C'est que le stéréotype "islam=oppression de la femme" croise partout comme un sous-marin, tantôt en surface et pavillon haut, tantôt dans les profondeurs de l'inconscient.
Ainsi, il est essentiel de démystifier la politique religieuse, de défier ceux qui tentent d’invoquer l’autorité religieuse pour justifier une régulation autocratique et remporter des jeux de pouvoir en se servant du langage religieux
La question des femmes est la pierre angulaire de toute organisation sociale. Ce n’est pas une question d’ordre secondaire à enfermer dans la grille de lecture banalisée de ”la condition féminine” mais c’est une question de civilisation et de progrès. Et c’est pour cela que le débat qui a lieu en terre d’islam, même s’il prend parfois des allures de ”retour du religieux” – et donc de retour en arrière pour certains – est paradoxalement révélateur de la place des femmes dans le débat sur la modernité et l’islam
Les femmes musulmanes doivent reprendre la parole, revendiquer leurs droits et se réapproprier le savoir religieux afin de déconstruire ce discours patriarcal qui freine leur émancipation
Cet ouvrage est en rupture avec l’orientalisme et le racisme qui caractérisent les débats et les controverses sur les femmes et l’islam aujourd’hui. Il s’agit de rompre avec les approches oppositionnelles binaires et de montrer à la fois la complexité d’un sujet, en passant par sa déconstruction, tout en affirmant l’importance d’un positionnement fondamental de départ : la nécessité de décoloniser et de désessentialiser toute lecture du féminisme et de l’islam
Cet idéal transcendantal, qui condamne toute relation d’exploitation et de domination, est à la base de la quête de justice des femmes musulmanes et de la critique des constructions patriarcales des relations de genres que l’on peut trouver dans le vase corpus des textes jurisprudentiels mais aussi dans les lois positives dont on prétend que leurs origines se trouvent dans les textes sacrés
Elles considèrent que l’égalité est au fondement de la religion musulmane et que le message de la Révélation coranique est garant des droits des femmes. Ainsi, c’est par et pour l’islam qu’elles conçoivent leur engagement féministe et, à travers cette posture, elles redéfinissent, réinventent et se réapproprient le féminisme en commençant par le décoloniser et le poser comme universel
Enfin, la doctrine de l’Incomparabilité divine, selon laquelle Dieu ne peut-être représenté, pousse à rejeter le principe d’engendrement même d’un point de vue linguistique (« Il »). Ceci est capital, car la représentation erronée d’un Dieu père, masculin, renforce la hiérarchie des sexes et l’oppression dans les contextes religieux
l’élaboration d’une pensée féminine et féministe musulmane globale qui serait axées sur le principe du Tawhid (unicité Divine) - monothéisme musulman – comme fondateur de l’égalité entre les êtres humains et sur une réflexion sur le sens profond de la shari’a perçue en tant que Voie et non en tant que Loi
Faisant fi de la diversité et de la complexité sociologique des sociétés majoritairement musulmanes, mais aussi des facteurs socio-économiques et historiques, beaucoup considèrent que l’islam serait la cause fondamentale du ”sous-développement”, de ”l’archaïsme » et du ”retard” du ”monde musulman”