Citations de Wilfred R. Bion (290)
L’analyste que vous devenez, c’est vous et vous seul ; vous devez respecter votre personnalité, qui est unique –c’est cela que vous utilisez, et non toutes ces interprétations.
Ce soupçon fait-il partie des choses que l’analyste devrait garder pour soi, ou bien pourrait-il le communiquer au patient ?
La communication verbale du patient est incapable de représenter O en raison de la signification admise du signe employé, tout comme elle est incapable de représenter O en raison de la signification qui résulte de la saturation.
Le terme de « situation oedipienne » peut s’appliquer : 1) à la réalisation des relations entre le père, la mère et l’enfant ; 2) à une préconception émotionnelle, […] ce qui s’unit à la prise de conscience d’une réalisation pour engendrer une conception ; et 3) à une réaction psychologique provoquée au sein d’un individu par 1).
Pour échapper à la culpabilité, il se sent persécuté par la vie qu’il a détruite.
Rappelons-nous que dans un système où prédominent les éléments-bêta, les « pensées » sont des « choses » ; j’ai également souligné que les éléments-bêta ne peuvent pas être utilisés en tant qu’éléments colonne 4 parce qu’ils sont déjà saturés […]. Nous voyons donc que le défaut de la non-chose consiste précisément en ceci que l’objet « absent » ou « inexistant » occupe l’espace qui devrait être laissé vacant.
Dès l’origine, la situation analytique a été conçue pour fournir les conditions propres à assurer au patient un fond sur lequel il puisse projeter, soit sur le mode de la transformation projective, soit sur celui de la transformation rigide.
Je commencerai par faire correspondre l’objet que j’ai défini comme analogue à la conscience avec un « point de vue ». Comme je ne veux pas identifier cet objet à un point de vue particulier, ni même à un sens particulier, je ne le considérerai pas comme un point « de vue », « d’odorat », « de toucher » ou « d’ouïe », mais simplement comme un point.
Je considèrerai d’abord ←↑ : « à la recherche d’une existence ». Ce que ce signe représente ne peut être déterminé que par la découverte d’une réalisation qui s’en rapproche : il est tout à la fois mental et susceptible d’une perception par les sens. (Il faut bien distinguer ici cette « perception par les sens » de la conscience définie par Freud comme « organe des sens de la qualité psychique »).
Les « objets » auxquels la psychanalyse a affaire incluent la relation entre la non-chose et la chose. Une personnalité capable de tolérer une non-chose peut faire usage de cette non-chose ; elle est donc en mesure de faire usage de ce que nous pouvons à présent appeler une pensée.
Le clivage, l’utilisation des sens à des fins d’évacuation et les hallucinations sont tous mis au service d’une ambition de guérir et peuvent être tenus par conséquent pour des activités créatrices.
Si le patient déclare voir un objet, cela peut vouloir dire qu’un objet externe a été perçu par lui, ou cela peut vouloir dire qu’il éjecte un objet par les yeux […] Si nous sommes conscients du double sens que révèlent les verbes de sensation pour le psychotique, nous arriverons parfois à déceler un processus hallucinatoire avant qu’il ne se manifeste par des signes plus familiers.
Les particules qui doivent être employées partagent, comme nous l’avons vu, les qualités des choses. Le patient semble y voir un obstacle supplémentaire à leur réintégration. Puisque ces objets qu’il croit avoir expulsés au moyen de l’identification projective deviennent infiniment pires après leur expulsion, le patient se sent violé, assailli et torturé par leur réintégration, alors même qu’il l’a désirée.
La tentative de penser, qui est une partie centrale du processus total de réparation du moi, implique l’utilisation de modes préverbaux primitifs qui ont subi une mutilation et une identification projective. Ce qui veut dire que les particules expulsées du moi, et leurs accroissements, doivent être ramenés sous contrôle et par conséquent dans la personnalité. L’identification projective est donc inversée et ces objets sont ramenés par la même route qu’ils avaient suivie au moment de leur expulsion. […] Ces objets, pour être ramenés, doivent être comprimés. Etant donné l’hostilité de la fonction rejetée de l’articulation, qui est elle-même devenue un objet, les objets peuvent seulement être unis de façon inappropriée, ou agglomérée.
Conscient ne représente pas la conscience que tel ou tel événement pourra se produire dans le futur : il représente un remplacement et une exclusion du présent au moyen d’un état hallucinatoire de gratification, sur le mode du mauvais pressentiment ou sur le mode de l’anticipation agréable. […]
Par définition, le terme « conscient » se rapporte à des états qui se situent au-dedans de la personnalité ; la conscience d’une réalité externe est secondaire par rapport à la conscience d’une réalité psychique interne.
Les mots, les cercles, les points et les lignes deviennent autant d’incitations à substituer la chose à la non-chose, la chose elle-même ayant pour rôle de remplacer les représentations qui sont pourtant nécessaires dans le domaine de la pensée. C’est ainsi que l’on peut rechercher un meurtre réel plutôt que la pensée représentée par le mot « meurtre », un sein ou un pénis réels plutôt que la pensée représentée par ces mots, et ainsi de suite, jusqu’au moment où des actions fort complexes et des objets réels sont élaborés dans le cadre d’un acting out.
Il n’est pas nécessaire d’associer le clivage à A ou H. Le clivage peut être une fonction de C : il correspond alors à ce que l’on appelle « analyse » dans les sciences […].
La transformation représente une conjonction constante et l’idée qu’elle a une cause ou qu’un élément est « cause » d’un autre élément dérive, selon moi, de forces au sein de l’observateur et ne fait pas nécessairement partie de la conjonction observée. Bref, l’idée que la conjonction constante a une signification est peut-être logiquement (c’est-à-dire psychologiquement) nécessaire, mais elle n’est pas nécessaire à la conjonction constante. Le point important pour la discussion est que A, H ou C doivent être considérés comme un des éléments essentiels parmi tous les éléments observés comme étant constamment conjoints. […] Toute transformation peut donc être considérée comme a) le fait pour l’analyste de constater qu’un certain nombre d’éléments sont constamment conjoints et méritent d’être liés par le nom de « transformation » et b) le fait pour l’analysant de constater qu’un certain nombre d’éléments sont constamment conjoints et liés par le nom qui lui semble approprié.
Sa fonction étant de lier une conjonction constante, le nom participe de la définition ; au départ signifiant, mais dénué de signification, il reçoit de l’expérience son accroissement de signification ; sa force négative dérive tout à la fois de sa genèse en tant qu’élément de la pensée, et de cette nécessité logique d’apparaître précisément parce que la conjonction constante qu’il lie n’est aucune des conjonctions constantes déjà nommées. L’animosité envers le nom dérive donc de sa genèse et de la peur de ce qu’implique son « usage ».
[A propos de patients diagnostiqués comme schizophrènes ou psychotiques borderline] Il me semble que la source de leur problème était leur très grande intelligence. […] J’ai pu attirer l’attention de deux d’entre eux sur des traces d’une capacité d’observation très fine –fine à ce point qu’ils ne pouvaient tolérer les informations que leur transmettaient leurs sens archaïques.