Après la lecture d'un article de Reporterre sur cet essai de Edouard Morena, chercheur en sciences politiques, à paraître le 9 février 2023, je me suis précipitée chez mes libraires préférées pour passer commande. Sitôt paru, sitôt lu.
Alors, "Fin du monde. Fin du mois. Fin des riches. Même combat" ?
Telle est la conclusion de ce livre qui s'attache à rappeler combien la situation d'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons, trouve son origine dans un système économique dysfonctionnel, qui vise le toujours plus : consommer toujours plus pour que certains, les ultra-riches, s'enrichissent toujours plus, au détriment des plus pauvres qui s'appauvrissent toujours plus, surtout quand ils vivent dans les pays du sud.
Dans cet essai, l'auteur montre comment ce système, piloté par les ultra-riches et ceux qui sont à leur solde, compte bien encore tirer des profits colossaux de la crise qui s'annonce. Les accointances entre milliardaires, grandes entreprises de la Tech (Amazon, Google...), élites politiques, organisations intergouvernementales telles les COP ou ONU, FMI..., les consultants planétaires à l'image de McKinsey... œuvrent tous dans le même sens : comment tirer profit de la crise climatique qui nous touche tous ? Une seule solution pour eux, le "capitalisme vert" qui va leur permettre de s'enrichir encore à coup de technologies soit disant vertes (la fée électricité notamment). Impossible de remettre en question ce système capitaliste qui produit tant de drames écologiques, injustices sociales et humaines, sans être mis dans le même panier que les climatosceptiques. Car leur stratégie de communication est bien rôdée et diffusée dans tous les médias ou instances gouvernementales pour isoler tous ceux qui ne partagent pas la doctrine ultralibérale des ultra-riches.
Ils ont même réussi l'exploit de s'afficher aux côtés d'une Greta Thunberg ou des militants d'Extinction Rébellion dont ils affirment partager les idées !
Comment peut-on encore penser aujourd'hui qu'ils peuvent détenir la solution au problème qu'ils sont les seuls à générer, notamment par leur investissements phénoménaux dans les industries climaticides ?
Cet essai est un formidable Who's Who des acteurs du système capitaliste ultra-libéral espérant échapper aux conséquences de la crise climatique qu'ils entretiennent, tout en s'enrichissant plus encore.
Une lecture parfois indigeste tant la succession d'officines internationales est dense et les relations entre chacune, nombreuses. Et un regret aussi : que fait-on pour s'opposer à ces puissants qui nous affament et nous étouffent ? Quelle voie est encore possible pour éviter le drame ? Quelle option s'offre aux citoyens lambda pour virer de bord ?
Un livre indispensable pour prendre conscience du pouvoir de ceux qui se réclament défenseurs du climat et réaliser à quel point nous sommes manipulés par ces ultra-riches (et ceux qui aspirent à le devenir) qui continuent à passer leurs vacances sur des yachts et envoyer des fusées dans l'espace.
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Cet ouvrage liste tous les procédés pour que nous arrivions à une énergie verte et une décarbonation totale. Mais ce n'est pas si simple que cela quand on voit l'influence d'une certaine caste et cabinets de conseil qui n'ont pas l'intention de perdre leurs privilèges et la manne financière que la soi-disant écologie leur apporte.
En résumé c'est "Faites ce que je dis pour que je ne perde rien et tant pis pour les autres".
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Rarement déçue par les essais de La Découverte, j'ai été estomaquée par certaines des infos du livre.
Évidemment, je savais bien que le fameux "capitalisme vert" et les opérations de com' à base de "Total va planter x arbres en Afrique après avoir détruit x écosystèmes" ne venait pas d'une révélation écologiste mais ça frappe différemment quand les informations sont centralisées et bien expliquées.
Mis à part la fin du chapître sur McKinsey et consorts où l'avalanche de noms de sociétés m'a fait tourner la tête, j'ai été contente de constater que l'ensemble reste très digeste.
Le contenu l'est moins vu que ça donne un peu la nausée de voir toutes les connexions entre milliardaires, entrepreneur.euses, politicien.nes et ONG... Lire la mainmise sur les terres, la "neutralité carbone" achetée des millions/milliards et vantée auprès d'autres 1% dans des COP qui sont plutôt des galas et où tout le monde arrive en jet privé, les anciens conseillers ayant joué un rôle dans la promulgation de lois dorénavant responsable dans une boîte des GAFAM ou de la petro industrie....
Bref, plein de joyeusetés ! Et même si le livre se clôt sur l'idée de manger les riches, il manque d'un peu de peps militant. Donc je ne saurai que conseiller l'essai du même nom Mangez les roches, écrit par Nora Bouazzouni et qui lui tacle beaucoup plus fort et se montre plus engagé pour compléter ce charmant amuse gueule.
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