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Citations de Yann-Hervé Martin (37)


C'était l'époque où les petits défauts tant aimés naguère, ces adorables défauts qui faisaient ressortir par contraste tant d'exquises qualités, devenaient d'insupportables vices, de monstrueuses habitudes qui charriaient sans pitié tout ce qui aurait pu les atténuer.
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Il est bon qu'il y ait un monde, même si celui-ci est encore en chantier, même s'il me faut vite découvrir que je dois y déployer mon pouvoir d'agir pour le rendre, si possible, un peu meilleur. Et cette expérience élémentaire n'est ni une expérience esthétique ni une expérience morale. Elle se joue plutôt à fleur de peau , à ce niveau où l'esprit se tient au plus près de la chair, où il est simple sensibilité.
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C'est pourquoi il ne saurait y avoir de vies qui ne valent rien, qui ne valent pas d'être vécues. C'est pourquoi la vie est plénitude dans tout vivant et déploie sa valeur, c'est à dire sa dignité, à part égale en tout vivant. C'est pourquoi la vie d'un handicapé ne vaut pas moins que celle d'un homme valide, même s'il va de soi qu'elle est plus difficile. C'est pourquoi ni les blessures de la vie, ni les amoindrissements de la vieillesse, ni les altérations de la santé n'ôtent quoi que ce soit à la dignité d'un être humain. Respecter la vie, ce n'est pas se tenir devant elle comme devant une puissance souveraine qu'il faudrait protéger coûte que coûte.
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Yann-Hervé Martin
— Si on se « légumait » devant un vieux film ?
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Il faut donc poser que la raison est d'abord la faculté du réel.
....
Mais alors, qu'est ce que le réel? Il semble au moins possible d'en dégager deux propriétés : il est simultanément ce qui change et ce qui résiste.
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Toute vie a un sens, même si cela ne suffit pas pour nous dire quel est le sens de la vie.
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Toute force est une fragilité surmontée.
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Un coucher de soleil n'est beau que pour celui qui peut le contempler. La majesté d'un ciel étoilé tient tout entière dans le regard qui s'y abîme. La chaleur du soleil n'est chaleur que pour le corps qu'elle réchauffe. Les choses de l'univers valent pour autant qu'elles peuvent affecter un vivant, ce qui veut dire aussi que la vie est source de toute valeur.
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Le commissaire semble partager le souci de son professeur improvisé. Il comprend soudain que celui qui a tué Jouve, ou celui qui a commandité le meurtre, voulait en arriver à cette prise.
— Bon sang, une prise, c’est un meurtre !
— N’exagérons rien. Ce n’est qu’un jeu !
Il se lève, à la fois excité et abasourdi par sa découverte.
— Non, je veux dire qu’à la prise du pion d5 correspond un meurtre, comme si le pion, c’était Jouve !
— Jouve ?
Il vient d’oublier qu’il ne lui avait pas tout dit.
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Il sort alors de sa poche la feuille du major Muller, la dépose à côté du plateau et commence à avancer ses pièces. Il n’a pas vu que juste derrière son dos, une imposante silhouette ne perd rien de ses gestes. Il prend soin de bien vérifier les coordonnées des cases.
1. e4…
«; Bon d’accord, le pion e2 avance de deux cases. »
…e6
«; Les blancs ayant commencé, c’est aux noirs de jouer. le pion e7 en e6. »
2. d4…
«; Deuxième coup des blancs, encore un pion qui avance, et la réponse des noirs : d5. Puis le… »
— Excusez-moi, ça ne me regarde pas vraiment, mais vous jouez une partie seul ?
Il lui faut quelques instants pour comprendre que la voix vient de son dos. Il se retourne pour découvrir un individu qui lui semble incroyablement massif mais dont il ne parvient pas à voir le visage
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— Bonjour, excusez-moi. Auriez-vous un échiquier. Un jeu d’échecs.
Le patron interrompt sa besogne, prend le temps de ranger le verre au-dessus de lui, et se tourne vers Gwendal Pavlovsky auquel il répond d’une voix dure et lasse.
