AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782819501725
356 pages
Les Nouveaux Auteurs (10/11/2011)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Sur l'échiquier de la mort, tous les coups sont permis !

Fraîchement muté à Strasbourg, le jeune commissaire Pavlovsky se trouve embarqué, malgré lui, dans une affaire criminelle qui très vite le dépasse.

Plusieurs individus découverts assassinés portent sur eux un bristol énigmatique. Peu à peu, le commissaire va découvrir que les caractères du message correspondent aux coups d'une partie d'échecs joués entre l'assassin et lui-même !... >Voir plus
Que lire après Meurtres sur échiquierVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sur l'échiquier de la mort, tous les coups sont permis...
Ce roman policier se déroule autour d'une partie d'échecs. Celle-ci a des conséquences dramatiques et bien réelles sur l'intrigue car la prise d'une pièce se traduit immédiatement par la mort d'un protagoniste. Cette approche stratégique de l'affaire nous tient en haleine et on se demande comment va finir la partie. le suspense et le rythme sont prenants, il n'y a pas de temps mort. Les personnages ont du relief et sont humains (ni tout blanc, ni tout noir), ce qui les rend attachants. de plus l'écriture fluide nous confère une lecture agréable. Bref une nouvelle plume du polar français est née.
Lien : https://collectifpolar.com/
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Depuis l’adolescence, il n’a jamais cessé de prendre soin de son corps, de le durcir, de l’assouplir. Ses cheveux qui tirent sur le roux attirent l’œil sur un visage où brille un regard moqueur. Il ôte le nœud papillon dont la couleur soutenue tranche avec la blancheur immaculée de sa chemise. Trop voyant. Il en profite pour échanger son costume contre des vêtements plus sobres, endosse une veste grise qu’il ajuste sur ses OUVERTURE
Médiocrement installé sur un fauteuil en velours dont il sent les ressorts usés, il essaie de se redresser pour étendre ses jambes trop longtemps immobiles. Il mesure chacun de ses gestes, comme s’il s’agissait de maintenir la subtile harmonie dont il est à la fois le centre et le destinataire privilégié. Il vient de fermer les yeux. Le dialogue des violons qui murmurent dans l’obscurité le fameux aria de la troisième suite de Bach lui laisse oublier ses membres endoloris. La musique a libéré son esprit, discipliné son corps et affiné ses sens. Les notes se sont mêlées aux effluves d’un parfum qu’il reconnaît sans peine. Un grand parfum, classique lui aussi. Un concentré de charme et de séduction, une manière de prolonger le corps au-delà de la peau. De le célébrer. Son imagination le distrait un instant du plaisir immédiat auquel il s’était abandonné. Il pense à sa voisine, à ce qu’il peut deviner de la douceur de ses jambes et de la docilité de sa chair. Il éprouve le désir de la toucher, de poser sa main sur sa cuisse, de sentir à travers le bas le muscle souple de sa jambe. Mais il se retient. Ce n’est pas de la timidité. Plutôt un mode de gestion du plaisir. Il sait qu’il découvrira dès cette nuit ce que cachent et révèlent les vêtements élégants qu’elle porte pour lui. Mais il préfère ce que ses sens lui offrent aux promesses de son imagination. Il respire profondément pour reprendre contrôle de lui-même. Hélas, le parfum est comme un sortilège. C’est vrai qu’elle est belle et désirable. C’est vrai qu’elle attend de cette nuit la même chose que lui, qu’elle le sait, et qu’elle sait très bien qu’il le sait aussi. Mais les jeux d’adultes seraient insipides sans le contrôle des passions par l’intelligence du désir. Il se retient, se concentre, s’oblige à suivre la ligne mélodique d’un air qu’il connaît par cœur et qu’il redécouvre chaque fois. Il est sur le point d’y arriver quand une vibration légère secoue sa poitrine.

