Présentation de L'école des rives par Yvan Michotte. Roman de terroir en Normandie dans les années 1930.
Oui enfin c'est très difficile de savoir ce qu'il y a dans la tête d'un artiste, c'est une matière impénétrable pour le commun des mortels ; la seule manière de les comprendre est d'observer leurs toiles et là, je pense que nous avons un lien direct avec ce qui se passe dans leur foutu cerveau.

Et maintenant, elle ne sort plus de Tatihou, plus jamais. C’est grotesque, elle devrait aller de l’avant, penser à elle et non à sa soeur. Camille n’est plus là, c’est terrible mais c’est comme ça.
Elle est toujours présente dans son coeur, et quand le coeur parle, la raison défaille.
Déraille plutôt ! Je me souviens de la dernière fois que je lui ai parlé, c’était à l’enterrement de Camille. C’était dix jours après le drame, les corps avaient été remontés par des plongeurs, quelle affaire ! Il parait qu’ils étaient carbonisés comme des merguez trop cuites. Blanche tremblait de partout, on aurait cru qu’elle allait mourir sur place. Elle est un peu morte aussi ce jour-là, il faut la comprendre. Très peu pour moi. Je la vois souvent en haut de sa tour la nuit, je ne veux pas aller la rencontrer, elle m’énerve à faire sa folle. On a bien raison de la traiter de « folle de l’île », moi, je vous le dis. Ce dont elle a besoin, c’est un bon coup de pied au cul !
p 6 « Un fusil de chasse entre les mains, ou bien un flingue. Vu l’endroit insolite, Pastorius penchait plutôt pour cette hypothèse. La corde, peu probable. Quand
on veut se tuer, on fait simple, on a le sens pratique.
Ses mains étaient-elles moites ? Et son front ? Mal au ventre ? Il pensait à quoi ? Ses clés de bagnole, dans sa poche ?
Ses factures, il les avait payés ? Il se pissait dessus peut-être, avait peur d’être repéré, de se louper, de manquer de cran.
Petit joueur ? Gros client ? Non ! Elles devaient être fermes et sèches, ses mains. Il était prêt. On ne vient pas là, dans un endroit pareil sans être certain d’aller au bout.«
En Normandie, comme dans les pays à la météo parfois capricieuse, il suffisait d un ciel bleu pour changer les humeurs.
Blanche avait gagné la tour. Fidèle rendez-vous nocturne. Elle était montée tout en haut, s’était assise sur le rebord.
La Lune, austère et froide, la dévisageait comme un gardien de prison. Ni pleine ni belle, encore moins lumineuse, elle se contentait d’être là. Souvent effacée par les brumes épaisses, elle resurgissait parfois avant de fuir.
L’île où Blanche vivait était un minuscule bout de terre à deux doigts de la côte. On l’appelait Tatihou, un nom étrange et drôle, léger comme une friandise.
Mais cette île n’était pas légère, et drôle encore moins. Quant à la friandise, elle avait un goût amer, celui des jours sans passion.
p 49 … Étonnant duo ... « Parce qu’il aurait été intéressant de voir comment l’empereur Napoléon aurait réagi face au prince des conquérants suborbitaux, au roi de sabre laser, au destructeur maléfique tout en plastique et composants électroniques fabriqués en Chine sous licence américaine, j’ai nommé le magistral, l’incroyable, le
ténor des étoiles et des lunes, le grand, le fort et l’infâme Dark, Vador de son nom. Dark contre Napo, voilà une affiche surprenante qui n’aurait pas manqué d’intérêt pour les amateurs de duos insolites. … » Vraiment étrange tout ça !! mais pourquoi pas !! Il faut vraiment « ouvrir son esprit » et se laisser bercer par l’histoire … bien qu’on se demande si c’est une bonne idée de se détendre !! Et si ils nous arrivaient quelques choses … un truc bizarre !! donc rester vigilant !!
p 61 » Les jolies filles s’étaient mises en cercle autour de lui. Elles étaient toutes jeunes et souriantes. Chacune essayait de capter l’attention de Kowski. Elles se passaient les mains dans les cheveux, se mettaient un doigt dans la bouche, bougeaient les jambes, se cambraient, se caressaient. C’était un vrai cirque érotico-porno-psychédélique. La température était montée d’un coup. Le privé nouveau roi frôlait l’insolation. » …
» Il avait compris. Ces filles étaient des tarées, des cannibales, des allumées de la jungle. »
… « Elles lui fondirent dessus avec des mines de sorcières. Il se mit à quatre pattes, se faufila entre les jambes de l’une d’elles et traça un cent mètres plus rapide que le record des J.O. »
p 21 « Pastorius était désespéré. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à s’en prendre à lui ? Qu’est-ce qu’il leur avait fait à la fin à ces excités du bulbe ? »
p 171 « La Clio filait à 150. Agathe ne pouvait pas aller plus vite sous peine de passer le pied à travers le plancher.
– Et les flingues, ça te branche ? fit Pastorius.
– Pas vraiment, mais j’ai rien contre.
– Et foutre des bourre-pifs à des clampins ?
– C’est le foire aux questions à ce que je vois.
– Alors, les bourre-pifs, motivée ?
– Pas spécialement mais faut voir. Mais pourquoi cet interrogatoire ? »
p 176 « Il faisait nuit sur la Seine. Ciel opaque. Louise était assise sur le muret le long du fleuve. Les lettres passaient, repassaient dans sa tête. Elle n’avait pas pu continuer à les lire, avait dû fuir, se viser, respirer, s’éloigner.
Horizon de cheminées, flamme de la torchère. Ce lieu glauque la dévastait. Elle ne cessait de se demander pourquoi son père en était arrivé au suicide. Questions lancinantes : pour quelle raison avait-il quitté sa mère ? Que s’était-il passé entre eux ? »
« Avertissements aux lecteurs !! Ce polar est à conserver par moins 10 degrés. Évitez de le lire près de la cheminée, d’un radiateur ou d’un malheureux en combustion spontanée.Il risquerait alors de vous fondre entre les doigts. N’hésitez pas à vous munir de gants, d’une écharpe et d’un bonnet pour un confort de lecture approprié. Restez vigilant, couvrez – vous bien, détendez – vous … et laissez – vous aller … »