— Je sais ce qu’est un échiquier. Si vous en voulez un, faut consommer.
Le commissaire hésite à sortir sa carte de police puis décide d’obtempérer.
— D’accord, alors une bière. Et un échiquier, s’il vous plait.
— Vous pouvez aller en salle. On va vous servir.
Puis, sans plus se préoccuper de la commande, il s’empare d’un autre verre qu’il entreprend d’essuyer lentement, comme s’il s’agissait de faire durer un geste plus que d’accomplir une tâche.
Pavlovsky s’installe à la première table libre et attend. Quelques instants plus tard, la femme dépose devant lui un verre à pied où pétille un liquide doré surmonté d’une mousse délicate.
— Merci madame. Vous n’oubliez pas l’échiquier ?
— Ils sont tous dans la salle, au fond à droite.
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Rivarol n’est pas encore là ?
— Non commissaire, pas avant 8 h 00. Vous êtes un peu matinal.
Pavlovsky est déçu. Il file dans son bureau et referme la porte derrière lui pour mieux consulter les notes prises la veille au soir. Il sait bien que malgré l’impatience qui le ronge, il n’a plus qu’à attendre. Il reprend quelques dossiers sans intérêt : vols à la tire, prostitution sur la voie publique… et songe à son avenir qu’il a toujours imaginé radieux. Après tout, c’est l’un des plus jeunes commissaires de France et il peut très vite espérer devenir divisionnaire, ou pourquoi pas, contrôleur général. Mais d’abord, il y a cette affaire. Surtout, ne pas la rater. Leur montrer de quoi il est capable.
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Quelques secondes plus tard, un brigadier braque sur la feuille cartonnée un faisceau de lumière vive. Les trois hommes se regardent. Ils ne comprennent pas. Leur silence intrigue le second brigadier qui les rejoint aussitôt.
— Y a écrit quoi ?
Pavlovsky lui montre le papier qu’il tient entre deux doigts :
4. e x d5.
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Le chef des pompiers s’approche de Pavlovsky.
— On peut emmener le corps ?
Le commissaire se tourne vers son lieutenant, comme s’il voulait son avis, puis se décide à retourner près du cadavre. Il s’agenouille une seconde fois, tâte les poches et, au moment de donner l’autorisation d’emporter le corps, aperçoit une petite tâche blanche qui déborde de sous le col de la veste. Il soulève celui-ci, fronce les sourcils, vérifie ses gants et retire un petit carton de bristol attaché par une épingle. Quelque chose y est inscrit qu’il ne parvient pas à déchiffrer. Il se redresse et s’approche de Rivarol qui se reproche déjà de n’avoir rien vu.
— C’est quoi ce truc ?
— Une sorte de message, on dirait. Vous ne vous baladez pas avec des morceaux de bristol accrochés à votre veste, vous ? Il y a un truc écrit. Vous avez une lampe de poche ?
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— Alors allez-y, voyez ce que vous pouvez trouver. Ça ne ressemble pas du tout au crime d’un rôdeur. Plutôt une exécution.
Ce premier acte d’autorité suffit à le remplir de sa fonction. Il appelle auprès de lui les policiers en uniforme qui étaient demeurés en retrait et distribue les ordres : vérifier son emploi du temps sur les quinze derniers jours, noter tous ses contacts récents, ses rendez-vous, interroger sa femme, ses collègues, ses supérieurs. Analyser la mémoire de son téléphone. Ce sont des consignes de bon sens, mais les brigadiers prennent note consciencieusement pendant que Rivarol est occupé à vider les poches de Jouve. Il en retire un portefeuille qui contient une centaine d’euros, un téléphone cellulaire, quelques papiers qui ressemblent davantage à des listes de courses ou à des pense-bêtes qu’à des documents importants, un pa quet de cigarettes blondes et un briquet massif argenté. Il connaît son travail et dépose le tout dans un sac qu’il ferme hermétiquement. Il aura le temps d’analyser tout cela demain matin.
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Pavlovsky s’apprête à poser la main sur l’épaule de Rivarol qui semble très affecté, mais il hésite et se ravise.