Il sort son téléphone de la poche intérieure de sa veste et en consulte discrètement l’écran. Une icône stylisée lui apprend qu’il vient de recevoir un message. Vaguement agacé par cette irruption indélicate de la vie profane dans l’espace sacré de son balcon d’opéra, il pousse un léger soupir qu’il dissipe aussitôt. Il murmure un mot d’excuse à l’oreille de sa voisine, se lève pour gagner le couloir, puis les toilettes. Personne. Il active le menu de son appareil et comprend vite que le message est codé. C’est Lui. Une urgence manifestement. Il lit le texte en lui appliquant directement le code convenu, esquisse un sourire et rejoint le balcon au moment où l’orchestre achève la seconde gavotte. Il dispose de quelques secondes pour prendre congé de la femme qui s’est retournée vers lui, manifestement intriguée.

— Je vous prie de m’excuser, une urgence. Soyez certaine que j’en suis désolé. J’espère que vous n’en serez pas fâchée, et que vous saurez me laisser une chance de rachat.

Sans lui laisser le temps de répondre, il disparaît au moment où retentit la gavotte dont il fredonne les premières notes.

Il lui faut faire vite. Il saute dans un tram presque vide qui le dépose à quelques pas de chez lui. Il a encore en tête les volutes de l’aria et le parfum voluptueux de celle qu’il a dû abandonner. Dommage, ce ne sera pas pour cette nuit. L’ascenseur le conduit au dernier étage de l’immeuble cossu où il vit depuis son affectation à Strasbourg. Il ouvre la porte de son appartement et se précipite vers la grande terrasse d’où il peut contempler tout le centre-ville. La cathédrale illuminée dresse son unique clocher tel un phare dans un monde sans Dieu. Il n’a pas le temps de méditer sur la grâce de ces pierres jetées vers le ciel par la foi des hommes. Il saisit son téléphone et relit le message. Il est 21 h 38. Il dispose de moins d’une heure. Les consignes sont claires. Le point de ralliement aussi. Il ne devrait pas y avoir de problème. Il retourne dans le salon, se dirige vers un tableau, un ange de lumière peint et offert par une artiste locale. Il sourit au souvenir de la nuit qu’ils ont passée ensemble, ôte le tableau du mur et laisse apparaître un petit coffre qu’il ouvre pour en sortir une arme de poing et un silencieux qu’il y adapte avec application. Il vérifie le chargeur, ferme le coffre, remet le tableau en place.

