Afin de protester contre le départ en épi (départ en courant à pied vers la voiture), Jacky Ickx décide de marcher pour rejoindre sa Ford GT40. Il a en mémoire l'accident de son ami Willy Mairesse, décédé lors du premier tour de l'édition précédente des 24h du Mans.
Le pilote belge part bon dernier ce qui rend furieux son équipe. Malgré cela, il va remonter un à un ses adversaires dont les Porsche qui sont favorites.
Les auteurs (Daoudi, Papazoglakis, Paquet, Tanja Cinna) mettent en scène à merveille l'édition de 1969. On y découvre les débuts de Jacky Ickx qui mène une course de main de maître. Daoudi met également l'accent sur les risques que prennent les pilotes. Les dessinateurs illustrent à merveille la tension des derniers tours durant lesquels Ford et la Porsche vont s'affronter pour la victoire.
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J'ai lu pas loin plus de mille romans noirs. Voici le meilleur de la production française, le troisième volet de la trilogie qui est très nettement supérieure au reste de l'oeuvre de Léo Malet. "Sueurs aux tripes" est l'histoire de la déchéance d'un demi-sel poursuivi par la scoumoune dans le petit monde pourri de la banlieue parisienne jusqu'au midi. Une oeuvre désespérée, misogyne et cruelle.
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C'est l'histoire d'une cavale. Celle de Paul Blondel, petit truand, qui après avoir commis plusieurs cambriolages avec la bande du Caïd, se retrouve sur les routes pour fuir. L'intrigue, bien qu'un peu poussiéreuse, se tient encore assez bien. On suit sans trop s'ennuyer la cavale de ce pauvre Paulot, lâché petit-à-petit par les anciens amis et amies. Léo Malet est parfois considéré comme le père du roman noir français. On est dans l'ambiance de l'après-guerre, des années 50 que l'on retrouve également au cinéma dans des adaptations avec Gabin ou Ventura et les dialogues d'Audiard. Celle de Malet est une langue truffée d'argot, aux formules savoureuses qui replace le lecteur dans cette époque.
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Je poursuis la découverte de ce qu’il est convenu d’appeler la Trilogie noire de Léo Malet avec le troisième roman : « Sueur aux tripes ».
Je pense qu’il est inutile de présenter Léo Malet que tout le monde connaît, ne serait-ce que de noms, mais je me contenterais de dire que Léo Malet, en plus d’avoir créé Nestor Burma, a, comme quelques-uns de ses confrères connus de l’époque, participé à la littérature populaire fasciculaire dont je me délecte, en écrivant quelques titres sous pseudonymes.
Il faut que je corrige une erreur que j’ai énoncée lors de mes chroniques sur les deux premiers opus de cette trilogie en disant que les deux premiers avaient été écrits en 1948 et 1949 et le troisième 20 ans plus tard. Or, le troisième a été écrit dans la foulée, mais publié seulement 20 ans plus tard, pour proposer, justement, la trilogie noire.
Paul Blondel est un arnaqueur à la petite semaine qui a pour cible, principalement, la ménagère de plus de 50 ans. Mais, quand il voit Jeanne, la belle Jeanne, il la déteste, car trop belle, trop inaccessible. Mais, à sa grande surprise et pour son plus grand malheur, Jeanne s’éprend de Paul. Malheur, car Jeanne n’est pas faite pour rester avec le même homme longtemps. Malheur, car Jeanne a des ambitions qu’il va falloir que Paulot finance. Malheur, car l’ex de Jeanne, surnommé le Caïd, refait surface et va prendre Paulo sous son aile. Malheur, car Paulot l’a dans la peau…
Si j’avais à classer les trois romans de la trilogie, je bouleverserais l’ordre d’écriture pour situer ce roman entre les deux premiers.
Ainsi, je les classerais dans l’ordre d’appréciation, mais surtout, pour en revenir à ce que je disais sur le premier opus, dans l’ordre d’attachement au personnage central (ce qui joue dans mon appréciation)
Car, les trois romans étant écrits à la première personne, je ne peux m’empêcher de rapprocher mon attachement au personnage à celui du roman.
Le premier personnage était détestable au possible, le second attachant, celui-ci est entre les deux. Pas vraiment détestable, au départ, il le deviendra, par peur, par lâcheté…
Mais la trajectoire des trois personnages reste la même, une plongée dans le sang et la violence, mais pas pour les mêmes raisons.