— Vous le connaissiez bien ?
— Il bossait depuis presque dix ans à la DDSP(1). Un boulot peinard pour lui foutre la paix. Un brave type qui ne cherchait pas les emmerdes.
Les deux hommes ont rejoint le reste du groupe et s’approchent du corps près duquel les pompiers ont fini de s’activer. Le commissaire Jouve est couché sur le dos, comme s’il dormait.
— Il y a des témoins du meurtre ? Quelqu’un qui aurait aperçu quelque chose ?
— Non, rien. Vous savez, ici, c’est pas un quartier résidentiel. Juste des entrepôts.
Pavlovsky est surpris par cette réponse, mais il lui faut quelques instants pour comprendre pourquoi.
— Alors comment avez-vous su qu’il y avait eu un crime ? Vous n’étiez quand même pas en train de patrouiller dans le secteur ?
— Non. C’est bizarre. À 22 h 40, on a reçu un appel téléphonique qui nous prévenait du meurtre et du lieu où on trouverait le cadavre de Jouve. Le coup de fil était passé d’une cabine. Près d’Argenteuil.
— Vous voulez dire qu’un type, à cinq cents kilomètres d’ici, vous a averti ? J’imagine qu’il ne vous a pas laissé son identité ?
— Rien.
Le commissaire sort un petit calepin sur lequel il note l’information.
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— Bonjour commissaire. Vous n’avez pas eu trop de mal à trouver ?
Gwendal Pavlovsky sent bien une légère pointe d’ironie dans la voix de son subordonné. À moins que ce ne soit autre chose, une colère retenue peut-être. Il décide de passer outre d’un ton affable.
— Pas de problème, je vous remercie. Alors, que se passe-t-il ?
— C’est Jouve. Il s’est fait allumer.
— Jouve ?
Il comprend qu’il devrait savoir qui c’est et qu’on lui reprochera son ignorance. Mais il a beau fouiller dans ses plus récents souvenirs, il ne voit pas.
— Ouais, Jouve, le commissaire. il allait prendre sa retraite. C’est dégueulasse. Faut qu’on trouve l’ordure qui a fait ça.
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Le cœur battant, il gare sa voiture quelques mètres derrière le véhicule des pompiers, ferme les yeux un instant pour retrouver le calme dont il aura besoin et se dirige d’un air nonchalant vers un groupe de policiers qui semblent l’attendre. La nuit est douce et la scène est étrangement calme. Le gyrophare clignote dans un silence presque irréel, projetant son faisceau sur des façades froides et compactes. Un de ses hommes l’a aperçu mais le laisse approcher sans venir à sa rencontre. Il sait bien qu’ils le jaugent et qu’ils observent chacun de ses gestes, mais il n’a plus peur. Il est leur chef, et cette certitude lui suffit pour l’autoriser à s’avancer vers eux fort de son grade et de sa légitimité. Le lieutenant Rivarol est le premier à le saluer, aussitôt imité par les trois policiers qui l’accompagnent.
— Bonjour commissaire. Vous n’avez pas eu trop de mal à trouver ?
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Dans cette ville nouvelle pour lui, il manque encore de repères mais son GPS lui permet de parvenir rapidement dans le quartier où il doit rejoindre ses hommes. Il quitte une rue importante bordée de vitrines et d’immeubles modernes, se retrouve dans une ruelle mal éclairée. En quelques centaines de mètres à peine, il est passé de l’animation tranquille d’un quartier populaire à un labyrinthe d’entrepôts et de hangars qui dressent leurs toits de tôle vers le ciel constellé. Soudain, sur sa gauche, il aperçoit la lumière bleue d’un gyrophare.
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Le commissaire Pavlovsky a quitté son épouse, un peu surpris d’éprouver à la fois la peine d’avoir à la laisser seule et l’excitation qu’il ressent pour chaque nouvelle enquête. Au téléphone, on ne lui a pas dit grand-chose. C’est la procédure. Il a entendu prononcer le mot « homicide » et a pris note de l’endroit où il doit rejoindre ses collègues du commissariat central.
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