Avant de quitter l’appartement, il prend le temps de s’arrêter devant un miroir qui lui renvoie l’image d’un bel homme qui a su garder une carrure d’athlète malgré l’approche de la cinquantaine. Depuis l’adolescence, il n’a jamais cessé de prendre soin de son corps, de le durcir, de l’assouplir. Ses cheveux qui tirent sur le roux attirent l’œil sur un visage où brille un regard moqueur. Il ôte le nœud papillon dont la couleur soutenue tranche avec la blancheur immaculée de sa chemise. Trop voyant. Il en profite pour échanger son costume contre des vêtements plus sobres, endosse une veste grise qu’il ajuste sur ses épaules, y glisse le pistolet et quitte son appartement avec un soupçon d’excitation. Décidément se dit-il, la vie vaut la peine d’être vécue.
Commenter  J’apprécie          10
Pavlovsky s’apprête à poser la main sur l’épaule de Rivarol qui semble très affecté, mais il hésite et se ravise.
— Vous le connaissiez bien ?
— Il bossait depuis presque dix ans à la DDSP(1). Un boulot peinard pour lui foutre la paix. Un brave type qui ne cherchait pas les emmerdes.
Les deux hommes ont rejoint le reste du groupe et s’approchent du corps près duquel les pompiers ont fini de s’activer. Le commissaire Jouve est couché sur le dos, comme s’il dormait.
— Il y a des témoins du meurtre ? Quelqu’un qui aurait aperçu quelque chose ?
— Non, rien. Vous savez, ici, c’est pas un quartier résidentiel. Juste des entrepôts.
Pavlovsky est surpris par cette réponse, mais il lui faut quelques instants pour comprendre pourquoi.
— Alors comment avez-vous su qu’il y avait eu un crime ? Vous n’étiez quand même pas en train de patrouiller dans le secteur ?
— Non. C’est bizarre. À 22 h 40, on a reçu un appel téléphonique qui nous prévenait du meurtre et du lieu où on trouverait le cadavre de Jouve. Le coup de fil était passé d’une cabine. Près d’Argenteuil.
— Vous voulez dire qu’un type, à cinq cents kilomètres d’ici, vous a averti ? J’imagine qu’il ne vous a pas laissé son identité ?
— Rien.
Le commissaire sort un petit calepin sur lequel il note l’information.
Commenter  J’apprécie          10
— Alors allez-y, voyez ce que vous pouvez trouver. Ça ne ressemble pas du tout au crime d’un rôdeur. Plutôt une exécution.
Ce premier acte d’autorité suffit à le remplir de sa fonction. Il appelle auprès de lui les policiers en uniforme qui étaient demeurés en retrait et distribue les ordres : vérifier son emploi du temps sur les quinze derniers jours, noter tous ses contacts récents, ses rendez-vous, interroger sa femme, ses collègues, ses supérieurs. Analyser la mémoire de son téléphone. Ce sont des consignes de bon sens, mais les brigadiers prennent note consciencieusement pendant que Rivarol est occupé à vider les poches de Jouve. Il en retire un portefeuille qui contient une centaine d’euros, un téléphone cellulaire, quelques papiers qui ressemblent davantage à des listes de courses ou à des pense-bêtes qu’à des documents importants, un pa quet de cigarettes blondes et un briquet massif argenté. Il connaît son travail et dépose le tout dans un sac qu’il ferme hermétiquement. Il aura le temps d’analyser tout cela demain matin.
Commenter  J’apprécie          10
— Bonjour, excusez-moi. Auriez-vous un échiquier. Un jeu d’échecs.
Le patron interrompt sa besogne, prend le temps de ranger le verre au-dessus de lui, et se tourne vers Gwendal Pavlovsky auquel il répond d’une voix dure et lasse.
— Je sais ce qu’est un échiquier. Si vous en voulez un, faut consommer.
Le commissaire hésite à sortir sa carte de police puis décide d’obtempérer.
— D’accord, alors une bière. Et un échiquier, s’il vous plait.
— Vous pouvez aller en salle. On va vous servir.
Puis, sans plus se préoccuper de la commande, il s’empare d’un autre verre qu’il entreprend d’essuyer lentement, comme s’il s’agissait de faire durer un geste plus que d’accomplir une tâche.
Pavlovsky s’installe à la première table libre et attend. Quelques instants plus tard, la femme dépose devant lui un verre à pied où pétille un liquide doré surmonté d’une mousse délicate.
— Merci madame. Vous n’oubliez pas l’échiquier ?
— Ils sont tous dans la salle, au fond à droite.
Commenter  J’apprécie          10
— Comment ça se passe avec tes nouveaux collègues ? Ils ne te chahutent pas trop, j’espère.
Elle est toujours inquiète. Pour lui surtout. Pour elle aussi parfois. Elle ne peut s’empêcher de croire précaire l’équilibre de leur vie, le bonheur qui est tout leur luxe. Elle se dit même parfois qu’elle ne le méritait pas, qu’il doit y avoir un peu de pitié dans son amour pour elle, que tout cela ne peut pas durer, qu’il faudra tôt ou tard payer le prix. Mais il lui suffit de le regarder, lui, à la fois si doux et si calme, pour se sentir rassurée et retrouver en elle la force de croire un jour encore, puis un autre.
— Certains collègues n’apprécient pas trop de se retrouver subordonnés à un type plus jeune qu’eux. Mais pour le moment, ils ne me le font pas trop sentir. Les structures hiérarchiques atténuent ce genre de difficultés, et si je fais bien mon travail, j’ose espérer qu’on oubliera mon âge.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Yann-Hervé Martin (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann-Hervé Martin
Yann-Hervé Martin. Réussir sa vie.
autres livres classés : thrillerVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}