Paulot est un homme sans grande ambition qui se contente de refourguer des babioles à de vieilles dames pour quelques francs de plus que ce qu’elles valent. C’est peu, mais cela suffit à subvenir à ses besoins jusqu’à ce qu’il rencontre Jeanne et, poussée par elle, commence à voir plus loin, à espérer plus. Mais avec l’espoir vient la peur. La peur de perdre Jeanne, la peur de ne pas être considéré, la peur qui le prend aux tripes, l’empêche de dormir et le pousse à tuer.
Pas vraiment une lecture exaltante, surtout après celle de « Le soleil n’est pas pour nous » qui m’avait enthousiasmé et ému, mais un bon roman qui se lit vite et bien.
Au final, un petit roman qui n’a pas la puissance et ne parvient pas à transmettre la même émotion que le précédent, la faute à un personnage un peu fallot.
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Roman graphique : en voilà un qui mérite bien ce nom ! Le Dernier Debout, la bio de Jack Johnson est un véritable bijou. Un vrai roman graphique au sens où le texte et l'image vont de pair, conçus et fondus ensemble, de concert, par les deux auteurs.
Le 4 juillet 1910, Reno dans le Nevada accueille le combat du siècle. Jack Johnson le 1er champion du monde de boxe de couleur met son titre en jeu contre Jim Jeffries. L'ex-champion du monde sort de sa retraite pour venger l'honneur blanc et aussi quelques milliers de dollars...
On va vivre ce combat round après round, tout au long de l'album et pénétrer entre chaque reprise la vie et les états d'âme du champion. Peu avare de ses mots - même sur le ring comme on le voit - Jack Johnson la racontera lui-même plus tard au Hubert's Museum de New-York. Sa vie traverse un monde où la Color Line qui sépare blancs et noirs aux USA, s'accompagne de coups bas et s'applique aussi au noble art.
Cet album est lui aussi du noble et du grand art. Les formats de récit, imbriquant donc très étroitement texte, graphisme et mise en page, alternent selon les époques, les évènements et les points de vue. À la tension du combat et de tout ce qui entoure ce match du siècle, s'ajoute en fil rouge les propres mots du boxeur. Comme un air chanté - on pense au Dylan de Hurricane, un autre boxeur noir injustement emprisonné -, un slam au flow aussi rythmé et dansant que les coups de poings et le ballet des corps sur le ring. Poésie et réel alternent et se mêlent aussi. C'est beau, beau, âpre et prenant comme la boxe.
Sans doute aimer le noble art aidera-t-il à apprécier cet album. Mais on n'y voit pas que de la boxe : de l'amour, des voitures, des voyages aussi... comme au cinéma. Et sur le fond, du racisme au sport-spectacle en passant par la foi en soi, le courage et la fierté de son sang, on est gâté servi. Un coup de poing qui est aussi un coup de cœur : bravo et merci à ses auteurs Youssef Daoudi et Adrian Matejka. On imagine toutes les recherches en amont de ce travail - comme l'entraînement pour un boxeur - et quand on en lit et voit le fruit on se réjouit d'en savourer tout le jus sans ce qui peut parfois rendre une bio... pesante.
Du noble, très noble et très grand art donc !
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Le 4 juillet 1910 à Reno, devant 20000 spectateurs, Jack Johnson confirme son titre de champion du monde des poids lourds de boxe. Celui qui fût le premier champion du monde noir dans cette catégorie, qui était interdite aux boxeurs de couleur, bat ce soir-là James J. Jeffries, sorti de sa retraite pour sauver l'honneur de l'homme blanc.
C'est la vie de ce fils d'esclaves qui fut surnommé le géant de Galveston que raconte dans cet album le poète Adrian Matjeka. Jack Johnson défia l'Amérique blanche pour dépasser son destin. Il devint riche grâce à la boxe. Devenu un véritable dandy, adorant les voitures de sport, il épousa même deux femmes blanches ce qui le mena en prison. Une vie passionnante qui méritait bien un peu de lumière....
Si la langue est belle, le dessin de Youssef Daoudi place la barre encore plus haut. J'ai été emballé par ses choix graphiques : le rouge et le noir et blanc, les pages de BD alternent avec les pleines pages, dans un style vintage très newspaper, les scènes de boxe sont superbes, le tout donne un album créatif et riche.
Ce très beau livre ne se contente pas d'être une sublime bio-graphique. Au travers de l'histoire de Jack Johnson, on découvre aussi l'Amérique de l'avant guerre, la conquête des droits, la Color Line, la loi Mann et le racisme quotidien et institutionnel. "Le dernier debout" est mon premier coup de cœur du mois d'avril !
