Aperçu du talent d'illustrateur de Moebius - 2016
J’ai toujours pensé, ou soupçonné, que la science-fiction était une mystique d’un genre nouveau, laïque et humaniste, tout entière tournée vers le destin, non plus de l’individu, mais de l’espère entière.
Grâce à la BD, nous n'avons plus besoin d'Hollywood.
- Il ne nous appartient pas de savoir si nous allons réussir ou pas.
L'échec n'a rien de déshonorant.
Il n'existe en fait qu'une seule véritable honte...la lâcheté de n'avoir pas essayé.
- Qui...qui êtes vous ?
- On m'appelle le Surfer d'Argent...
On peut très bien imaginer une histoire en forme d'éléphant, de champ de blé, ou de flamme d'allumette soufrée.
Gosh !.. Ca alors !.. Le vieux Mac Clure !.. Vieux pirate !.. J'aurais parié que tes os blanchissaient dans un désert de Sonora !.. Ha !.. Ha !..
Salut mon colon.. Oh !.. Pardon !.. ...Mon général !.. Hi, hi !.. Et toi te voilà déguisé en général !.. Sacré farceur d'Harvey mais tu sais bien que ma carcasse est trop dure pour les charognards...
Dans le désert, on évacue toute l'accumulation culturelle qui nous embarrasse, que ce soit en matière de narration, de démonstration... Partout ailleurs on ne peut pas faire un pas sans tomber sur une règle, sur un panneau, sur un feu rouge.
Dans le désert, il ne reste plus que l'être culturel internalisé, le personnage qui déambule et qui pose les questions : qu'est-ce que le bien et le mal ? Qu’est-ce que je fais ? Qu'est-ce que la création ? Si je me représente moi-même, est-ce que je deviens une créature ou est-ce encore moi ?
C'est pas mal mais ça vaut quand même pas le garage.
La déviation :
... La route sera longue jusqu'à l'Ile de Ré et le doux repos des vacances, je pense à toutes les rumeurs qui courent sur ces bandes de computeurs-garou, ces rassemblements de tortureurs-rendus-fous-par-la-drogue et de malin-malins-et-demi !... Les embuscades des petits rosseurs des pauvres ! ... Des empêcheurs de passer ! ... Des pollueurs d'espoir ! ... Et je ne parle même pas de Marie-Thérèse Kowalski la Châtreuse de Parme et son gang des fausses fractures.. Et tous ces amateurs qui veulent se faire un nom et les glissades, les bourrasques, les mauvaises herbes, les microbes et les bactéries mutantes...Ah... Nous vivons dans une drôle d'époque !... Les Dieux sortent de leur réserve, ne se maitrisent plus, et donnent toutes sortes de soucis aux statisticiens !...
- C'est vrai, l'insécurité règne dans nos savanes, on ne le répètera jamais assez ! ...
- Qui prétend que les cow-boys ne sont que des rustres sans âme ? Ô nature, le spectacle grandiose de ton incomparable beauté fait monter à nos yeux des larmes d'émotion...
- Ouais. Dis, Billy, est-ce qu'il reste des haricots d'hier soir ? Je crois que je vais me mijoter un petit cassoulet toulousain. Comme ma grand-mère en avait le secret !..
[Chasseurs de prime, 1967.]
Toujours conseillé par Giraud, dans un premier temps, par Linus ensuite, Auclair délimite peu à peu, quoique encore vaguement, les contours d'une France post-atomique.
Les premiers épisodes de Jason Muller tiennent plus de la narration fragmentaire privilégiant l'anecdote aventureuse (chasse à une bestiole volante vénusienne, dénonciation de charlatans jouant sur les superstitions) que d'un projet conscient délivrant ses prologues.
Autant "Simon du Fleuve" témoigne d'une cohérence globale immédiatement perceptible, autant "Jason Muller" se livre par bribes éparses qui ne peuvent se relier entre elles, d'un point de vue narratif, que très artificiellement - en témoigne le résumé des différents épisodes inclus dans "Cité N.W. N°3"....
(extrait de "Jason Muller, premier mouvement (1970)", article du journal "Les cahiers de la bande-dessinée" consacré à Claude Auclair et paru en juin/juillet 1984)