas chérir leur appartenance à ce pays, qui est la plus grande nation sur Terre. Le sénateur Obama a obtenu une grande victoire pour lui-même et pour ce pays. » Ce fut l’un des plus beaux discours de l’histoire politique américaine. Tout ce que j’avais dans le cœur – le cœur d’un démocrate noir de Louisane, âgé de quarante-quatre ans - sortait de la bouche d’un républicain blanc d’Arizona, âgé de soixante-douze ans. C’était un moment étrangement, merveilleusement américain, et il m’a fait rougir de patriotisme.