Citations de Wilfred R. Bion (290)
Le problème de la curiosité réside dans le fait qu’elle risque de susciter une réponse.
Connaître, en tant qu’analyste, le sens des termes « transfert » et « contre-transfert », d’après Freud, Abraham, Melanie Klein ou d’autres, est tout à fait pertinent, à condition de pouvoir simultanément l’oublier pour être disponible à accueillir le prochain mouvement du patient, la prochaine étape, dirions-nous.
Dans un premier temps, il peut être très utile d’avoir un analyste qui, au dire du patient, pense ceci ou cela. Il s’agit d’une relation entre deux personnes. Mais, en réalité, il s’agit d’une relation que l’analysant a avec lui-même. L’embryon très doué intellectuellement voit et expérimente tout ce qu’il voit et tout ce qu’il expérimente ; de même, l’homme ou la femme, très doués intellectuellement, produisent un compte-rendu très convaincant des événements.
Le monde de la réalité ne se plie pas aux capacités des êtres humains ; c’est pour cela qu’il est si important que les scientifiques et les autres, que nous tous fassions preuve de respect pour la réalité et nous interdisions de déformer la conception que nous en avons.
Je crois qu’elle a très peur de l’opposition et de l’hostilité d’un père mort ou d’une mère morte à l’encontre de la personne qui continue à vivre. Alors, c’est comme une défense, de dire : « Peut-être suis-je en vie, mais ce n’est pas une vie digne d’être vécue.
Les gens écartent la dépression du petit enfant comme si cela était sans conséquence. On ne laisse donc pas à l’enfant l’occasion de vivre une véritable bonne dépression, qui n’est pas nocive, surtout au moment où elle est appropriée.
L’objet interne –cette chose qu’il nomme mal au ventre- est en fait une conscience effrayante.
L’analyste doit être un artiste : il doit faire des constructions à partir de ce qui se passe.
Nous souffrons d’une indigestion de théories et de faits, à tel point qu’il devient pratiquement impossible d’entendre ce que le patient dit.
Le patient découvre que, même si ça a l’air facile de faire une analyse, il est en réalité très désagréable de se trouver dans une situation où il y a une autre personne qui fait preuve de respect pour la personnalité du patient et est prête à s’en occuper.
Une des caractéristiques du progrès, c’est qu’il nous déprime toujours. Ou que l’on regrette de ne pas l’avoir découvert plus tôt.
Il y a tant d’analystes qui ont l’air de s’ennuyer dans leur travail ! Ils ont perdu leur capacité d’étonnement.
Si tu n’étais pas aussi fier d’être raisonnable, quelqu’un ne manquerait pas de remarquer combien tu es effrayé par la « déraison ». Tu portes ton « courage » comme un manteau sur ta lâcheté et les choses dont tu as peur -ça doit être terrible d’avoir un système nerveux parasympathique et un autre « volontaire » si proches l’un de l’autre !
C’était typique de ces temps-là : une éternité d’ennui remplacée sans préavis par un brutal effroi.
La personnalité est un ensemble hiérarchisé de fonctions, chacune de ces fonctions résultant de l’activité conjointe de différents facteurs […].
[préface de François Robert]
Parmi les multiples facettes de ce que le patient a dit, on peut remarquer une facette plutôt qu’une autre. On peut considérer cela comme une proposition (statement) ou comme une transformation ; comme multi-dimensionnel ou comme multi-facette ; on pourrait le représenter par l’image visuelle d’une figure dans laquelle de nombreux plans se rencontrent ou des lignes passent par un point commun.
Je considèrerai qu’un objet est sensible à l’investigation psychanalytique si, et seulement si, cet objet remplit des conditions analogues aux conditions remplies quand la présence d’un objet physique est confirmée par le témoignage d’au moins deux sens. […] Le problème est de déterminer jusqu’où il nous est possible d’accorder aux déductions des sens faites dans le champ de la psychanalyse la même validité que dans la physique ou dans la philosophie.
Comme la pensée verbale repose sur la faculté d’intégration, il n’est pas surprenant de constater que son émergence est étroitement liée à la position dépressive qui constitue, ainsi que l’a souligné Melanie Klein, une phase de synthèse et d’intégration actives. La pensée verbale aiguise la prise de conscience de la réalité psychique et, par conséquent, de la dépression qui est liée à la destruction et à la perte des bons objets. […] Le patient a le sentiment que la relation entre la position dépressive et la pensée verbale […] vient ajouter une cause supplémentaire aux nombreuses causes de haine, déjà manifeste, envers l’analyse qui, après tout, est un traitement employant la pensée verbale pour résoudre des problèmes mentaux.
A ce stade, le patient se met à avoir peur de l’analyste, bien qu’il lui arrive de concéder qu’il se sent mieux ; mais […] il se montre particulièrement désireux de n’être en rien mêlé à sa capacité embryonnaire de pensée verbale. Mieux vaut laisser celle-ci à l’analyste, pense-t-il. […] Il [le patient] dispose d’une plus grande capacité verbale, mais il préfère l’employer comme il le faisait à l’époque où elle existait à peine.
Les psychanalystes ne devront pas s’étonner de constater qu’il n’y a pas place non plus dans leurs théories pour la mesure ou pour d’autres entités qui sont pourtant des lieux communs dans des disciplines reconnues comme scientifiques.
Les mots, le vocabulaire, se sont tellement dégradés, tellement de personnes ont appris à parler d’amour, de haine et ainsi de suite, qu’il est devenu banal de dire « Oui, je sais ; oui, je sais, je sais ». On pense savoir quand, en fait, on ne sait rien du tout. On peut dire : « Bien sûr, je connais Les coquelicots, j’en ai vu plusieurs reproductions ». Ou encore : « Oui, je connais le concerto pour cor de Mozart, j’en ai entendu de nombreux enregistrements ». Mais cela ne veut pas dire qu’on en a fait véritablement l’expérience.