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Cette bd traite une problématique jusqu’ici peu abordée en bande dessinée à savoir les causes des accidents d’avions de grande ligne. Elle souligne également le danger des avions poubelles. C’est intéressant de voir les enjeux d’une enquête lors d’un crash d’avion. Ce sont malheureusement des accidents qui arrivent et qui ont tendance à se multiplier avec l’agrandissement des différentes flottes aériennes. Nos beaux pays industrialisés ne sont pas en reste comme le prouve la récente tragédie sur le vol Paris-Rio.
Ce diptyque a eu le mérite de trouver un sujet passionnant. Cependant, il possède deux défauts majeurs. La calligraphie sur le premier tome est franchement désastreuse. Le défaut a été fort heureusement corrigé sur le second tome. La taille des bulles était très petite avec un concentré de texte d’une police inappropriée ce qui a eu pour effet une lisibilité loin d’être parfaite. Par ailleurs, le facteur humain va jouer un grand rôle au détriment de la crédibilité de l’ensemble de l’intrigue bâtie justement sur les défaillances techniques et la course effrénée à la rentabilité conduisant à faire l’impasse sur la sécurité des passagers. C’est un peu comme si le capitaine du Titanic presque à la retraite avait voulu faire exprès d’heurter un iceberg car sa mère s’était tuée dans un accident.
Au final, malgré les maladresses, cela se laisse lire plus ou moins agréablement. L’auteur devra encore améliorer le niveau s’il veut convaincre. J’ai envie qu’il le fasse car les idées sont bonnes. Il faut juste trouver le moyen de les faire passer en finesse et subtilement car il y a des scènes où les ficelles sont trop voyantes.
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Avec cette BD, j'étais en terra incognita. Je ne connais pas grand chose au jazz mis à part les grands noms et morceaux que tout le monde connaît. Ce récit biographique sur une partie de la vie de Thelonious Monk s'intéresse autant à lui qu'à sa relation avec Pannonica de Koenigswarter, baronne européenne qui deviendra l'ami de plusieurs grands noms du jazz, et qui soutiendra Monk et sa musique si particulière et détonnante. Pas de lyrisme, un propos direct, parfois avec un ton un peu trop "documentaire" mais contrebalancé par des moments à la limite de l'onirisme, servi par dessin en noir et blanc avec une vraie identité. Et surtout, surtout, à l'issue de cette lecture, une furieuse envie d'écouter la musique de Monk.
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Ce roman graphique nous immerge dans l’univers de Thelonious Monk, le pianiste et compositeur de be-bop, génie difficile – même pour ses confrères jazzmen – dont la musique singulière et innovante eut une grande influence dans les années 1950 et 1960. S’affranchissant d’un récit biographique linéaire, Youssef Daoudi structure sa narration autour de l’amitié qui se noua entre Pannonica Rothschild de Koenigswarter, mécène et bienfaitrice de Thelonious et le soutien indéfectible qu’elle sut lui apporter au cours de sa carrière en dents de scie.
Le graphisme de Youssef Daoudi est magnifique, électrisant. Le choix d’une gamme chromatique limitée à l’ocre et au noir et blanc sert avec force un dessin puissant, à la fois vif pour illustrer la gestuelle du musicien, ses excentricités, et appuyé pour traduire une pesanteur de tout instant dans un itinéraire marqué par la ségrégation et la maladie.
En revanche, j’ai été moins convaincue par la fragmentation du récit, mêlant épisodes de la vie de Monk, flash-back sur l’existence de Pannonica, scènes de club, tournées… Je m’y suis un peu perdue d’autant que j’ignorais tout de la baronne Koenigswarter et de son rôle auprès des musiciens tels que Dizzie Gillepsie, Art Blakey, Charlie Parker et bien d’autres. Quant au texte, son propos surligne parfois un peu trop le dessin.
Remettez sur la platine Round Midnight et savourez. Sans modération.
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Monk est musicien, jazzman et noir. Ce n'est pas un biopic, une simple BD, mais un roman graphique.
Il n'y a que 3 ou 4 teintes (du noir au gris), mais aussi toutes les couleurs de la Vie, quand sa muse, la baronne Pannonica, "s'éveille" d'entre les papillons épinglés, pour danser ...
Monk flotte au dessus de son piano, dans ce livre! C'est de la poésie...
Venez vivre la nuit, dans les clubs de Jazz et dans sa chambre, avec Monk !
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