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Diana Messina Pizzuti (Collaborateur)
EAN : 9782848350783
138 pages
In Press (06/07/2005)
4.5/5   2 notes
Résumé :

Au cours de l'été 1977, le grand psychanalyste britannique W R. Bion (1897-1979) anima à Rome une série de neuf séminaires. Ces textes, réunis dans cet ouvrage, sont désormais accessibles au public francophone. Dans sa forme dialoguée, l'ouvrage permet une immersion à la fois riche et intime dans la pensée de Bion. Celui-ci, fort d'une longue expérience de pratique analytique constamment mise en quest... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En conclusion du séminaire italien de 1977, un participant tortille du cul pour lécher le cul en personne au grand Bion dont on admirera au passage la concision et l’efficacité mnémonique du nom : « Mon sentiment est que le Dr Bion nous a donné et nous donne une modalité de pensée, et que lui-même représente une force, car il personnifie la puissance de la pensée, sa fonction, son usage et sa communication ».

Mais de quelle pensée parlons-nous ? C’est une pensée qui ne court pas les rues. C’est la pensée sauvage (nous choisit-elle ou la choisissons-nous ?) qui se laisse parfois cultiver pour nous autres, alchimistes du charnier qui transformons l’or du monde en délices coprophagiques. La domestication a ceci de bien qu’elle met fin à l’émerveillement, mais elle a ceci de mal qu’elle engendre la calcification, c’est-à-dire la mort. Dans le domaine de la pensée, on peut aussi appeler cela le dogmatisme. Il surgit par exemple lorsque, face à la parole vivante d’un interlocuteur (ici le patient) (on dit la parole vivante mais c’est optimiste), le destinataire (l’analyste) répond en se référant à ses souvenirs intellectuels d’idées momifiées. Ça leur permet de survivre plus longtemps, mais les idées sentiront alors si fort le moisi que ça peut prendre aux tripes et monter jusqu’à la tête.

« Ce que vous devez faire, c’est donner aux germes de la pensée une opportunité de se développer. Vous serez sûrement réticents, vous souhaiterez sûrement être conforme à une quelconque théorie psychanalytique reconnue […]. Mais cela ne fonctionne pas lorsque vous parlez en votre nom et pour votre propre compte. […] Vous devez avoir le courage de penser et de sentir tout ce que vous pensez et sentez, quel que soit l’avis de votre société ou de votre Société et quoi que vous-mêmes en pensiez. […] Si la précision des mathématiques fait leur valeur, il ne faut pas accepter néanmoins qu’elle s’ossifie, qu’elle se calcifie au point de ne plus laisser d’espace au développement.»

Bion suggère aux psychanalystes de prendre conscience de plusieurs choses. Réinventer le langage pour communiquer vraiment avec le patient, en veillant à ne jamais ignorer les sources pures d’où jaillissent le vocabulaire. Les concepts psychanalytiques sont utiles pour se comprendre entre psychanalystes par exemple, mais ne servent à rien dans d’autres cadres. Ensuite, il faut être conscient des risques que comporte l’exercice de la psychanalyse pour l’analyste : « Il ne faut pas devenir psychanalyste ou médecin si l’on n’est pas prêt à en payer le prix. Pour le dire autrement, quand on ne supporte pas la chaleur, mieux vaut quitter la cuisine ». Celui qui ne supporte pas qu’on se foute de sa gueule ne pourra pas devenir psychanalyste parce que, c’est immanquable, un patient finira bien par exprimer tout haut une pensée sauvage qui ne se fait pas chier à faire dans la nuance et la mièvrerie. Il faut savoir aussi que le risque peut être physique et qu’un mot peut conduire un patient à tuer ou se tuer. Enfin, pour éviter que la psychanalyse ne devienne une mode et ne se dénature, il est nécessaire de ne jamais perdre de vue cet objet inatteignable qu’est la vérité. L’analyste doit dire son opinion sur ce qu’il imagine être la vérité comme si sa vie en dépendait, car comment pourrait-on être touché autrement qu’en parlant avec quelqu’un qui a cette sorte de foi-là ?

« Dans ses révélations, saint Jean parle d’une lumière exprimée en mots, mais lui-même l’exprime verbalement. Peut-on entendre cette expression verbale ? Et peut-on prêter attention ou tolérer le sens qui est au-delà de l’expression verbale ? »

C’est ça qui est important. Toujours prendre la parole comme si c’était le premier mot qu’on nous adressait avec, comme paradoxe, une connaissance du langage qui devient toujours plus élaborée. La pensée sauvage n’est pas la plus archaïque. Elle est seulement la moins corrompue, avec tous les risques que cela comporte.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Ce que vous devez faire, c’est donner aux germes de la pensée une opportunité de se développer. Vous serez sûrement réticents, vous souhaiterez sûrement être conforme à une quelconque théorie psychanalytique reconnue […]. Mais cela ne fonctionne pas lorsque vous parlez en votre nom et pour votre propre compte. […] Vous devez avoir le courage de penser et de sentir tout ce que vous pensez et sentez, quel que soit l’avis de votre société ou de votre Société et quoi que vous-mêmes en pensiez. […] Si la précision des mathématiques fait leur valeur, il ne faut pas accepter néanmoins qu’elle s’ossifie, qu’elle se calcifie au point de ne plus laisser d’espace au développement.
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Je dirais que les preuves qui me sont accessibles durant le temps où le patient est avec moi comptent pour 99%, tandis que ce que j’entends à propos du patient ou de ma manière de mener mon travail ou de toute autre chose ne compte tout au plus que pour 1%. […] Quelles que soient les choses que je puisse entendre ou qui me soient rapportées lorsque le patient quitte mon champ visuel et auditif, je ne dois pas trop m’en préoccuper : je peux être sourd et aveugle à tout le reste.
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Comment pouvons-nous voir l’invisible et comment, ensuite, pouvons-nous exprimer ce que nous voyons de manière à ce que le patient puisse voir ce que nous voulons qu’il voie ? Il y a donc deux points : le premier est que nous soyons en mesure de le voir, nous, cet invisible, le deuxième est que nous puissions trouver une modalité de communication pour pouvoir en faire part à notre patient.
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Lorsque demain vous verrez votre patient, pourrez-vous repérer, dans le matériel mis à votre disposition, des signes indiquant l’existence du fantôme de la marionnette ? Si vous y parvenez, vous pourrez peut-être également être en mesure d’insuffler de la vie dans cette minuscule survivance.
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Les mots, le vocabulaire, se sont tellement dégradés, tellement de personnes ont appris à parler d’amour, de haine et ainsi de suite, qu’il est devenu banal de dire « Oui, je sais ; oui, je sais, je sais ». On pense savoir quand, en fait, on ne sait rien du tout. On peut dire : « Bien sûr, je connais Les coquelicots, j’en ai vu plusieurs reproductions ». Ou encore : « Oui, je connais le concerto pour cor de Mozart, j’en ai entendu de nombreux enregistrements ». Mais cela ne veut pas dire qu’on en a fait véritablement l’expérience.
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